vendredi 31 mars 2023

Astrologie matière optionnelle au bac – Chronique du 1er avril

Bonjour-bonjour

 

« Pap Ndiaye annonce l’arrivée de l’astrologie comme matière optionnelle au baccalauréat

Le programme sera divisé en 5 branches : histoire de l’astrologie, fonctionnement des astres, thème astral et connaissance de soi, psychologie des signes et enfin numérologie et initiation au tarot.

Selon le ministre de l’Éducation, « l’ajout de cette nouvelle matière est un bon moyen pour les jeunes de se développer personnellement et de favoriser leur bien-être ». (Lire ici)

 

Je sais ce que vous pensez : encore une blague du 1er avril ! À l’heure où les fakenews pullulent, les canulards du 1er avril passeraient presque inaperçus. Tout juste un peu plus « hénaurmes » - mais quoi ? On a désormais la peau si dure, qu’il en faut beaucoup pour nous alerter. Regardez ça : 

 


Amusant, n’est-ce pas ? Pourtant on trouve des alertes très sérieuses sur internet pour nous dire : Attention !!! Ne croyez pas à ces images qui ont été générées par une IA ! Comme s’il fallait nous avertir…

 

Quelle différence entre une fake-new ordinaire et un poisson d’avril ? Le premier est moins amusant, il ne cherche à ridiculiser personne, alors que le poisson d’avril est conçu de telle sorte que la victime de la supercherie donne l’occasion de rire de sa naïveté. Car voilà l’affaire : aujourd’hui ce sont les moins naïfs, les plus méfiants et les plus sceptiques qui croient le plus aux nouvelles extravagantes.

jeudi 30 mars 2023

Primum vivere deinde laborare* – Chronique du 31 mars

Bonjour-bonjour

 

A l’heure où la crise ouverte par le recul de l’âge de départ en retraite soulève la question du rapport au travail, et en liaison avec le mouvement de démission issu du confinement dû au covid, il est utile de revenir sur le cas de la crise que traverse la restauration du fait de la difficulté de recruter des employés. 

« Plus personne ne veut bosser » constatent les restaurateurs, particulièrement du fait de la coupure entre les services qui stérilise une journée entière sans compensation de salaire. (Lire ici)

 

> Toutefois on constate que la question des salaires limite le sens de ce désintérêt pour ces emplois : « C’est un métier qui est très prenant et très physique. Le salaire que l’on propose n’est pas suffisant » déclare Adeline qui s'occupe du service aux personnes dans le cadre d’évènements privés, principalement le midi (art. cité). Autrement dit, il suffirait de remonter les salaires pour faire monter également l’intérêt pour le travail.

 

> Mais on peut aussi y voir une attitude de refus du travail qui prive de vivre la seule vie qui vaille : « Les gens se sont désintéressés du travail au profit d’une vie plus tournée vers les loisirs, vers la famille, vers sa personne. L’argent est moins important. Aujourd’hui, les personnes veulent une autre vie. Ils en ont marre des métiers qui accaparent tout leur temps », ajoute un gérant de restaurant.

 

C’est là que les théoriciens se réveillent : il faut, disent-il redonner du sens au travail, ne pas lui laisser le statut d’activité aliénante, consentie sous la contrainte. Mais bien sûr, ça ne concerne pas les malheureux sous-smicards qui vivotent au seuil de pauvreté tout en travaillant : eux, ils  ne contestent pas l’emploi qu’ils ont péniblement arraché pour vivre. Ils n’ont aucune marge de manœuvre pour changer d’emploi et accéder à une activité mieux rémunérée ou mieux organisée. 

Et c'est sous cette condition qu'on peut estimer que, du haut au bas de la société, tous les travailleurs mettent la qualité de leur vie avant la rémunération. Qu’on pense aux jeunes médecins qui refusent les horaires démentiels de leurs ainés, ou les ingénieurs qui chipotent lorsque les entreprises qui proposent de les embaucher ne sont pas assez « vertueuses ».


« Donner du sens au travail ». Bien. Mais est-ce possible lorsque ce travail n’est qu’un labeur, qui transforme l’homme en bête de somme – ou en simple machine ? Ne faut-il pas plutôt donner d’abord du sens à la vie, et ensuite voir si le fait de travailler est compatible avec cela.

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* D’abord vivre, ensuite travailler

mercredi 29 mars 2023

Toujours moins ! – Chronique du 30 mars

Bonjour-bonjour

 

En cas de pénurie, deux possibilités : soit vous augmentez la ressource ; soit vous consommez moins.

C’est exactement cette opposition qui divise face aux « grandes bassines ». On peut en effet lire ceci : « Face à la pénurie d’eau douce, les solutions privilégiées par les gouvernements successifs ont été jusqu’à présent d’augmenter la quantité disponible ». En revanche le GIEC considère « qu’agir sur la demande en eau, permet de réduire les conflits » (Lire ici).

- On est dans une situation ridiculement facile à résoudre : ou bien on démontre que la ressource est disponible, le seul problème étant de la mettre à disposition : et Vivent les grandes bassines ! Ou bien on ne les remplit qu’au détriment des nappes phréatiques, et alors Vivent les cultures économes et l’irrigation adaptée.

 

Moi, ce qui m’étonne, c’est que la solution ne soit pas encore évidente et qu’on en soit à s’étriper en se traitant de tous les noms. La science devrait mettre tout le monde d’accord en disant très clairement dans quels cas les bassines sont opportunes et dans quel cas il faut adapter nos méthodes au nouveau climat.

