lundi 31 juillet 2023

Chef d’État ? Combien, ça touche ? – Chronique du 1er aout

Bonjour-bonjour

 

Patrick Martin (vous savez, le patron du Medef) a jeté le pavé dans la mare : selon lui « nos élus politiques ont des rémunérations qui ne sont pas à la hauteur de leur charge de travail, de leur exposition médiatique et des risques réputationnels et judiciaires qu’ils encourent ». Conséquence : ce niveau de rémunérations actuel ne permet pas « d’attirer les talents » dans ce secteur. Traduction : si nos élus sont de gros nuls, c’est simplement que nous ne payons pas assez pour avoir ceux qui sauraient faire bien mieux le taf.

Réciproquement, Patrick Martin a par ailleurs expliqué que si les polémiques nées des salaires de certains grands patrons n’étaient « pas illégitimes », il n’en restait pas moins que ces rémunérations étaient décidées « en toute transparence ». (Lu ici)

Transparence… Soyons clairs : le salaire des patrons est fixé par le marché. Si monsieur Tavares chez Stellantis ou monsieur Pouyanné chez Total gagnent autant, c’est parce que Volkswagen et BP-Compagnie sont prêts à mettre très cher pour les engager ; on en dirait de même de Killian Mbappé.

Si donc les politiques sont mal payés, c’est parce qu’il n’existe pas de marché de l’homme politique. Où donc acheter un 1er ministre ? Et un ministre de l’intérieur ? Quant au Président, nous n’en parlons même pas. 

Mais alors, comment expliquer que nos hommes et nos femmes politiques soient malgré tout (selon la thèse de Patrick Martin) d’une valeur qui les situent au-dessus de leur salaire ? 

La seule explication qui me vienne à l’esprit, c’est que les émoluments de ces hommes et de ces femmes ne sont qu’une partie de leur rémunération – le reste étant constitué par leur carnet d’adresse qu’ils s’empressent de monnayer dès qu’ils ne sont plus en fonction.

On s’était offusqué du prix payé par de riches sociétés pour obtenir une conférence de Nicolas Sarkozy quand il n’eut plus de mandat : c’était en réalité un salaire différé.

dimanche 30 juillet 2023

Détention provisoire : préjugé contre préjugé – Chronique du 31 juillet

Bonjour-bonjour

Je lis dans la presse : « Accident de bus mortel dans les Yvelines : le conducteur de la voiture placé en détention provisoire ».

Personne ne s’est levé pour contester la décision ; et personne n’a demandé qu’elle soit justifiée. Ça tombe sous le sens : le conducteur de la Clio est responsable : il doit être jugé et condamné. La prison provisoire est une mesure non seulement préventive mais est encore à valoir sur la condamnation définitive. 

Rapprochant ce cas de celui du policier mis en détention provisoire à Marseille, suite aux émeutes après la mort de Nahel, je me demande si l’exigence d’exemption de telle mesure pour la police ne s’appuie pas sur ce préjugé : mettre un policier en prison, ce serait le reconnaitre coupable des faits qu’il a commis durant l’exercice de son activité de maintien de l’ordre.

On dira que remettre en liberté le policier n’est rien d'autre qu’appliquer l’habeas corpus, principe fondamental de notre démocratie. 

Mais on se heurte alors à un autre préjugé : comment l'habeas corpus pourrait-il faire admettre aux victimes que ce monsieur soit libre de ses mouvements alors qu’elles sont encore à pleurer leurs morts ?

 

Préjugé contre préjugé : comment la justice pourrait-elle tracer sa ligne ? Quelle que soit sa décision, la signification qu’elle prendra sera tributaire du préjugé qui aura su crier plus fort que l’autre.

samedi 29 juillet 2023

Le point Nemo – Chronique du 30 juillet

Bonjour-bonjour

 

C’est le départ en vacances, tout le monde y va, mais certains y vont à reculons : « Partir pour trouver les bouchons sur la route, les campings bondés et les boutiques de plage avec leurs bouées et leur crème solaire : pourquoi donc ? Si seulement on connaissait un endroit calme, où on ne risquerait pas de rencontrer qui que ce soit – un lieu désert où il fait quand même bon vivre ? »

Eh bien ce lieu existe il a été découvert par des scientifiques : il s’agit du point Nemo situé dans le Pacifique Sud, et c’est l'endroit le plus éloigné de toute terre émergée.



Le point Nemo est le plus isolé au monde, l’endroit où l'éventualité de rencontrer un humain ou qui que ce soit de vivant est la plus improbable. Bref, pour vous qui êtes comme Alceste, le Misanthrope de Molière, à la recherche d’un désert où vous isoler c’est l’endroit idéal.

 

Mais peut-être n’est-ce quand même pas un bonne idée. Car nous apprenons aussi « qu’étant l’endroit le plus éloigné de quelconque civilisation, il en fait un endroit idéal pour la NASA. L'Agence spatiale américaine s'en sert pour faire descendre ses vaisseaux depuis l’espace. Il s’agit bien là d’un crash, mais contrôlé. Ces mesures de sécurité sont prises pour assurer qu’aucune population ne soit touchée par un débris. » (Lu ici)

 

En fait le point Nemo ressemble à cela : 

  

 

Quand on est plusieurs à désirer la même chose, et même quand il s’agit de solitude, voilà ce qui arrive…

vendredi 28 juillet 2023

La société de déconsommation est-elle arrivée ? – Chronique du 29 juillet


Période de janvier à juin 2023

 

Bonjour-bonjour

 

Dites-moi tout : avez-vous déconsommé ces derniers mois ?

