vendredi 30 juin 2023

Pourquoi tant de haine ? – Chronique du 1er juillet

Bonjour-bonjour

 

Les maires des villes mises à sac par les émeutiers le disent tous : rien à part le plaisir de détruire ne peut expliquer cette violence gratuite – même les pillages paraissent n’être qu’opportunistes, venant au terme de destructions systématiques. Bien que n’étant pas exceptionnelles, ces destructions étonnent : pourquoi tant de violence ? Faut-il y voir une manifestation de désespoir de ne pas être entendu (c’est le côté Gilet-jaune) ou bien au contraire la joie anarchisante de détruire tout ce qui symbolise l’État (écoles, médiathèques, commissariats, bureau de poste, services publics, etc.) ?

La brutalité et la soudaineté de ces émeutes poussent certains à y trouver la révélation de disposition encore inconnues des hommes, soit que les sociétés aient atteint ce point d’injustice et d’inégalité que plus rien ne peut y valoir sauf la violence du tous contre chacun (1) ; soit que des tendances oubliées depuis l’origine de l’espèce humaine se réactivent soudain.

De toute façon à quelque source qu’on la réfère cette situation pose la question des lois, des règles et des valeurs. Le gouvernement en appelle à la responsabilité des parents, qui ont l’obligation (sous peine de sanctions) d’inculquer à leurs enfants des principes de vie commune soutenus par la moralité.

Mais que valent ces frontières et ces limites surajoutées aux tendances des hommes ? « Tu ne tueras point ; tu ne commettras pas d’adultère ; tu ne commettras pas de vol ; tu ne convoiteras pas les biens de ton prochain » etc. 

 


Si Dieu a dû promulguer les 10 commandements, c’est bien parce qu’ils n’étaient pas spontanément respectés. Et aussi parce que refoulés par la religion ils continuent cependant d’exister et de travailler en secret les désirs des hommes.

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(1) Pour mémoire il s’agit là du « second état de nature » de Rousseau, où l’espèce humaine s’anéantit dans une guerre fratricide. Le despotisme est la seule issue de cet état de violence généralisée. (Discours sur l’inégalité fin de la seconde partie)

jeudi 29 juin 2023

Discrimination positive – Chronique du 30 juin

Bonjour-bonjour

 

La cour suprême américaine a mis fin hier à la discrimination positive réalisée par les universités américaines leur permettant de majorer les coefficients qui permettent d'intégrer plus facilement en fonction de la couleur de la peau.

Occasion de sonder les fondements d’une telle pratique qui n’est pas évidente au regard de l’universalisme que nous autres français nous prônons.


- Écoutons d’abord la très-conservatrice Cour suprême des Etats-Unis qui a donc mis un terme, jeudi 29 juin, aux programmes de discrimination positive à l'université :

« Beaucoup d'universités ont considéré, à tort, que le fondement de l'identité d'une personne n'était pas sa mise à l'épreuve, les compétences acquises ou les leçons apprises, mais la couleur de sa peau. Notre histoire constitutionnelle ne tolère pas ça /…/ En d'autres mots, l'étudiant doit être traité en fonction de ses expériences individuelles, mais pas sur des critères raciaux. » (John Roberts au nom de la majorité conservatrice).


- Joe Biden quant à lui s’est dit en désaccord avec cette décision : selon lui, les universités « ne devraient pas abandonner leur engagement à garantir que les étudiants aient des expériences diverses qui reflètent toute l'Amérique »

Pour bien enfoncer le clou, la juge Sonia Sotomayor ajoute : « Elle /l’abolition de la discrimination/ cimente une règle artificielle d'indifférence à la couleur de peau comme principe constitutionnel dans une société profondément ségréguée, où la question raciale a toujours eu de l'importance et continuera d'en avoir ». (Lire ici)

 

--> Ne pas tenir compte de la couleur de la peau, donc de la « race » pour employer un terme un peu flou, c’est faire abstraction de ce qui constitue non seulement la réalité des individus, mais encore celle de la société où ils sont nés. Il s’agit donc corriger un effet des inégalités produites non par les aléas de la vie, mais par la structure profonde de la société. Aux US on est black comme on est intouchable aux Indes.

