dimanche 31 mars 2024

Baltimore : qui va payer ? – Chronique du 1er avril

Bonjour-bonjour

 

L’accident du porte-conteneur de Baltimore soulève un point important : qui doit payer les dégâts ? 

- Selon la loi « Titanic » (du nom de l’assurance en vigueur du temps de ce bateau), « La loi plafonne la responsabilité du propriétaire – et de ses différents assureurs – à la valeur des marchandises que le navire transportait au moment de la collision et à la valeur du bateau lui-même. » (Lire ici)

- Ou bien, selon les habitudes actuelles, le responsable de l’accident devrait également payer les dégâts causés aux équipement portuaires, quel qu’ils soient. C’est dans cet esprit que la Maif dut payer, il y a quelques dizaines d’années, les dégâts causés aux voies ferrées sur les quelles était tombée la voiture d’un assuré. 

 

Pour le philosophe, la question de la responsabilité est un peu comme celle du consentement : jusqu’où s’étend la conséquence d’une telle acceptation ? Suis-je responsable uniquement de ce à quoi je me suis explicitement engagé, ou bien faut-il y ajouter tout ce qui se produit du fait de mon action, quand bien même j’en ignorerais l’existence ?

Un exemple : nous sommes au Paradis, et nous voyons Adam qui s’apprête à mordre le fruit défendu. Nous nous précipitons vers lui : « Arrête Adam ! Tu vas être chassé du Paradis, toi, ta femme et tes enfants. Et avec eux c’est toute l’humanité qui va souffrir à cause de toi ! »

Que croyez-vous qu’Adam répondrait à cette interpellation ? 

« De quoi tu parles, l’Ami ? C’est quoi cette humanité ? Où peut-on la voir ? Existe-t-elle vraiment ? Moi je crois que tu viens simplement de l’inventer pour me troubler. 

Tu sais ce que je vais faire ? Je vais croquer ce fruit délicieux parce que je crois que le Seigneur ne peut pas me voir, étant donné qu’il est occupé à l’autre bout de la Création. De toute façon, s’il veut me chasser, qu’il me chasse et basta ! »

C’est vrai qu’à l’époque la Lloyds n’existait pas. Mais si ça se trouve rien n’a changé depuis.

samedi 30 mars 2024

A Gaza, l’après-guerre se met en place – Chronique du 31 mars

Bonjour-bonjour

 

Bonne nouvelle (ou pas) : la fin des combats se met doucement (!) en place à Gaza. La Paix serait donc déjà en marche ? Pas si sûr.

La preuve : ces travaux d’envergure menés tambours battants (!) sur la bande de Gaza par l’armée Israélienne :

« L'armée israélienne a donné un coup d'accélérateur à ses chantiers d'après-guerre dans la bande de Gaza comme le prouvent des images satellites. Ces opérations prévoient la création d'une « zone tampon » d'environ 1 km de large le long de la frontière, qui sera totalement interdite d'accès aux Palestiniens. »

Attendez, ce n’est pas fini !

« Pour compléter le dispositif qui sera mis en place après la guerre, Tsahal s'apprête à creuser un corridor coupant la bande de Gaza en son milieu. Le projet doit permettre un contrôle du passage des centaines de milliers de Palestiniens du nord de l'enclave ayant fui contraints et forcés les combats pour se réfugier dans le sud sous des tentes et qui voudraient retourner chez eux. L'ouvrage doit également permettre un accès rapide de forces militaires. Des fossés ont commencé à être creusés. »

Bilan ? « Au total l'opération va se traduire par la saisie de 16 % de la superficie de la bande de Gaza. »

 

Autrement dit, la situation des Palestiniens de Gaza sera pire qu’avant, avec un territoire qui se réduit comme une peau de chagrin, des contraintes physiques intensifiées, et une armée d’occupation toujours plus agressive. Tout cela serait-il très normal et ferait-il partie de l’exercice du droit d’Israël à organiser sa défense ?

Peut-être.


Reste que ça pose la question de la paix qui va s’établir alors. - Au fait, qu'est-ce donc que la paix ? « État de pays qui ne sont pas en guerre » ? Ou plutôt « Dynamique incessante d'interactions mutuellement positives, permettant d'atteindre ensemble l'harmonie, durablement. » (Lu ici) ?

Je vous laisse répondre…

vendredi 29 mars 2024

La prospérité par le travail – Chronique du 30 mars

Bonjour-bonjour

 

La suppression de la pauvreté est un souci qui revient dans l’esprit de nos dirigeants sans doute depuis très longtemps, peut-être depuis l’origine de la civilisation. Plus près de nous on se rappelle que Louis-Napoléon Bonaparte, le futur Empereur s’était fait connaitre dans les années 1840 avec la publication d’un ouvrage intitulé « l’Extinction du paupérisme ».

 

Et nous ? Certes Emmanuel Macron avait affirmé au début de son 1er mandat que la pauvreté devrait disparaitre et qu’il savait comment faire. Mais devant l’absence de résultats probants à ce jour et suite au remède apporté par Gabriel Attal à l’existence du chômage – à savoir : supprimer les indemnités chômages – on se dit que le mieux pour les pauvres serait peut-être que le Gouvernement ne s’occupe pas d’eux.