Ce tableau ci-dessus montre en effet que l’effort des consommateurs pour moins et mieux consommer affecte toutes les catégories de la société, même les plus pauvres qui n’ont quant à eux pas grand-chose à quoi renoncer. Chacun trouvera ici une évocation de son comportement économique, même les plus aisés dont on voit qu’ils ont accepté de chercher les promotions : c’est à dire qu’ils se sont décidés à lire les étiquettes des prix.

On lira cet article tout à fait passionnant sur le sujet, et pendant ce temps je me tournerai vers les pronostics : Après avoir vécu plus de 50 ans dans la société de consommation serions-nous entrés dans la société de déconsommation ?

Déjà, il convient de faire la différence entre moins consommer et moins dépenser : comme on l’a dit il semble que les riches se bornent à payer moins cher alors que les pauvres doivent bien accepter de moins consommer. « Quand les riches se serrent la ceinture, les pauvres sont déjà morts de faim » dit un proverbe anonyme.

De ce fait la déconsommation parait être une attitude liée à un contexte économique particulier : avec la hausse des prix, et le chômage endémique, les restrictions deviennent obligatoires, et donc elles seront abandonnées dès que la prospérité sera revenue. Même la déconsommation vertueuse consentie pour la protection de la planète ne durerait pas au-delà de la découverte de nouvelles ressources non polluantes.

Mais rêvons un peu : imaginons-nous dans une société prospère de déconsommation. Avant d’acheter n’importe quoi, vous auriez d’abord à vous poser la question : en ai-je vraiment besoin ? On pense à l’anecdote décrivant Socrate traversant le marché d’Athènes et disant « Que de choses dont je n’ai pas besoin »

Les publicités se mettraient à tourner à l’envers : « Avez-vous besoin de la tronçonneuse MacCulloch ? Essayez d’abord avec votre scie égoïne. En plus ça vous fera de l’exercice – c’est bon pour vous » 

Ça surprendrait n’est-ce pas ? 

jeudi 27 juillet 2023

De la vérité – Chronique du 28 juillet

Bonjour-bonjour

 

En cette époque de complotisme et des réseaux sociaux qui confondent vérité vérifiée et opinion préférée, l’esprit scientifique devrait être la boussole qui guide nos esprits. Or, comme on le sait il n’en est rien et les travaux des chercheurs sud-coréen sont à cet égard instructifs.

- Voyez plutôt : si l’on en croit cet article, ces chercheurs ont découvert un matériau supraconducteur à température et à pression ambiantes. On mesure l’importance de cette découverte, sauf qu’on attend encore la publication dans des revues scientifiques, qui doit donner tous les éléments pour en vérifier l’exactitude – premier élément. Et aussi pour reproduire ces expériences dans d’autres laboratoires – second élément.

 

--> Pourquoi les vérités du quotidien ne seraient-elles pas soumises aux mêmes critères ?

Un exemple ? Les âneries qu’on a débitées à propos du vaccin contre le covid – supposé transformer nos gènes ou bien nous inoculer un capteur de 5G – sont faciles à vérifier, et au cas où elles ne le seraient pas, leur valeur prédictive ou non peut être constatée : avons-nous des exemple de cas où notre ADN a été modifié par la vaccination ?

Mais il y a aussi d’autres vérités qui, sans être scientifiquement prouvées, peuvent être déterminantes pour notre vie. Supposez qu’un de vos amis vous dise : « J’ai par hasard rencontre ta femme hier : elle était amoureusement enlacée par ton ami Raymond » Ici, on a affaire à ce qu’on appelle une vérité de témoignage : ou bien vous avez une totale confiance en l’ami source de cette observation – et alors, ça va barder ce soir à la maison. Ou bien vous soupçonnez cette source de ne pas être très fiable et vous allez embaucher un détective privé, qui vous fournira des photos du délit (s’il existe) : on suppose alors à tort ou à raison que l’image est le seul témoignage valable.

On l’a compris : les "vérités" qui courent sur les réseaux sont toutes des vérités de témoignages, alors même qu’elles devraient être soit des vérités de démonstration, soit des observations corroborées par de nombreux témoin fiables. Cela, personne ne le cache et il y a même des gens qui se font gloire d’être des « influenceurs »

On en saurait mieux dire. 

mercredi 26 juillet 2023

Inde : aux hommes la jouissance, aux femmes la dépendance – Chronique du 27 juillet

Bonjour-bonjour

 

Alors que de nombreux États sont en lutte pour éviter que leur taux de fécondité ne s’effondre, d’autres sont en lutte contre la progression incontrôlée de leur population. Certains croient peut-être que c’est encore aujourd’hui le cas de l’Inde ? Qu’ils se détrompent : « Avec une moyenne de 2 enfants par femme en 2021, contre 1,8 en France et 1,7 en Chine comme aux Etats-Unis, l’Inde aura bientôt achevé sa transition démographique » (Lu ici)

Étonnés nous supposons que, comme en Chine, les naissances sont étroitement contrôlées par le gouvernement, chaque nouvelle naissance pouvant donner lieu à des pénalités.

