mardi 30 novembre 2021

Covid : la "lumière au bout du tunnel" ? – Chronique du 1er décembre (2)

Bonjour-bonjour

 

Voilà une info qui décoiffe : le nouveau variant « omicron » serait sur le point de nous débarrasser de la pandémie, et cela d’une façon très naturelle (qui d’ailleurs a dû déjà fonctionner bien des fois – peut-être en 1920 pour la fin de la grippe espagnole).

 

- Reprenons : le variant omicron serait extrêmement contagieux mais très peu agressif. « Les autorités sanitaires des pays du sud de l'Afrique, particulièrement touchés, indiquent que les cas d'Omicron souffrent plutôt de symptômes bénins moins virulents que ceux du variant Delta, devenu majoritaire dans le monde depuis cet été. Les personnes contaminées avec ce virus muté semblent beaucoup moins souffrir de difficultés respiratoires notamment ». (Lu ici)

Du coup, dans la compétition pour gagner de nouveaux organismes à infecter, ce variant devrait normalement supplanter les autres formes du virus, en particulier le delta qu’on sait très nocif. Et devenant inoffensif, l’omicron pourrait devenir un hôte ordinaire de l’organisme, avec juste quelques petits désordres, comme le rhume automnal. C’est alors que le covid serait une « gripette ». 

Voilà : rien de bien extraordinaire, sauf que dans certains cas les bonnes nouvelles ont du mal à se frayer un chemin.

On devrait pourtant le savoir : dans la vie sociale aussi, c’est cela qui se produit : les moins nocifs sont aussi ceux qui, lorsqu’ils ont le pouvoir, le conservent le plus longtemps et en tirent le plus de bénéfice. Comparez la durée du règne de Napoléon, en guerre constante avec toute l’Europe et celui de la Reine Victoria dont les exploits guerriers n’ont pas été la marque de fabrique.

De l’optimisme béat ? Pas tant que ça quand même : car ça veut dire que les parasites les plus opiniâtres sont ceux qui conservent leur proie en vie le plus longtemps possible.

France, ta langue fout le camp ! – Chronique du 1er décembre (1)

Bonjour-bonjour

 

Vous avez vu ça :

 

 

BFM-TV mardi soir

Vous n’avez pas l’air de piger ? Lisez mieux le bandeau en bas de l’écran : « les stéréotypes, Joséphine Baker les endossent mais les égratignent ». Ça y est ? La faute est grossière puisqu’il n’y a pas à reconstruire grammaticalement la phrase pour s’apercevoir que le verbe conjugué au pluriel n’est pas accordé avec son sujet qui est au singulier. Pire : cette faute est répétée deux fois, au cas où on aurait un doute. Bis repetita...

On dira peut-être que c’est normal avec ces chaines d’info qui produisent à jet continu de l’information : il est inévitable que de temps à autre de telles fautes arrivent.

Mais on peut quand même s’interroger : une chaine comme BFM a les moyens d’avoir des journalistes spécialisés dans la préparation des titres qui vont s’afficher sur l’écran – et même des correcteurs qui les relisent pour éliminer les coquilles. Si ça n’est pas fait, et compte tenu de la fréquence générale (tous médias confondus) de ces fautes, on doit estimer que la correction grammaticale est devenue le cadet des soucis des journalistes et des responsables d’antenne.

Et dans ce cas, l’interrogation devrait se transformer en indignation : « Comment ? Le respect de notre langue ne serait plus un totem de la civilisation française ? Les petits écoliers d’autrefois qui tremblaient le lundi matin en arrivant à l’école dans la perspective de la terrible dictée sur laquelle ils allaient être jugés, ne seraient plus qu’un très lointain souvenir ? » Dans ce cas ce ne serait plus de la négligence mais de la trahison. Oui, de la trahison vis à vis des pays francophones qui sont si attentifs à la langue française qui est leur langue, leur bien civilisationnel. Écoutez parler les québécois (de Québec plutôt que de Montréal) : voyez combien leur respect du français les conduit à exclure le recours aux termes anglo-saxons au profit de néologismes français ; écoutez aussi les migrants venus de pays d’Afrique francophone : leur langue est souvent plus correcte que celle des petits gars de banlieue. Quand on reproche aux étrangers de ne plus parler la langue de Molière, alors dites-vous qu’à BFM on est devenu un peu étranger à la France.

Pas besoin d’être Alain Finkielkraut pour le dire ; pas besoin non plus de courir loin pour trouver l’élément constitutif de notre indentité culturelle.

lundi 29 novembre 2021

Le ministère du bonheur – Chronique du 30 novembre

Bonjour-bonjour

 

Durant ma maraude matinale en vue de capter des informations dont faire mon miel, je tombe sur l’info suivante : « Le général émirati Ahmed Nasser al-Raisi, visé par plusieurs plaintes pour "torture" en France et en Turquie, a été élu président d'Interpol, a annoncé l'agence de coopération policière. »  

- Un super policier ex-tortionnaire en chef, voilà qui est riche de sens. Piqué par cette stupéfiante information, je poursuis ma recherche, et j’apprends ceci : « Du temps où il était inspecteur général au ministère de l’Intérieur des Emirats, Ahmed Nasser al-Raisi avait “créé la direction générale du bonheur au sein du ministère de l’Intérieur”, chargée d’améliorer le fonctionnement de l’administration. »

De mieux en mieux me dis-je : il n’y a donc pas que le Bhoutan pour avoir un tel ministère ? (1)

Mais, qui donc va définir le bonheur ? Ne risque-t-on pas de rencontrer un régime de dictature épouvantable qui, sous prétexte de leur apporter la félicité, s’efforce de prendre le contrôle des esprits ? Les habitants de la Corée du nord par exemple ne sont-ils pas supposés heureux du simple fait que Kim jong-un dirige le pays ? 

Cherchant la réponse à mon interrogation, j’arrive sur cet article de Wiki qui élargit le champ d’investigation : « C’est en 2016 qui les Émirat Arabes Unis ont créé le poste de ministre d’État responsable des plans, des programmes et des politiques pour parvenir à une société plus heureuse. Trois ans après la création des ministères du bonheur, de la tolérance et de l'intelligence artificielle, les Émirats Arabes Unis ont créé en 2019 un ministère des «possibilités» » (2).  