 

Et puis, quoi ? Faut-il donc que l’État se préoccupe de la pauvreté ? Mieux même : est-il justifié de s’en préoccuper ? Cette question fait sursauter, mais écoutons les libéraux du genre des puritains américains. Selon eux, la richesse est le produit du travail quand il est bien fait. C’est la manière de montrer son mérite à Dieu, la vertu du travailleur étant celle de la créature humaine. Ce qui fait que la devise américaine « In God we trust » soit inscrite sur chaque dollar américains.


 

- Devant les travailleurs les portes du Paradis s’ouvrent ; aux pauvres elles resteront fermées. C’est tellement vrai que les aides sociales sont là-bas réduites à (presque) néant, la redistribution des richesses étant assumée par les œuvres de bienfaisance des très-riches.

La France, qui s’enorgueillissait de ses aides sociales permettant aux plus pauvres de mener en vie jugée décente, n’est-elle pas entrain de suivre la même pente avec son mot d’ordre : « la prospérité par le travail », faisant des pauvres non seulement des gens soupçonnés de trainer les pieds devant la recherche d'emploi (ne suffit-il pas en effet de supprimer les allocation chômages pour que chacun retrouve un emploi ?), mais en plus des menaces pour le dynamisme économique ? 

Seulement voilà : on assiste depuis quelques dizaines d’années à la multiplication des travailleurs pauvres, oxymore qui vient détraquer le bonne conscience des classes dirigeantes. 

« Le travail doit payer ! » s’exclame le Premier Ministre. – Oui, mais combien ?

jeudi 28 mars 2024

Tu es mon créateur, mais moi, je suis ton maître – Chronique du 29 mars

Bonjour-bonjour

 

La vie politique mondiale est agitée de soubresauts aussi soudains qu’irrésistibles qui font penser aux vagues scélérates, qui sont des vagues océaniques très hautes, soudaines, imprévisibles (cf. Wikipédia)

Je veux parler de la montée du populisme qui est avant tout un phénomène qui se caractérise par le succès de mouvements antisystèmes, qui profitent des élections pour détruire l’ordre légal, allant au besoin jusqu’à un coup d’État (comme l’a montré l’assaut sur le Capitole à Washington en 2021) et dont le plus récent exemple est l’élection de Javier Milei, le nouveau président argentin.

Maintenant, même imprévues, ces vagues ne sont pas en théorie du moins imprévisibles : elles sont la conséquence de différents phénomènes connus à l’origine du mouvement des vagues. N’aurions-nous pas le même phénomène avec ces soudaines montées en puissance du populisme, ces regroupements de citoyens tous animés des mêmes passions qui, en apparence sans se concerter, s’ordonnent pour clamer les mêmes slogans, ou pour aller dans les mêmes manifestations ? Et si c’était le cas, ce serait l’occasion de vérifier que les réseaux sociaux ne sont pas pour rien dans ce phénomène d’auto-convergence, qui ne répond à aucun mot d’ordre venu d’un parti politique ou d’une élite reconnue, mais qui, avec le relai des élections démocratiques, produisent ces effets que nous observons avec étonnement.

Qu’on ne croie pas que le populisme soit le seul effet de ces regroupements par les réseaux sociaux : ce mécanisme se retrouve bien loin des faits politiques dans l’action des influenceurs ou dans les terribles ravages des complotistes. On applaudit aussi bien la puissance des dénonciations du genre #metoo, qu’on pleure devant les suicides d’adolescents détruits par le harcèlement numérique.


Allons plus loin : on a là la preuve que les innovations technologiques produisent des effets imprévus très loin de leur lieu de naissance au point qu’on a parfois l’impression d’être comme le docteur Frankenstein, impuissant devant le monstre qu’il vient de créer.

 

 

« Tu es mon créateur, mais moi, je suis ton maître » déclare la créature de Frankenstein

mercredi 27 mars 2024

La société de déconsommation – Chronique du 28 mars

Bonjour-bonjour

 

Salut les Boomers ! Ça fait combien de temps que vous attendiez le société de déconsommation ? Depuis très-très longtemps dirait-on si j’en crois votre mimique éplorée.

Hé bien, voilà, réjouissez-vous : c’est le patron de Système U qui l’annonce : nous sommes entrés dans une phase de déconsommation ! Oui-oui, c’est vrai je le jure et si vous ne me croyez pas, alors lisez ceci.

Il faut toutefois modérer vos enthousiasmes, chers amis. Les consommateurs ne se détournent de la consommation que contraints et forcés. Leur comportement s’est d’ailleurs modifié non sur la quantité consommée mais sur sa qualité : si le volume baisse du côté des grandes marques, il augmente en revanche du côté des produits-distributeurs qui sont moins chers.

Ce qui va arriver maintenant, c’est ce qui est déjà arrivé à la sortie de la Guerre : la société de consommation va apparaitre comme le paradis, alors que la grisaille du monde quotidien va nous dégoûter des produits mal faits, mal emballés, mal vendus.

Ah !... Les fifties, c’était le bon temps !




mardi 26 mars 2024

Ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie ! – Chronique du 27 mars

Bonjour-bonjour

 

Du Japon nous vient cette information : « Chute des naissances au Japon : un fabricant arrête les couches pour bébés… pour les protections adultes » Après tout l’essentiel est d’écouler sa marchandise.

Hé oui, la vieillesse n’est autre que le retour à la petite enfance : les couches pour le pipi-au-lit et ailleurs ; des Ehpads pour remplacer les crèches ; les auxiliaires de vie qui sont les nouvelles nounous.

Accablement et désolation… Ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie ! N'avons-nous tant vécu que pour cette infamie ? Allez : une tisane du voyage sans retour et n’en parlons plus….