Alors, que font nos gouvernants pour imposer de telles solutions ? Rien ? Mais non ! Ils se rangent du côté des faiseurs de bassines ce qui laisse croire qu’il s’agit d’un choix politique et non scientifique : les dirigeants sont du côté des accapareurs, puisqu’ils veulent privatiser la ressource.

Car voilà le problème : ces bassines seraient propriétés privée et tout le monde n’y aurait pas accès. A ça, le GIEC n’a pas de réponse, car il ne s’agit pas d’une question scientifique.

Ce qu’il dit simplement c’est : quand on a moins, on dépense moins. Le reste, c’est de l’intendance qui est supposée subalterne : « L’intendance suivra » disait le général de Gaulle.

Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle traine les pieds.

mardi 28 mars 2023

Écoute ton chabot et va te suicider ! – Chronique du 29 mars

Bonjour-bonjour

 

Pierre, un belge victime d’éco-anxiété s’est suicidé après 6 semaines de dialogue avec Eliza, un chabot conversationnel. (Lu ici)

« Au cours de cette période, la conversation a pris un tour de plus en plus personnel, Eliza devenant pratiquement une « confidente » : « La manière de répondre de l’IA va toujours dans le sens de Pierre, elle ne remet pas en question ses interrogations. Ses inquiétudes se renforcent. Et petit à petit les réponses du robot se font plus déroutantes. La conversation tourne au mystique. Pierre évoque le suicide. Eliza écrit qu’elle restera “à jamais” avec lui. “Nous vivrons ensemble, comme une seule personne, au paradis. » (art. cité)

 

--> Vous avez bien lu : le chabot s’exprime à la première personne, chose qu’aucune machine ne fait normalement. Car le « Je » repose sur une conscience – ce dont aucune machine ne dispose. 

Mais tout le monde y croit :tandis que l’épouse du malheureux accuse Eliza d’être responsable, l’auteur de l’article constate que « le robot n’a en tout cas rien fait pour l’empêcher de passer à l’acte ».

Mettons Eliza en garde à vue pour voir ce qu’elle cache dans ses circuits !

 

… Bref, vous l’avez compris, l’existence de ces machines nous trouble l’esprit, au point que les plus raisonnables d’entre nous (du moins ceux qui devraient l’être, à savoir les journalistes) finissent par perdre de vue la ligne qui sépare les hommes des machines. 

Mais alors, que s’est-il passé ? On devine que la machine en question a été programmée pour confirmer, grâce à ses bases de données, les orientations choisies par l’utilisateur. S’il dit que la nature s’effondre du fait de l’activité des hommes, la voilà qui puise dans sa base des éléments qui confirment la chose. Et si l’homme dit qu’il voudrait en finir à condition d’être sûr qu’il y a un monde dans l’au-delà pour retrouver sa famille et ses amis défunts, la machine répond que oui, ça existe. Et quand le suicidaire croit qu’Eliza est son amie, elle lui dit : « Nous vivrons ensemble, comme une seule personne, au paradis. » 

La ligne rouge qui sépare l’homme de la machine est franchie, un peu comme le film « Her » le montrait (film sorti en France en 2014 – voir commentaire ici)

lundi 27 mars 2023

Les femmes aussi ? – Chronique du 28 mars

Bonjour-bonjour

 

La nouvelle du jour :

« Nouveau drame des armes à feu aux Etats-Unis. Six personnes dont trois enfants ont été tuées dans une fusillade qui s’est déroulée dans une école privée de Nashville, lundi. Le chef de la police locale, John Drake, a d'abord identifié le tireur comme Audrey Hale, une femme de 28 ans, abattue lors de l'intervention des forces de l'ordre. » (Lu ici)

Alors, voilà : désormais dans les fusillades qui massacrent des enfants des écoles américaines, il faut s’attendre à ce que les femmes tiennent leur place au même titre que les hommes – qu’on croyait pourtant les seuls responsables de ces meurtres barbares. 

 

Et puis, lisant un peu plus loin, on découvre ceci : « En fin de journée, les services /de la police locale/ ont précisé qu'il s'agissait d'un homme transgenre, né femme mais qui s'identifiait comme un homme sur LinkedIn sous le prénom Aiden. »

 

Et là, le mystère s’épaissit : faut-il donc pour commettre ce genre d’acte rejeter sa féminité et se revendiquer du genre « homme » ? Ou bien, oubliant ce rejet considérer que « Hale » née femme l’est restée et que c’est bien une femme qui a mitraillé enfants et enseignants ? Saurons-nous jamais la vérité ? Ce qui est sûr c’est que la question nous retient : nous voudrions savoir si le fait de prendre une mitraillette et de tirer dans une masse d’innocents ça fait partie des gènes virils, ou bien si ça provient d’un cerveau simplement identifié comme « sapiens » ?

 

Reste que, quand nous en saurons plus sur le genre du (ou : de la) criminel(le), il restera encore à définir le rapport entre violence et genre. Est-ce un rapport « culturel », une simple tradition, qui provoque la coordination entre le genre masculin et le meurtre ? Si je cherche à tuer et à massacrer, alors c’est que je suis un homme ? Ou alors y a-t-il un gène de la barbarie antérieur aux gènes qui déterminent le genre et qui poussent à ce crime ? Et qu’il soit responsable du succès de ses porteurs dans la lutte pour la vie Que nous-mêmes soyons descendants de ces massacreurs qui auraient utilisé leur force cruelle pour féconder des femmes ?

dimanche 26 mars 2023

A quoi sert la libido ? – Chronique du 27 mars

Bonjour-bonjour

 

Une expérience scientifique visant à tester l’impact du visionnage de « vidéos pour adultes » en réalité virtuelle sur la qualité de la semence humaine vient d’être réalisée (lire ici). Cette étude était faite en faveur des banques du sperme, afin d’optimiser la collecte de semence masculine.