--> Pour prendre en charge le bonheur des citoyens, il faut donc aussi préserver la tolérance (s’agissant des Émirats on se demande en quoi ça peut consister, mais ne critiquons pas, poursuivons) ; il faut également promouvoir l’intelligence artificielle, sans qu’on sache si elle figure ici à titre de moyen ou de source d’inspiration ; enfin, cerise sur le gâteau, le ministère des possibilités chargé d’éradiquer le mot « impossible » du vocabulaire des Émirats Arabes Unis bien évidemment indispensable pour parvenir au bonheur (si vous ne me croyez pas lisez ceci). Et c’est là qu’on reprend contact avec la notion commune chez nous de bonheur.

Car pourrait-on être heureux là où l’impossibilité survit ? Si je suis heureux aucun obstacle à mon bonheur ne doit survenir, et surtout pas ce qui le réduirait et le menacerait dans la durée.

- En 68 le mot d’ordre était « Jouissez sans entraves ! ». Heureux de savoir que c’est aussi le souci de Ahmed Nasser al-Raisi.

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(1) Sur le Bhoutan, lire ici.

dimanche 28 novembre 2021

Le point du mari – Chronique du 29 novembre

Bonjour-bonjour


Chères amies lectrices, si vous êtes sujettes à des aigreurs d’estomacs, si vous avez une inflammabilité d’humeur avérée, enfin, si vous êtes en overdose d’indignations : ne lisez pas ce Post.

Car voici l’information que j’ai pu lire hier : « Le point du mari, consiste à recoudre le vagin de la femme un peu plus serré que ce qu'il ne devrait, après une épisiotomie. » Classé dans les mutilations sexuelles, il est présenté sous un jour tout à fait plaisant : « On fait le point du mari ? Pour vous, il n'y aura aucune différence, mais ça fera plaisir à monsieur »

 


 

Lu et vu ici

 

En tant que mutilation rien à dire : ça tombe sous le coup de la loi et personne, en Europe du moins, ne songerait à le proposer. Sauf que selon les enquêtrices, cet acte chirurgical serait le plus souvent pratiqué post-partum, sans prévenir la femme qui le subit. Encore une violence dont les femmes sont les victimes du fait de la société patriarcale ? A classer avec les coups du mari violent et les féminicides ?  Oui – mais on peut aller plus loin.

 

Car l’idée est que l’épisiotomie est une opportunité par rapport à une exigence beaucoup plus générale et constante : celle de la jouissance des hommes mise au compte des obligations des femmes. L’épouse doit apporter à son mari le plaisir sexuel, et si le devoir conjugal existe c’est bien en cela qu’il consiste. On a cru naïvement que, pour remplir ce devoir, il suffisait à la femme de prêter son sexe à son mari qui allait se masturber dedans (excusez la verdeur de ces propos, mais j’avais prévenu celles qui auraient l’estomac un peu fragile de passer outre) ? Erreur ! Elle doit également satisfaire les fantaisies appréciées par son époux, et au minimum lui offrir un pertuis bien étroit – c’est la moindre des choses. Car sinon, elle serait responsable du fait qu’il aille chercher ailleurs, dans des lieux de débauche, ce qu’elle ne pourrait plus lui offrir.

 

Alors ? Cette injonction faite aux femmes non seulement de plaire aux hommes, mais encore de n’exister que pour leur jouissance n’irait-elle pas bien au-delà de ce travail de couture intime, jusqu’à englober les dessous affriolants, les parfums capiteux, les maquillages envoutants ? Certaines des féministes l’affirment en refusant tous ces artifices, quitte à s’enlaidir si c’est la condition nécessaire pour afficher leur refus de devenir objet du désir. 

Si dans les faits c’est pratiquement insoutenable, dans le principe ça peut se défendre.

samedi 27 novembre 2021

Les lunettes du dimanche – Chronique du 28 novembre

Bonjour-bonjour

 

Aujourd’hui dimanche, je vous propose un tour de l’actualité muni de vos lunettes spéciales – vous savez ? Celles qui vous font voir la vie en rose ... ou en orange ? Ou en rouge ? Bref, celles qui transforment la réalité du jour en pur rigolade.

o-o-o

1° « Le nouveau variant Omicron va-t-il nous mettre à poil ?

Omicron, le variant springbok qui vient de sortir, a failli s'appeler Nu. » (Lu ici)

- Ça c’est de l’info, n’est-ce pas ? Et où peut-on lire une pareille blague ? Dans La Tribune, le très sérieux journal spécialisé dans l’économie.

La Tribune, le journal qui fait rire avec ou sans lunette spéciales.

 

2° Autonomie : Comme en Guadeloupe, des élus corses veulent un débat sur l’autonomie.

Jean-Félix Acquaviva, député de Haute-Corse, a lancé ce samedi dans un communiqué un “appel solennel à un processus similaire en Corse” à celui proposé à la Guadeloupe. (Lire ici)

- Les indépendantistes corses ont le sens de l’opportunité. On va leur envoyer le GIGN comme en Guadeloupe histoire de voir s’ils sont toujours aussi friands d’indépendance.

 

3° Matthieu Orphelin porte-parole de Yannick Jadot, le candidat écologiste à la présidentielle, a été mis « en retrait de ses responsabilités ». Il s'était déclaré « sidéré » par les accusations d’agressions sexuelles à l’encontre de Nicolas Hulot. (Source ici)

- Les responsables EELV ont dû confondre : la quarantaine c’est seulement pour les voyageurs en provenance de l’Afrique du Sud.

 

4° A Marseille, la visite chahutée de Eric Zemmour se termine par un doigt d'honneur

 

 

Lu ici : à Marseille, à la sortie d’un restaurant où le polémiste venait de déjeuner, une passante lui a fait un doigt d’honneur. Le polémiste a répondu par le même geste en affirmant « et bien profond »

- Oui, il a dit « Bien profond ». Si ça ce n’est pas de l’information, changez de journal... ou de lunettes.

vendredi 26 novembre 2021

Êtes-vous plutôt gorille ou plutôt chimpanzé ? – Chronique du 27 novembre

Bonjour-bonjour

 

Vous êtes en colère : dans votre quartier on a fermé la poste et le commissariat ; et à l’école le petit manque de maitresse deux jours par semaine. Ça ne peut plus durer ! Alors, un conseil, faites comme les Guadeloupéens et les Martiniquais : cassez tout !