Quoique… Les séniors sont l’objet de soins attentifs de la part des producteurs de garnitures qui non seulement fournissent le produit adapté, mais aussi les conseils qui font du bien.

« L’arrivée du printemps, les journées qui rallongent et l'approche des week-ends du mois de mai vous donnent des envies d’évasion ? Vous avez peur que vos fuites urinaires gâchent vos projets ? Il est tout à fait possible de vivre avec l’incontinence en continuant vos activités quotidiennes. Grâce à quelques conseils, vous pourrez également profiter pleinement de vos vacances quelle que soit votre destination ! »

 


Détaillons : 

* Mesdames, les maillots de bain incontinence possèdent une doublure étanche parfaitement ajustée pour permettre l’utilisation d’une protection absorbante. Plongez dans la joie de vrais moments de détente en achetant un maillot de bain incontinence Benefactor !

* Messieurs, si vous faites partie des douillets et frileux qui pratiquent quand même des activités de plein air, pensez à choisir un body adapté à l'incontinence : discret, il couvre bien le dos et les reins, tout en étant pratique à l'usage.

* Et si vous avez encore besoin d’activer votre zizi-panpan, passez donc la nuit tout contre votre bien-aimé(e), sans craindre que les fuites urinaires ne s’immiscent entre vous, Benefactor vous propose ses sous-vêtements intraversables : achat en ligne et livraison simples et faciles sur notre site !

Ici, le chroniqueur est désarmé : que pourrait-il ajouter ? 

... Si, quand même : Benefactor, l'autonomie sans compromis, c'est ici.

lundi 25 mars 2024

Culture des instit : au niveau des CE1 – Chronique du 26 mars

Bonjour-bonjour

 

Vous vous demandez peut-être pourquoi il manque tant d’instits dans les écoles ? Vous mettez en cause le manque de candidats en raison du manque d’attractivité des postes proposés, mais vous ne vous demandez pas pourquoi on continue à recaler certains candidats alors que la logique du concours devrait faire simplement baisser la barre d’admission ?

Hé bien c’est que les candidats sont vraiment trop nuls, et qu’on ne peut se résoudre à admettre comme professeur des écoles quelqu’un qui ne connait que les héros de Marvel et pas du tout les personnage de la littérature classique. 

Lisons cet article : « Les évaluateurs déplorent une pauvreté des références culturelles : de nombreux aspirants professeurs citent des émissions de téléréalité ou des films de Disney et méconnaissent la culture littéraire et patrimoniale. Le candidat gagnera à faire preuve d’une culture qui dépasse l’âge de ses élèves »

Bon : au moins ils seront proches de leurs élèves et c’est bon pour l’enseignement : on ne va quand même pas regretter l’instit-Jules-Ferry, blouse grise et règle pour taper sur les doigts !

 


Toutefois, si on n’est pas capable d’élever le niveau des enfants, alors à quoi bon prétendre leur enseigner quelque chose ? Tout l’art de l’enseignement consiste en effet à changer l’élève en lui apprenant ce qu’il ne sait pas encore. Comment faire pour qu’il arrive à comprendre ce qu’il fait en réalisant une règle de trois ; où comment Quasimodo a influencé les générations au point de revenir chez Disney en « Bossu de Notre-Dame » ? 

Oui, c’est facile de s’indigner devant l’inculture des futurs enseignants et c’est vrai qu’on peut douter de leur capacité à donner cet enrichissement à des enfants alors qu'eux-mêmes n’ont pas eu la volonté de l’acquérir. Mais encore une fois, l’essentiel n’est pas là. Il s’agit d’éveiller l’esprit, de stimuler la curiosité, de faire que l’esprit de l’élève suive et même devance celui de l’instituteur.

Du temps où j’enseignais la philosophie, je m’interrogeais en permanence : « Mes élèves me suivent-ils ou bien sont-ils en train de faire des petits dessins sur leur cahier pour passer le temps ? » J’avais pour habitude de surveiller ceux dont le regard trahissait leur angoisse dès qu’ils ne comprenaient plus : non seulement je réexposais, mais surtout je savais qu’ils m’écoutaient. 

Mais, quid des autres ?

dimanche 24 mars 2024

Pâques : une fête du martyr – Chronique du 25 mars

Bonjour-bonjour

 

Sœur Nathalie Becquart nous explique le sens de la fête des Rameaux – je résume :

« Le dimanche des Rameaux, les chrétiens célèbrent l'entrée du Christ dans Jérusalem six jours avant la Pâque juive. Cette même foule qui, ensuite, va participer à sa condamnation.

1) On voit comment la foule peut être versatile : les mêmes qui avaient acclamé Jésus, qui l'avaient reconnu comme le Sauveur, vont le conspuer. Allons-nous suivre le Christ jusqu'au bout, y compris dans sa Passion, ou bien agir comme cette foule qui l'acclame quand il arrive et retourne sa veste après ?

2) Ce choix est porté par l’affirmation que le Christ est le Seigneur ressuscité, que la mort n'a pas le dernier mot.

3) Tant de personnes vivent dans leur chair la Passion du Christ aujourd'hui. Le message chrétien est de leur dire qu'ils ne sont pas seuls. Que le Christ est avec eux pour marcher à leurs côtés, qu'il a vécu, lui aussi, des épreuves, jusqu'à la mort, mais il est ensuite ressuscité. Par sa vie donnée par amour jusqu'à la mort, il nous ouvre un chemin d'espérance et nous invite à avancer ensemble dans un esprit de fraternité et de solidarité » (Lu ici)

 

Parmi ceux qui souffrent aujourd'hui il y a les palestiniens de Gaza qui subissent les privation et les bombardements. Que leur dire ?

