jeudi 28 mars 2024

Tu es mon créateur, mais moi, je suis ton maître – Chronique du 29 mars

Bonjour-bonjour

 

La vie politique mondiale est agitée de soubresauts aussi soudains qu’irrésistibles qui font penser aux vagues scélérates, qui sont des vagues océaniques très hautes, soudaines, imprévisibles (cf. Wikipédia)

Je veux parler de la montée du populisme qui est avant tout un phénomène qui se caractérise par le succès de mouvements antisystèmes, qui profitent des élections pour détruire l’ordre légal, allant au besoin jusqu’à un coup d’État (comme l’a montré l’assaut sur le Capitole à Washington en 2021) et dont le plus récent exemple est l’élection de Javier Milei, le nouveau président argentin.

Maintenant, même imprévues, ces vagues ne sont pas en théorie du moins imprévisibles : elles sont la conséquence de différents phénomènes connus à l’origine du mouvement des vagues. N’aurions-nous pas le même phénomène avec ces soudaines montées en puissance du populisme, ces regroupements de citoyens tous animés des mêmes passions qui, en apparence sans se concerter, s’ordonnent pour clamer les mêmes slogans, ou pour aller dans les mêmes manifestations ? Et si c’était le cas, ce serait l’occasion de vérifier que les réseaux sociaux ne sont pas pour rien dans ce phénomène d’auto-convergence, qui ne répond à aucun mot d’ordre venu d’un parti politique ou d’une élite reconnue, mais qui, avec le relai des élections démocratiques, produisent ces effets que nous observons avec étonnement.

Qu’on ne croie pas que le populisme soit le seul effet de ces regroupements par les réseaux sociaux : ce mécanisme se retrouve bien loin des faits politiques dans l’action des influenceurs ou dans les terribles ravages des complotistes. On applaudit aussi bien la puissance des dénonciations du genre #metoo, qu’on pleure devant les suicides d’adolescents détruits par le harcèlement numérique.


Allons plus loin : on a là la preuve que les innovations technologiques produisent des effets imprévus très loin de leur lieu de naissance au point qu’on a parfois l’impression d’être comme le docteur Frankenstein, impuissant devant le monstre qu’il vient de créer.

 

 

« Tu es mon créateur, mais moi, je suis ton maître » déclare la créature de Frankenstein

mercredi 27 mars 2024

La société de déconsommation – Chronique du 28 mars

Bonjour-bonjour

 

Salut les Boomers ! Ça fait combien de temps que vous attendiez le société de déconsommation ? Depuis très-très longtemps dirait-on si j’en crois votre mimique éplorée.

Hé bien, voilà, réjouissez-vous : c’est le patron de Système U qui l’annonce : nous sommes entrés dans une phase de déconsommation ! Oui-oui, c’est vrai je le jure et si vous ne me croyez pas, alors lisez ceci.

Il faut toutefois modérer vos enthousiasmes, chers amis. Les consommateurs ne se détournent de la consommation que contraints et forcés. Leur comportement s’est d’ailleurs modifié non sur la quantité consommée mais sur sa qualité : si le volume baisse du côté des grandes marques, il augmente en revanche du côté des produits-distributeurs qui sont moins chers.

Ce qui va arriver maintenant, c’est ce qui est déjà arrivé à la sortie de la Guerre : la société de consommation va apparaitre comme le paradis, alors que la grisaille du monde quotidien va nous dégoûter des produits mal faits, mal emballés, mal vendus.

Ah !... Les fifties, c’était le bon temps !




mardi 26 mars 2024

Ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie ! – Chronique du 27 mars

Bonjour-bonjour

 

Du Japon nous vient cette information : « Chute des naissances au Japon : un fabricant arrête les couches pour bébés… pour les protections adultes » Après tout l’essentiel est d’écouler sa marchandise.

Hé oui, la vieillesse n’est autre que le retour à la petite enfance : les couches pour le pipi-au-lit et ailleurs ; des Ehpads pour remplacer les crèches ; les auxiliaires de vie qui sont les nouvelles nounous.

Accablement et désolation… Ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie ! N'avons-nous tant vécu que pour cette infamie ? Allez : une tisane du voyage sans retour et n’en parlons plus….

Quoique… Les séniors sont l’objet de soins attentifs de la part des producteurs de garnitures qui non seulement fournissent le produit adapté, mais aussi les conseils qui font du bien.

« L’arrivée du printemps, les journées qui rallongent et l'approche des week-ends du mois de mai vous donnent des envies d’évasion ? Vous avez peur que vos fuites urinaires gâchent vos projets ? Il est tout à fait possible de vivre avec l’incontinence en continuant vos activités quotidiennes. Grâce à quelques conseils, vous pourrez également profiter pleinement de vos vacances quelle que soit votre destination ! »

 


Détaillons : 

* Mesdames, les maillots de bain incontinence possèdent une doublure étanche parfaitement ajustée pour permettre l’utilisation d’une protection absorbante. Plongez dans la joie de vrais moments de détente en achetant un maillot de bain incontinence Benefactor !