« Afin de mettre fin aux violences aux Antilles françaises, qui ont fait dix blessés dont un grièvement en une nuit parmi les forces de l'ordre, le gouvernement a annoncé vendredi qu'il repoussait au 31 décembre la mise en œuvre de l'obligation vaccinale des soignants et pompiers en Martinique et en Guadeloupe. » (lire ici). D’autres mesures d’apaisement seront prises incessamment sous forme de primes diverses.

 

--> La politique du chaos paye, on l’a vu avec les Gilets jaunes, et on le vérifie aujourd’hui.

Durant des décennies on aurait donc eu tort de manifester pacifiquement dans les rues, banderoles en tête et slogans psalmodiés en chœur ? Tort aussi de réclamer à être reçu par les autorités pour négocier ? Car aujourd’hui, la négociation n’a plus cours : les manifestants incendient les supermarchés, tirent sur la police et enfoncent leurs véhicules avec des voitures bélier. Le rapport de force est asymétrique, vu que l’exécutif ne peut employer la violence sur les manifestants sans leur donner une force plus grande encore – on l’a vu avec les violences policières durant la crise de Gilets.

Faut-il le regretter au nom de l’exclusion de la violence dans les rapports sociaux, ou bien soupirer avec fatalisme et dire « C’est dans l’ordre des choses : dans la nature, c’est le plus fort qui gagne toujours » Alors regardons un peu ce qui, justement, se passe dans la nature. Chez les primates, il y a deux types d’organisation sociale : celle où un mâle dominant exclut par la violence tous les autres mâles du rapport aux femelles ; sa domination est remise en cause dans des combats permanents et quand il est vaincu, le vainqueur prend sa place et extermine tous les petits issus du précédent chef – au grand préjudice de la horde. Telle est l’organisation des gorilles. Par contre, chez les chimpanzés le groupe connait un équilibre entre les mâles et les femelles qui ont chacun plusieurs partenaires sexuels et l’entraide assure la cohésion à l’intérieur du groupe. 

 


 Nous, qui sommes des primates d’un genre particulier, nous avons pris un ascendant sur la nature, mais nous n’avons pas su inventer autre chose que ce qu’elle nous offrait : les sociétés humaines oscillent entre la dictature et la démocratie. Il est inutile de demander la quelle est la plus naturelle, car ce qui compte c’est de savoir la quelle nous assure la meilleure chance de survie ? Faute de réponse scientifique (qui supposerait d’attendre pour voir laquelle de ces organisation résiste le mieux aux menaces qui tendent à l’éradiquer), les philosophes ont l’habitude de répondre en définissant une marche de l’histoire allant de la violence à la cohésion. Du gorille au chimpanzé.

jeudi 25 novembre 2021

Ça s’en va et ça revient... – Chronique du 26 novembre

Bonjour-bonjour

 

Vous vous y attendiez, n’est pas ? Et pourtant maintenant que c’est arrivé vous avez du mal à vous projeter dans l’avenir : aurons-nous des fêtes à Noël ? Et les vacances de février à la montagne, pourrons-nous y aller ? Et même l’anniv’ du petit avec ses copains-copines : est-ce qu’on pourra l’organiser ?

 

- Oui, c’est exact : la 5ème vague est là, nos hôpitaux sont sur les genoux avant même d’avoir commencé, et on va retourner faire la queue devant les vaccinodromes (quand ce n’est pas pour avoir accès à Doctolib). On a reculé de six mois, perdu la victoire qu’on croyait décisive sur le virus ; et quand bien même on nous promettrait de nous donner une vie tranquille avec rappel tous les six mois, qu’est-ce qui nous dit qu’un nouveau variant ne va pas surgir avec des capacités qui vont mettre en déroute nos vaccins actuels ?

Alors on se prend à fredonner la chanson de CloClo, tout en se disant que ça n’a rien de rassurant. Car dans cette chanson on nous annonce l’éternel retour. Éternel retour, pourquoi pas, mais éternel retour de quoi ? On devine que tout dépend de quelle période on parle : dans la chanson, il s’agit du recommencement de l’amour y compris avec « ses ailes blanches dans le dos » et sa cruelle rupture. Mais, quant à nous, qu’est-ce qui nous garantit que ce sont les six derniers mois qui vont revenir et non  l’ensemble  de la pandémie ?

 

- Justement, on apprend ce matin qu’un nouveau variant bien méchant vient d’apparaitre en Afrique du Sud, capable de se transmettre très vite et porteurs de troubles bien graves.

... Ah ! L’Afrique du sud, berceau de l’humanité – oui, c’est là que devait se trouver le jardin d’Éden, et c’est là qu’un nouveau virus (appelons-le « omicron ») vient de voir le jour. Faudrait-il entendre que l’humanité après avoir péché une première fois, serait chassée un second fois de ce calme et bien heureux refuge ? Et pour quel péché ? 

Avoir démoli la planète ?

mercredi 24 novembre 2021

En Allemagne la fumette enfin libérée - Chronique du 25 novembre

Bonjour-bonjour

 

La coalition tricolore (rouge pour le SPD, jaune pour le FDP et verte pour... les Verts) qui va gouverner l’Allemagne a dévoilé, mercredi, son contrat de coalition : plus d’agriculture écologique, réduction de l’usage des pesticides, sortie accélérée du charbon, retour à la rigueur budgétaire dès 2023, exclusion de la mutualisation des dettes avec l’Europe. 

- Et c’est avec ça que ce futur gouvernement va justifier son slogan « Oser plus de progrès » ?