Le christianisme est une religion de la compassion, qui console ceux qui souffrent, mais qui ne font rien pour les en délivrer – sauf en leur donnant la force mentale de subir le martyr.

On peut ajouter que la résurrection du Christ prouve que la vie est plus forte que la mort et que leurs souffrances sont un viatique pour bénéficier de ce miraculeux privilège.

Un haussement d’épaule, une saillie ironique sur l’inadéquation de la religion face à la violence ? Certes, mais que faire d’autre que prier pour espérer encore un peu ?

Faire appel au sens de la compassion et de la justice pour que les colonnes de secours pénètrent dans la Bande de Gaza ?

samedi 23 mars 2024

Temps libre – Chronique du 24 mars

Bonjour-bonjour

 

Aujourd’hui dimanche, vous avez du temps libre ; qu’allez-vous en faire ? Rien ? « Buller » en rêvassant sur le canap’ devant un écran ? Est-ce cela qui mérite de s’appeler liberté ?

- Car, voici le dilemme : ou bien vous êtes soumis à des contraintes (travail, famille, engagements de toute sorte), mais alors plus de temps pour faire quoique ce soit de personnel ; ou bien vous êtes dégagé de toutes ces contraintes, mais alors qu’allez-vous faire de tout ce temps sans affectation ?

- « Être capable d'occuper intelligemment ses loisirs, tel est l'ultime produit de la civilisation. » telle était la conception des progrès de la civilisation du philosophe et mathématicien anglais Bertrand Russell. Nombreux sont ceux qui estiment aujourd’hui que ce but n’a pas été atteint, puisque nous perdons ce temps si précieux devant des écrans qui ne nous apportent rien, au point que, paradoxalement nous avons l'impression de ne jamais avoir assez de temps pour faire ce que nous aimerions

- La preuve ? La nouvelle mouture du magazine « Marianne » qui réduit son volume (et son prix) parce que les lecteurs se plaignent de n’avoir pas le temps de tout lire de la version longue.

Mais il n’y pas que cela. Par nature le temps passe, qu’il soit libre ou contraint. Si le temps est libre on peut admettre qu’il devrait nous laisser quelque chose comme un résidu qui enrichirait notre culture, ou nos émotions, ou encore notre expérience. Or dans la mesure où ces loisirs sont remplis de jeux ou de surf internet, on peut craindre que rien de cela n’arrive. En Suède les neurologues en charge d’évaluer l’usage de l’outil numérique à l’école le constatent avec dépit : « les enfants comprennent mieux s’ils lisent de vrais livres et apprennent davantage s’ils écrivent à la main »

Alors, verrons-nous demain le retour de la plume Sergent major et les morceaux choisis pour le CM2 ? Pourquoi pas, dans la mesure où l’école est là pour apprendre aux enfants de quoi vivre pleinement leur liberté devenus adultes.

Car, oui : la liberté, ça s’apprend.

vendredi 22 mars 2024

Le Bataclan en Russie – Chronique du 23 mars

Bonjour-bonjour

 

Il est bien difficile de parler d’un évènement alors qu’il est pratiquement encore en cours, ou du moins que son bilan matériel est à peine fait. Toutefois – et à supposer que la revendication de l’État Islamique soit authentique – la comparaison avec l’attentat du Bataclan saute aux yeux. Même attaque d’un public réuni pour un concert de musique populaire, même façon de procéder avec des kalachnikovs et surtout avec un commando qui a tiré méthodiquement dans la foule à l’extérieur de la salle, puis dedans.

Toutefois, à part ces observations, il est à l’heure où j’écris ces lignes (6 heures du matin le 23 mars) à peu près impossible d’en dire d’avantage. Reste qu’évoquer le Bataclan est utile pour se donner des points d’observation susceptibles de nous renseigner sur le sens de cette attaque.

- D’abord, le fait de frapper la foule qui assite à un concert, activité interdite par l’Islam rigoureux, caractérise la nature religieuse de cet action et donc son attache avec l’Islam politique : c’est à l’application de la charia qu’appellent ces massacres.

- Ensuite le fait que tuer ces gens-là revient à tuer des infidèles qui méritent de toute façon la mort : nous avons donc la signature de musulmans radicalisés. 

- Enfin, a minima c’est un acte terroriste chargé de répandre la terreur et l’insécurité dans le pays tout entier.

Sur ces trois points, aurons-nous confirmation que l’attentat de Moscou se donne pour but de répandre ce message, ou bien trouverons-nous d’autres caractéristique qui ne coïncident pas à ce qui s’est passé à Paris ?

A suivre donc.

jeudi 21 mars 2024

État providence ou État protecteur ? – Chronique du 22 mars

Bonjour-bonjour

 

J’ironisais il y a peu sur les contorsions du pouvoir pour faire admettre qu’en réduisant les subventions au service public, il ne serait plus certes un « État-Providence », mais qu’il conserverait le rôle de protecteur du peuple. Et puis voilà que de débat en débat, de consultation de spécialiste en consultation de spécialiste, cette distinction se densifie, qu’elle prend un contenu, une substance.

