vendredi 20 juin 2025

Climat tempéré – Chronique du 21 juin

Bonjour-bonjour

 

Depuis ce matin, c’est l’été. Saison des jours sans fins, devenue la saison des chaleurs sans rémission. Finis les vers que le poète consacrait aux pluies de l’été : « Pluie des matins d'été, inoubliable / Clapotement comme d'un premier froid / Sur la vitre du rêve » Yves Bonnefoy

 

- Oui, dans notre jeunesse notre climat était tempéré comme le temps du poète, ce qui veut dire que le « clapotement d’un premier froid » habitait nos petits matins. Ici et maintenant, c’est le soleil inexorable, le ciel d’un bleu fondu et la chaleur qui nous condamne aux retraits dans nos maisons obscures.

Bon. Et alors ? Nos poètes seront-ils désarçonnés par cette nouvelle saison ? Perdront-ils la verve de leurs muses, faute d’avoir une pluie de printemps le matin de l’été ? Faut-il donc changer de saison deux fois par jour pour être heureux ?

Posé comme ça la question passe un peu à côté du sujet. Car ce qui peut désespérer, c’est la certitude de l’avenir, ne serait-ce que celui qui est contenu entre le petit matin et le soir. Même quand rien ne change à notre destin, la couleur du ciel changeant peut apporter l’imprévu, quelque chose qui prouve que rien n’est inexorable. Le climat terrestre est souvent limité à deux situations qui se succèdent au bout de quelques mois : saison des pluies et saison sèche. Chez nous c’est au cours de la même journée que les saisons de l’année se succèdent, au point que bien des régions en font leur gloire : « En Bretagne, 4 saisons par jour »

… Mais ça, c’était avant…

jeudi 19 juin 2025

Allez, Papy : fais cramer la caisse ! – Chronique du 20 juin

Bonjour-bonjour

 

Un rapport de l’INSEE le constate : les ménages âgés ne consomment pas assez : les retraités au lieu de soutenir l’activité économique, épargnent trop.

C’est ainsi que les retraités qui ont vu leurs revenus s’accroître fortement l’année dernière grâce à la revalorisation des pensions continuent d’épargner pendant que l’économie tricolore tourne au ralenti. Et ceci alors que les retraites pèsent pour un quart de la dépense publique : 400 milliards d'euros sur 1 600 milliards d'euros par an. Une dépense difficilement soutenable à long terme et qui reste improductive en termes de développement économique. (Lire ici)

D’où l’idée que, dans la chasse aux économies, on pourrait supprimer l'abattement de 10 % pour frais professionnels dont bénéficient les retraités – et ceci n’est bien sûr qu’un exemple de ce qu’on pourrait faire pour remettre en circulation l’argent des vieux.

 

Ramené à ces termes fort simples, le principe des retraites apparait sous un jour nouveau. On considère en effet habituellement l’existence des retraites sous deux aspects différents :

- soit pour assurer une vie décente à des vieillards après qu’ils aient emplis leur rôle producteur dans la société.

- soit pour assurer à chacun d’un droit de vivre une vie heureuse selon les règles de la société moderne (d’où le refus du recul de l’âge de départ en retraite).

 

Mais il faut ajouter à cela une troisième justification : maintenir les retraités dans les échanges économiques grâce au réemploi de leur retraite dans la consommation. Et cela alors même que l’allongement de la vie empêche la redistribution de leur héritage avant une longue durée.

 

Oui, nous les vieux, nous servons à quelque chose lorsque nous consommons. C’est en passant à la caisse pour payer notre télé 65 pouces ou notre croisière en mer Égée que nous justifions notre existence.

L’État pourrait bien confisquer les reliquats de comptes en banque des vieux chaque 1er janvier.

En voilà une idée ! Je suis même surpris qu’aucun État ne l’ait appliquée.

mercredi 18 juin 2025

Météo : à quoi s’attendre cette semaine ? – chronique du 19 juin

Bonjour-bonjour

 

Voici le bulletin bien connu qui annonce le climat de la semaine à venir : « À la faveur de conditions anticycloniques bien installées, la chaleur va progresser au fil des jours et se renforcer. Les fortes chaleurs déjà présentes en ce début de semaine sur le sud vont ainsi gagner vers le nord, d’abord sur la façade Atlantique, puis les autres régions samedi. Le pic de chaleur sera probablement atteint samedi sur la moitié ouest, dimanche sur la moitié est. » (Lu ici)

 

 

La carte météo de la semaine à venir sur la France

 

Nous avons l’habitude de considérer que ces prévisions sont exactes lorsque les calculateurs sont assez puissants pour étudier les interactions des masses atmosphériques : le temps qu’il fera dans un avenir plus ou moins proche est connaissable – sinon connu – selon la puissance de nos ordinateurs.

Toutefois on peut aussi estimer que l’évolution des masses d’air n’est que probable, selon les forces auxquelles elles sont soumises et qui sont elles-mêmes très incertaines. L’avenir n’est alors plus écrit à l’avance, il ne deviendra prévisible que lorsqu’il sera l’effet nécessaire d’une évolution également définitivement établie.

