samedi 31 juillet 2021

Petit traité de servitude volontaire – Chronique du 1er août

Bonjour-bonjour


On a repris la routine du temps des Gilets : chaque samedi, manif, vociférations, dénonciations indignées des mesures gouvernementales. Autrefois on affamait le pauvre peuple ; aujourd’hui on piétine la liberté des citoyens – Notez : pas seulement celle des hommes, mais aussi celle des citoyens, celle qui fonde le pacte social. En imposant le pass sanitaire (et éventuellement la vaccination) on détruit la démocratie pour instaurer la dictature. Et tous ceux qui l’acceptent se soumettent à cette dictature en abandonnant la liberté dont la nature les a dotés. 

Occasion de revenir sur cette question : devons-nous pour être libres rejeter les obligations sanitaires ?

- Commençons par évacuer un point important : faut-il soumettre notre réponse à la question de l’efficacité des mesures qu’on nous impose ? Comment être contre cette obligation si elle est effectivement la seule issue pour sauver la population de la maladie ? On a du coup l’impression que sans le dire chaque opposant à ces mesures présuppose que le vaccin n’est pas si efficace, et que les chiffres qu’on nous produits sont des fake-news. La liberté du citoyen serait donc outragée par des manipulations honteuses : tout manifestant opposé au pass serait donc un complotiste ?

- Mais la question est beaucoup plus radicale : quand bien même ces chiffres seraient exacts, ne devrait-on pas dire que seule l’adhésion personnelle à ces contraintes pourrait sauver la liberté. Oui, je me soumets – mais seulement si je le veux - et non si on me l'impose.

Mais alors, ma volonté qui fonde ma liberté est-elle elle-même libre ? Puis-je vouloir n'importe quoi ? En tant qu’homme, je peux vouloir n’importe quoi, Descartes a fait de cette caractéristique le fondement de la liberté humaine (1). Soit – Mais en tant que citoyen, puis-je vouloir sans limites n’importe quoi – y compris de mettre en danger la vie d’autrui en colportant la maladie ? Si ma liberté est le moyen voulu par la nature pour me permettre de vivre en sécurité, j’admets que vivre en société soit une condition pour y parvenir plus facilement. Mais du coup j'admets aussi que les lois de la société fondée sur ce principe puissent se substituer à ma volonté : en obéissant, j'accomplis l'objectif de ma liberté qui est d'assurer ma sécurité. Et dès lors la volonté générale (nom donné par Rousseau à cette union sociale issue du pacte unissant tous les citoyens) doit conformément à un choix originel pouvoir m’imposer l’obéissance : « Quiconque refusera d’obéir à la volonté générale y sera contraint par tout le corps, ce qui ne signifie autre chose sinon qu’on le forcera d’être libre » (Rousseau – Du contrat social livre 1, chapitre 7 (c’est dans le dernier paragraphe). 

Oui, vous avez bien lu : la loi forcera /le citoyen/ à être libre. Stop ! Avec un tel principe on risque de bénir n’importe quelle saloperie, dictateur, Fürher, Caudillo, Grand Timonier, Petit père du peuple, Lider Maximo etc.. Je veux bien admettre avec Rousseau qu’il doive y avoir dans la liberté une place pour cette forme tronquée de liberté qui ne consent qu’à ce qui est bon pour tous – donc pour moi aussi. Mais je dois au moins pouvoir l’examiner et non me le voir imposé par des ministres arrogants. Admettons qu’il ne soit pas du ressort du pouvoir politique de décréter que le vaccin soit bon – mais de l’autorité scientifique ; en résulte-t-il que le pass le soit aussi, avec ses restrictions et ses sanctions ?

Voilà donc la question tranchée: si on n'a pas le droit d'imposer le pass c'est parce qu'il n'en a pas besoin – sous condition qu'il soit raccord à la fois avec l'instinct de survie individuel et avec le pacte social.

La contrainte serait donc inutile et même contre productive, la  « pédagogie » devant suffire. Pour ceux qui décidément ne comprennent pas, les services de santé du Québec proposent aux gens qui acceptent de se faire vacciner, de recevoir par tirage au sort une forte somme d’argent. 

 

Et vous : vous feriez-vous vacciner pour 150000$ ? 

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(1) La liberté d’indifférence est selon Descartes fondamentale mais elle est en même temps le plus bas degré de l’action libre. Cf. ici

vendredi 30 juillet 2021

Le Grand Effondrement – Chronique du 31 juillet

Bonjour-bonjour

 

Rentré de vacances tout-beau tout-bronzé, je me préparais à reprendre ce bavardage quotidien avec la légèreté et l’insouciance voulue par cette période estivale.

Las ! Ouvrant les informations matinales, je lis ici que « le variant Delta du coronavirus aura eu, en quelques semaines, raison de l’insouciance estivale, y compris dans des pays comme les Etats-Unis ou Israël qui s’imaginaient sortis d’affaire et renouent, en plein cœur de l’été, avec les mesures restrictives. » Bigre ! On ne nous avait pas dit que le virus resterait dominant à ce point ! Il est vrai que l’écrasante majorité (85%) des victimes du covid sont non-vaccinés. Raison pour laquelle le gouvernement impose des restrictions de liberté aux non-vaccinés, et du coup les antivax et les anti-pass sanitaires sont sur le point de déclencher une guerre civile contre les gentils citoyens dûment vaccinés et protégés-protégeants. 