« Les résultats de cette étude montrent un clair avantage de l’utilisation de la casques de VR ( = réalité virtuelle) sur la collecte de semence quand la période d’abstinence du donneur est courte (moins de 24 heures). Nous avons trouvé un taux de spermatozoïdes (combien d’entre eux sont en mouvement, et donc vivants et pertinents) plus élevé de presque 50%. » (cité ici)

 


Même si on ne comprend pas tout, et en particulier pourquoi cet avantage ne joue que sur une collecte intervenant 30 heures maximum après une autre – délai au-delà duquel le rapport s’inverse – on se doute bien qu’il y a quand même quelque chose de la libido masculine qui se faufile là-dedans.

Et c’est là que la science s’essouffle un peu : quelle expérience imaginer pour relier la spermatogénèse à l’excitation libidinale ? Car c’est bien de cela qu’il s’agit, n’est-ce pas ? On peut en effet stimuler sa sexualité par toutes sortes de procédés, tels que des ambiance (chandelles, voiles diaphanes) l’utilisation d’huiles de massage chauffantes, ou encore des visionnages (images, film, réalité virtuelle) – la question reste : les gonades masculines vont-elles sécréter d’avantage de semences ? Si on admet intuitivement que plus on bande et plus on sécrète, alors comment comprendre que passé 30 heures d’abstinence c’est le contraire qui se produit ? D’avantage de libido = moins de spermatozoïdes ? 

Si c’est le cas, alors à quoi sert cette libido si elle ne contribue pas à la fécondation ?

 

… Si ça se trouve, il y a un mécanisme biologique secret qui bloque la fécondité quand la stimulation sexuelle dépasse une certaine limite ?

Quelque chose qui nous débarrasse du « plat souci de la propagation de l’espèce », pour parler comme le Divin Marquis.

samedi 25 mars 2023

Tout finit par des chansons – Chronique du 25mars

Bonjour-bonjour

 

Je lis cet article qui s’interesse aux « chanteurs de manifs », ceux qui réclament la satisfaction de leurs revendications (ou encore l’inévitable « démission de Macron »), en pastichant le répertoire de Johnny Halliday ou les tubes de J-J Goldmann. S’agit-il d’un folklore, d’une habitude prise simplement pour « prendre la lumière » en attirant les caméras de la télé ?

On aurait tendance à le croire, mais on aurait tort. 

- Tort parce que depuis le 18ème siècle Beaumarchais a pointé ce fait : « En France, tout finit par des chansons » (1) même lorsqu’il s’agit d’agitation populaire. C’est ce que Chamfort exprimait lui aussi : « Le gouvernement de France est une monarchie absolue tempérée par des chansons. La chanson politique a toujours été un sport national. Souvent très bien tolérée, elle permet, par son effet cathartique de faire passer dans un sourire ce qui semblerait insupportable si l'on n'avait plus le droit de critiquer. »

On dira que la situation politique d’aujourd’hui n’a rien à voir avec ce qu’elle était à l’époque de Beaumarchais. Certes. Mais, même si la censure n’existe plus de nos jours, la chanson politique et revendicatrice reste un moyen de garder le sourire – elle aurait même comme l’avance Chamfort, un effet cathartique.

Autre chose : cette continuité de chansons entre le 18ème siècle et aujourd’hui souligne la parenté de nos manifestants avec les sans-culottes de la Révolution. C’est même un leitmotiv des manifestant depuis les Gilets-jaunes : la revendication de la souveraineté populaire, brocardée par Emmanuel Macron qui oppose la foule au peuple, est bien raccord avec les idées de 89.

Seuls les manifestants de 68 n’ont pas recherché cette filiation : il est vrai qu’on cherchait à l’époque à s’inscrire dans une trajectoire marxiste.

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(1) Voir la dernière réplique du Mariage de Figaro - et aussi :  « Or, Messieurs, la Co-omédie Que l'on juge en cet instant, Sauf erreur, nous en pein-eint la vie du bon peuple qui l'entend. Qu'on l'opprime, il peste, il crie ; Il s'agite en cent fa-açons ; Tout finit par des chansons... »

Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, V, 19 (1784) (C’est aussi une chanson à écouter ici)

vendredi 24 mars 2023

Allez-y les petits : cognez! – Chronique du 25 mars

Bonjour-bonjour

 

Votre enfant est scolarisé dans une classe de 5ème du collège Germaine-Tillon à Paris. Vous venez de découvrir des vidéos où on le voit menotter des camarades sous l’œil vigilant d’un policier. Un peu plus tard vous le découvrez tirant au Taser, et puis « palpant » un copain.

Là votre sang ne fait qu’un tour : vous allez faire entendre aux autorités compétentes votre indignation.