Erreur ! Lisons plus avant : « Comment cette rapide maîtrise de la population est-elle intervenue ? Essentiellement grâce à un recours massif à la stérilisation féminine. Aujourd’hui, 37,9% des Indiennes optent pour la ligature des trompes contre 36% en 2016. Au Maharashtra, elles sont même 49% à privilégier cette solution. Si des pratiques traumatisantes et dangereuses de stérilisation forcée avaient eu lieu notamment sous l’état d’urgence d’Indira Gandhi, entre 1975 et 1977, aujourd’hui les femmes y ont recours librement. »

Liberté des femmes ! Avons-nous bien le ces mots ? 

--> N’allons pas trop vite et lisons encore : « En revanche, en Inde aussi, le poids de la contraception continue de peser sur les épaules des femmes car seuls 0,3% des hommes ont recours à la stérilisation et moins de 10% d’entre eux utilisent des préservatifs. »

Alors voilà la vérité : l’Inde n’a pas bouleversé l’ordre des choses telles que transmises par l’histoire profonde de la civilisation indienne : aux hommes la jouissance, aux femmes la dépendance. Tout au plus a-t-on fait disparaitre les limites imposées par un ordre religieux rétrograde : partout où les femmes peuvent acquérir un peu d’indépendance sans rien toucher au pouvoir masculin, ces changements sont possibles.
On va me rire au nez : comment les femmes auraient-elles plus de liberté sans que le pouvoir des hommes n’en soit affecté ? Pourtant, on le voit ici : à court terme c’est possible sous réserve que ce soient les femmes qui en paient le prix : ce sont elles qui se font stériliser et qui acceptent que leur compagnon, refusant de subir eux-mêmes l’opération, se borne à l’accepter.

mardi 25 juillet 2023

Police : un droit à la bavure ? – Chronique du 26 juillet

Bonjour-bonjour

 

Le pouvoir exécutif est puissant… à condition d’être servi par ses fonctionnaires et par la police.

Or, voici que la police rue dans les brancards : elle veut des lois qui lui assurent l’impunité pour ce qui se passe durant ses missions de maintien de l’ordre. Que la loi qui règle l’utilisation de la violence ne soit plus pour elle conditionnée à la stricte nécessité de cette mission. Par exemple qu’employer les tirs de LBD pour châtier un manifestant pourtant déjà neutralisé ne lui soit plus reproché comme contraire à la loi : preuve que la police veut être au-dessus des lois – du moins de celle-ci.

 

On donne des excuses : la fatigue des missions surabondantes ; le stress de devoir supporter la violence des manifestants ; la nécessités de trouver dans l’instant la limite à ne pas franchir. Etre des « gardiens de la paix » est une mission qui exige des qualités qui vont au-delà de celles que possèdent habituellement les hommes. 

Quelle solution ? Adapter la loi à la réalité de ce que sont les hommes en donnant aux policier un « droit à la bavure » ? Ou au contraire adapter les hommes à ce que veut la loi – celle du moins qui est en service : être capables comme on l’a dit d’utiliser la force avec discernement ?

Comment faire ?

Cette question n’est pas nouvelle : Platon la soulevait déjà au 4ème siècle av. JC en décrivant avec beaucoup de soin la classe des gardiens de la cité, féroces vis-à-vis de l’extérieur et doux pour les citoyens. Une règle prédomine pour leur choix : ils doivent être pris dans l'élite intellectuelle, morale et physique, quelque soit leur sexe. Leur éducation doit particulièrement soignée car Platon reproche à Athènes de ne pas donner aux meilleurs, « une éducation réglée et contrôlée ».

Gérald Darmanin concédait que les policiers ne sortaient pas tous de l’université : c’est peut-être là qu’est le défaut.

Que Science-Po ait une filière « formation des forces de l’ordre » parait alors une nécessité.

lundi 24 juillet 2023

On peut cogner, chef ? – Chronique du 25 juillet

Bonjour-bonjour

 

Pour un vieux soixante-huitard comme moi les déclarations du Président Macron hier depuis Nouméa sont une vraie déclaration de guerre. Entendre ainsi prôner l’ordre et l’autorité partout où on pourrait la restaurer et en particulier dans les personnes dépositaires de savoir et/ou de pouvoir, entraine un vieux réflexe anarchiste : seule ma volonté est libre, seule la liberté est digne d’un homme et obéir est le fait des animaux domestiques. 

Devant un pareil langage qu’on croirait venu de quelqu’un comme Éric Ciotti, le fan (sic !) d’Emanuel Macron veut le dédouaner de pareilles sottises : on se dit que le Président se fiche pas mal de ce qu’il dit : ce qui compte c’est l’effet attendu d’un pareil discours. 

- Que serait notre pays soumis à la férule des pouvoirs de police et des censures de l’intelligence qui iraient avec ? Le Président s’en fiche totalement. Puisqu’il va même hypocritement laisser entendre (sur le mode « je l’ai pas dit – mais quand même… ») que les policiers auraient le droit de matraquer sans qu’on puisse réclamer justice.

 


Alors, voilà la vérité : les politiques sont des gens qui sont préoccupés de leur réélection (ou de celle de leur parti). Pour parvenir à ce but, ils ont le pouvoir de la parole : faire en sorte que leur électeurs potentiels entendent ce qu’ils veulent entendre, et qu’importe ce qui suit ?

D’où l’idée que les déclarations du Président sont à mettre au crédit de leurs électeurs et on  le constate ici, ce sont notoirement des vieux cons.


- Et qui a voté pour la réélection d’Emmanuel Macron ? Les vieux soixante-huitards – éh oui !