Distinguons :

* la Providence est selon la Bible « l’ensemble des mesures par lesquelles Dieu conduit avec sagesse et amour toutes les créatures jusqu'à leur fin ultime » ;

* la Protection qui consiste à aider une personne de manière à la mettre à l'abri d'une attaque, des mauvais traitements, du danger physique ou moral.

 

- L’État-Providence est donc un substitut de Dieu : il dessine le destin des citoyens selon des normes qu'il définit lui-même et il leur permet d’y accéder en toute sécurité et de façon harmonieuse. Par exemple il assurerait à chacun d'obtenir les ressources nécessaires pour mener, tout au long de sa vie, une existence digne.

Alexis de Tocqueville ironise sur les excès de l’État démocratique de la jeune Amérique (1835) qui en s’obstinant à être providentiel, maintiendrait les citoyens dans un état de dépendance proche de l’infantilité, définissant à leur place leurs options de vie, allant même jusqu’à trancher leurs différends lors des héritages. 

De nos jours le rêve de l’État-Providence s’incarnerait dans le revenu universel qui éliminerait l’obligation de travailler pour mériter une place dans la société : le cauchemar du philosophe libéral.

 

 

- L’État protecteur quant à lui n’a pas la prétention d’être une providence pour le peuple : il se borne à mettre à l’abri des risques de la vie (maladie, accidents, perte de soutien) ; mais chacun doit choisir sa voie selon ses moyens et en subir les conséquences.

La protection n’exclut pas l’injustice dans la mesure où les choix de chacun peuvent en être responsables. Faute de choisir la vie que chacun peut mener, l'Etat choisit le monde dans lequel chacun doit vivre. « Tu veux être un artiste bohème ? Soit. - Mais ne compte pas sur le service public pour t’assurer des fins de mois confortables. Tous juste une place à l’hôpital quand tu seras bien malade ».

 

Hé-hé… Demandez à Rachida : ça, c’est pour demain.

mercredi 20 mars 2024

Éteignez les Lumières – Chronique du 21 mars

Bonjour-bonjour

 

Les pessimistes aiment imaginer que l’espèce humaine disparaitra un jour, après un conflit autodestructeur, ou encore anéantie par les polluants sécrétées par son industrie.

 

- Les démographes confirment bien ce pronostic mais ils ne l'imaginent pas dans la perspective d’une apocalypse. Selon eux, l’espèce humaine disparaitrait après une lente mais inexorable perte de fécondité : toujours moins d’enfants jusqu’à l’extinction finale.

D’ailleurs le processus est déjà entamé : « La baisse de la fécondité humaine dans le monde pourrait être plus rapide que prévu » explique cet article qui poursuit : « Selon une étude publiée dans « The Lancet » mercredi, l’indice de fécondité moyen en 2050 pourrait se situer autour de 1,8 enfant par femme à l’échelle de la planète, soit au-dessous du seuil de renouvellement de la population. » 

Et pourquoi ? Poursuivons la lecture : « Les chercheurs ont mené leur analyse pays par pays : ils anticipent une chute à peu près générale. Non seulement dans les pays du Nord, généralement déjà au-dessous du seuil de remplacement – l’Europe occidentale se situe, en 2021, à environ 1,5 enfant par femme (1,75 en France) –, mais aussi dans les pays du Sud, à mesure que les populations s’y urbanisent, que les femmes accèdent à l’éducation et à des moyens de contraception, que la mortalité infantile baisse, etc » (Art. Référencé)

 

 

Relisez la chute de cet article : « /Cette perte de fécondité se généralise/à mesure que les populations s’urbanisent, que les femmes accèdent à l’éducation et à des moyens de contraception, que la mortalité infantile baisse, etc »

Autrement dit, c’est la généralisation des progrès de la civilisation qui entrainerait – ou du moins accompagnerait – cette régression. On le voit : en s’éloignant des conditions naturelles d’existence, les humains finiraient par disparaitre.  Tout se passe comme si ce qui rend notre vie plus facile et plus heureuse était contraire à la persistance de l’espèce. Le bonheur de l’individu versus la survie de l’espèce.

C’est bien dans l’esprit des analyse de Jean-Jacques Rousseau dans son Discours sur les sciences et les arts (Lire ce texte ici), où il associe les progrès de la civilisation au dépérissent des pays et à la démoralisation de leurs peuples.

Pour le bien de l’humanité, éteignez les Lumières.

mardi 19 mars 2024

Les pierres aussi ont un cœur – Chronique du 20 mars


Bonjour-bonjour

 

Vous tous, les esseulés, les abandonnés, les solitaires : le remède à votre triste situation est trouvé ! Le nouvelle est venue de Corée, d’où l’on apprend que les travailleurs éreintés par plus de 50 heures hebdomadaires de labeur trouvent réconfort auprès… de « pierres de compagnies ».  Il s’agit de cailloux « qui seront toujours là pour vous écouter, si vous avez envie de vous confier. Ils ne changeront jamais, ils ne vieilliront pas. Et, ils sont très propres. »

 On lira ici le descriptif des cas galets « aménagés » (les homme primitifs en avaient déjà découvert l’usage) et des soins qu’on peut juger excessifs dont ils sont l’objet. Pour nous l’essentiel est de comprendre ce que ces pratiques révèlent de nous. (1)

On est tenté de voir dans ces pierres un prolongement du « doudou » dont les petits font leur compagnon et leur réconfort. C’est ainsi en effet que le doudou a été identifié comme « objet transitionnel », théorisé par Winnicot, et qui permet à l’enfant de calmer l’angoisse de l’absence de sa maman grâce à cet objet de substitution. 