 

- J’allais disserter avec vous de la liberté de nuire à la collectivité au nom des principes issus de la Révolution de 1789 quand je me ramasse en pleine tête le rapport du GIEC concernant l’état de la planète suite au réchauffement climatique. Et là j’apprends que l’effondrement est inévitable. Effondrement ? Quésaco ? Lisons : « l'effondrement pourrait se manifester de plusieurs façons : crise financière majeure, destruction de la nature, survenue d'une pandémie encore plus grave que celle de la Covid-19... ou alors une combinaison de tous ces facteurs. »

Avec ça, vous imaginez que l’insouciance se fait la malle et vite fait. Mais le GIEC est quand même sympa : sachant que tout cela est inévitable, il va nous indiquer où nous réfugier quand ça va arriver : « des travaux parus dans le journal Sustainability désignent la Nouvelle-Zélande, l'Islande, le Royaume-Uni, la Tasmanie et l'Irlande comme les endroits du monde les plus adaptés pour survivre à un effondrement mondial de la société. » Chic ! Vite je change mon billet d’avion direction la Réunion pour l’Islande. Mais au fait, pourquoi ces pays et pas d’autres ? « La Nouvelle-Zélande détiendrait le plus grand potentiel pour survivre, grâce à son énergie géothermique et hydroélectrique, ses terres agricoles abondantes et sa faible densité de population humaine. » Idem pour l'Irlande, l'Islande et la Tasmanie. 

Je note – mais au fait : et le Royaumre-Uni, pays densément peuplé et qui ne produit que 50% de son alimentation, pourquoi figure-t-il dans ce classement ? Là le rapport fait silence et du coup je me dis que chez nous aussi il y a des zones susceptibles de servir de refuge lors du Grand Effondrement : ce sont les zones repérables à ce qu’elles apparaissent blanches sur la carte de couverture en réseau 4G et internet.



mercredi 14 juillet 2021

mardi 13 juillet 2021

Qu’est-ce que je montre quand je fais crac-crac ? – Chronique du 14 juillet

Bonjour–bonjour

 

Je sais bien : nous sommes le 14 juillet et je devrais chroniquer la fête nationale – bien qu’elle se réduise aujourd’hui à glorifier la lutte pour la vaccination, ou plutôt : anti-antivax. Déprimant… Compliqué… Fatiguant…

 

Et puis, durant ma lecture paresseuse de l’actualité, je tombe sur cette déclaration faite à Cannes par Virginie Efira : "Très peu de réalisateurs savent filmer les scènes de sexe". Elle répond à un journaliste qui l’interroge sur une scène du film de Paul Verhoeven où elle interprète une nonne lesbienne, et elle ajoute : « les scènes de sexe n’ont pas d’intérêt quand il s’agir de coït illustratif ». Et là je sursaute : je n’y avais jamais songé, mais maintenant qu’on en parle, ça me parait évident : dans le coït doit bien se montrer parfois autre chose que le coït lui-même. Oui : ce que Virginie Efira nomme « le coït non-illustratif » montre bien quelque chose, mais c’est autre chose que la copulation pure et simple.

--> « Qu’est-ce que je montre quand je fais crac-crac ? ». La question est irritante, parce que jamais nous ne pouvons nous voir dans cette situation – et à supposer qu’on dispose d’une sex tape, l’essentiel n’y parait probablement pas, étant le vécu intime qui ne transparait probablement pas à l’extérieur.  Si on veut filmer ça, il faut fabriquer ces images de façon non pas à montrer comment les choses se passent réellement, mais telles qu’on devrait les voir si elles se révélaient dans leur vérité intime. J’en veux pour preuve les scènes charnelles du film de Leos Carax (vu hier, le hasard fait bien les choses) révélant de façon lyrique l’envol orgasmique, grâce à des postures incompatibles avec les colonnes vertébrales communes. (Il faudrait demander à Marion Cotillard ce qu’elle en pense.)

Le coït non-illustratif doit donc révéler autre chose, que Louis-Ferdinand Céline nous a révélé lorsqu’il écrivit : « L’amour c’est l’infini à la portée des caniches ». Durant le coït se révèle l’extase de la rencontre de l’éternel et l’infini, ou au contraire mon désespoir de ne pas y parvenir.

 

On dira que c’est un peu tordu de philosopher en matant des scènes de c*** au ciné. Mais que voulez-vous : comme disait Socrate, quand la philosophie vous tient elle ne vous lâche pas. D’ailleurs je le soupçonne d’avoir continué à dialoguer avec Alcibiade durant leurs parties de pattes en l’air.

lundi 12 juillet 2021

À Cannes : paillettes et porte-jarretelles sur tapi rouge – Chronique du 13 juillet 2021

 Bonjour-bonjour

 

Je lis ce matin le reportage de « New People » sur le tapi rouge du Festival de Cannes et je vois cette photo :

 

 


Léna Situations et Mélanie Thierry

 

Photo assortie de ce commentaire : « Mélanie Thierry a quant à elle brillé de mille feux grâce à une robe argentée, en forme de bustier qui a mis en avant le décolleté de l'actrice.

La youtubeuse Léna Situations (influenceuse) s'était mise sur son 31 ! Grâce à une robe solaire, très échancrée au niveau des jambes, la jeune femme a dévoilé sa magnifique silhouette. Grâce à son épaule dénudée, elle était hyper sexy ! »

Si je reproduis ce commentaire, ce n’est pas pour ricaner de sa platitude – après tout dire que l’une a un beau décolleté et l’autre une belle jambe, ce qu’on a déjà vu à moins d’être aveugle, ça permet aussi de développer le plaisir de voir nommées ces parties du corps féminin qui nous ravissent rien qu’à les regarder. 