 

... Après on peut aussi entamer une analyse politique, mettant en évidence que l’origine de tous ces désordres c’est l’injustice sociale et qu’au lieu d'en réprimer violemment les manifestations il faudrait plutôt en supprimer la cause. C’est vrai, mais ça n’empêche que c’est cette manipulation politique qui me répugne le plus.

dimanche 23 juillet 2023

À quoi bon voter ? - Chronique du 24 juillet

Bonjour-bonjour

 

«¡No pasarán!» : en effet, « ils » ne sont pas passé – et même personne n’est passé. 

Devant ce résultat des élections espagnoles, les politologues vont tartiner des kilomètres de commentaires et de prédictions. 

- Mais pour le modeste philosophe – celui qui comme la chouette de Minerve ne s’éveille qu’au crépuscule, quand les évènements se sont déjà produits – l’étonnement ne vient pas de ces résultats et des évènements qu’ils portent dans leurs flancs, mais simplement du fait que personne ne l’ait vu venir.

==> Oui, ces élections sont objectivement la défaite des instituts de sondage, qui ont été impuissants à prévoir la relative faiblesse de la droite et la relative bonne tenue de la gauche.

 

- Occasion de revenir sur le déterminisme que semble porter en lui la prévision du comportement électoral : de quelle liberté fais-je preuve en glissant mon bulletin de vote dans l’urne alors que depuis une semaine les sondages prévoient que c’est ça que je vais faire ? Et d’ailleurs, à quoi bon voter ? Un simple sondage ne suffirait-il pas à déterminer qui doit gouverner le pays ? C’est d’ailleurs ce que croient les manifestants qui se réclament d’un pays entier supposé derrière eux alors qu’il ne s’agit que de résultats de sondages ?

Mais, si ce déterminisme existe, alors pourquoi se battre comme l’ont fait les révolutionnaires de 89 pour la liberté ? Si l'IFOP avait existé en 1789, plus d'émeutes, plus de canons, plus de guillotine... 


Mais aussi que signifie le fait de voter ? S'agit-il de l'expression de l'humeur du moment ("je ne décide de mon vote que dans l'isoloir") ?

Moi je dis : l’échec des instituts de sondage me fait du bien.

samedi 22 juillet 2023

Le choix espagnol – Chronique du 23 juillet

Bonjour-bonjour

 

Certains aimeraient peut-être que la France ait comme l’Espagne des élections présentant une alternative aussi limpide : en effet lors des élections législatives de ce 23 juillet, les Espagnols devront choisir “entre deux blocs qui représentent, grosso modo, deux projets pour le pays, deux modèles antagoniques” (lu ici)

            - Soit une coalition à gauche avec "Sumar", la coalition créée par l’ancienne militante communiste Yolanda Diaz. Son programme ? Redistribution des richesses, écologisme et féminisme

            - Soit un pacte conservateur entre le Parti populaire (PP, droite traditionnelle) d’Alberto Núñez Feijóo et Vox, la formation d’extrême droite de Santiago Abascal.


Au fond ces deux pôles existent bien aussi chez nous, mais de façon moins claire moins tranchée. 

            = chez nous, la droite « conservatrice » est en même temps celle qui croit au pouvoir des profits pour dynamiser l’économie ; mais son électorat est peut-être moins fortement motivé par les choix économiques que par l’encadrement de la vie publique et privée.

            = quand aux partis de la NUPES, si l’on essaie d’additionner Jean-Luc Mélenchon et Sandrine Rousseau on risque fort de fabriquer une chimère à l’espérance de vie réduite.

 

Mais surveillons de près les résultats auxquels vont parvenir les Espagnols : rien ne dit que bientôt (peut-être avant même 2027) nous ne soyons confrontés à la même alternative.

 

vendredi 21 juillet 2023

Avec nous le déluge – Chronique du 22 juillet

Bonjour-bonjour

 

S’il y a une chose qu’on ne pourra pas dire à titre d’excuse devant notre mollesse à lutter contre le dérèglement climatique, c’est qu’on ne savait pas. Jour après jour, record de chaleur après record de chaleur, il suffit de lire les études des scientifiques ou les rapports du GIEC pour le vérifier : c’était écrit noir sur blanc… il y a 20 ans. 

 

- Et aujourd’hui ? 

Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais ce qui arrivera dans 50 ans me laisse de marbre : comme le disait Louis XV : « Après nous le déluge ». Qu’importe ce que sera le monde après notre mort ? Nous ne serons plus là pour le subir.

Seulement voilà : c’est aujourd’hui et pas demain que la chaleur nous accable et qu’on mendigote un peu d’eau potable. Le problème n’est pas pour nos enfants, mais pour notre génération – Et encore une chance si nous ne sommes touchés que par l’impossibilité d’aller visiter le Parthénon en plein mois de juillet. Car, en Grèce, il n’y pas que des monuments : il y a aussi des grecs qui réalisent qu’un jour très proche ils ne pourront plus vivre sur leurs terres dévorées par les incendies ou délavées par les pluies.

 

Vite ! Rectifions nos erreurs : que disent les scientifiques ? Qu’il n’est plus temps de lutter contre le dérèglement acquis : il n’y a pas de marche arrière au phénomène. La possibilité qui nous reste, c’est de nous adapter. Allons-nous peindre nos chaussées en blanc et réduire la taille de nos fenêtres ? Attendre la nuit pour l’apéro et remplacer notre barbaque grillée au bbq par des salades bien fraîches ?