--> Le contre argument de la Cour mérite d’être rappelé : selon la déclaration rapportée plus haut, c’est très simple : l’entrée dans les Universités doit dépendre de ce que l’individu a acquis depuis sa naissance et non de ce qu’il est du fait de celle-ci.

 

Et nous : que dirions-nous pour notre propre cas ?

mercredi 28 juin 2023

« Pas vu – pas pris » : c’est fini – Chronique du 29 juin

 

Bonjour-bonjour

 

S’il est un fait qui doit nous faire réfléchir dans le triste homicide du jeune conducteur en refus d’obtempérer, c’est bien le rôle joué par la vidéo tournée sur place lors de « l’interpellation ». Car lorsque les policiers étaient certains que personne ne pouvait montrer les évènements, ils assuraient qu’ils avaient tiré alors que la voiture fonçait sur eux au risque de les percuter. Comme dans le mythe de Platon (1) l’invisibilité assure l’impunité car seul le contrôle visuel des témoins retient sur la voie de la malhonnêteté. Le policier incriminé jurait que la voiture fonçait sur lui et ses collègues témoignaient de même.

On connait la suite, mais on peut quand même revenir sur ce fait : la présence sur la voie publique de vidéos tournées en permanence et quelque qu’en soient le sujet a bouleversé des affaires qui jusqu’ici se terminaient dans le silence des dossiers classés sans suite. Qu’on se rappelle le rôle joué par la vidéo de la mise à mort de Georges Floyd, étranglé par un policier.

C’est l’occasion de dire combien étaient décalés les protestations qui accompagnaient la mise en place de caméras de vidéo-surveillance sur la voie publique. On criait alors à la mort de la liberté, de la vie privée, du droit des individus à échapper au contrôle des autorités. Dix ans plus tard, non seulement ces caméras sont bel et bien en place, mais encore elles sont super-perfectionnées avec des programmes de reconnaissance faciale : fini l’anonymat de la silhouette filmée dans la rue : on peut lui donner un nom, la suivre sans ses déplacement et savoir à tout moment la repérer.

On proteste bien encore de temps en temps, en disant que seuls des chinois peuvent rechercher un tel contrôle sur les individus : notre culture – notre civilisation même ! – est fondée sur la liberté voulue par la révolutionnaires de 89.

 


Mais dans le même temps, que faisons-nous ? 

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(1) Mythe de l’anneau de Gygès dans la République. Voir ici

mardi 27 juin 2023

La communauté Saint-Jean et le Zizi spirituel – Chronique du 28 juin

Bonjour-bonjour

 

L’opinion publique est effarée par le rapport récemment publié (voir ici) sur les abus sexuels reconnus comme « systémiques » commis dans leur communauté et dont fait partie le cas détaillé par ce rapport d’Alix Parmentier, cofondatrice de la branche féminine de Saint-Jean. Elle-même victime de Marie-Dominique Philippe, elle agressera ensuite sexuellement de jeunes hommes.

Comme souvent dans de pareils cas, il ne s’agit pas simplement de moments de licence que s’autoriseraient des membres de la communauté, mais bien d’un système d’interprétation des actes sexuels qui sont ainsi l’objet d’une véritable initiation. « Ces gestes étaient présentés comme une exigence de cet amour qui consiste à accueillir l’autre vraiment, y compris dans la chair. » (Art. cité)

Concernant Alix Parmentier, un jeune homme qui fut l’objet de cette initiation, analyse ainsi la situation : « Lors d’un entretien, alors que le jeune homme lui confie ses « tentations de la chair » en entretien à teneur spirituelle, un glissement s’opère. Il déclare « Elle m’emmena quelques jours à Fribourg. Là nous étions logés dans des chambres contiguës : j’entrai dans sa chambre et nous avons fini nus sur le lit, sans aller plus loin que nous enlacer, caresser et nous embrasser (il me semblait que pour elle s’il n’y avait pas de pénétration, nous restions chastes). (…) Toute la spiritualité consistait à stimuler ce fameux amour d’amitié le plus possible puis à l’offrir en holocauste. (…) » (Id.)