Il s’agit plutôt pour moi d’interpeller les femmes, du moins celles d’entre elles qui s’enflamment de fureur dès qu’une image insiste trop complaisamment sur le corps féminin, semblant le livrer en pâture au désir des hommes : « Alors, parce que c’est le Festival de Cannes vous voilà sans réaction devant la marchandisation du corps des femmes, comme si la moindre des générosité était de montrer des échancrures abyssales, des décolletés sur le point de libérer leur précieux fardeau, des transparences qui ne semblent là que pour mieux montrer. Comment pouvez-vous fermer les yeux sur cet honteux étalage ? »

Faudrait-il donc admettre que ces exhibitions ne seraient évaluées que selon leur contexte ? Qu’il y a une « culture » cannoise qui permet aux femmes de stimuler la libido masculine sans se sentir humiliées ? Car alors ce n’est pas d’exhibition qu’il faudrait parler, comme nous l’avons dit imprudemment : il s’agirait plutôt d’une mise en scène où tout doit être pris ensemble : le tapis rouge, les robes soyeuses, les brillants qui scintillent dans les décolletés, et… les photographes ! Sans parler des couleurs, et des postures rappelant les magazines de luxe. 

--> Le luxe : c’est cela qui importe. La femme n’est considérée ici que comme un élément constitutif du luxe, avec sa silhouette qui jaillit de l’écrin de son fourreau : toute nue on aurait refusé de la montrer. Le corps des femmes n’est pas admis dans ce décor :  on se rappelle l’exhibition de Corine Masiero aux Césars : imaginez un peu ça sur le tapis rouge cannois ?!

 

L’érotisation du corps féminin ne fait pas scandale à Cannes parce qu’elle n’existe pas pour elle-même mais pour signaler le luxe dont elle constitue un élément ; avec la robe du soir, ajoutez la flute de champagne – et pour les messieurs, smoking, nœud papillon et Rolex au poignet. Reste qu’en devenant un pur objet, un artefact comme disent les savants, la femme renonce à son être véritable pour ne plus servir que de support à des rêves qu’on pourra en effet mettre sur le marché. 

Il semble que pour les féministes, être une icône de la grâce féminine, c’est mieux que de devenir un morceau de barbaque dans un film porno…

Dont acte.

dimanche 11 juillet 2021

Au voleur ! Poutine a chouré notre champagne ! – Chronique du 12 juillet

Bonjour-bonjour

 

Vous avez lu comme moi cette information largement répandue dans la presse ces jours-ci : « En Russie une nouvelle loi interdit l'appellation Champagne en russe sur l'étiquette des champagnes français, et la réserve aux vins russes » 

 

Alors, là, c’est le pompon ! Les russes réservent l’appellation « Champagne » à leurs vins mousseux et interdisent aux français de vendre en Russie leur vin avec cette appellation. Désormais la mention « Champagne français » (un pléonasme pourtant) est interdite, seule l’inscription « vin pétillant » sera autorisée !

Colère et indignation : comment répondre à cette infamie ? 

Voyez cette image : 

  


Vous la reconnaissez ? Ici Les Tontons flingueurs dégustent « une petite drôlerie » dans laquelle il y a aussi de la pomme. Et si c’était en fait de la vodka ? 

Oui, imaginez que nous, français, nous produisions un alcool de grain (mais pas que) ; si on décidait de le vendre sous la marque « Vodka ». De fait c’est déjà le cas ; mais supposons aussi qu’on interdise à tout autre alcool, Russe en particulier, de porter ce nom, en représailles à ce que Poutine a fait à notre Champagne ? Parce que, soit dit en passant : même Trump n’a pas osé faire ça ; il a surtaxé nos Bordeaux mais il n’a pas eu l’audace de réserver cette appellation aux vins californiens.

Mais après tout, ça ne fait pas de différence, parce que la guerre économique c’est ça : une agression commerciale qui appelle en riposte une contre-agression, tout aussi illégitime d’ailleurs – mais qu’importe ? L’essentiel est de riposter.

A Épernay le gouvernement est venu faire de la câlinothérapie : deux ministres ont été vus les celliers promettant, outre des pressions diplomatiques, la saisie des organismes internationaux de régulation du commerce (1). Mais je reste convaincu que seule l’interdiction de la vodka russe pourra les arrêter.

Parce que, comme disent nos Tontons, les cons ça ose tout…

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(1) On a vu Julien Denormandie et Franck Riester à Épernay (cf. ici)

 

samedi 10 juillet 2021

Ouvrez le robinet ! – Chronique du 11 juillet

Bonjour-bonjour

 

Marion, une lycéenne tourquennoise déscolarisée depuis octobre 2020 pour raisons médicales, vient d’obtenir son baccalauréat, sans avoir pu participer à une seule évaluation depuis neuf mois. N’ayant pu se rendre au lycée depuis l’automne 2020, elle n’a subi aucune des évaluations nécessaires pour le contrôle continu. Alors ? 

Selon la Voix du nord (lire ici), le cas de Marion est un cumul d'exceptions. C’est ce qu’explique le proviseur du lycée :« le cumul de points au contrôle continu nécessaire à l’obtention du baccalauréat était déjà positif au moment de sa déscolarisation ». En clair, dès octobre dernier, et sans le savoir, Marion avait déjà validé son bac.

o-o-o

Quand j’écrivais il y a peu qu’en polémiquant sur les modalités du bac on perdait son temps parce qu’il était déjà devenu un diplôme obtenu en contrôle continu, j’étais en dessous de la vérité : en réalité on passe le bac sans le savoir, on est reçu sans y penser. Même en excluant ces cas exceptionnels que constituent sans doute les élèves « brillantissimes » comme Marion, on peut admettre que les exceptions se cumulant personne ne devrait, sauf à en manifester le désir, être collé. 