Toutefois, alors que la psychanalyse estime que cette identification est par la suite transférée à d’autres objets culturel plus apprécié par les adultes il se peut que ce transfert ne soit pas opéré de façon définitive et qu'une régression s’opère vers des objets « primaires » qui rappellent ceux adoptés par le nourrisson.

Reste aussi que ce choix du caillou n’est pas sans dépourvu de signification : son caractère inaltérable, sa disponibilité définitive montre bien de quelle angoisse soufrent ceux qui cherchent réconfort auprès de lui : un substitut de l’autre qui assure de sa présence et de son infinie patience.

 

 

Cailloux de compagnie proposés à l’achat en Corée


- Où l’on voit que les pierres aussi ont un cœur.

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(1) Outre ces « pierres de réconfort » coréennes on rappellera la « pierre de patience » qui accueille la détresse de ceux qui se confient à elle, dont l’écrivain Atiq Rahimi, d’origine afghane, a fait le sujet de son roman primé au Goncourt 2008.

lundi 18 mars 2024

Le Grand confinement c’était il y a 4 ans – Chronique du 19 mars

Bonjour-bonjour

 

Vous vous rappelez ? C’était il y a juste 4 ans, le Président Macron venait d’annoncer dans une allocution télévisée que nous allions être confinés chez nous, sans pouvoir sortir sauf dans des conditions très restreintes. Durant ce temps, nos ressources nous seraient toujours versées : c’était la naissance du « Quoiqu’il en coûte »

Et si ça revenait, quelle serait notre réaction ?

- Les uns sautent de joie à cette hypothèse : ils ont vécu le 1er confinement comme un petit paradis, confinés dans un jardin de printemps avec les êtres les plus chers à leur cœur. Pour eux le bonheur était là et son éternel retour une vraie bénédiction.

- Les autres seraient prêts à tout pour y échapper : le malheur de leur vie quotidienne démultiplié indéfiniment les a plongés dans une dépression profonde.

- D’autres encore, sans doute les plus nombreux, ont gémi de la privation de ce qui en temps normal faisait les petits plaisirs indispensables à une vie satisfaisante. C’était l’époque où l’on réclamait la réouverture des terrasses à cor et à cri.

o-o-o

Et le philosophe, qu’est-ce qu’il en dit ?

Hé bien, il rappelle que le philosophe du confinement c’est Pascal, qui a écrit : « Tout le malheur des hommes vient de ne savoir pas demeurer en repos, dans une chambre. » ((Les textes de Pascal sur le divertissement sont compilés ici)

C’est que le confinement nous privant des occupations qui nous tournent vers l’extérieur et ses occupations nous oblige à penser à nous-mêmes et à notre finitude (non seulement une vie limitée par la mort, mais aussi corrompue par le péché).

Ainsi, pouvoir prendre l’apéro à la terrasse du bistrot avec nos amis, c’était là le modèle du petit bonheur dont l’attente suffisait à combler nos cœurs. Pour Pascal, ces joies n’en sont que grâce à leur pouvoir de nous faire oublier la vie quotidienne – la nôtre en l’occurrence.

C’est cette disproportion entre le plaisir recherché et le bonheur véritable qu’épingle Pascal : « Mais qu’on juge quel est ce bonheur qui consiste à être diverti de penser à soi ». 

 

Si Pascal était revenu parmi nous, il nous aurait fait remarquer que le confinement nous a fait découvrir que nos joies recherchées n’étaient que des moyens de nous oublier nous-mêmes.

Il est vrai que pour lui, la véritable source d’espérance c’est la foi en Dieu qui nous l’apporte :pour nous, hommes-sans-Dieu, faute de pouvoir chercher à devenir celui qu’Il attend, il ne nous reste plus qu’à devenir celui que nous espérons.

Et tant pis si c’est minuscule.

dimanche 17 mars 2024

Improductifs, gare à vous ! – Chronique du 18 mars

Bonjour-bonjour

 

Ça y est, c’est dit : Bruno Le Maire veut mettre fin à « la gratuité de tout pour tous ». Adieu l’État providence et bonjour l’État protecteur. Quand on sait ce que valent les litotes, l’abandon de l’une d’entre elle ne peut qu’éveiller nos soupçons.

 

--> Lisons donc (ici) attentivement les déclarations du Ministre de l’Économie et des Finances : « L’État-providence a fini par devenir une machine à empiler de nouvelles dépenses publiques, sans examen de leur pertinence ni de leur efficacité, sans remise en cause non plus des dépenses précédentes ». On en conclut que les dépenses publiques contraintes à faire des économies va entrainer la fermeture de certains robinets à subventions. Mais des robinets il y en a tant ! Les quels va-t-on fermer ?

1) D’abord les vieux qui coûtent vraiment trop cher : le ministre a évoqué la problématique du "grand âge" qui « pèse lourdement sur les comptes sociaux et pèsera de plus en plus lourd ». D’où l’idée de réduire les subventions liées à la dépendance et peut-être aux remboursements des soins – en tout cas tout est sur la table. De là à imaginer que la loi sur l’euthanasie est raccord avec cette problématique il n’y a qu’un pas que des esprits malveillants s’empressent de franchir.

2) Ensuite les chômeurs : supprimons le chômage et « avec le plein emploi une grande partie des problèmes financiers de la France seraient réglés, en particulier les problèmes de déficits et de dettes ». Plus de chômeurs, plus de déficit, plus de déficit, plus de dette.