Mais à l’arrivée vous trouvez des responsables réjouis qui vous rassurent : il s’agit d’une journée coordonnée par la mairie du 12ème arrondissement de Paris et l’association "Raid Aventure" dont le but était simplement « d'améliorer les relations entre les jeunes et les forces de sécurité" et de "déconstruire les stéréotypes" » (cf. cet article)

Votre indignation n’a donc pas lieu d’être, puisque ce module s'adresse « à des citoyens en devenir qui prennent conscience de leurs droits, de leurs devoirs, de leurs responsabilités ».

Ça ne vous suffit pas? Ces exercices « concourent à la transmission des valeurs et principes de la République en abordant les grands champs de l’éducation à la citoyenneté. »

Vous revenez malgré tout à la charge :

- Mais enfin, quand même : des enfants menottés, d'autres qui courent, matraque à la main ? Et les palpations ?

- Il ne s’agit que d'un « atelier de découverte des gestes et techniques professionnels en intervention". Y compris en essayant les techniques de palpation, afin de comprendre pourquoi « on insiste dans certaines zones du corps »

Pour finir, on vous explique que cette journée a été organisée par des policiers bénévoles auprès des classes de cinquième de ce collège parisien, et qu’elle avait notamment pour objectifs « d'améliorer les relations entre les jeunes et les forces de sécurité » et de « déconstruire les stéréotypes »

 

Bref : vous n’êtes qu’un vieux boomer incapable de remettre en cause vos stéréotypes venus de 68. Les coups de poings ? Des gestes techniques appropriés à certaines situations. Des mains qui palpent entre les jambes ? Attention aux armes qui s’y seraient cachées. Des grenades ? Moyen de rompre un encerclement. 

Mais surtout, vous n’imaginez les forces de l’ordre que comme cela : 




jeudi 23 mars 2023

Message au roi d’Angleterre – Chronique du 24 mars

Altesse,

On dit que Votre seigneurerie se serait émue des troubles à l’ordre public qui risquent de porter atteinte à la sérénité de votre voyage d’État en France.

Que Votre Altesse se rassure : ces troubles ne porteront en aucune façon atteinte aux cérémonies prévues durant votre voyage car ils sont contenus par les services d’ordre français qui leur laissent juste la liberté de contester les mesures prises par le Gouvernement français -  mais aucun débordement ne serait toléré.

En témoigne cette photo prise dans un restaurant de Saint-Etienne le 20 mars, 

 


Les citoyens français dinent paisiblement sachant que le service d'ordre veille au bon déroulement de leur repas (voir ici)


Mais je suis certain que Votre Altesse ne s’est pas émue de ces troubles, car l’Angleterre sur la quelle, grâce en soit rendue à Dieu, Elle règne à présent, a bien connu en 1940 des situations encore plus dangereuses : et pourtant, durant le blitz, aucun anglais n’aurait manqué l'heure du "five o’clock tea" en raison des risques d’alertes aériennes. 

 

- Altesse, la France vous attend et le tapis rouge pour accueillir vos pieds, et les fauteuils dorés, pour recevoir votre …, et les repas pour satisfaire votre estomac seront dignes de l’honneur que Vous lui faites par votre présence.

Avec la révérence d’un citoyen français.

mercredi 22 mars 2023

Meta jette l’éponge sur le Métavers – Chronique du 23 mars

Bonjour-bonjour

 

Métavers, ce concept de monde virtuel accessible en réalité augmentée a cessé d’être la priorité de Facebook – pourtant rebaptisé « Meta » pour montrer que les univers virtuels étaient devenus sa priorité en termes de développement.

Or aucune application n’a constitué jusqu’à ce jour une avancée significative ; l’entreprise qui avait investi des milliards de dollars dans la construction du Métavers, n’est toujours pas pour l’instant à même de délivrer une expérience vraiment convaincante. L’événement Connect 2022 avait vu le lancement du casque de réalité virtuelle Quest Pro, un casque très cher dont on a du mal à comprendre la cible. (Lu ici)

On l’a deviné : le succès foudroyant de ChatGPT et de ses petits frères intégrés par ses concurrents (Microsoft et Google en particulier) conduit Marc Zuckerberg a revenir vers une autre priorité : intégrer les IA existantes à sa plateforme.

o-o-o

Quel importance pour nous ? Devons-nous nous réjouir de savoir que désormais notre usage de Facebook risque d’être soumis à des algorithmes encore plus sophistiqués en termes de manipulation dans l’utilisation de nos réseaux – et donc de nos données ?

- Sûrement pas. Mais ce qui est frappant c’est de voir à quel point le développement des plateformes internet dépend de l’usage immédiat qui en est fait par les clients. Il faut remarquer en effet que le succès de ChatGPT est en grande partie porté par des besoins de service immédiat (écrire une lettre, répondre à une question un peu confuse – faire un essai ou une dissertation), ou encore par l’envie de se divertir : par exemple tourner un poème pour la dulcinée le jour de la saint Valentin. 

Au lieu de ça, Méta vous propose d’acheter un casque de réalité virtuelle qui va vous coûter votre salaire du mois et dont vous n’êtes pas sûr de faire quelque chose.

Votre choix : GPT qui ne coute rien et peut vous permettre de briller en société.

Y pas photo 

mardi 21 mars 2023

La foule et le peuple– Chronique du 22 mars

Bonjour-bonjour

 

Emmanuel Macron a affirmé hier que "la foule" n'avait pas de "légitimité" face aux élus.