Tout ça me rappelle l’octroi des diplômes en 1968 – non pas ceux du bac mais ceux qui furent décernés par la faculté. A l’époque j’étais étudiant de philosophie à la Sorbonne. Les professeurs du département d’histoire de la philo avaient décidé de réunir tous les étudiants d’histoire de la philosophie gréco-latine (une cinquantaine de personnes dont je faisais partie) dans une salle et de faire l’appel pour décider si les conditions pour l’octroi de l’examen (notes, participation et présence au cours, etc.) étaient réunies. Inutile de préciser que seuls les absents ont été recalés ; quand bien même certains plus scrupuleux que d’autres protestaient en s’entendant déclarés reçus : « Mais j’ai manqué des cours ! » – rien n’y faisait : reçus quand même.

- Mai 68 ; et puis le confinement pour la covid : situations exceptionnelles ? Sans doute, mais le phénomène d’octroi automatique des diplômes ne l’est pas tant que ça. Par exemple : dans le parcours des études supérieures de philosophie, il arrive que les effectifs de première année soient si maigre, qu’on ne puisse éliminer les étudiants incompétents, car cela reviendrait à fermer le cursus dès l’année suivante pour effectifs insuffisants. A l’opposé, quand on a affaire à des effectifs pléthoriques (comme en terminale de lycée) bloquer trop de candidats appelés du coup à redoubler aurait complètement asphyxié le système.

Tous ces examens, et le bac en premier, ressemblent à ça :

 



Ce qui compte dans tout cela c’est le flux des élèves : tant d’élèves entrent en seconde, tant d’élèves doivent sortir à l’autre bout – en terminale. Ce qui se passe entre les deux est ma foi … secondaire !

vendredi 9 juillet 2021

L’homme : un être vertébro-machiné – Chronique du 10 juillet

 

Hubble n'est pas au top de sa forme – Suite à la défaillance de l’informatique embarquée, le célèbre instrument a dû basculer en “safe mode”, une sorte de coma artificiel prévu pour préserver le système

Le coupable envisagé, un module mémoire défaillant, restait sourd à toutes les sollicitations des ingénieurs.

Hubble pourrait souffrir de dégâts significatifs, au point de mettre le télescope KO. Et vu son âge canonique, ce scénario signerait probablement à la fin d’une aventure de plus de trente ans.

Nous saurons alors si Hubble pourra nous apporter quelques belles observations avant une retraite bien méritée…(Lire ici)

 

Bonjour-bonjour

 

Nous voilà informés : le télescope spatial est malade. Gravement malade puisqu’on l’annonce dans le coma. Sa mémoire serait défaillante – en tout cas elle est rebelle à toute sollicitation. Il est vrai que l’âge canonique de l’appareil nous avait mis en garde : une telle machine serait alors incapable d’observer le ciel et de sonder ses mystères… 

Je viens d’écrire « une telle machine » : mais il ne s’agit pas d’une machine ! Il s’agit d’un être vivant puisque doué de mémoire, de conscience, susceptible de vieillir au point de ne plus pouvoir observer le ciel. D’ailleurs, pourquoi nous en étonner ? Nous savons depuis longtemps que nos machines électroniques possèdent une intelligence artificielle, que leurs derniers avatars disposent de systèmes de neurones et qu’elles peuvent être affectées par des virus. Si Hubble est plongé dans le coma, c’est bien qu’il a une conscience et une intelligence.

 

Bref : nos machines c’est nous. Les transhumanistes nous l’avaient bien annoncé en décrétant qu’il n’y avait plus de frontière entre l’homme et la machine, allant bien au-delà de Descartes pour qui l’homme est certes une machine mais qu’il est en plus doué de conscience, ce qui change tout. On n’en est plus aujourd’hui à nous interroger pour savoir si les animaux peuvent être doué de sensibilité, de sociabilité, et de conscience ; mais bien si nos machines ne possèderaient pas tout cela s’instituant en doubles de l’être humain, à la fois identiques et supérieures à lui, puisque débarrassées des limites qui affectent son corps. Si l’homme peut se dépasser lui-même en s’adjoignant des prothèses mécaniques, c’est bien qu’il ne faut pas imaginer que la nature de l’homme diffère de celle de la machine.

Il y a bien des décennies le philosophe Jean Brun expliquant que la technique avait toujours fait partie du développement de l’espèce humaine écrivait « L’homme est un être vertébro-machiné » – il ne croyait pas si bien dire. (1)

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(1) Si Jean Brun dénonçait cette évolution, anticipant les critiques auxquelles sont soumises les transhumanistes, il n’en était pas moins un analyste pénétrant « des racines existentielles du transhumanisme contemporain » (lire ici)

jeudi 8 juillet 2021

"Dis-moi ce qui te fait trembler, je te dirai qui tu es" – Chronique du 9 juillet

Bonjour-bonjour

 

Bonne nouvelle ! Vous avez moins de risque de mourir de la covid que de périr de famine.

« Selon l’enquête d’Oxfam 11 personnes pourraient mourir de faim et de malnutrition chaque minute d’ici la fin de l’année. Ce taux est plus élevé que celui de la mortalité mondiale actuelle due au Covid-19 qui est d'environ sept personnes par minute.