Oui, mais comment supprimer le chômage ? Réponse: en supprimant les indemnités - c'est aussi simple que ça : « Nous avons encore une durée d'indemnisation parmi les plus généreuses en Europe. Cette générosité se paie au prix fort : un taux de chômage encore au-dessus de celui de nos principaux partenaires économiques ». L’obstacle au plein emploi, c’est l’indemnisation du chômage. Quand les gens crèveront de faim, on les verra retourner au travail à quelque condition que ce soit. Et puis avec ceux-là, c’est comme avec les vieux : on peut y aller, on ne risque pas les manifs de gilets jaunes.

 

- Conclusion : L’ennemi des comptes publics, ce sont les improductifs, les vieux, les bancals, les chômeurs chroniques. Bref, tout ceux qui coûtent et qui ne rapportent rien.

Si vous vous sentez visé, ouvrez l’œil !

samedi 16 mars 2024

Y a-t-il un ingénieur dans l’avion ? – Chronique du 17 mars

Bonjour-bonjour

 

L’actualité ressuscite parfois des souvenirs vieux de plus de 50 ans.

Voyez plutôt : Lundi dernier, un 787 Dreamliner de la compagnie sud-américaine LATAM, qui reliait Sydney en Australie à Auckland en Nouvelle-Zélande, a soudainement perdu de l’altitude au-dessus de la mer de Tasmanie. A bord, des passagers dont la ceinture de sécurité était détachée ont été propulsés au plafond. Une cinquantaine de personnes ont nécessité des soins, dont treize ont été transportées à l’hôpital. (Lu ici)

Suite à cet incident, voici la déclaration de Boeing : « Nous avons pris une mesure de précaution en rappelant aux opérateurs de 787 un bulletin de service de 2017 qui incluait des instructions concernant l’inspection et l’entretien des boutons sur les sièges des cabines de pilotage ». (Art. référencé)

Quel rapport entre cette perte brutale d’altitude et les boutons présent sur le siège du pilote ?

- Voici la réponse : « Un membre d’équipage de cabine a touché un bouton sur le siège du pilote en servant un repas, activant un dispositif motorisé qui a projeté le pilote contre les commandes et fait piquer le nez de l’avion », a expliqué le Wall Street journal. Le bouton en question « est normalement recouvert (d’une protection) et n’est pas censé être utilisé lorsque le pilote se trouve sur le siège ».

 

- Ça ne vous rappelle rien ?

 


Petit rappel : Cette parodie de film catastrophe tirait son pouvoir hilarant des traumatismes vécus par le pilote et qui, aggravés par une crise amoureuse, entrainaient des disfonctionnements énormes de l’avion. 

--> Causes minuscules, effets catastrophiques : nous en sommes là aujourd’hui avec les accidents en série à bord des avions Boeing : l’incident du steward qui actionne par mégarde le dispositif qui projette le pilote sur les commandes évoque invinciblement ce film sorti il y a plus de 50 ans.

Du coup, on se demande quel ingénieur peut avoir inventé ce dispositif dont on ne voit pas à quoi il peut servir, à moins d’imaginer qu’il s’agisse d’un moyen de réveiller le pilote endormi ? Et puis la firme Boeing ne dit pas qu’elle va supprimer le bouton, mais seulement empêcher son déclenchement accidentel…

Vous ne trouvez pas ça bizarre vous ?

vendredi 15 mars 2024

L’anthropocène existe-t-elle ? – Chronique du 16 mars

Bonjour-bonjour

 

Ces jours-ci le magazine en ligne Reporterre s'est fait l’écho du débat des géologues sur l’existence de l’anthropocène : existe-t-elle et, si oui, à quoi la reconnaitre ? (Lire ici)

L’impact de nos activités sur la Terre est d’une telle intensité que cela entraîne des bouleversements d’ordre géologique, visibles jusque dans les sédiments. Nous détruisons des équilibres millénaires, justifiant notre sortie de l’Holocène, l’époque interglaciaire dans laquelle nous évoluons depuis près de 12 000 ans, pour entrer dans l’Anthropocène, « époque de l’être humain ».

Le problème est que la caractéristique de cette démarcation est fluctuante selon les chercheurs.

1) Les uns l’ont vu dans des marqueurs tels que plastiques, perte de biodiversité, carbone issu des énergies fossiles. " En 2023, le lac Crawford, au Canada, avait été désigné comme site de référence pour trouver dans les sédiments ce marqueur parce qu’il renferme tous les indices du tournant de la « grande accélération » des années 1950. " (article cité)

Mais sommes-nous bien sûr d’avoir désigné les caractéristiques des l’activités humaines marquantes ? 

Certains chercheurs ont souligné que le bouleversement de la Terre par l’humanité remontait à bien plus longtemps

2) On pourrait ainsi remonter au début de l’ère industrielle, lorsque les émissions de carbone ont commencé à modifier le climat, ou bien à la colonisation de l’Amérique et de l’Australie par l’Occident, source de bouleversements écosystémiques majeurs. 

3) Et pourquoi pas même remonter jusqu’à l’invention de l’agriculture et de l’élevage, déjà source d’émissions de gaz à effet de serre et de modifications profondes de l’environnement ?

 

Pour ma part je crois que le malheur défini par l’anthropocène c’est l’existence de l’homo sapiens. Tant que nous avons été des singes tout justes descendus de l’arbre, nous avions notre place en harmonie avec les autres espèces et avec l’environnement naturel. Mais dès que nous avons, suite à différentes mutations, été capables de prendre le dessus par rapport à la nature, nous l’avons impitoyablement détruite et le cas des espèces animales disparues suite à la colonisation de l’Australie par les humains est bien connu des spécialistes.  