Non, bien sûr. Car voilà la décision essentielle de ce point de vue : l’Allemagne va légaliser le cannabis : « Nous introduisons la distribution contrôlée de cannabis aux adultes à des fins récréatives dans les magasins agréés, ce qui permet de contrôler la qualité, d’empêcher la distribution de substances contaminées et de protéger la santé publique » peut-on lire page 87 de leur contrat de gouvernement. (lire ici)

Le cannabis récréatif va être en vente libre : non seulement pour assainir la société (plus de trafiquants, plus de dealers, plus de veilleurs, plus de spots, plus rien du tout !), mais encore pour une meilleure santé publique. Ça change la donne, pas seulement pour l’Allemagne, mais aussi pour la France car j’imagine mal qu’on puisse de ce côté-ci du Rhin ignorer ce qui se passe de l’autre côté.

Mais alors, en supposant qu’on adopte les mêmes dispositions, que vont devenir nos petits trafiquants, ceux des quartiers-nord ou du 9.3 ? Que va-t-on faire dans les 4000 points de deal que compte le pays ? C’est maintenant que les prévisionnistes de tout poil vont être mis à l’épreuve de la vérité. Car jusqu’à présent les pronostics se répartissent en deux groupes : les uns prédisant une lutte sanguinaire entre des gangs privés de leur ressources pour monopoliser les quelques trafics encore disponibles (sexe, drogues dures, cigarettes) ; les autres annonçant une aggravation de la consommation de drogues, les dealers sauvant leur trafic en mettant à disposition du public des substances qui restent interdites parce que plus dangereuses (cocaïne, héroïne, LSD, crack).

 

- Et nous les vieux, qu’avons-nous à espérer de cette libération du cannabis ? Quel effet sur la vie qui nous reste ? Lisons (ici) la note du Dr Michael Eisenberg, professeur adjoint d'urologie

« La consommation fréquente de cannabis ... est associée à une augmentation de la fréquence coïtale »

Nous aussi, les vieux on va pouvoir b*** à c*** rabattues !

mardi 23 novembre 2021

Une histoire de femmes ... mais pas que – Chronique du 24 novembre

Bonjour-bonjour

 

Un documentaire sur l’avortement clandestin en 1960 sort ces jours-ci en salle. Ce n’est pas n’importe quel documentaire : ce film est signé Audrey Diwan et a valu à sa réalisatrice le prestigieux Lion d’or lors de la dernière Mostra de Venise

Titré « L’évènement » il est inspiré d’un roman autobiographique d’Annie Ernaut, il aborde la problématique de la liberté des femmes à disposer de leur corps : il reste ainsi dans le champ des questions de société majeures depuis ... la nuit des temps. 

« Quand on me renvoie que j’ai fait un film de femmes sur un sujet de femmes, j’ai envie de hurler. Il est hors de question que j’acte l’idée que l’avortement est une histoire de femmes. On ne fait pas d’enfant seule, on ne tombe pas enceinte seule. Comme ce n’est pas le cas, je ne suis pas responsable seule du chemin, de cette décision. C’est un sujet qui n’est pas circonscrit à la condition féminine. » déclare Audrey Diwan. Il y a en effet assez peu de situations comme celle-ci, mettant en jeu la société entière, femmes comme hommes, dont pourtant la libre évocation est à ce point freinée.

 

C’est là qu’on rencontre le point central : alors que l’avortement est aussi vieux que l’humanité, certaines société « premières » donnant aux mères le droit de détruire leur fœtus, d’autres comme les nôtres l’empêchent à toute force, jetant dessus un voile opaque et proscrivant même le mot au profit d’un sigle anonyme « I.V.G. ».

C’est que l’avortement, ça ne passe pas : au point que régulièrement la question de la révocation des lois l’autorisant revient dans l’actualité avec même des interdictions comme en Pologne ou au Texas.

Comment expliquer l’impossibilité pour les sociétés d’admettre la liberté d’anéantir une descendance ? Comprenne qui pourra, souvent avec beaucoup plus de croyances que de démonstrations argumentées. Ainsi ceux (dont j'avoue faire partie) qui évoquent le néo-darwinisme pour le quel une force universelle pousse chaque organisme vivant à diffuser ses gènes par la reproduction. Les ruses des végétaux pour répandre partout leurs semences, la force inouïe des cerfs pour attirer les biches en bramant, le courage extraordinaire des ourses pour protéger leurs oursons (comme on l’a vu dans les Pyrénées), tous ces exemples et beaucoup d’autres tendent à montrer que laisser une descendance après soi est le but principal de la vie. (1)

Voilà pourquoi Audrey Diwan a selon moi tort de se plaindre de l’hypocrite indifférence des hommes. Car pour chaque homme la préservation de ses gènes passe par une femme. L’avortement consistant a détruire avec le fœtus ces gènes paternels, celui-ci doit logiquement s’y opposer. Se montrer indifférent est donc une relative avancée dans la voie de la liberté féminine

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(1) Rappelons Platon qui, dans un passage du Banquet, attribue à la prêtresse Diotime l’affirmation que la reproduction est la seule immortalité dont disposent les mortels. (201d-212b)

lundi 22 novembre 2021

Les patients impatients - Chronique du 23 novembre

Bonjour-bonjour

 

Qu’est-ce qu’on n’a pas entendu depuis l’été : le vaccin anti-covid est LE miracle qui va nous permettre de retrouver la vie d’avant – vous savez : « la bonne vie » ? Et que ça permettait de retourner dans les bars, les restaus, de faire le teuf toute la nuit, que le confinement : plus jamais ça, etc.

Et puis voilà la 5ème vague qui déferle sur l’Europe. D’abord on dit « Pfuitt !  Ce sont les allemands et les autrichiens ? Les premiers moins vaccinés que nous les second presque pas. C’est bien fait pour eux. C’est pas à nous que ça arriverait ! ». - Et ce matin qu'est-ce qu'on apprend ? Que notre Premier ministre a attrapé covid, après avoir été doublement vacciné ! Ça refroidit, n’est-ce pas ?