C’est ça… a moins qu’on se contente de pousser la clim un peu plus histoire de vivre comme avant.

jeudi 20 juillet 2023

Bien venue en Grande-Bretagne – Chronique du 21 juillet

Bonjour-bonjour

 

Vous vous demandez peut-être comme moi pour quelle raison les migrants sont si nombreux à vouloir passer en Grande-Bretagne, ignorant allègrement les attraits de notre beau pays pour s’embarquer toute affaire cessante sur des zodiacs qui pourtant leur promettent la noyade.

La réponse est que l’Angleterre accepte les étrangers sans papiers venus irrégulièrement sur son sol, se contentant de demander en échange qu’ils travaillent en étant sous-payés. Raison pour laquelle la France ne parvient toujours pas à endiguer la masse de ces migrants conduits par les passeurs jusqu’aux rivages de Calais.

 

- Il se pourrait que Rishie Sunak ait une solution et pas seulement avec des lois plus restrictives.

– Voyez cette barge : 

 


Nommée "Bibby Stockholm", cette barge peut héberger environ 500 demandeurs d'asile au Royaume-Uni. Elle doit pour cela être à quai dans un port anglais, afin de réduire les coûts des hébergements en hôtel. La barge qui figure sur cette photo est arrivée le mardi 18 juillet dans le port de Portland, dans le sud de l'Angleterre. 

C’est un projet vivement critiqué par des ONG, qui qualifient la barge de "bateau prison". En tout cas 50 demandeurs d'asiles y seront envoyés dès la semaine prochaine (source : lire ici)

 

- L’idée est séduisante : il ne s’agit pas seulement de dégouter les migrants de l’hébergement que leur réserve la Grande-Bretagne : après tout ce n’est peut-être pas pire que ce qu’ils ont fui en quittant leur pays. Mais surtout il s’agit d’un lieu qu’il leur sera difficile de quitter le temps qu’on étudie leur dossier avant de les réexpédier dans leur pays.

Et puis, redisons-le : c’est une manière de réduire le coût de la surveillance des étrangers.

Nous aurions pu tenter la chose du temps de Sangatte. C’est ce que suggère cet article consacré à cet épisode : « les hébergés sont cependant condamnés à vivre un peu comme des animaux domestiques vivent dans un élevage de qualité. » Mais on l’a fermé : trop attractif ! On aurait dû faire comme les britanniques une péniche prison.

mercredi 19 juillet 2023

Y a un truc ! – Chronique du 20 juillet


 


Jonas Vingegaard

 

Bonjour-bonjour

 

Si j’avais eu l’occasion de rédiger cette chronique il y a 3 jours, j’aurais pointé la méfiance des suiveurs du Tour de France devant les performances de Jonas Vingegaard et de Tadej Pogacar qui ont depuis le début de l’épreuve semé loin derrière eux les autres coureurs : ne faut-il pas suspecter l’usage de substances illicites pour expliquer un tel différentiel ?

Aujourd’hui, et après ses défaillances, Pogacar n’est plus suspecté : son échec signe l’honnêteté de ses performances – par contre, les chronos « stratosphériques » de Vingegaard laissent planer un doute sur un éventuel dopage.

 

- Banalités qui accompagnent le Tour depuis plus de 20 ans ? Oui, mais quand même : tant qu’on y est, revenons à un cas célèbre, celui de Lance Armstrong. Celui-ci dont on sait qu’il était dopé jusqu’à la moelle et alors que des journalistes de Libé dénonçaient un système de tricherie organisé se contentait de déclarer : « Les français n’aiment pas ceux qui gagnent ».

C’est qu’en effet, pourquoi incriminer Vingegaard ? Simplement parce qu’il gagne ? Et Pogacar : suffit-il qu’il soit battu pour que la propreté de ses performances soit assurée ? Tout se passe comme si gagner était anormal au point qu’il faille faire appel à des auxiliaires interdits pour justifier la victoire : dopage du coureur ou moteur auxiliaire dans le vélo (1) 

La question est en effet celle-ci : pourquoi n’arrivons-nous pas à croire que ce soit de façon naturelle que des hommes en surclassent d’autres à ce point ? Faut-il croire à une "normalité" humaine dont toute la liberté serait de s’effondrer et non de surclasser ? Même quand une telle chose n’est pas possible, comme avec les champions de tennis qui dominent les tournois pendant près de 20 ans, réalisant sous nos yeux des coups incroyables, le vocabulaire utilisé pour les décrire laisse encore supposer qu’ils ne sont plus tout à fait humains, devenus des géants, des génies, des dieux – ou simplement des murs, voire même simplement des marteaux.

 

- Un philosophe à 4 sous conclurait que l’infériorité est une expérience humaine alors que la supériorité ne l’est pas. Ça ne va pas loin, mais ce n’est peut-être pas faux ?

------------------------

(1) Je cite ce procédé simplement parce qu’il me fait tordre de rire : il y a pourtant effectivement des cas de « dopage technologique » tel qu’une assistance électrique si miniaturisée qu’il faille passer le vélo aux rayons X pour la déceler – et pourtant assez efficace pour contribuer à la victoire. Si ça me fait rire c’est que je n’arrive pas à y croire : j’ai toujours l’impression d’avoir à faire à un gag dans un film à gros rire.

samedi 15 juillet 2023

Des policiers en formation à la fac d’Amiens – Chronique du 16 juillet

Bonjour-bonjour

 

Nos policiers sont invités à suivre un cursus universitaire diplômant durant un an. Il s’agit d’études sociologiques envisageant différents sujets dont par exemple « L’entrée en délinquance et tous les phénomènes de déviation des comportements ». (Lu ici). A la suite des émeutes de ces jours-ci et au vu du très jeune âge de certains émeutiers, nul doute que les participants manifesteront un intérêt tout particulier.