 

On dira qu’il ne s’agit que de subterfuges inventés juste pour justifier le péché. Soit. Mais ne pourrait-on y voir aussi une tentative plus générale, voire même universelle, pour donner à la sexualité un sens spirituel ? Ne trouverait-on pas la recherche d’un tel sens dans la pratique de certains amoureux qui sont tellement émerveillés l’un de l’autre qu’ils ne peuvent faire l’amour sans donner à leurs gestes et à leurs sensations de telles interprétations complètement décalées de la réalité « terrestre » ? D’ailleurs y aurait-il là quelque chose de scandaleux alors que le sens « biologique » de l’acte sexuel ne transparait pas dans son accomplissent ?


- Dans ce cas la communauté Saint-Jean devait trouver un réconfort en pensant qu’ils n’ont failli que dans la mesure où leur règle ne tenait pas compte de ce penchant à spiritualiser tout ce qui existe y compris la sexualité.

Après le « Zizi-sexuel », voici le « Zizi-spirituel ».

lundi 26 juin 2023

Changer de monde ou changer le monde ? – Chronique du 27 juin

Bonjour-bonjour

 

Emmanuel Macron en visite à Marseille tente de le prouver : pour mieux vivre, il n’est plus nécessaire de changer de monde en quittant les quartiers nord pour le Prado. Il est possible de transformer sur place et de l’intérieur le quartier-pourri dans lequel on a grandi en refaisant les immeubles, en mettant des profs dans les écoles et des flics dans les commissariats, bref, en faisant appel à la puissance publique.

La puissance publique : le mot est lâché : place aux analyses des analystes et à la responsabilité des responsables ; que les citoyens le sachent : on va désigner l’origine du mal et prendre les mesures nécessaire pour y remédier. Car il est temps de le savoir : toute cette situation compliquée de handicaps qui fait que, né dans cette rue tu as moins de chance de réussir dans la vie, ça résulte d’un enchevêtrement de causes, qu’il suffit de démêler et de traiter une à une.

Dans cette affaire point d’appel à la conscience personnelle ; point de sermon de gourous inspirés ; toutes résultent de causes qui surplombent les individus et agissent de haut en bas.

Moi, ça me va ; mais est-ce que ça va marcher ?

Parce que, si ça bloque encore le pouvoir va lâcher prise : il fera appel à des influenceurs bien cotés et basta !

dimanche 25 juin 2023

Words, words, words. – Chronique du 26 juin

Bonjour-bonjour

 

La folle randonnée du groupe Wagner a duré une petite journée, plongeant les chaines d’info 24/24 dans l’embarras. N’ayant pas vu venir l’évènement, elles avaient compensé en mettant sur pied à la vitesse de l’éclair des plateau de spécialistes qui ont dû y passer la journée entière (Ah ! Général Trinquant ! Combien d’heures passées à découvrir ce que vous veniez de dire l’instant d’avant…). 

Et puis, après un petit tour de piste, voilà Evgueni Prigogine qui déclare « Finalement nous rentrons dans nos bases. Rien ne s’est passé » Patatras ! Non seulement le programme du lendemain (et même du surlendemain) est par terre mais – comble de l’humiliation – il faut défaire toutes les prévisions annoncées fièrement par les spécialistes comme certaines. 

Que reste-t-il de tout cela ? Pas même des idées : des mots, des phrases, « Words, words, words » comme disait Hamlet en réponse à Polonius qui l’interroge sur la lecture des journaux. 