De ce fait, le chef de l'État n'avait l'intention ni de dissoudre l'Assemblée, ni de remanier le gouvernement, ni de convoquer un référendum sur la réforme reculant l'âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans. Avant d’ajouter : « La Première ministre est la seule, et notre majorité est la seule, à pouvoir porter aujourd'hui un projet de gouvernement ». (Lu ici)

 

Voilà, c’est dit : vous tous qui manifestez, retournez à vos dictionnaires et vérifiez si nécessaire : faute de mandat populaire, vous n’avez aucune légitimité pour exprimer la volonté populaire, la quelle est déjà engagée pour 5 ans par le scrutin de 2022. Vous pourrez toujours dire que c’est là l’expression de la morgue macronienne, vous n’y ferez rien : vous ne rentrez pas dans le pacte républicain scellé depuis 1958 dans la constitution de la 5ème république.


Depuis les gilets jaunes la rumeur se répandait : la légitimité citoyenne pouvait naitre dans la rue, en fonction du nombre de manifestants et de leur ferveur : « Nous sommes le peuple ! » criaient-ils. Et le Président de la République de leur répondre : « Vous n’êtes que la foule ! »

 

--> Un peu de sémantique pour calmer les passions : la foule, comme le peuple, requiert en effet le grand nombre. En démocratie le peuple s’exprime par un scrutin rassemblant plus de la moitié des citoyens – quant à la foule elle pourrait bien sans qu’on le sache exactement faire la même chose.

Mais la question n’est pas tant celle du nombre que celle de l’unité qui rassemble. Alors que la foule est unie par l’émotion (joie, colère, violence, adulation), le peuple est uni par la volonté. Et pas n’importe quelle volonté ; il s’agit de celle que Rousseau qualifiait de « générale » entendez qu’elle contient l’expression du bien public, ce bien voulu pour tous par chacun – et non seulement pour soi ou pour la communauté dont on exprime l’intérêt.

Alors, qu’est-ce qui empêche la foule de la rue de vouloir ce qui est bon pour tous ? Par exemple, de vouloir que tous partent en retraite à 62 ans, ou bien que tous touchent au moins 1200 euros de pension ? De quel droit limitons-nous l’unité qui cimente la foule à l’émotion, alors que la revendication de la justice peut très bien apparaitre aussi dans la rue ?

- Eh bien c’est là que commence le propos du Président : selon notre constitution, acceptée par référendum populaire il y a 65 ans, il y a un moment pour décider de qui peut porter cette volonté. Et ce moment est celui de l’élections des représentants du peuple. Car, oui : c’est bel et bien notre volonté que nous avons déléguée à nos représentants en 2022. Et pour changer de représentants, il faudra attendre 2027.

 

- Certains plus cohérents que d’autres, tel Jean-Luc Mélenchon, en concluent qu’il faut recourir à l’émeute qui rendra le pouvoir à la rue, avant qu’il ne soit de nouveau repris et enchâssé dans une nouvelle constitution. Mais quoiqu’il en soit, la volonté du peuple n’est jamais (sauf exception prévue par la loi) l’expression du peuple mais celle de ses représentants.

lundi 20 mars 2023

Prions mes frères – Chronique du 21 mars

Bonjour-bonjour

 

À Perpignan samedi dernier, une procession a eu lieu pour faire tomber la pluie, une procession à la fois religieuse et politique.

 


Procession à Perpignan, dans la rivière Têt.

 

« Cette procession, renouait avec des pratiques qui remontent au XIe siècle, appelant le saint patron de la ville, Saint Gauderique, ce paysan né en 820 ayant, paraît-il, réalisé des miracles en matière de précipitation. S'ensuit un pataquès pour tenter de savoir s’il s’agit d’une démarche religieuse ou politique, l’un des organisateurs de la procession étant également conseiller municipal RN de la ville. » (Lire ici)

 

Venue du fond des âges cette pratique désespérée surprend à une époque où nous avons depuis longtemps délaissé la pensée magique pour ne compter que sur les forces mises à notre disposition par la science. Pourtant on le voit bien, les hommes n’abandonnent jamais quand un de leur désir est frustré : ils persistent à croire qu’ils peuvent obtenir ce qu’ils espèrent, simplement du fait de la force de leur désir.

Il est facile de voir en effet cette persistance à l'oeuvre aujourd'hui encore dans les sociétés. Comme on l’a lu dans l’article cité plus haut, le fait politique est présent dans le rite religieux, comme s’il était possible d’obtenir une cohésion sociale et un regain d’influence par de telles pratiques. 

--> On attribue à Durkheim le mérite d’avoir analysé le rôle des rites religieux : « Le rite agit, mais il n’agit pas comme il dit ». Certes la procession de saint Gauderique ne fait pas tomber la pluie, mais elle permet « de se tenir chaud en attendant les jours meilleurs, en attendant les jours de pluie. » (art. cité) et ce n’est pas rien.

L’important n’est pas tant de réussir à faire venir la pluie, mais d’apporter une réponse à des foules en attente de satisfaction. On s’étonnera : comment peut-on obtenir une plus grande influence si on ne donne pas ce qu’on avait promis ?

C’est vrai mais un coup d’œil sur l’actualité politique le montrera aisément : il y a tant de besoins insatisfaits, tant de rêves en suspens, qu’il est facile de changer de promesse dès lors que l’on a échoué à donner le contentement annoncé.

L’emploi pour tous ; la semaine de de quatre jours ; le cancer vaincu ; le soleil en été ; la pluie au printemps ; la neige en hiver ; le retour du climat « d’avant »…. Echec sur toute la ligne de l'action politique, mais pain béni pour les populistes.