* Messieurs, si vous faites partie des douillets et frileux qui pratiquent quand même des activités de plein air, pensez à choisir un body adapté à l'incontinence : discret, il couvre bien le dos et les reins, tout en étant pratique à l'usage.

* Et si vous avez encore besoin d’activer votre zizi-panpan, passez donc la nuit tout contre votre bien-aimé(e), sans craindre que les fuites urinaires ne s’immiscent entre vous, Benefactor vous propose ses sous-vêtements intraversables : achat en ligne et livraison simples et faciles sur notre site !

Ici, le chroniqueur est désarmé : que pourrait-il ajouter ? 

... Si, quand même : Benefactor, l'autonomie sans compromis, c'est ici.

lundi 25 mars 2024

Culture des instit : au niveau des CE1 – Chronique du 26 mars

Bonjour-bonjour

 

Vous vous demandez peut-être pourquoi il manque tant d’instits dans les écoles ? Vous mettez en cause le manque de candidats en raison du manque d’attractivité des postes proposés, mais vous ne vous demandez pas pourquoi on continue à recaler certains candidats alors que la logique du concours devrait faire simplement baisser la barre d’admission ?

Hé bien c’est que les candidats sont vraiment trop nuls, et qu’on ne peut se résoudre à admettre comme professeur des écoles quelqu’un qui ne connait que les héros de Marvel et pas du tout les personnage de la littérature classique. 

Lisons cet article : « Les évaluateurs déplorent une pauvreté des références culturelles : de nombreux aspirants professeurs citent des émissions de téléréalité ou des films de Disney et méconnaissent la culture littéraire et patrimoniale. Le candidat gagnera à faire preuve d’une culture qui dépasse l’âge de ses élèves »

Bon : au moins ils seront proches de leurs élèves et c’est bon pour l’enseignement : on ne va quand même pas regretter l’instit-Jules-Ferry, blouse grise et règle pour taper sur les doigts !

 


Toutefois, si on n’est pas capable d’élever le niveau des enfants, alors à quoi bon prétendre leur enseigner quelque chose ? Tout l’art de l’enseignement consiste en effet à changer l’élève en lui apprenant ce qu’il ne sait pas encore. Comment faire pour qu’il arrive à comprendre ce qu’il fait en réalisant une règle de trois ; où comment Quasimodo a influencé les générations au point de revenir chez Disney en « Bossu de Notre-Dame » ? 

Oui, c’est facile de s’indigner devant l’inculture des futurs enseignants et c’est vrai qu’on peut douter de leur capacité à donner cet enrichissement à des enfants alors qu'eux-mêmes n’ont pas eu la volonté de l’acquérir. Mais encore une fois, l’essentiel n’est pas là. Il s’agit d’éveiller l’esprit, de stimuler la curiosité, de faire que l’esprit de l’élève suive et même devance celui de l’instituteur.

Du temps où j’enseignais la philosophie, je m’interrogeais en permanence : « Mes élèves me suivent-ils ou bien sont-ils en train de faire des petits dessins sur leur cahier pour passer le temps ? » J’avais pour habitude de surveiller ceux dont le regard trahissait leur angoisse dès qu’ils ne comprenaient plus : non seulement je réexposais, mais surtout je savais qu’ils m’écoutaient. 

Mais, quid des autres ?

dimanche 24 mars 2024

Pâques : une fête du martyr – Chronique du 25 mars

Bonjour-bonjour

 

Sœur Nathalie Becquart nous explique le sens de la fête des Rameaux – je résume :

« Le dimanche des Rameaux, les chrétiens célèbrent l'entrée du Christ dans Jérusalem six jours avant la Pâque juive. Cette même foule qui, ensuite, va participer à sa condamnation.

1) On voit comment la foule peut être versatile : les mêmes qui avaient acclamé Jésus, qui l'avaient reconnu comme le Sauveur, vont le conspuer. Allons-nous suivre le Christ jusqu'au bout, y compris dans sa Passion, ou bien agir comme cette foule qui l'acclame quand il arrive et retourne sa veste après ?

2) Ce choix est porté par l’affirmation que le Christ est le Seigneur ressuscité, que la mort n'a pas le dernier mot.

3) Tant de personnes vivent dans leur chair la Passion du Christ aujourd'hui. Le message chrétien est de leur dire qu'ils ne sont pas seuls. Que le Christ est avec eux pour marcher à leurs côtés, qu'il a vécu, lui aussi, des épreuves, jusqu'à la mort, mais il est ensuite ressuscité. Par sa vie donnée par amour jusqu'à la mort, il nous ouvre un chemin d'espérance et nous invite à avancer ensemble dans un esprit de fraternité et de solidarité » (Lu ici)

 

Parmi ceux qui souffrent aujourd'hui il y a les palestiniens de Gaza qui subissent les privation et les bombardements. Que leur dire ?