Notre dernier espoir, c’est qu’à Noël, quand tout le monde sera covidé, les hôpitaux n’enregistreront pas un afflux correspondant, qu’on n’ira pas en réa, mais qu’on restera alité chez nous. Le Père Noël viendra bien nous voir si nous mettons nos petits souliers au pied de notre lit ?

o-o-o

 Sérieusement, on assiste à une passionnante démonstration de recherche scientifique. Car on a là, au grand jour, un cas absolument unique de découverte par observation directe avec les hypothèses qui en découlent et les mécanismes de validation ou d’invalidation qui les suivent. Ce vaccin est comme on le sait une création récente, appuyée sur une méthodologie entièrement nouvelle et visant un virus inconnu il y a deux années. Il est inévitable qu’on procède par comparaison, extrapolation en fonction de résultats obtenus ailleurs, avec d’autres vaccins et d’autres virus. Il en résulte que l’incertitude à propos des effets hypothétiques à venir est une règle ; mais bien sûr tout dans ce domaine n’est l’est pas : il y a aussi des certitudes. Quand les antivax affirment que l’ARN-messager va déstructurer nos cellules ils affabulent et tous les généticiens du monde le disent : c’est une certitude. Par contre quand il s’agit de savoir combien de temps la protection durera, on le découvre par l’observation et non par la déduction. Voilà la bonne méthode et c’est celle que rappellent à longueur d’émission télé les chercheurs honnêtes.

Reste me direz-vous que ce qu’on veut, nous autres les patients-impatients, c’est tout savoir, tout de suite et avec certitude. Les médecins le savent bien, eux qui à longueur d’année dans leurs cabinets pratiquent cette médecine qui transforme les probabilités en certitude. « La médecine consiste à faire des paris » me disait il y a bien longtemps un médecin de famille.

Nos ministres ne sont pas médecins, mais ils le font depuis toujours.

dimanche 21 novembre 2021

Peuple français, suis l'exemple du glorieux 15 de France ! - Chronique du 22 novembre (2)

RE-bonjour

suite à l'épopée du Glorieux 15-de-France qu a laminé les All blacks et leur a fait ravaler leur Haka, je ne puis faire mieux que de réactiver un commentaire de citation issu de mon défunt blog "La citation du jour". 

Voilà, ça date du 16 juillet 2014 - 


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16 juillet 2014

 

Huit joueurs forts et actifs, deux légers et rusés, quatre grands rapides, et un dernier, modèle de flegme et de sang-froid. Le rugby c'est la proportion idéale entre les hommes.

Jean Giraudoux

 

Ça c’est de la citation ! Et pas seulement parce que, sur un sujet qui semble frivole, on convoque une gloire de la littérature. Non, c’est une pensée géniale parce qu’elle nous permet de voir la société comme une équipe de rugby, comparaison que chacun pourra interpréter aisément. D’ailleurs je m’étonne qu’aucun homme politique (du moins à ma connaissance) ne se soit emparé de cette phrase de Giraudoux pour nous faire marcher droit.

- Donc, la société ne doit pas être composée d’hommes tous identiques, même si on imagine cette identité comme une super-faculté telle la Raison-des-Lumières. Exit donc l’homme citoyen-universel ; place aux ailiers, talonneurs, piliers, etc… La société (au sens le plus large) nécessite une diversité de fonctions et donc de talents.

Il serait tentant de chercher qui, dans la société, peut incarner ces personnages : qui sont les gros balaises de la « première ligne » ? Qui sont les ailiers légers et rusés ? Qui sont les grands et rapides arrières ? Et puis l’ultime défenseur qui est-il ?

La métaphore est trop belle pour que je vous prive du bonheur de la décrypter vous-mêmes. Du coup, je vous laisse aussi le soin de déterminer à quel type de régime politique répond cette organisation rugbystique de la société : une démocratie ? Une anarchie ? Ou bien plutôt une dictature ?

o-o-o

Laissez-moi juste réfléchir à l’arrière, celui dont Giraudoux nous dit qu’il est un modèle de flegme et de sang-froid. Curieux n’est-ce pas ? Curieux parce que, dans nos sociétés, on ne songe guère à faire du retrait dans le combat une qualité – voire même une vertu.

Nous, nous sommes dans la compétition, tout se joue dans la percussion, dans la rapidité – dans la réactivité. Et voilà qu’on nous chante la vertu du gaillard qui reste derrière les autres, mais non pas comme un « planqué », plutôt comme un ultime défenseur – mais en même temps comme celui qui a une vision assez globale pour relancer l’attaque.

Quelqu’un qui serait à Londres quand l’Allemand est à Paris ?

« Iel » est « biel » – Chronique du 22 novembre (1)

Bonjour-bonjour

 

A notre tour nous venons manifester notre humeur concernant l’introduction par le dictionnaire Le Robert dont voici l’article publié dans sa nouvelle édition :

ieliels pronom personnel

RARE Pronom personnel sujet de la troisième personne du singulier et du pluriel, employé pour évoquer une personne quel que soit son genre. L'usage du pronom iel dans la communication inclusive. - REM. ON ÉCRIT AUSSI ielleielles.

 

On a tonitrué contre l’écriture inclusive et rangé cette étrangeté dans cette rubrique. On remarquera que la-dite écriture est un peu plus lisible grâce à l’usage de tirets ou de points intercallés : ici, bien malin qui irait sans en avoir été prévenu, lire la contraction de « il » et de « elle » dans « iel ». Toute fois on doit profiter ce cette occasion pour mettre un point final à l’idée que les langues possédant le genre neutre comme l’allemand seraient à l’abri de ces innovations qui font polémique. Car le neutre désigne un genre totalement étranger aux deux autres : ni masculin, ni féminin. Or, l’écriture inclusive bien au contraire veut et le masculin, et le féminin.

Pour être complet, il faut ajouter que le genre est ici adossé aux types d’orientation sexuelles, les transgenres prétendant soit cumuler les deux, soit en disposer alternativement.

 


 

 Logo transgenre

Le refus de choisir le genre, fondé sur une diversité d’options sexuelles laisse donc à l’écart les questions de pure grammaire. Mais on doit aussi convenir que nous entrons avec ce nouveau pronom dans une procédure qui ne va pas s’en tenir là : car que doit-on dire : « iel est beau », ou « iel est belle » ? Bien sûr on devra dire et écrire « iel est biel.le »

Et ce n’est pas fini....