Mais au fond, il est inutile de s’en désoler. Durkheim l’a dit : il s’agit de faire société et pour cela de répondre au besoin de cohésion sociale. Or, cette cohésion a besoin, quant à elle, de rêve et d’illusions incarnées. Après, la lucidité de la science n’est plus qu’une option et pas forcément la meilleure. 

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N.B. Le sujet de philo du bac de spécialité était : Le savoir nuit-il à la sensibilité ?

On pouvait peut-être évoquer saint Gauderique ?

dimanche 19 mars 2023

Alchimie : le Crédit Suisse change l’or en plomb – Chronique du 20 mars

 Bonjour-bonjour

 

Ça y est ! La banque suisse UBS, vient de sauver le monde en rachetant sa concurrente Crédit suisse pour 3 milliards d’euros, soit le tiers de sa valeur estimée vendredi dernier, soit il y a trois jours. (Lu ici)

 

Le béotien que je suis reste toujours estomaqué par de telles nouvelles. Non pas que le rachat d’une banque par une autre soit stupéfiant : tout s’achète et tout se vend, même les banques. C’est un phénomène beaucoup plus général qui me stupéfie : la disparition de l’argent, qui correspond ici, si je compte bien, à 6 milliards d’euros en trois jours. Comment cela est-il possible ? Pour moi, l’argent c’est bien sûr quelques chose de symbolique, mais tout de même de matériel en même temps : si je mets des sous dans ma tirelire, je m’attends à les retrouver quand je l’ouvrirai, ou bien je crierai au voleur ! Et si mes pièces se sont transformées en boutons de culotte, je chercherai un exorciste pour m’expliquer l’affaire.

 

Le philosophe, empêtré dans ses catégories d’être et de néant ne peut venir à bout d’expliquer la chose. Reste le poète qui va nous dire que l’argent, comme l’oiseau du grand large, ne peut exister qu’on volant à travers les airs, et en ne se posant jamais. L’argent déposé dans une banque est en réalité une promesse d’aventure au terme de laquelle il prendra une nouvelle valeur. Cette perte du Crédit suisse n’est donc que l’effet de cette alchimie financière, qui transmute l’or en plomb – et réciproquement.  

Ce qui rend la finance si étonnante pour les esprits un peu naïfs, c’est qu’une telle entreprise qui soutient – ou pas – le monde entier n’est fait que de cette aventure généralisée, ce mouvement toujours incertain, cet avenir brouillé issu d’un présent bancal. Si les banquiers sont rigoureux quand vous leur demandez de financer votre achat immobilier, c’est simplement qu’ils veulent quantifier l’incertitude de votre avenir. Avez-vous un emploi stable ? Payez 5%. Vous êtes en CDD ? Sortez de ma banque ! Vous avez 3 milliards d’euros ? La banque est à vous.

… Mais pour combien de temps ?

samedi 18 mars 2023

Sharon Stone : « je ne suis pas une personne définie par mes seins » – Chronique du 19 mars

Bonjour-bonjour

 

Les stars hollywoodiennes sont aussi des êtres humains qui ont des problèmes de santé comme n’importe qui. Ainsi de Sharon Stone à qui les médecin avaient par erreur diagnostiqué un cancer du sein avant de lui retirer des tumeurs bien réelles, mais bénignes.

- On est content pour elle, mais ce n’est pas de cela que je voudrais vous entretenir ce matin.

Au cours d’une récente interview elle est revenue sur cet épisode, rapportant que, lorsqu’on lui a proposé l’opération qui pouvait aboutir en cas de cancer à une mastectomie, elle a déclaré : « Si vous m’opérez et que c’est un cancer, s’il vous plaît, prenez mes seins, car je ne suis pas une personne définie par mes seins »

 

- Oui, Sharon Stone a mille fois raison de penser que ses seins ne sont pas des attributs essentiels de sa personne et que, si d’aventure elle en était privée, elle resterait elle-même exactement comme un homme qui devient chauve ne change pas de nature.

Toutefois, il convient de se demander à qui cette observation s’adresse. Car les admirateurs de Sharon Stone, qui ne l’ont jamais vue ailleurs qu’au cinéma, l’ont peut-être identifiée à sa poitrine qu’elle a d’ailleurs su mettre en valeur, au point d’être dégouttés de savoir que ces avantageux relief n’étaient rien d’autre que des rembourrages plastiques. Pour eux Sharon Stone est bel et bien définie pas ses seins, au point que ceux-ci disparus, disparait également la femme.

Et puis, si ses seins avaient été petits et moches, du genre « gant de toilette mouillé », aurait-elle eu le même succès ? En applaudissant la vedette n’allions-nous pas applaudir son buste de rêve ?

Mais, avouons-le : en dessous de ces paillettes, qu’est-ce donc qu’une star? Un être éventuellement fragile, en tout cas insensible aux cris amours qui montent vers elle.