C’est un signe de sénilité que dénigrer ainsi que je le fais la presse : comme si les journalistes n’avaient pas une responsabilité dans l’information scrupuleuse des citoyens. C’est faux évidemment, mais ce qui me hérisse, c’est la sotte fierté des gens qui se présentent comme détenteurs d’un pouvoir particulier : celui d’estampiller une opinion (la leur en l’occurrence) du sceau de la vérité. « C’est vrai parce que je le pense. »

Pire encore : confondre vérité et certitude, c’est là un défaut très répandu qu’il faut combattre mais qui ne condamne pas forcément l’opinion en question. Par contre, faire du personnage qu’on affecte d’être pour l’écran le critère de la vérité est particulièrement odieux. 

Vous ne voyez pas de qui je veux parler ?


 

Vraiment ?

samedi 24 juin 2023

Progojine l’a fait. Poutine en a rêvé. Et nous ? – Chronique du 25 juin (b)

Bonjour-bonjour

 

On nous bassine depuis hier avec la randonnée militaro-grotesque des Wagner qui rentrent au bercail quand ils ont montré leur belles armes mais que la nuit commence à tomber. Car je vous le dis, moi : Wagner et Poutine, c’est bonnet-blanc et blanc-bonnet.

La preuve ? Hé bien regardez la recrutement des détenus dans les rangs de l’armée régulière avec à la clé promesse d’être gracié, et massacre de ces soldats sacrifiés comme chair à canon. Poutine en a rêvé ? Progojine l’a fait. Alors, pourquoi se priver ?

Lisez plutôt : 

« Un tabou est tombé en Russie. La Douma et la Conseil de la fédération ont tour à tour adopté deux textes sur l'envoi de prisonniers au front, mercredi 21 juin. Ils offrent aux détenus la possibilité de signer un contrat avec le ministère de la Défense, avec l'espoir d'être graciés à la fin de leur mission. L'intégralité de la population carcérale est concernée, à l'exception des condamnés pour terrorisme, viol, extrémisme, trahison et espionnage.

Cela permet en même temps d'épargner la vie de soldats plus expérimentés. » (Lire ici)

o-o-o

Ça fait réfléchir, n’est-ce-pas ? Et si demain, monsieur Darmanin allait voit monsieur Dupont-Moretti pour lui dire ceci : « Cher collègue, les prisons françaises sont la honte de la France, elles sont crasseuses et on n’a jamais fini de les remettre en état parce qu’elles débordent de partout. Vos juges y envoient n’importe qui, au mépris des règles de sécurité : le taux de surpopulation carcérale a explosé depuis longtemps.
Je vous propose de mettre tout ça en ordre en permettant que les juges orientent vers l’enrôlement militaire nos délinquants qui n’ont pas d’espoir de rédemption par la prison. Ce sont des cassos’, des petits voyous dont la voyouterie ne peut que s’aggraver au fil du temps d’incarcération
. »

Bie sûr le Garde des sceaux a applaudi des deux mains à une solution si facile à mettre en œuvre et qui ne peut que trouver un écho favorable dans l’opinion.

Du coup, Gérald Darmanin est allé frapper à la porte de Sébastien Lecornu, ministre de nos armées. Et de lui dire : « Collègue, je vous ai trouvé une nouvelle occupation : celle d’enrôler des malfrats, des violeurs, des criminels des asociaux de tous poils dans vos armées. Bien sûr, dit comme ça vous allez protester mais attendez la suite.

Pour que ces nouvelles troupes soient gérables, point ne sera besoin de les rééduquer, pas de nouveau Bat’d’af. Ils vont constituer une nouvelle force de projection chargée de mener des combats dangereux comme bataillons infiltrés en terre hostile, Afrique sub-saharienne, Thibet, Corée du Nord : là où risques d’y laisser sa peau seront importants, là sera la place de ces bataillons d’anciens prisonniers. Bien sûr il y aura un turnover important. Mais on peut compter sur nos tribunaux pour les réalimenter. » 


... Attendez, c'est pas fini!