 

samedi 20 novembre 2021

La chasse à l’homme est ouverte ! – Chronique du 21 novembre

Bonjour-bonjour

 

Le jeune Américain Kyle Rittenhouse, qui a tué deux personnes en marge de manifestations antiracistes en 2020 à Kenosha, a été déclaré non coupable et acquitté vendredi 19 novembre. Le jeune homme blanc de 18 ans, qui encourait la réclusion à perpétuité, avait plaidé la légitime défense. (Lu ici)

Un simple fait divers ? Pas tant que cela, car c’est aussi l’occasion de reparler de Donald Trump qui a déclaré dans un communiqué :  "Félicitations à Kyle Rittenhouse pour avoir été déclaré INNOCENT. Si ça, ce n'est pas de la légitime défense, rien ne l'est !" Et, pour faire bonne mesure, un lobby pro armes, "Gun Owners of America", a également promis sur Twitter d'offrir un fusil AR-15 en récompense à Kyle Rittenhouse pour sa défense du "droit d'être armé en Amérique".

Car voilà l’essentiel : avoir tué deux hommes n’est pas en soi un acte vertueux. Mais si c’est l’occasion de justifier le port d’armes, alors oui : voilà qui mérite d’être récompensé. Bien sûr, la légitime défense invoquée risque bien d’être sans fondement : on affirme que Rittenhouse s’était mué en défenseur des biens et des personnes et que c’est à cette occasion qu’il aurait tué deux manifestants. Mais l’intention a été jugée vertueuse et elle justifiait de posséder à une telle arme et de descendre dans la rue ainsi armé avec la volonté de s’en servir. 

 


Kyle Rittenhouse

 

La récompense offerte par le lobby pro-armes est sans équivoque : Rittenhouse a fait de la bonne publicité pour le port et l’usage de telles armes : elles sont faites pour tuer et ce jeune homme a fait la preuve qu’elles fonctionnaient très bien pour ça.

Aux États-Unis la chasse à l’homme est ouverte – ou plutôt elle n’a pas été fermée.

vendredi 19 novembre 2021

Emmanuel Macron : la 3ème dose va dans le sens de l’histoire – Chronique du 20 novembre

Bonjour-bonjour

 

Alors qu’il a y juste une semaine le covid n’était qu’un mauvais souvenir, voici que non seulement il occupe à nouveau la première place de l’actualité mais encore notre Président attribue un vecteur de l’histoire pour lui tout seul. 

- Rien que ça ? Oui, puisque la détermination du nombre de doses à inoculer est fonction de sa situation dans le champ évolutif des grandes maladies infectieuses pour lesquelles on sait à quel rythme il faut vacciner et faire des rappels. La grippe : tous les ans ; le covid : tous les six mois.

- J’avoue avoir sursauté un lisant cette information : déjà parce que mobiliser un « sens de l’histoire » ça fait appel à l’autorité mystérieuse de l’Histoire qui avancerait poussée par une force occulte et invincible – on sait ce que ça a signifié du temps de Hegel et surtout de Marx.

Et puis, sans nous prévenir, nous nous retrouvons avec une pandémie indéracinable, le vaccin parvenant juste à endiguer les formes les plus graves de la maladie – et encore : les Pays-Bas malgré la vaccination en sont à relancer le couvre-feu, déclenchant des émeutes au cours desquelles la police a tué par balles des émeutiers (1). 

o-o-o

En tout cas, voilà ce qu’il en est pour nous : à tout jamais il faudra porter le masque, se saluer en nous checkant du coude et renoncer à nous faire la bise – sans oublier les jauges restreintes au ciné ou dans les bars. Et sans doute télé-travailler de temps à autres, pendant que les enfants suivront leurs cours sur l’écan de leur smartphone. 

Belle occasion de renoncer à notre arrogance : nous ne vallons pas mieux que nos ancêtres victimes d’épidémies périodiques : variole, choléra, peste. On dira que nous pouvons encore faire reculer la maladie avec nos vaccins ; c’est du moins ce que nous croyons. Au 13ème siècle on savait aussi se prémunir du retour de la peste : il suffisait de massacrer les juifs empoisonneurs de puits.

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(1) : « La police néerlandaise a tiré des coups de sommation vendredi après que des « émeutes » ont éclaté lors d'une manifestation à Rotterdam contre des mesures de confinement liées à la pandémie ». (Lu ici)

jeudi 18 novembre 2021

Sophismes sophistiqués – Chronique du 19 novembre

Bonjour-bonjour

 

Dans les hôpitaux la proportion des malades hospitalisés pour covid et qui ont pourtant été vaccinés ne cesse de croitre. Occasion pour les antivax de triompher et de dire « Vous voyez bien que le vaccin n’a jamais protégé personne et qu’il n’est administré que pour enrichir les Big Pharma ! »

Les journaux qui souhaitent quand même informer objectivement rappellent que, s’il y a neuf fois plus d’adultes vaccinés que de non vaccinés, il est normal qu’il y ait plus de malades déjà vaccinés qui soient hospitalisés. De fait il y en a à peu près autant, mais ces chiffres sont à lire par rapport au chiffre total de la population : « À taille de population comparable, il y a donc presque 9 fois plus d'entrées en soins critiques côté des non-vaccinés que du côté des vaccinés. (...) il y a également 9 fois plus de décès chez les personnes non vaccinées que chez les personnes complètement vaccinées, à taille de population comparable, entre le 4 et le 31 octobre. » peut-on lire ici.

Bref : quand on compare des nombres on entre dans l’évaluation d’un rapport et il faut alors mettre en relation les chiffres qui sont opérants. On touche ici une des difficultés majeure de la réflexion : celle de penser des rapports. J’en veux pour preuve cet exemple de sophisme issu de l’antiquité : celui du cheval cher.