Il faut dire que la famine a bénéficié de l’accélération de ses performances grâce à la covid : « le nombre de personnes souffrant de la faim a été multiplié par six dans le monde depuis le début de la pandémie. » (Lire ici)

Vous êtes scandalisé ? Attendez, le pire est à venir, car cet épouvantable bilan est en même temps lié à une régression de l’humanité vers ses ténébreuses origines : « les femmes et les filles sont particulièrement fragilisées car en situation de crise, elles sont souvent les dernières à manger et celles qui mangent le moins. » 

- J’évoquais hier le cas des animaux de meute chez qui la hiérarchie induite par la violence  se traduit par le privilège des chefs de pouvoir accéder en premier à la nourriture, les plus faible étant aussi ceux qui ne trouveront plus qu’un os à ronger. Hé bien c’est la même chose chez les hommes : les mâles se mettent à table, les femmes les servent et elles ne mangent que quand les hommes se retirent la panse bien remplie : elles mangeront ce qu’ils n’ont pas pu y faire entrer.

Oui cet odieux renversement des valeurs qui fait que les puissants s’acharnent à le devenir encore plus (et c’est même là le signe de leur puissance) nous préoccupe semble-t-il beaucoup moins que les progrès d’un virus qui nous menace – nous les humains évolués et soucieux de préserver l’équité humanitaire.

En 1919 Paul Valéry écrivait : « Nous autres civilisations nous savons maintenant que nous sommes mortelles » (1) il signifiait que les civilisations périront sous leurs propres coups : tant de culture, tant de raffinement pour aboutir à Verdun… et à Auschwitz qu’il ne connaissait pas encore.

En 2021 où sont les autorités morales qui devraient dénoncer ce fait ? Et quand elles le font quel est leur poids ?

 


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(1) La crise de l’esprit – A télécharger ici

mercredi 7 juillet 2021

Gentil le chien-chien ! – Chronique du 8 juillet

Bonjour-bonjour

 

Entendu hier le récit d’une expérience en éthologie, suffisamment simple et fiable pour être répétée par chacun, y compris dans son salon. Il faut pour cela deux chiens à qui on a appris à donner la patte. 

 


 

L’un est récompensé lorsqu’il le fait, l’autre ne reçoit rien. Ce dernier, après avoir été pris à part et sollicité plusieurs fois avec succès est mis en présence d’un congénère qui est systématiquement récompensé pour la même performance. Le chien non récompensé refuse alors de continuer à donner la patte, tandis que le chien récompensé le fera alors qu’il voit bien que son compagnon ne l’est pas.

Devrons-nous en conclure que le chien a bel et bien un jugement de l’équité, et que tout comme nous le ferions il refuse de participer à une activité où il serait moins bien récompensé que ses congénères ? Ou bien faut-il, comme les éthologistes, refuser ces interprétations anthropocentriques et chercher l’explication dans l’instinct de l’animal ? 

On notera alors que les animaux qui, comme le chien, vivent en meute obéissent à une organisation ancestrale par laquelle chaque individu a un rang défini par le partage du butin de chasse : le mâle alpha mange en premier suivi par tous les autres selon leur force et leur position dans la cohorte. On peut supposer que le chien, s'estimant dévalorisé par la faveur dont bénéficie son congénère, refusera d’obéir à la demande du maitre.

 

De toute façon on devra observer que ce comportement n’implique pas de la solidarité, puisque le chien récompensé ne manifeste aucune réaction devant l’inéquité dont est victime son congénère. Mais on devra aussi  admettre que les animaux tels que les chiens s’observent mutuellement et que leur comportement en est affecté. 

C’est cela qui nous intéresse, car comme on s’en souvient Rousseau dans sa réflexion sur les origines de la société humaine affirme que celle-ci pervertit cet instinct naturel qu’est l’amour de soi, qui fait que nous nous préférons à tout autre individu. Car maintenant il nous faut surveiller ce que possèdent les autres afin d’avoir plus qu’eux : l’amour de soi devient l’amour propre, on exige d’avoir non seulement assez, mais aussi d’avoir plus.

En 1789 le peuple s’est soulevé contre les privilégiés et en a pendu quelques uns à la lanterne. On en a conclu un peu hâtivement qu’il fallait abolir les privilèges. En réalité, ce qu’on voulait c’est simplement être soi-même privilégié. Dans les démocraties modernes les gouvernants ne manquent pas de faire des cadeaux électoraux pour avoir une clientèle prête à renouveler leur mandat. Qu’importe que le gentil chien-chien ne soit toujours pas récompensé, du moment qu’on est celui qui reçoit la friandise ?

mardi 6 juillet 2021

Le bac en contrôle continu – Chronique du 7 juillet

Bonjour-bonjour

 

Les résultats du bac viennent de tomber : en 2021, plus de 90% des candidats ont été reçus au premier tour, ce qui veut dire qu’après l’oral de repêchage tout le monde le sera à condition de s’être présenté (Voir ici). Et personne ne s’en étonne ! Alors qu’on se rappelle encore aujourd’hui du bac 68 réputé avoir été donné à tous même aux cancres qui stagnaient devant l’obstacle depuis des années. De fait le taux d’admission fut de 81,3% loin du score de 2021, mais très loin aussi de celui 1967 (59,6%) et même des suivants (66% en 1969). On comprend que le différentiel d’une année sur l’autre retient plus l’attention que l’exceptionnelle réussite d’une classe d’âge, raison pour laquelle on ne s’émeut pas aujourd’hui du chiffre des admis qui est d'ailleurs léger retrait par rapport à celui l’an dernier.