Maintenant monsieur Darmanin va frapper au bureau de l’Élysée. « Président je vous annonce une bonne nouvelle ! Vos armées vont disposer d’un capital considérable et qui ne vous coutera rien : celui des effectifs nouveaux issus des bataillons disciplinaires nouvelle formule. Grâce à eux la France va avoir une nouvelle force de projection qui lui permettra de briller sur les champs de bataille les plus exotiques et les moins faciles à contrôler. Son prestige internationale en sera réhaussé de façon considérable. »

Valeur prophétiques de la série les Simpson – Chronique du 25 juin (a)

Bonjour-bonjour

 

Les scénaristes des Simpsons comptent déjà des prédictions troublantes à leur actif, en 2000, il avait imaginé l’élection de Donald Trump, en 1998, l’invasion de l’Ukraine, et en 2000 l’arrivée de Kamala Harris (sous les traits de Lisa Simpson) à la Maison Blanche.

Dans l’épisode de la Saison 17, épisode 10 ( = 2006) on peut voir Homer Simpson dans un petit sous-marin personnel, explorer une épave de navire coupée en deux, comme le Titanic. Mais sur le chemin du retour, l’engin s’égare et reste coincé sous une voûte rocheuse. La réserve d’oxygène baisse. Homer tombe alors dans le coma mais il se réveille sain et sauf à l’hôpital.


 

Les Simpson de Matt Groening


Bref : si vous voulez connaitre l’avenir, laissez de côté Nostradamus et voyez les Simpson. 

Bien sûr il vous faudra choisir la prévision qui risque le plus de se réaliser, et ça, ce n’est pas très facile. Mais on est quand même obligé de se mouiller. 

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PS - Pour ne pas trop désespérer, notez que Ocean Gate, propriétaire du sous-marin perdu annonce avoir déjà loué toutes les places pour plonger sur l'épave du sous-marin disparu.

vendredi 23 juin 2023

Titan/Titanic : avertissements ignorés – Chronique du 24 juin

Bonjour-bonjour

 

Après un Post récent, je reviens sur l’effroyable fin du sous-marin qui a implosé durant sa descente sur l’épave du Titanic : la ressemblance entre ces deux catastrophes est évidente et c’est James Cameron qui l’a soulignée. S’indignant des « avertissements ignorés » concernant la sécurité du submersible touristique Titan, le réalisateur a dressé un parallèle entre ce nouvel accident et le naufrage du paquebot en 1912 : « Je suis frappé par la similitude avec la catastrophe du Titanic, où le capitaine a été averti à plusieurs reprises de la présence de glace devant son navire, et où il a pourtant foncé à pleine vitesse dans un champ de glace par une nuit sans lune » (Lire ici)

Oui, c’est vrai : ni le capitaine du Titanic, ni les passagers du Titan n’ont tremblé en fonçant tête baissée vers la mort sans entendre les voix qui les avertissaient de ne pas y aller. Si la peur avait eu prise sur eux, les retenant dans cette course à l’aveugle, ils seraient en vie aujourd’hui, mais sans savoir à quel danger ils auraient échappé. Peut-être même en seraient-ils encore à se dire que leur frilosité les avait empêché de passer un moment inoubliable ?

Oui, la peur peut guérir du danger, mais on l’ignore la plupart du temps. Et lorsqu’on considère l’expansion de l’espèce humaine, on voit combien les hommes n'ont pas craint d'affronter l'inconnu pour se répandre par-delà les mers, dans des archipels ignorés, où tous ces gens ont cinglé sans savoir jusqu’où il leur faudrait aller.