Leroi-Gourhan disait que sans le progrès apporté par les cultures humaines ça ferait longtemps que le dernier homme aurait disparu après avoir mangé le dernier rat cuit avec la dernière poignée d’herbe.

On a fait un vaste détour mais nous y revoilà.

jeudi 14 mars 2024

Faites l’amour, pas la guerre en Ukraine ! – Chronique du 15 mars

Bonjour-bonjour

 

Hier, j’oscillait entre la déprime dûe à l’annonce du déficit des comptes publics et des sacrifices qu’ils impliquent : « Avec ça Marine va forcément être élue en 2027. Et en plus, je ne sais même pas dans quel pays je pourrais demander l’asile politique… » ; et puis, l’instant d’après je n’y pensais même plus, m’imaginant pris sous les bombes russes pendant que mes enfants partaient à l’assaut de l’armée de Poutine baïonnette au canon.

Anxiété, angoisse – Xanax-Rivotril-Deroxat : j’étais encore plus angoissé, ne sachant quel médoc choisir pour supporter l’actualité.

 

Et puis voilà ce que j’apprends (voir ici) : la Mairie de Paris lance un concours pour imaginer l’emballage des pochettes de préservatifs qui seront distribuées cet été dans les structures de santé et mettant en évidence le rôle de la municipalité dans le lutte contre le sida et en faveurs des J.O. 

« À l’occasion des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, la municipalité souhaite revoir les visuels des 150 000 préservatifs distribués chaque année dans les structures santé, sociales, jeunesse et auprès de nombreuses associations parisiennes. » précise l'article cité tout en montrant les anciens modèles : 


 

« Faisons de Paris le ville de l’amour sans sida »

 

Je vais donc m’occuper l’esprit en faisant le concours proposé (clôture le 4 avril). 

--> Pourquoi pas faire figurer sur l’emballage un pictogramme, dans le style du kama-sutra évoquant, la chose façon J.O. ?


 

Voici quelques exemples : d’abord (à gauche) l’accouplement artistique évoquant le patinage artistique ; ensuite (au centre) la lutte érotico-gymnique sur le modèle de la lutte gréco-romaine. Et, enfin à droite, laissant tomber les faux semblants, l’épreuve olympique de copulation mixte jugée sur sa valeur athlétique.

Ouf ! Je me sens déjà mieux.

mercredi 13 mars 2024

Errare humanum est – Chronique du 14 mars

Bonjour-bonjour

 

A l’occasion du Festival des neurosciences de nombreuses conférences ont eu lieu ces jours-ci en France, occasion pour l'auteur de cet article de revisiter certaines idées reçues.

Telle celle-ci : une intelligence artificielle peut-elle aujourd’hui égaler la créativité humaine ? On nous inonde en effet de cas où des robots artistes, peintres ou écrivains, produisent des œuvres confondues avec celles des musées, voire même aident à la production de livres couronnés par les prix littéraires (1).

Cette thèse ne résiste pourtant pas à l’examen : la création humaine est beaucoup plus déroutante que cela, elle survient là où on ne l’attend pas, avec des idées jamais imaginées jusqu’alors. Là où on chercherait la nouveauté en prolongeant inutilement la trajectoire des théories déjà acquise, il fallait une rupture, un saut dans l’inconnu, un peu de folie et non un peu plus de raison. Bref : l’IA n’aurait pu créer la théorie de la relativité, même en possédant toutes les données dont disposait Einstein. 

 

Pourquoi une IA ne saurait inventer ni créer ? Revenons à l’article cité : « Une IA peut imiter et mixer des styles artistiques existants et compter sur l'aléatoire pour en faire des œuvres uniques, mais pour la créativité de transformation, celle qui innove, et qui s’affranchit des modèles existants : là les robots sont beaucoup moins doués. L’esprit humain garde l'avantage. »

L’IA peut donner à croire qu’elle invente dans la génération de textes ou d’œuvres. En réalité, et en mettant les choses au mieux, elle mixe les données préexistantes – au besoin en faisant appel au hasard. Certes le cerveau humain peut lui aussi faire appel au hasard pour créer du neuf – les surréalistes on largement exploité ce filon. Mais la rupture totale avec le monde existant, la machine n’y parvient pas parce qu’elle fonctionne toujours sur une base de données, immense certes, mais qui ne possède que ce qu’on a déjà découvert.

Comment l’humain s’affranchit-il de cette barrière des acquis préalables ? Avec l’imagination, et en particulier cette fonction de l’imagination qui consiste à inventer un monde autre que celui qui nous entoure. Ce que nous inventons aujourd’hui aurait pu être également imaginé il y a 2000 ans : les mythes regorgent de scènes incroyables, qui nourrissent encore notre imagination.

Alors, certes cela peut aussi conduire au délire et à la folie : les productions de notre créativité regorgent d’échecs, d’impasses et de fausses routes. Mais nos erreurs en sont la preuve : même quand il se trompe, l’esprit humain ne suit pas la même route que la machine et il n’entre pas en compétition avec elle.

L’erreur est strictement humaine.

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(1) Rie Kudan, récente lauréate du prix littéraire japonais le plus prestigieux, a reconnu avoir écrit son roman avec ChatGPT. Lire ici