 

Mais de toute façon la comparaison avec 1968 ne s’arrête pas là : dans les années 60, le bac connaissait un pourcentage d’échec assez élevé, de l’ordre de 40% : réussir son bac était un indice d’excellence, comme si cet examen avait été un concours dont le niveau élevé était attesté par le taux de l’échec.  Ce qu'on voulait à l'époque, c'est des lauréats bien savants. Aujourd’hui il en va tout autrement : on veut répartir harmonieusement dans les établissements d'enseignement supérieur des jeunes qui de toute façon n'ont pas leur place sur le marché de l'emploi.

Du coup, l’obstacle à surmonter est celui de parcoursup dont le verdict, avant même celui de l’examen proprement dit, induit le plus d’angoisse. Le bac aujourd’hui est devenu une plateforme d’orientation à l’articulation entre les études secondaires et supérieures : il est affaire de gestion de flux et non de détermination de niveau. Et cet écoulement harmonieux d'un palier à l’autre doit se prévoir longtemps à l’avance bien en amont du mois de juin. Bref, le bac doit impérativement devenir une épreuve en contrôle continu. Il l’a été durant ces années-covid, et il doit le rester.

« Le bac en contrôle continu » :  comme vous le savez dès que vous écrivez cette phrase, vous tombent dessus - et les vieux réacs qui veulent que l’épreuve des examens endurcisse la jeunesse ; - et la gauche de terrain qui crie à l’injustice parce que le bac obtenu au lycée Louise-Michel de Nanterre ne vaudrait pas celui décerné par La Bruyère de Versailles.

Oui. Et alors ? N’est-ce pas déjà comme cela ? Les dossiers instruits pas parcoursup ne sont-ils pas déjà affecté d’un coefficient d’efficience selon leur origine ? Croire cela, c’est peut-être succomber à des infox – soit. Mais d’une façon ou d’une autre le système qu’on prétend préserver au nom de l’égalité des chances ne va pas dans ce sens – pas du tout. 

lundi 5 juillet 2021

Ils ne mouraient pas tous… – Chronique du 6 juillet

Bonjour-bonjour

 

Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés : avec cette citation, chers amis, vous croyez sans doute que je vais reprendre la ritournelle de la victime émissaire destinée à chasser loin de nous les miasmes du coronavirus ? Eh bien non, et je devrais ajouter : hélas !

- Car voici que nous sommes tous frappés d’un mal que nous n’avons pas vu venir, sournoiserie d’une diététique pourtant on ne peut plus contrôlée et soucieuse de santé publique. Ce mal est celui de l’empoisonnement aux métaux lourds, arsenic, cadmium, chrome, cuivre, nickel, mercure, qui concerne l'ensemble – de 97% à 100% – de la population française, y compris les enfants, à qui nous avons fait consommer en toute insouciance des céréales au petit-déjeuner. (voir ici)



Comment avons-nous été assez imprudents pour nous contaminer tous – et pas seulement nos enfants, car nous-mêmes aussi en consommant du poisson, qui est pourtant le met chéri des fines silhouettes qui calent leurs menus sur les recommandations des diététiciens, nous nous sommes empoisonnés au mercure. 

Comment comprendre que nous ayons été ignorants à ce point du danger que représentait la consommation quotidienne de ce qui paraissait le meilleur pour notre santé ? Si ignorants d’ailleurs que si nous avons arrêté de fumer, c’est en raison des méfaits de la nicotine et des goudrons, alors qu’en réalité le tabac est aussi nocif pour le cuivre que nous inhalons en fumant.

- Dommage, car Santé publique France, l’Agence nationale de santé publique, rappelle que ces métaux "peuvent être à l’origine de l’apparition maladies chroniques, de déficience immunitaire ou encore de cancers" et nous recommande de limiter sa consommation de poissons à deux fois par semaine, en variant les espèces et les lieux de pêche, et d'arrêter de fumer. Oui, mesdames et messieurs, mieux vaut pour votre santé d’arrêter de manger du poisson, et de vous reporter sur…

Ici j’entends déjà les véganes qui nous cornent dans les oreilles que manger de la viande c’est mauvais pour la planète, que c'est aussi méchant pour les animaux, et que finalement c’est également dangereux pour nous-mêmes. D’accord, sauf que si vous servez à vos petits chéris des céréales, vous les empoisonnez encore plus sûrement que si vous leur serviez de la mort-aux-rats.

La solution véritable résiderait alors dans un nouvel "ensauvagement" de la vie constitué d'un retour aux sources que représente dans l'évolution humaine le stade des chasseurs-cueilleurs. Toutes les saloperies que nous avalons aujourd'hui sont venues dans le sillage de la révolution néolithique de l'agriculture et de l'élevage.

Si vous voulez être décroissant alors il faut aller jusque là.



dimanche 4 juillet 2021

Chili : les femmes au pouvoir ? – Chronique du 5 juillet

Bonjour-bonjour

 

Le Chili lance le processus de rédaction de sa nouvelle Constitution

La linguiste mapuche Elisa Loncon a été élue, dimanche, présidente de l’Assemblée constituante (1). Cette institution va s’atteler à la rédaction de la nouvelle loi fondamentale.