Le philosophe aime à s'interroger : et si cette indétermination n'était pas l'effet de notre ignorance mais celui d'une "manière d'être" des choses ?

- Nous avons l’habitude de considérer que l’avenir est tout tracé, que ce soit par la conséquences de phénomènes naturels ou par le décret d’un destin supérieur. Est-ce bien sûr ? Nous croyons que toute la question est de savoir lire ce qui est écrit dans le grand livre de la Nature. Mieux encore : les découvertes scientifiques ne se font la plupart du temps qu’en considérant les phénomènes à découvrir comme prédéterminés par ceux que nous connaissons déjà. C’est ce que Claude Bernard avait fixé come règle il u a plus d’un siècle et demi : « Chez les êtres vivants comme chez les corps bruts, les conditions d'existence de tout phénomène sont déterminées de façon absolue. » 

Est-ce bien vrai ? Dans certains domaines, cet avenir n’est pas écrit à l’avance, il ne peut donc être pronostiqué que de façon probabiliste. Par exemple dans le domaine du climat on sait que les prévisions à plusieurs mois de distance ne sont absolument pas définitives.


mardi 17 juin 2025

5 Bugatti = 1 Rafale – Chronique du 18 juin

Bonjour-bonjour

 

Les chroniques du salon du Bourget étant ces jours-ci alimentées par des informations militaires venues du Moyen-Orient, l’annonce du développement d’un nouveau moteur pour le Rafale retient l’attention.

On trouve des indications fort techniques avec des kilotonnes de poussées et des développements de la « post-combustion », je m’en tiendrai à des équivalents approximatifs (qu’on veuille bien me le pardonner) :

Dans sa version actuelle, le Rafale « est propulsé par un biréacteur Snecma M88-2 qui délivre 58 550 newtons de poussée, soit un équivalent en puissance de plus de 5700 chevaux (à 260 km/h NDLR). » (Art. Wiki.)

« Safran lance une évolution de son moteur M88 baptisée M88 T-REX. Compatible avec les futurs standards du Rafale de Dassault Aviation, ce moteur capitalisera sur la fiabilité et les performances du M88 tout en repoussant ses limites avec une poussée augmentée à 9 tonnes avec post-combustion. » (Lu ici)

Voici la photographie de ce moteur :

 

 

Moteur M88 T-Rex du futur Rafale

(Notons la présence de personnages (à la droite de l’image) qui donnent l’échelle.)

 

- Impressionnant, non ?

Toutefois, et pour relativiser, notons que le moteur de la Bugatti Chiron développe 1 500 chevaux et propulse l'engin à 420 km/h – soit 4 moteurs Bugatti pour propulser un Rafale. 

- 4 Bugatti ? Seulement ? Disons 5 pour la nouvelle version, et basta ! Ça change quoi ? Quelle idée avons-nous de la puissance développée par ces moteurs ? A quelle expérience familière comparer ces performances ?

Par exemple, si je dis qu’il faudrait 12 C4 Citroën comme la mienne pour animer une seule Bugatti et donc 60 pour faire décoller un Rafale – aurais-je progressé dans l’imagination ? Imaginer un attelage de 60 voitures tractant un seul petit (tout-petit) avion, est-ce que ça parle encore ?

Je crois qu’il faut avoir l’esprit d’un jeune, très jeune enfant pour se faire une pareille image.

lundi 16 juin 2025

Un pénis de Titan – Chronique du 17 juin

Bonjour-bonjour

 

Vous connaissez cette fleur ?

 



Non ? Alors courrez vite au Jardin botanique du Grand Nancy pour assister à une nouvelle floraison d’un pénis de Titan.

Car, il y a urgence : cette fleur ne s’épanouit que deux à trois fois par décennie – et encore, si les conditions sont favorables ; de plus elle fane en 72 heures ! Seulement voilà : son inflorescence qui atteint la hauteur de 2 mètres est une des plus hautes du monde, raison suffisante pour ne pas la rater.

Alors bien sûr on se dit que, par ailleurs, le nom de cette fleur est à lui seul un sujet d’attention. Pensez ! Un « pénis » qui atteint deux mètres ! Dans tout homme adulte survit le gamin qui prétendait avoir la plus grande de l’école ; on se doute que la taille de l’objet soit un sujet d’émerveillement. 

- Et pourtant, la Nature ne s’en satisfait pas. Car, outre sa forme et ses dimensions exceptionnelle, cette fleur possède une autre caractéristique pour attirer les insectes pollinisateurs : « L’inflorescence du « phallus de titan » est également connue pour son odeur extrêmement forte de cadavre, destinée à attirer son pollinisateur, un gros coléoptère. » (Lu ici)

 

… Ah ! Mes amis ! Je me sens en faute d’avoir donné cette précision, car involontairement nous (= nous autres les hommes) allons imaginer que notre organe reproductif va lui aussi devenir attractif en fonction … de son odeur. Et vous allez virer de votre douche le gel-douche « Super-mâle » au parfum de vétiver, de bouleau ou de cèdre, pour mettre à la place… 

... Quoi donc ? Car je ne connais pas de parfum pour homme dégageant une odeur de … pénis ?