«1° Tout ce qui est rare est cher, (exemple : un cheval rare est cher, c'est le cheval qui est rare) 2° Un cheval bon marché est rare, (équivoque sur le mot « rare », c'est le fait d'être bon marché qui est rare, ce n'est plus le cheval) 3° Donc un cheval bon marché est cher (figure de sens : le syllogisme) ». (Wiki – Art Sophisme)

On l’a compris : le malade vacciné n’est pas rare dans les hôpitaux, mais il est rare dans la population générale. N’est-il n’est pas étrange que ce sophisme continue de tromper les esprits un peu superficiels ? Moi, je dirai que ce n’est pas du tout étrange, mais qu’en revanche voir des complotistes recourir à de tels procédés à la fois sophistiques et sophistiqués, voilà qui m’étonne.

mercredi 17 novembre 2021

Alors : heureux ? – Chronique du 18 novembre

Bonjour-bonjour

 

Un récent sondage du cabinet d’étude Elabe (1) révélait que 80% des français se disaient plutôt heureux, alors que dans le même temps 68% des français considéraient que les injustices en France étaient toujours là – et ceci trois ans après le mouvement des Gilets jaunes 

Bernard Sananès, directeur d’Elabe commente : « Il y a, on le voit bien dans beaucoup d'indicateurs, une forme de décrispation de la société française. Il y a finalement une forme de résilience. 78% des Français se disent heureux, dont quatre sur dix très heureux. Bien sûr, il y a eu la maladie, les victimes, les morts, la souffrance. On a redécouvert un certain nombre de choses qui apparaissent comme essentielles : être en bonne santé d'abord, prendre soin de son corps, avoir des relations avec sa famille, avoir un métier qu'on a choisi, faire des choses de ses mains. Et à l'inverse, par exemple, les totems de la société de consommation, avoir une belle voiture, faire le tour du monde, avoir des smartphones, ça paraît presque dérisoire dans notre classement » (Voir ici

 - Faut-il prendre ce sondage au sérieux ? Parce que si c’est le cas, alors il faut que nos candidats à la Présidence révisent leurs programmes. Car on commence à voir apparaitre un reversement de tendance depuis les Gilets, avec une thématique du genre : « Plus d’inégalités ? Plus d’injustices ? Bof ! Et alors ? Avoir une voiture ? Pour quoi faire, avec ces nuages de gaz polluants, il vaut mieux prendre le train ou co-voiturer avec mes collègues. D’ailleurs, qui nous empêche – à part le virus – de nous retrouver après le boulot pour se prendre une petite mousse à la terrasse en bas ? » 

Que s’est-il passé ? Les Gilets à peine rangés dans la penderie, est arrivée l’épidémie avec ces malades hospitalisés sauvés in extremis par des infirmières héroïques qu’on va applaudir chaque soir ; et puis ces terrasses qui nous manquent tant : comment revendiquer encore autre chose que du nursing gouvernemental ? 

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(1) Il s’agit du baromètre Elabe-Institut Montaigne-SNCF des territoires en partenariat avec franceinfo. Analyse à lire ici

mardi 16 novembre 2021

Mur anti-migrants polonais : le lynx impacté – Chronique du 17 novembre

Bonjour-bonjour

 

Pas facile de se faire un avis concernant le « mur anti-migrants » que la Pologne s’apprête à construire entre son territoire et celui de la Biélorussie. Les uns l’approuvent, principalement les juristes : il est « d'autant plus légal qu'il est question de renforcer les contrôles aux frontières extérieures de l'espace Schengen ». En effet depuis les accords de Schengen, on relativise les frontières entre les pays de la zone Schengen, mais on renforce les frontières avec l'extérieur », tout en regrettant que cela aboutisse à une conception d'Europe forteresse." D’autres juristes pourtant, tels que Dorota Dakowska, professeure à Science Po Aix, le regrettent, soulignant qu’une frontière « est toujours un lieu de passage ».

En outre, ce mur pourrait passer par la forêt primaire de Bialowieza et constituer "un danger pour la reproduction de certaines espèces, comme le lynx".

Et la France ? Gabriel Attal, a réaffirmé mardi que la France et l'Europe voulaient faire "respecter nos frontières". La France "est en solidarité avec les pays confrontés à cette situation", et elle n'a « pas de leçons à donner à Varsovie ». (Lire ici)

 

- Oui, vous avez bien lu : Gabriel Attal affirme bien que nous n’avons pas de leçons à « donner » (et non à « recevoir » comme habituellement). Autrement dit, on est globalement contre les murs frontières, sauf s’ils sont vertueux, entendez s’ils protègent notre territoire, ce qui, selon les traités européens, est le cas des frontières extérieures de l'espace-Schengen.

Voilà où on en est. Et les malheureux migrants coincés entre deux rangées de soldatesque polono-biélorusse (sic) ? Que pensent-ils de ces querelles à propos des parpaings qui vont venir redoubler les barbelés ? Soumis à la pluie et au froid, occupés à réchauffer les pieds de leurs petits qui gèlent, ont-ils encore un peu d’énergie pour débattre du sort qui devrait leur être réservé ?

On dira que le problème est d’autant moins tragique qu’ils ne sont que quelques milliers. Certes. Mais alors le refus de les aider est d’autant plus cruel – et il pèsera d’autant plus lourd dans la balance au jour du jugement dernier.

 


Notre-Dame de Paris – Portail central

lundi 15 novembre 2021

C’est la reprise ! – Chronique du 16 novembre

Bonjour-bonjour

 

Le bon vieux temps est de retour, les amis ! 

Je ne veux pas parler des restaurants qui nous ont tant manqué. Ni des achats fiévreux dans des magasins bondés. Ni des retrouvailles entre amis dans une salle de café surchauffée. Non. Il s’agit des chiffres de vente des avions au Salon aéronautique de Dubaï, et de la sempiternelle concurrence Airbus-Boeing, avec des chiffres hallucinants d’avions vendus à des loueurs soutenus par des fonds de pension.

Lisez plutôt : « Airbus surpasse Boeing au salon aéronautique de Dubaï. Après avoir vendu 255 appareils à Indigo Partners le premier jour du salon, il vient d'en placer 111 de plus chez Air Lease Corporation. Cerise sur le gâteau, le loueur américain est devenu le client de lancement du futur A350F, version cargo de l'A350 qui doit contester l'hégémonie de Boeing sur ce marché. » (Lu dans la tribune)

 


 

En pleine cop 26, cette information nous aide à mieux en comprendre son échec : toutes ces entreprises super polluantes et destructrices d’environnement à grand coup de tonnes de CO2 fonctionnent avec des tableaux prévisionnels comportant une colonne investissement et une colonne profit – et pas de place pour une colonne destruction environnementale. Faute d’avoir une version d’Excel mise à jour, voilà que les glaces de l’arctique vont disparaitre et les ours blancs obligés de se métisser avec les grizzlis pour survivre. 