 


 

 L’élue en tenue traditionnelle mapuche lève le poing devant les caméras et … elle est une femme ! Autant dire qu’elle cumule les particularismes qui sont la marque de ce mouvement qui doit à présent rédiger la nouvelle constitution chilienne. C’est du reste pour souligner cette diversité que Mme Loncon – également titulaire de deux doctorats, en sciences sociales et en littérature – a étendu sa gratitude « à la diversité sexuelle, aux femmes qui ont marché contre tout le système de domination », permettant aujourd’hui une nouvelle « manière d’être plurielle, démocratique et participative ». (Lire ici)

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… Je viens de parler de la condition féminine comme d’un particularisme confondu avec ceux qui proviennent de l’appartenance à un groupe ethnique ou de l’orientation sexuelle : c’est oublier qu’un homme sur deux est une femme, et que le négliger est la marque de fabrique d’une société patriarcale.

On me permettra de citer une phrase dont j’ai perdu l’auteur mais que je suppose être Marx (ou Engels ?) : « La condition des femmes est l’aune à la quelle on mesure l’évolution des sociétés » : dans ces conditions comment s’étonner que les féministes soient la cheville ouvrière de cette réforme qui prend des allures de révolution ?

C’est d’ailleurs cette caractéristique qui chez nous retient l’attention. Que va devenir ce pays dès lors qu’il sera gouverné par des femmes ? Je sais que cette nouvelle constitution ne va pas supprimer l’influence des forces économiques qui depuis Pinochet soutiennent les partis issus de sa dictature. Mais tout de même : de quelles lois cette commission va-t-elle doter ce pays jusqu’ici gouverné avec la bénédiction de l’Église et d'une tradition patriarcale ? Nous sommes quant à nous tentés de penser qu’en France nous n’avons que des minorités dans le cas de se plaindre de la législation ; mais les françaises quant à elles se sentent malgré tout considérées comme des minorités. Comment légiférer contre cela ? C’est la réponse à cette question que nous attendons de l’Assemblée constituante chilienne.

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(1) Les mapuches sont un peuple amérindien d’Amérique du sud, à cheval sur le Chili et l’Argentine (voir ici)

samedi 3 juillet 2021

On y comprend que pouic ! – Chronique du 4 juillet

Bonjour-bonjour

 

Avez-vous déjà vu ou entendu l'acronyme NFT ? 

Il signifie « non-fungible token »

Il existe puisqu’on en parle en ce moment et qu’on peut également le photographier :

 


 

Lisons ici la description de ce « concept » : « Pour comprendre la définition de « NFT », mieux vaut parler un peu anglais car un « non-fungible token » est en fait une fonctionnalité de la « blockchain » ... » Ici, l’auteur de l’article a un doute car il reprend :  « En d'autres termes plus clairs, la blockchain est une chaîne de blocs ou encore « une technologie de stockage et de transmission d'informations [qui] offre de hauts standards de transparence et de sécurité car elle fonctionne sans organe central de contrôle » 

Terminé ? Que nenni ! ça continue : « La blockchain est notamment employée dans le secteur bancaire et s'est « développée pour soutenir des transactions réalisées via les cryptomonnaies/crypto-actifs » même si son emploi n'est pas limité à ces derniers »

Et ça continue comme ça, au point qu’on se demande si on pourrait y comprendre quelque chose quand bien même tous les mots nous seraient expliqués. Comme si le français était devenu une langue étrangère… On y comprend que pouic ! 

 

Examinons calmement : si je veux savoir combien vaut ce ligot d’or, je peux consulter le cours de la bourse le quel a été élaboré à partir d’échanges réels. Mais si je pose la même question à propos des bitcoins, là il faut que je passe par ce système de la blockchain, dont le mérite est 1° la transparence et 2° l’absence d’organe central de contrôle.

Et là, je me dis « Ça y est ! J’ai compris ! » : les cryptomonnaies sont une des formes de l’anarchie qui prône la mise à l’écart du pouvoir, qu’il soit politique ou financier. 

Pour le reste, les cryptomonnaies sont exactement comme n’importe quelle monnaie soumise à la variabilité des échanges. Poser la question « combien vaut un bitcoin », c’est exactement comme se demander combien vaut ce lingot d’or : sa valeur équivaut à ce que vous êtes prêt à donner pour l’acquérir, autrement dit, c’est le marché qui décide.

Il faut donc admettre non seulement que le monnaie est une marchandise comme une autre ; mais encore que la valeur de cette marchandise ne repose pas sur une substance qui la déterminerait en fonction d’une réalité immuable. Les monnaies n’existent que dans le rapport entre un vendeur et un acheteur. C’est ce mouvement et rien d’autre qui détermine leur existence et la blockchain est un instrument de mesure de ces mouvements.

Pas de valeur sans échange : le trésor d’Harpagon ne vaut strictement rien tant qu’il reste enfermé dans sa cassette. Le philosophe ajoutera qu’il en va exactement de même pour la conscience qui s’anéantit quand elle s’enferme en elle-même « bien au chaud, volets clos » –  en sommeil.

vendredi 2 juillet 2021

L’obligation vaccinale - Chronique du 3 juillet

Bonjour-bonjour

 

Le débat pour ou contre la vaccination obligatoire tourne encore aujourd’hui autour du droit à imposer cette contrainte, mais on sent bien que cette question est devenue secondaire. La vraie question est : comment obliger les récalcitrants à se faire vacciner si on veut éviter la méthode d’exécution par injection létale :   

 

 

Lit pour exécution capitale en Oklahoma

 

Ça ne semble pas sérieux, mais on devine que cette image couvrirait les murs dès que la contrainte à la vaccination serait actée.