Certes, la prudence conseille de ne pas prendre trop au pied de la lettre ces cours qui recèleraient par miracle une vérité que sur le terrain personne n’a su saisir : comment des jeunes jusqu’à présent sans histoire se sont transformés en incendiaire et en potentiels assassins (on n’a souvent évité le pire qu’en raison de caractère fruste de leur mortiers d’artifice). Mais enseigner la prudence scientifique là où règne habituellement les certitudes les plus élémentaires est quand même de bon aloi.

 


Je ne suis pas pourtant absolument certain que la fac d’Amiens ait bien cerné le sujet en mobilisant uniquement des sociologues : certes les conditions d’existence des groupe concentrés dans les « quartiers » est déterminante. Mais l’aspect ludique de certains propos et la compétition entre bandes pour afficher sur Instagramme les vidéos des déprédations les plus violentes ne se comprennent sûrement pas à partir d’une origine sociologique. Comment comprendre qu’un jeune se fasse filmer entrain de piller un magasin et lance ça sur Internet –

raison pour laquelle il sera arrêté en flagrant délit juste après ? 

Outre la question « Qui sont ces jeunes », il faut aussi se demander « Dans quel monde vivent-ils ? » - Et là il est possible que des psychologues et des psychanalystes soient plus utiles que des sociologues.

vendredi 14 juillet 2023

Le sabre et le goupillon – Chronique du 15 juillet

Bonjour-bonjour

 

Alors que le Kremlin parait vouloir légaliser les nombreuses milices qui agissent en tant que force armée en Ukraine (lu ici), on apprend que depuis plus de 6 mois l’Église orthodoxe elle-même possède une société militaire privée qui va agir en son nom.

« Croix de Saint-André, ce sont des gens qui partent défendre notre Patrie, ça n'est pas une société militaire privée », insiste un représentant de l'Église orthodoxe russe à Saint-Pétersbourg après que plusieurs médias russes y ont vu la naissance de la première société militaire privée appartenant à l'Église. » (Lire ici)

Toutefois, et si paradoxal que cela puisse paraître, cela s’inscrit dans la lignée d’une instrumentalisation de plus en plus forte de la religion par la propagande russe. (Art. cité)

 

La naïveté n’étant plus permise actuellement, on devine que ces milices sont plus ou moins accréditées auprès du Kremlin et qu’elles permettent de manœuvrer l’opinion internationale - il est vrai tout en maintenant élevé le risque de déstabilisation du régime comme l’a montré la mutinerie Wagner. 

Reste que l’on retrouve une force armée soumise à l’autorité religieuse ce qui évoque de très lointains souvenirs chez nous.


Le Pape Jules II (1443-1513)

On refusera peut-être de s’étonner : « La guerre sainte n’a pas cessé d’exister depuis ces lointaines périodes vaticanes. Le djihad est-il autre chose ? » Certes – Mais l’originalité c’est qu’ici l’armée est levée par l’autorité religieuse et non pour elle par des puissances civiles. Le Patriarche de Saint-Pétersbourg pourrait paraitre dans un command car en tête de ses troupes.

Et  chez nous ?

 


On a bien eu Paul VI : pourquoi pas le Pape François ?

jeudi 13 juillet 2023

Un pognon de dingue – Chronique du 14 juillet

Bonjour-bonjour

 

Non, avec le titre de cette chronique il ne s’agit pas de rappeler que pour le Président les secours publics ne faisaient qu’entretenir la pauvreté au lieu de l’éradiquer. Il s’agit plutôt de dire que la dépense de l’Etat en faveur de l’Éducation nationale ne pourrait être soutenue sans de profonds remaniements qui ouvriraient la porte à la privatisation du service public d’enseignement.

==> Suppression des concours (nationaux ou pas), autorité déléguée aux chefs d’établissement, dérégulation du nombre des classes du secteur privé, j’en passe qu’on retrouvera dans cet article du « café pédagogique » signé François Jarraud. Article qui pointe que cette attaque vient cette fois de la Cour des comptes, après avoir été lancée par le gouvernement lui-même et repris par le Séant – excusez du peu !

 

L’intérêt de la chose aujourd’hui est que, venant de la Cour des comptes, l’attaque est budgétaire : la France ne pourra indéfiniment se payer le luxe d’un service public hors de prix. On se rappelle que l’argument valait déjà lors du quinquennat de François Hollande, lorsqu’on disait qu’en matière de santé publique, on devrait faire, comme nos voisins nord-européen,  de meilleurs soins avec moins d’argent. Quelques mois plus tard la pandémie remettait les pendules à l’heure, sauf qu’elle ne permettait pas de mieux remplir les caisse de la Nation.


On le devine, mon propos est de regarder au loin (pas si loin d’ailleurs) : n’allons-nous pas vers une privatisation de l’ensemble des services publics faute de trésorerie pour abonder les caisses ?