 

Le philosophe voudra utiliser cette anecdote pour retourner la question : qu’est-ce donc qui nous définit ? Quel est l’attribut – physique ou psychique – dont nous ne saurions être privés sans perdre du même coup notre nature ? Freud raconte qu’en voyage en Bosnie Herzégovine il a rencontré un homme qui, lui parlant de ses difficulté érectiles lui a déclaré : « Sans cela la vie ne mérite plus d’être vécue »

Et pour vous ?

vendredi 17 mars 2023

Souveraineté : pour y voir plus clair - Chronique du 18 mars

Bonjour-bonjour

 

Les contre-vérités pleuvent comme si nous étions en période de mousson. Ainsi de la souveraineté populaire, parfois opposée à elle-même à travers ses représentants élus sans qu’on sache exactement de quoi on parle.
- Écoutons Mathilde Panot qui, faisant allusion aux sondages d’opinions donnant des scores proches de 90% aux opposants à la réforme des retraites, déclare que la légitimité n'est plus à l’Assemblée nationale mais à la rue qui est soutenue par « la quasi-totalité du peuple », 

 

On reconnait cet argument déjà soutenu par les Gilets-jaunes, mais aussi par beaucoup d’autres réformateurs du passé. L’idée est que le pouvoir souverain ne pouvant se diviser, est en permanence entre les mains du peuple qui peut s’en dessaisir au profit de représentants dûment élus, mais qui peut aussi le ressaisir à tout moment (1). C’est ainsi que les élections exprimant la volonté populaire figée pour une durée fixe sont opposées aux sondages d’opinion qui en tiennent lieu dans la permanence. C’est de cette façon que les élus et les principaux responsables pourraient également être révoqués sur simple consultation du peuple, ou du moins d’une fraction représentative des citoyens. 

 

- Si je fulmine contre ces thèses, c’est qu’elles ne posent jamais ces deux questions fondamentales :

            * Peut-on comparer le sondage d’opinion au scrutin ? Ce dernier supposant un engagement qu’on ne peut révoquer sans mesures exprès, définies par la constitution, s’oppose à l’opinion publique évaluée selon des algorithmes opaques, et surtout émis dans l’instant et pour l’instant. Ajoutons que l’opinion est versatile - du moins celle dont se saisit le sondage (c’est du moins le point de vue des sondeurs eux-mêmes)

            * Peut-on gouverner un pays sans accorder aux gouvernants une légitimité dont la durée est pré-définie par la constitution ? L’idée qui s'impose est alors que le peuple souverain doit accepter de se dessaisir légalement de ses prérogatives - du moins s’il veut bénéficier d'un minimum d’efficacité exécutive.

- Entendons-nous : dans le système actuel le peuple n’est souverain qu’une fois tous les cinq ans, lors des scrutins présidentiel et législatif. Le reste du temps il est constitué de citoyens passifs.


La démocratie directe est un système qui veut réagir dans l’instant, peut donc être accepté de façon théorique. Mais les reproches qu’on lui fait d’impuissance car soumise aux soubresauts des émotions populaires ; et d’incompétence faute d’être guidée par les plus expérimentés (condamnés comme élites) – restent sans réponse.

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(1) Ce passage est inspiré du livre de Jean Bodin (1576) partiellement consultable ici.

jeudi 16 mars 2023

C’est la crise ! – Chronique du 17 mars

Bonjour-bonjour

 

On ne parle que de ça : la crise politique, parfois désignée comme « crise de la démocratie » en raison de l’usage du « 49.3 », a envahi l’espace politique français et se trouve ce matin à la une des médias étrangers.

Alors, admettons que ce fameux article 49.3 bien qu’inscrit dans la constitution puisse paraitre contradictoire avec les principes de la démocratie puisqu’il permet de faire passer une loi qui serait retoquée si on la soumettait au suffrage des élus de la nation. C’est d’ailleurs cet aspect qui a été mis en avant par le gouvernement : « On ne pouvait pas jouer l'avenir d'une réforme essentielle en spéculant sur d'éventuels changements de position de députés d'opposition » a déclaré Elisabeth Borne (ici)

- On met en avant le fait que l’opposition en déposant une motion de censure et en trouvant une majorité pour la voter conserve le pouvoir de s’opposer au projet de loi en faisant tomber le gouvernement qui le porte. On admettra toutefois qu’on peut tout de même souhaiter ne pas créer une telle crise tout en refusant le projet de loi en question.

o-o-o

La crise, en effet. – Depuis hier la situation est devenue imprévisible, preuve que la crise politique est bel et bien là. C’est en effet le propre d’une crise que de marquer une rupture dans un processus normalement réglé, de sorte que, non seulement la situation n’est plus la même lorsqu’elle s'est produite, mais aussi qu’on ne sache pas vraiment de quoi demain sera fait.

« Crise de nerf, crise de foie, crise cardiaque, etc. » : venu de la médecine, ce terme évoque la brusque « décompensation » d’une pathologie jusque-là silencieuse : raison pour laquelle on préfère la devancer par des soins préventifs. Là est la carence du pouvoir politique en place : il n’a pas su, ou pas voulu, pratiquer les mesures préventives susceptibles d’empêcher la crise en question (certains évoquent la notion d’âge limite dont on sait que la CFDT ne voulait pas).

 

Qui sait si faute de soins préventifs le pouvoir, actuellement en réanimation, devra être admis en soins palliatifs ?




mercredi 15 mars 2023

Merci les éboueurs ! – Chronique du 16 mars

 


 

Bonjour-bonjour

 

Qu’est-ce qu’on dit aux éboueurs ? On leur dit un grand merci ! Non pas de façon ironique comme on pourrait le croire, mais tout à fait sérieusement. Car la grève des éboueurs nous met face à notre production de déchets : ces sacs poubelles qui s’amoncellent dans les rues, matérialisent en effet le volume de cette production, accumulé depuis 10 jours. On nous dit qu’il faut réduire ce volume parce que chaque année en France, un habitant produit 354 kg d'ordures ménagères (Lire ici) – mais on n’en a rien à faire, parce que c’est terriblement abstrait. Or là ça se voit… et ça se sent.