Mais le doute est né, il s’instille dans notre conscience désirante. Et si, tout au fond de nous, sommeillait le souvenir de stimulis venus du fond des âges et qui permettaient à Monsieur Cro-Magnon de signaler sa présence à des kilomètres à une femelle bien disposée ?

dimanche 15 juin 2025

Groenland : Macron est arrivé-éé / Sans s’presser-éé. – Chronique du 16 juin

Bonjour-bonjour

 

On aura lu dans la presse du jour le récit du passage du Président Macron au Groenland, invité par « les autorités danoises et groenlandaises ».

Une telle visite est très politique : entendez qu’elle répond à plusieurs objectifs à la fois.

- D’une part faire entendre le soutien d’un pays européen tel la France en faveur de l’intégrité du territoire groenlandais (versus appétit américain).

- D’autre part permettre au Président français d’exister alors qu’il a perdu l’essentiel de son pouvoir depuis la dissolution de l’Assemblée Nationale.

De tels objectifs sont très recherchés car ils permettent de satisfaire les parties prenantes tout en confortant la stature internationale du Président. Mais n’y aurait-il pas mieux à faire ?

Certes il serait difficile de faire des critiques à Emmanuel Macron quand à son activité internationale. Sa présidence de la Conférence des Nations Unies sur l’Océan à peine achevée, le voilà qui bondit au Groenland, juste avant d’aller au G7 à Kananaskis, en Alberta (Canada).

… Mais certains voudraient que le président de la république française consacre son temps intégralement aux affaires française – et Dieu sait s’il y a de quoi occuper un Président jeune et actif. Après tout c’est cela le mandat que lui a donné le peuple français.

Certains remarqueront que le monde actuel étant interconnecté, se préoccuper de politique internationale c’est aussi se soucier des effets en retour sur la France. Mais d’autres, plus critiques, diront que c’est surtout le souci de briller devant les photographes et de se présenter, comme le Zorro de la chanson, comme un justicier à deux balles.

 

 

Justicier à deux balles ? Soit. Mais justicier quand même.

samedi 14 juin 2025

Attention : peinture fraiche ! – Chronique du 15 juin

Bonjour-bonjour

 

Vous connaissez sans doute ces musées créés durant les récentes décennies et qui, ne possédant pas de fonds propre, doivent emprunter les œuvres d’un musée préteur tel le Louvre (pour Lens) ou le centre Pompidou (pour Metz)

Au Centre Pompidou de Metz, on a franchi le pas : les œuvres exposées seront des copies de tableaux célèbres, effectuées par des artistes plus ou moins connus à la demande des conservateurs pour une exposition d’un genre un peu spéciale, puisqu’il s’agira d’exposer uniquement … des copies. Voyez :



(Portrait de Louise Vernet, « interprété » par l’artiste franco-américaine Nina Childresss, exposé au Pompidou de Metz)


Les organisateurs tiennent néanmoins à nous rassurer : « Le visiteur ne tombera pas sur une Joconde plus vraie que nature. « Ce n’est pas une exposition de copies, mais de copistes, souligne Donatien Grau. Ce sont les artistes, dans leur individualité, qui sont au cœur de l’exposition. » … L’œuvre initialement rabaissée, la copie, devient une œuvre d’art à part entière. Elle prolonge ou questionne l’œuvre initiale, prisonnière de son écrin d’œuvre appartenant au patrimoine. » ( Lu ici)

Ces artistes-copieurs ont été missionnés par le Centre Pompidou pour réaliser des « interprétations » d’œuvres du musée du Louvre (pourquoi est-ce Metz qui demande et non Lens ? Mystère). L’idée est de conserver le postulat de départ, à avoir qu’une œuvre d’art n’est pas reproductible, tout en cherchant l’image suscitée par cette œuvre dans l’imagination de l’artiste – image qui va, à son tour, devenir une nouvelle œuvre d’art non-productible.

Sachant que l’artiste-copieur n’est pas forcément quelqu’un qu’on admire et recherche, quel est donc l’avantage du procédé (à part, bien sûr, de fournir un tableau à accrocher aux cimaises du musée) ?

- La copie nous a-t-on dit « prolonge ou questionne l’œuvre initiale, prisonnière de son écrin d’œuvre appartenant au patrimoine. » - Voilà le point : l’œuvre originale figée dans son statut d’œuvre éternelle se trouve libérée par la réinterprétation qui devient permise. Imaginez que  la Joconde pose, rien que pour vous. La sublime image créée par Leonard  va devenir votre œuvre, réalisée sur votre toile.

 



"Oeuvre" de Marcel Duchamp


À vous de jouer.

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