Ne serions-nous pas restés dans un régime idéologiquement libéral ?

mercredi 12 juillet 2023

10 toutes petites secondes, monsieur le Président – Chronique du 13 juillet

Bonjour-bonjour

 

Nos amis transalpins ont le sens de l’exactitude. Lorsqu’il arrive qu’une personne (une jeune femme en général) se plaigne d’avoir été pelotée par un monsieur, alors que celui-ci se défend de toute intention libidineuse, le juge italien sort son chronomètre : si on peut établir que vous – oui, vous le tripoteur – n’avez pas commis le délit en question plus de 10 secondes, eh bien justement : ce n’est plus un délit.

 Vous ne me croyez pas ? Lisez plutôt ceci : jugeant le cas du gardien d'une école qui avait tripoté les fesses d'une élève de 17 ans une dizaine de secondes, le Tribunal a estimé que « La soudaineté de l'action, sans aucune insistance dans l'action de toucher, qui relève presque de l'effleurement, ne permet pas de caractériser l'intention libidineuse ou concupiscente généralement requise par le droit pénal » (source : Il Corriere della Sera, cité ici)

L'inculpé avait en effet protesté de son innocence, affirmant que c’était « juste par plaisanterie » – ce qui a justement suscité l'indignation d'associations d'élèves et d'influenceurs.

o-o-o

 

S'il vous plait, un peu de réflexion avant de crier au scandale.

            1° Le contact corporel avec une autre personne n’a pas de sens en soi ; il peut être dû à une promiscuité accidentelle (transports en commun), il peut être non voulu et dès lors il ne peut être considéré comme délictueux.

            2° Lorsqu’une intention est mise en cause, il s’agit de savoir si elle est ou non « libidineuse ». Le juge italien considère en effet que seule cette intention peut être incriminée par le code pénal.

            3° En particulier, en dehors de la concupiscence, on peut mettre la main aux fesses de quelqu’un par plaisanterie – la quelle ne saurait tomber sous le coup de la loi.


Comme ça....

            4° Si par contre l’intention lascive est suspectée, le juge interroge le chronomètre : en dessous de 10 secondes, cette cause est écartée, ce qui suppose qu’on ne peut obéir à cette pulsion sans cette durée minimum. 

Moins de 10 secondes : c’est une blague ; plus de 10 secondes : c’est que ça pousse dur.

Notez, je vous prie, cette précision qui pourrait bien vous servir dans la vie ordinaire pour évaluer les gestes déplacés, les regards appuyés, les mots équivoques. 

Une main aux fesses, si c’est juste pour le fun, y a pas mort d’homme.

Et puis, profitez-en tant qu’il y a de la demande…

 

----> Non ! Me tapez pas !!! Pas sur la tête !!!

mardi 11 juillet 2023

Un affrontement – Chronique du 12 juillet

Bonjour-bonjour

 

En ce moment à Strasbourg, ce ne sont que rassemblement de micros – Greta Thunberg en tête –contre paysans en tracteurs. Voir ici.

 


 À Strasbourg


Il s’agit de manifester son opposition ou son soutien à la loi européenne sur la « restauration de la nature » dont le sort doit être scellé cette semaine. Loi qui comporte des clauses restrictives quant aux méthodes agricoles productivistes en général et aux surfaces cultivables en particulier. 

--> Pour les uns la sauvegarde de la bio-diversité est à ce prix ; pour les autres c’est la survie même de leur entreprise qui est en cause. On l’a compris : on a un affrontement directe du court terme versus le moyen ou le long terme. 

Une telle situation n’est pas originale, et on pourrait même dire qu’elle est de règle, faisant le tourment des politiques qui doivent sauver l’immédiat tout en préparant l’avenir. La fin du monde versus la fin du mois : c’est bien connu.

- Toutefois, on a aussi quelque chose d’un peu plus original : il s’agit d’un affrontement entre citoyens et non entre le pouvoir politique et des groupes sociaux. On a bien des syndicats, des groupes de pression, des partis même qui s’engagent pour l’un ou pour l’autre. Mais fondamentalement on a des hommes et des femmes qui luttent non pas pour des idées mais pour une réalité très concrètes. Exemple : restaurer les haies ça veut dire retrouver les petits oiseaux qui y nichent ; mais pour d’autres ça veut dire moins de terre à cultiver, moins de ressources pour leur vie quotidienne.

Et tout ça non pas en passant par des Assemblées d’élus, mais par les force naturelles qui vont réagir aux actes des hommes. 

Un conflit d’homme à homme arbitré par les lois de la nature : avouez que ce n’est pas très commun !

lundi 10 juillet 2023

Fantasme quand tu nous tiens – Chronique du 11 juillet

Bonjour-bonjour

 

La chanteuse Izia est sous le coup d’une enquête pour « provocation publique à commettre un crime ou un délit » pour avoir décrit durant son tour de chant comment lyncher Emmanuel Macron, présentant la chose comme un plaisir qu’on se donnerait.