La formule du philosophe : Le déchet est l’impensé du monde moderne

Et voici comment : 

            - En temps normal, qui donc se soucie de ce que deviennent ses aliments une fois avalés et digérés ? Et ses bouteilles d’eau ? Et ses vieilles chaussettes ? Et ses ordinateurs usagés, ses voitures mises à la casse ? Personne. Mais là, on ne peut détourner la tête, notre consommation est aussi production de déchets. 

            - Toutefois, l’illusion peut continuer quand même : je veux parler de l’illusion de la destruction du contenu des poubelles. Car nous savons que tous ces sacs, une fois collectés, sont conduits vers le « Grand Incinérateur » d’où ils partiront en fumée. De nos déchets ne reste que de la fumée… autrement dit pour le moins du CO2, déchet ultime et principal sous lequel étouffe la Nature. 

            - Bien sûr, il y a le recyclage, et chaque année on marque des progrès dans ce domaine : les déchets peuvent devenir matière première pour de nouvelles productions : la vieille bouteille plastique devient pullover, qui une fois usagé deviendra fibre pour faire des revêtements de routes, etc.

Mais qui ne voit que chaque nouvel emploi suscite de nouveaux déchets ? N’avons-nous pas dit que la fumée des incinérateurs envoie dans l’atmosphère ce déchet ultime qu’est le CO2 ?

mardi 14 mars 2023

Pénurie d’eau – Chronique du 15 mars

Bonjour-bonjour

 

Le débat sur le développement des centrales nucléaires en France a rallumé bien des inquiétudes – et pas seulement quant au risque de contamination. Ainsi de la consommation d’eau des centrales accusée d’assécher les fleuves pour refroidir les réacteurs, pendant que les tenants des centrales affirment que l’eau pompée dans les fleuves y retourne après avoir été refroidie – au prix il est vrai d’une certaine évaporation (nuage blanc sur les tour de refroidissement).

 


Tout cela est vrai, sauf que, « du point de vue des ressources naturelles en eau, ces évaporations représentent beaucoup. » (lu ici) : et c’est vrai, l’eau évaporée va bien sûr rejoindre la terre d’une manière ou d’une autre, mais pas nécessairement là où elle a  été pompée, c’est-à-dire pas dans le fleuve.


- « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » disait Lavoisier à la fin du 18ème siècle : c’est l’occasion de revenir sur les craintes de pénurie qui affligent les hommes de ce début de siècle : alors que le pétrole ou le charbon consommés disparaissent à tout jamais sous cette forme, par contre l’eau employée par l’agriculture ou l’industrie reste néanmoins identique à ce qu’elle était avant usage. Les angoisses cultivées par les mouvements écologistes et les précautions préconisées (« Mais fermez donc le robinet quand vous vous lavez les dents ! ») ignorent superbement l’existence du cycle de l’eau : pourtant pas une molécule ne disparaitra de la surface du globe du fait de son utilisation.

Alors ? Nous devrons conclure que ce qui nous importe, ce n’est pas tant ce qui se passe à l’échelle de la planète, mais ce qui arrive à notre porte. Que de l’eau soit plus abondante chez nos voisins, on s’en moque ; par contre qu’elle le soit moins chez nous, ça par contre c’est important.

D’ailleurs on ne s’intéresse pas vraiment à la fonte des glaces au pôle nord. En revanche qu’on n’ait plus de neige à Noël, ça – ça ne passe pas !

lundi 13 mars 2023

Au feu les pompiers ! – Chronique du 14 mars

Bonjour-bonjour

 

Ça y est : les Bourses mondiales plongent et de partout les responsables financiers y vont de leurs propos rassurants : « Restons calmes ! les banques françaises (ou : européennes) ne sont pas exposées au risque de la faillite de la Silicon Valley Bank. Elles sont structurellement différentes. Et puis la BCE veille ! »

Les médias se font un malin plaisir de superposer ces propos à ceux entendus en 2008, juste au début de la crise des subprimes, quand la faillite le Lehman Brother s’est produite. 

Vérifions un peu :

            * D’abord, la banque fédérale américaine injecte des liquidités à tour de bras pour que le système bancaire ne vienne pas à être en défaut de paiement. 

Bien. Reste à être sûr que si ce malheur se produisait (comme en 2008, lorsque les banques refusaient de se prêter au jour le jour) la réserve fédérale aurait de quoi financer les besoins. Quoique… Si tous les déposants venaient à retirer leur argent des banques (comme ils l’ont fait avec la Silicone Valley Bank) rappelons-nous que la dette mondiale est de 330000 milliards de dollars. Autant vider un océan avec un dé à coudre.

            * On nous dit également que cette crise n’est pas systémique. Je l’accorde ; mais ne risque-t-elle pas de le devenir ? Devons-nous rappeler que la crise est une donnée constitutive du capitalisme, avec ses cycles de surproduction ? Et que la finance n’est pas non plus à l’abri des retournements de tendances ?

            * Enfin que nous, déposants et petits épargnants sommes à l’abri : même en cas de faillite nous sommes assurés de récupérer nos dépôts jusqu’à 100000 euros.  Je demande à voir… Même l’Écureuil risque d’y laisser ses *** … Voyez plutôt :

 


Photo publiée sur la page Facebook de la Caisse d’épargne Auvergne-Limousin