Que reste-t-il alors ? La méthode dite « la carotte ou le bâton ». Pour mémoire, il s’agit initialement de faire avancer l’âne :

 

  

Pour être exact il faudrait ajouter à cette illustration  le bâton qui meurtrit l’arrière-train de l’animal pour le faire avancer quand la promesse de la carotte ne lui suffit pas. Cette méthode bien connue en management a été étudiée aussi pour ses effets collatéraux : « La peur de la perte rend les personnes anxieuses et elles se mettent à douter de leur choix, mais elle fournit aussi plus de flexibilité et de justesse. Au contraire, l'appât du gain renforce la confiance en soi et le bien-être, mais diminue la remise en question. » déclare  Maël Lebreton (chercheur au Centre interfacultaire en sciences affectives (CISA) de l'UNIGE.) (Lire ici)

 

S’agissant de la vaccination obligatoire on ne propose pas pour le moment de récompenses (encore que celles-ci ne soient pas inenvisageables) mais seulement des sanctions qui seraient graduées selon l’obstination dans le refus : blâme, retenue sur salaire, mise à pied, licenciement. On espère que, comme le dit notre chercheur, la peur rende flexible et encourage la remise en question : « Je hais les vaccins en général ; et celui-ci en particulier, avec ses thromboses, ses cardiopathies, ses embolies etc. – Ah, oui… Mais si je suis mis à pied pour ça, alors je me demande si j’ai fait le bon choix en refusant d’être vacciné etc. » : on imagine le reste. 

Mais le risque est grand qu’il reste des récalcitrants avec lesquels il faudra s’affronter. C'est qu'on a oublié la carotte ! Et si on récompensait les travailleurs dociles en faisant un tableau d’honneur pour ceux qui se sont laissé vacciner ? Quelque chose comme un écran grand format au-dessus de la badgeuse sur le quel s’inscrirait leur nom avec la mention « DÉVOUÉ À LA SANTÉ DE TOUS ».

Vous l’avez compris, chers amis : le management a des méthodes qui devraient inspirer nos responsables de l’exécutifs – qui ont encore des habitudes d’argousins.

jeudi 1 juillet 2021

Choisis ton camp, camarade ! – Chronique du 2 juillet

Bonjour-bonjour

 

A Reims la police municipale est sans cesse appelée pour mettre un terme à des rodéos urbains qui pourrissent la tranquillité des quartiers.

« Cette situation, qui ne peut perdurer, elle doit d’être traitée avec des moyens novateurs, légaux et qui ne mettent pas en danger les conducteurs ou les forces de l’ordre », assure la Ville qui annonce mettre en place un nouveau dispositif intitulé « Stop rodéo »

À partir du 1er juillet, de manière anonyme, les Rémois pourront envoyer des photos et transmettre des renseignements pratiques favorisant le travail d’enquête des policiers. Il s’agit ainsi de signaler des deux roues non réceptionnés c’est-à-dire sans immatriculation, qui ne sont pas homologués pour circuler sur les routes mais que l’on retrouve souvent stationné au pied d’immeubles.

Certains y verront de la délation, d’autres un acte civique. « Je suis persuadé que les habitants enverront rapidement des informations clés pour le travail d’enquête des policiers et que cette plateforme saura démontrer son efficacité », a d’ailleurs commenté Arnaud Robinet, le maire de Reims » (Article de la presse locale ici)

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Ce long préliminaire informatif pour poser la question : la délation est-elle le devoir des bons citoyens soucieux de la sécurité et de la tranquillité dans leur quartier ? D’ailleurs la question est elle-même biaisée car insinuer qu’on a affaire à de la délation, c’est la désigner comme infâme. Le mot « délation » n’a en effet qu’un seul sens possible (1), à savoir : « Dénonciation, généralement secrète, dictée par des motifs vils et méprisables. ». On remarquera que la municipalité refuse cette qualification, préférant dire que les habitants des quartiers concernés auront l’opportunité de seconder le travail des enquêteurs. D’ailleurs la sémantique ne ferait que suivre la réalité, s’il est vrai que les motivations des citoyens ne serait pas dans ce cas affaire de « motifs vils et méprisables »

 

Dénoncer les agissements de ses voisins n’aurait donc pas du tout le même sens selon qu’il s’agit d’un acte dicté par le civisme ou par la malveillance. Mais cette distinction est-elle essentielle ? Un délit est un délit et doit être réprimé. Qu’importe que sa dénonciation soit portée par vertu ou par vice ? Le vice ne serait-il pas d'ailleurs tout à fait secondaire dès lors que le respect des lois est en cause ?

Il y a dans cette vision de la délation quelque chose qui peut quand même en émouvoir certains : agir pour que la loi soit respectée suppose une collusion avec le pouvoir, la volonté de lui faciliter la tâche (cf. déclaration du maire de Reims ci-dessus). Certains ne voudront en aucun cas apporter leur soutien à ce qui résulte de près ou de loin de la police au service des dirigeants politiques. Il ne s’agit pas seulement des anarchistes : les corses (et avant eux les sardes) nous en donnent depuis toujours l’exemple avec l’obligation de l’omerta

Sauf que l’omerta concerne principalement les délits commis par la mafia laquelle impose cette loi du silence sous menace de la mort. Autrement dit, si dénoncer les délits favorise le pouvoir juridique, ne pas les dénoncer obéit aux ordres du crime organisé.

Choisis ton camp, camarade !

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(1) La délation a aussi un sens très différent issu du vocabulaire juridique (« Action de déférer ex. délation de serment » CNRTL