Mais, ne l’oublions pas : tout ce que les spécialistes de l’environnement prévoient, les entrepreneurs de pollution publique le savent aussi. Ils font même les recherches en vue de transformer leurs activités pour les adapter à la nature, comme l’avion à oxygène, futur avion non-polluant. Seulement ces réalisations ne viendront que dans plusieurs dizaines d’années – et d’ici là, pas questions de regarder le tiroir-caisse se vider faute d’activité. 

Alors on continue comme avant, encore un petit peu, tant que ça passe encore, histoire de nourrir les actionnaires voraces. On dit que la comtesse Du Barry arrivée au pied de l’échafaud où elle allait être guillotinée supplie son bourreau : « Encore un moment, monsieur le bourreau ».

Nous, aujourd’hui, on entend : « Encore quelques milliards de dollars, madame la nature »

dimanche 14 novembre 2021

Le Grand remplacement polonais – Chronique du 15 novembre

Bonjour-bonjour

 

Je ne sais si on prend la mesure de ce qui se passe ces jours-ci à la frontière qui sépare le Pologne de la Biélorussie, mais il s’agit peut-être de la résurgence d’un affrontement aussi vieux de l’humanité, probablement celui qui a initié la première guerre entre les humains.

- Pourtant, qu’y a-t-il d’extraordinaire dans cet incident qui oppose l’armée d’un grand pays à quelques milliers de migrants qui tentent de passer malgré tout ? On met simplement l’accent sur une rencontre frontale entre ceux qui migrent et qui veulent entrer, et l’armée du pays en question qui s’oppose à eux.

 

 

Pologne – Frontière avec la Biélorussie le 14-11 (vu ici)

 

Voyez l’image : impressionnante n’est-ce pas ? Ces policiers, coude à coude, s’opposent à une foule invisible sur l’image mais qu’on suppose assez dense pour justifier un tel déploiement de force. Là est l’évènement : car ordinairement les migrants se faufilent, ils restent invisibles, ils ne constituent pas une foule en marche – et pourtant c’est ce qui se passe ici, réveillant le souvenir la crise migratoire de 2015 et qu’on redoute toujours.

Pourtant on ne voit pas en quoi ces évènements, forcément minoritaires dans l’équilibre des forces entre les pays, constitueraient une source de stress et d’angoisse pour les peuples ? La préhistoire nous l’indique : les hommes ont enduré pendant les centaines de milliers d’année des famines, des maladies, des invasions, auxquelles ils n’ont pu répondre qu’en migrant eux-mêmes. L’évolution des hominidés a accompagné ces déplacements et il est fort possible qu’il y ait en nous un « inconscient migratoire » issu des souvenirs qui ont sédimenté en nous au cours de centaines de milliers d’années ; inconscient qui influencerait encore aujourd’hui les peuples qui se lancent sur les routes et à travers les mers pour fuir la violence et la misère.

 

Ces heurts à la frontière polonaise réveilleraient peut-être un souvenir inconscient du même ordre : celui des populations installées, affrontant des « envahisseurs » venus conquérir leur territoire et s’installer à leur place. Le « grand remplacement » dont on nous bat les oreilles serait sans doute mieux compris s’il faisait allusion à cette menace d’invasion territoriale. L’image des soldats polonais prêts à défendre pied à pied la terre de leurs ancêtres, entrerait alors en résonance avec une mémoire « génétique » – si elle existe. 

Qu’est-ce que les sentinelles néanderthaliennes ont dit, lorsque les premiers migrants sapiens ont débarqué d’Afrique ?

samedi 13 novembre 2021

Retour sur terre : les factures impayées de Thomas Pesquet – Chronique du 14 novembre

Bonjour-bonjour

 

En lisant le titre de ma chronique, je vous sens bouillir, cher.e.s ami.e.s : « Comment ? Même ce blog qui prétend dénoncer les fake news et les ragots de réseaux sociaux, nous parle des factures impayées de Thomas Pesquet ! »

Et en effet, je dois bien l’avouer : ma source, c’est Télé-loisir. Pas brillant !

Mais attendez d’avoir lu ma chronique avant de la condamner. Et déjà, voyons l’information telle que donnée :

« Je retrouve petit à petit ma vie sur Terre: les sensations reviennent une à une, comme les odeurs de la nature par exemple (ah oui aussi: les factures à payer, mettre des chaussures, dormir dans un lit, etc.). » Il précise en effet qu’en arrivant chez lui, « il a dû payer six mois de factures ! » (lire ici)

Telle quelle, la déclaration de Thomas Pesquet éclaire un aspect significatif de la vie quotidienne : c’est un mélange des sensations, d’impressions, de gestes et d’actions automatiques. Tout ce qui est devenu inconscient par la répétition quotidienne devient extra-ordinaire du fait de l’interruption imposée par le séjour spatial – où rien de ce qui était ordinaire ne l’est plus.

Et on a quand même une surprise : mettre des chaussures, dormir dans un lit, tout cela parait du domaine de l’automatisme : on imagine à peine qu’on puisse sortir de chez soi sans s’être chaussé, ni qu’on dorme par terre parce qu’on a oublié qu’on avait un lit. En revanche oublier de payer ses factures, ce n’est pas seulement du domaine de l’obligatoire, c’est du domaine du sérieux. Car, oui, on peut oublier de payer ses factures et c’est même quelque chose de très fréquent ; seulement, ce n’est pas sérieux, parce que, si on peut l’oublier, en revanche il est condamnable de le faire.

Et voilà le point intéressant : on peut être, comme Thomas Pesquet, un homme qui, aux commandes de la station spatiale, est capable de gérer des centaines de données simultanément ; et en même temps oublier de payer ses factures. Surtaxes d’impôts impayés, amendes plein pot pour dépassement des délais, électricité coupée... Ah non ! Ça ce n’est plus possible, EDF a renoncé à couper les mauvais payeurs : notre héros de l’espace n’aura pas à allumer son camping-gaz.