Le christianisme est une religion de la compassion, qui console ceux qui souffrent, mais qui ne font rien pour les en délivrer – sauf en leur donnant la force mentale de subir le martyr.

On peut ajouter que la résurrection du Christ prouve que la vie est plus forte que la mort et que leurs souffrances sont un viatique pour bénéficier de ce miraculeux privilège.

Un haussement d’épaule, une saillie ironique sur l’inadéquation de la religion face à la violence ? Certes, mais que faire d’autre que prier pour espérer encore un peu ?

Faire appel au sens de la compassion et de la justice pour que les colonnes de secours pénètrent dans la Bande de Gaza ?

samedi 23 mars 2024

Temps libre – Chronique du 24 mars

Bonjour-bonjour

 

Aujourd’hui dimanche, vous avez du temps libre ; qu’allez-vous en faire ? Rien ? « Buller » en rêvassant sur le canap’ devant un écran ? Est-ce cela qui mérite de s’appeler liberté ?

- Car, voici le dilemme : ou bien vous êtes soumis à des contraintes (travail, famille, engagements de toute sorte), mais alors plus de temps pour faire quoique ce soit de personnel ; ou bien vous êtes dégagé de toutes ces contraintes, mais alors qu’allez-vous faire de tout ce temps sans affectation ?

- « Être capable d'occuper intelligemment ses loisirs, tel est l'ultime produit de la civilisation. » telle était la conception des progrès de la civilisation du philosophe et mathématicien anglais Bertrand Russell. Nombreux sont ceux qui estiment aujourd’hui que ce but n’a pas été atteint, puisque nous perdons ce temps si précieux devant des écrans qui ne nous apportent rien, au point que, paradoxalement nous avons l'impression de ne jamais avoir assez de temps pour faire ce que nous aimerions

- La preuve ? La nouvelle mouture du magazine « Marianne » qui réduit son volume (et son prix) parce que les lecteurs se plaignent de n’avoir pas le temps de tout lire de la version longue.

Mais il n’y pas que cela. Par nature le temps passe, qu’il soit libre ou contraint. Si le temps est libre on peut admettre qu’il devrait nous laisser quelque chose comme un résidu qui enrichirait notre culture, ou nos émotions, ou encore notre expérience. Or dans la mesure où ces loisirs sont remplis de jeux ou de surf internet, on peut craindre que rien de cela n’arrive. En Suède les neurologues en charge d’évaluer l’usage de l’outil numérique à l’école le constatent avec dépit : « les enfants comprennent mieux s’ils lisent de vrais livres et apprennent davantage s’ils écrivent à la main »

Alors, verrons-nous demain le retour de la plume Sergent major et les morceaux choisis pour le CM2 ? Pourquoi pas, dans la mesure où l’école est là pour apprendre aux enfants de quoi vivre pleinement leur liberté devenus adultes.

Car, oui : la liberté, ça s’apprend.

vendredi 22 mars 2024

Le Bataclan en Russie – Chronique du 23 mars

Bonjour-bonjour

 

Il est bien difficile de parler d’un évènement alors qu’il est pratiquement encore en cours, ou du moins que son bilan matériel est à peine fait. Toutefois – et à supposer que la revendication de l’État Islamique soit authentique – la comparaison avec l’attentat du Bataclan saute aux yeux. Même attaque d’un public réuni pour un concert de musique populaire, même façon de procéder avec des kalachnikovs et surtout avec un commando qui a tiré méthodiquement dans la foule à l’extérieur de la salle, puis dedans.

Toutefois, à part ces observations, il est à l’heure où j’écris ces lignes (6 heures du matin le 23 mars) à peu près impossible d’en dire d’avantage. Reste qu’évoquer le Bataclan est utile pour se donner des points d’observation susceptibles de nous renseigner sur le sens de cette attaque.

- D’abord, le fait de frapper la foule qui assite à un concert, activité interdite par l’Islam rigoureux, caractérise la nature religieuse de cet action et donc son attache avec l’Islam politique : c’est à l’application de la charia qu’appellent ces massacres.

- Ensuite le fait que tuer ces gens-là revient à tuer des infidèles qui méritent de toute façon la mort : nous avons donc la signature de musulmans radicalisés. 

- Enfin, a minima c’est un acte terroriste chargé de répandre la terreur et l’insécurité dans le pays tout entier.

Sur ces trois points, aurons-nous confirmation que l’attentat de Moscou se donne pour but de répandre ce message, ou bien trouverons-nous d’autres caractéristique qui ne coïncident pas à ce qui s’est passé à Paris ?

A suivre donc.