Bien entendu, oubliant certaines caractéristiques de cet évènement, Izia se défend : « À aucun moment dans mes concerts, je n’incite à la violence ou à la haine. Ce sont toujours des lieux de bienveillance et d’amour, de folie et d’improvisation. C’est juste ça purement et simplement. Cela reste une histoire fantasmée, un moment partagé d’esprit libre, artistique. Ce n’est pas dirigé dans quelque direction que ce soit. » (Lu ici)

Ces dénégations paraitront sans doute un peu de circonstance ; pourtant il y a un trait qui revient systématiquement dans de telles conditions : il s’agit d’un acte artistique, sans autre portée ; et surtout il s’agit d’un fantasme. C'est du moins ce que suggère la seule phrase crédible de cette déclaration : "Cela reste une histoire fantasmée, un moment partagé d’esprit libre, artistique"

 

Selon le CNRTL la psychanalyse nous dit que le fantasme est « une construction imaginaire, consciente ou inconsciente, permettant au sujet qui s'y met en scène, d'exprimer et de satisfaire un désir plus ou moins refoulé, de surmonter une angoisse » Laissant de côté l’aspect angoissé du fantasme, notons qu’il s’agit d’une mise en scène de la satisfaction d’un désir, et avouons que les propos d’Izia décrivant avec force détail comment il faut accrocher le Président et le frapper avec une batte terminée par un clou correspond bien à cette volonté d’inscrire le désir dans le réel. Le propre du fantasme est d’apporter un complément joussif à la réalité, de sorte qu’il peut en effet être perçu comme une invitation à partager cette jouissance.

Cette double apparence du fantasme – à savoir imaginaire et réaliste – est l’occasion d’interroger son interdiction : 

            * Pour l’interdiction : il s’agit d’une provocation à commettre un crime : les mots ont un sens, ils ne sont pas un simple délire et bien des crimes l’ont été sous couvert de réaliser ses fantasmes.

            * Contre : ces propos ne sont que source de plaisir : ils sont à ce titre couvert de l’immunité puisque depuis 68 le mot d’ordre est « Jouissez sans entraves »

dimanche 9 juillet 2023

À vos plumes ! – Chronique du 10 juillet

Bonjour-bonjour

 

Bien des réformes sont encore en cours à l’Éducation nationale, immense chantier dont il ne faut d’ailleurs jamais parler en termes de « réformes » (ça porte malheur) mais auquel il faut toujours œuvrer.

En voici une, reprise sous divers aspects par les médias du jour : « Compte tenu de la baisse du niveau de français des écoliers en CM1 et CM2, l’État a pris la décision de mettre en place le dispositif « plan orthographe » qui a pour objectif d’approfondir les connaissances en langue des écoliers. » (Lu ici)

On se dit : bon – encore une de ces réformes jamais réalisées mais qui fleurent bon l’école d’antan avec ses blouses grises, ses doigts tachés d’encre violette et ses plumes sergent-major. Vous croyez peut-être que j’exagère ? Pas du tout : lisez plutôt la suite : « Une disposition qui marque le grand retour de l’écriture manuscrite désormais partie intégrante du programme des élèves. »

 


Et ce n’est pas tout : « /Ce plan-orthographe/ prévoit deux heures de lecture par jour dans le but de rehausser le niveau des écoliers avant qu’il ne rejoigne la classe secondaire. » (Art. référencé)

 

Écrire à la main, lire à haute voix : impliquer le corps dans toutes ses capacités au service du langage et de sa transmission. Autant dire que nos méthodes hypersophistiquées de communiquer sont des échecs qui aboutissent finalement au contraire de ce qui était espéré : ne plus savoir exprimer nos pensées pour autrui, et ne pas arriver à le faire en dehors de dispositifs fragiles et précaires. et qui, non contentes de cela qui font obstacle à l’acquisition de ces capacités dont l’homme dispose pourtant depuis des millénaires.

 

Ceux qui ont haussé les épaules en lisant de détail de ce « Plan-orthographe » ont eu tort : oublions ce que les vieilles écoles nous ont fait réciter par cœur, mais conservons ce qu’elles nous ont appris à faire

samedi 8 juillet 2023

Vacances d’été : êtes-vous heideggerien(nne) ? – Chronique du 8 juillet

Bonjour-bonjour

 

Vous les avez peut-être déjà repérées sur la plage, ces personnes qui très discrètement sortent leurs smartphones de leur sac de plage et consultent leurs messages. Ces gens sont probablement des « addicts » au travail, incapable de dételer, même durant les vacances.

 

- Il y a bien des explications à de tels comportements : peur de perdre son poste ou d’être remplacé par des collègues plus zélés ; souci de répondre aux exigences de managers très (trop) exigeants ; crainte de voir l’entreprise en perte de vitesse faute d’implication du personnel ; passion pour le travail qui est alors beaucoup plus qu’un gagne-pain. On pourrait aussi imaginer une « programmation » du cerveau qui ne peut changer durant la période estivale. (Lire ici)

- On peut aussi interpréter cette idée de façon banale : nous avons des habitudes, des rails personnels sur les quels nous avons placé nos gestes et nos actes durant l’année, et faute d’avoir su mettre en place à temps des habitudes de remplacement, alors nous ne savons pas faire autre chose, et nous continuons à faire tourner note petite machine. 

 


 

Les philosophes vont soupirer : « On vous avait prévenu : sachez oublier votre vie habituelle, ou mieux : n’ayez pas de vie habituelle » Mais d’autres hausseront les épaules : « Ce souci permanent que rien ne peut chasser, c’est celui qui caractérise la vie d’un être conscient de sa finitude. Oubliez les soucis de la vie professionnelle et vous serez envhi(e) par ceux de la santé, du sommeil des enfants et de la fidélité du mari (ou de l’épouse) »

Vous aurez reconnu les heideggériens, et je veux croire que c’est à eux que vous penserez en fourrant votre smartphone dans votre sac de plage.