mercredi 7 juillet 2021

Gentil le chien-chien ! – Chronique du 8 juillet

Bonjour-bonjour

 

Entendu hier le récit d’une expérience en éthologie, suffisamment simple et fiable pour être répétée par chacun, y compris dans son salon. Il faut pour cela deux chiens à qui on a appris à donner la patte. 

 


 

L’un est récompensé lorsqu’il le fait, l’autre ne reçoit rien. Ce dernier, après avoir été pris à part et sollicité plusieurs fois avec succès est mis en présence d’un congénère qui est systématiquement récompensé pour la même performance. Le chien non récompensé refuse alors de continuer à donner la patte, tandis que le chien récompensé le fera alors qu’il voit bien que son compagnon ne l’est pas.

Devrons-nous en conclure que le chien a bel et bien un jugement de l’équité, et que tout comme nous le ferions il refuse de participer à une activité où il serait moins bien récompensé que ses congénères ? Ou bien faut-il, comme les éthologistes, refuser ces interprétations anthropocentriques et chercher l’explication dans l’instinct de l’animal ? 

On notera alors que les animaux qui, comme le chien, vivent en meute obéissent à une organisation ancestrale par laquelle chaque individu a un rang défini par le partage du butin de chasse : le mâle alpha mange en premier suivi par tous les autres selon leur force et leur position dans la cohorte. On peut supposer que le chien, s'estimant dévalorisé par la faveur dont bénéficie son congénère, refusera d’obéir à la demande du maitre.

 

De toute façon on devra observer que ce comportement n’implique pas de la solidarité, puisque le chien récompensé ne manifeste aucune réaction devant l’inéquité dont est victime son congénère. Mais on devra aussi  admettre que les animaux tels que les chiens s’observent mutuellement et que leur comportement en est affecté. 

C’est cela qui nous intéresse, car comme on s’en souvient Rousseau dans sa réflexion sur les origines de la société humaine affirme que celle-ci pervertit cet instinct naturel qu’est l’amour de soi, qui fait que nous nous préférons à tout autre individu. Car maintenant il nous faut surveiller ce que possèdent les autres afin d’avoir plus qu’eux : l’amour de soi devient l’amour propre, on exige d’avoir non seulement assez, mais aussi d’avoir plus.

En 1789 le peuple s’est soulevé contre les privilégiés et en a pendu quelques uns à la lanterne. On en a conclu un peu hâtivement qu’il fallait abolir les privilèges. En réalité, ce qu’on voulait c’est simplement être soi-même privilégié. Dans les démocraties modernes les gouvernants ne manquent pas de faire des cadeaux électoraux pour avoir une clientèle prête à renouveler leur mandat. Qu’importe que le gentil chien-chien ne soit toujours pas récompensé, du moment qu’on est celui qui reçoit la friandise ?

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