La « découverte » de l’Amérique par Christophe Colomb guidé par des traités des saints Pères de l’Église dépourvu de toute connaissance maritime, comme celle des chasseurs-cueilleurs marchant vers l’est sans savoir ce qu’il y avait juste derrière l’horizon – tout cela a été bénéfique pour la propagation de l’espèce. Certes la disparition de certains de ces hardis voyageurs en parfois été le prix : ils n’ont pas écouté la voix de la crainte parce qu’ils étaient animés par l’enthousiasme de l’aventure.

Et sans aventure, plus de survie possible.

jeudi 22 juin 2023

L’erreur est humaine – Chronique du 23 juin

Bonjour-bonjour

 

On avait eu un aperçu des approximations dans l’évaluation des montants des retraites concernées par le plancher à 1200€. On s’était dit que c’était la faute du seul ministre du travail – excusez du peu ! – qui avait fait flamber ce chiffre en réalité très restreint.

Mais ce n’était là qu’un avant-goût de ce qui allait suivre : on apprend en effet aujourd’hui que le COR (= Conseil d’Orientation des Retraites) retourne complètement son évaluation du déficit des caisses de retraites, qui, jugée mineure en février est aujourd’hui considérée comme conséquente (= plus de 8 milliard d’euros). Une telle erreur qui a joué un rôle majeur dans le conflit (les syndicats jugeant que la réforme-Macron était injustifiée compte tenu de ces prévisions) était de surcroit une récidive, la même dérive s’étant déjà produite en 2017  au point que même Bruno Lemaire dit aujourd’hui prendre les prévisions du COR avec prudence. 

Qui donc est responsable ? Comme il est impossible de croire que des erreurs pareilles ne viennent que de l’incompétence des fonctionnaires, on doit avoir un décalage dans les critères pris en compte : on ne parle pas de la même chose en février et aujourd’hui. Mais alors, comment ne pas s’en être aperçu ? Et s’il s’en était aperçu, pourquoi le gouvernement n’aurait-il pas mis en cause dès février ces prévisions qui lui étaient défavorables et qu’il pouvait juger erronées ?

Imaginez que le comptes de la France soient tous aussi corrompus ; que le reste à dépenser de juillet soit égal à zéro, parce que les gros ordinateurs de Bercy avaient buggé ? Et que du coup, les fonctionnaires ne pourraient plus être payées, la dette non remboursée, la sécu en faillite ?

Aujourd’hui, tout passe par l’argent. On n’en était pas là au 17ème siècle : la question était : faut-il admettre la doctrine de la prédestination ? Et pour répondre c’était une question de conviction : le plus on était puissant, le plus on était convaincant.

Avouez que si la réponse est facile c’est parce que la vérification est difficile.

mercredi 21 juin 2023

Un Titanic peut en cacher un autre – Chronique du 22 juin

Bonjour-bonjour

 

On est parfois un peu honteux de nos réactions devant des évènements dramatiques, comme la mort lente de cinq personnes asphyxiées dans un sous-marin de poche à 4000 mètres de profondeurs, juste sur l’épave du Titanic qui était l’objectif de la plongée.

 

On se dit « ces gens sont venus là pour vivre ce que les passagers du Titanic ont vécu – du moins pour l’imaginer au plus près. Or, voici que le destin leur joue un tour exceptionnel : celui d’être eux-mêmes coulés au fond de l’océan. » Mais ce n’est pas tout : cette plongée à plusieurs centaines de milliers de dollar a tenu ses promesses bien au-delà de l’imaginable, puisque pour ce prix, ils ont trouvé la mort dont ils ne cherchaient pourtant que le spectacle.

La mort des autres est un spectacle captivant pour peu qu’on laisse courir l’imagination : et si on y met le prix de l’authenticité, ( = avoir la vraie épave, gigantesque dans le fond vaseux de la mer), alors l’émotion est garantie.

 


Car voilà l’essentiel : ils avaient acheté le paysage du bateau coulé ; et ils se sont trouvés piégés dans la réalité. Finie l’apparence, place aux choses !

Voilà: c'est là que l'ironie est mal venue parce qu'il s'agit quand même de la mort de gens qui n'avaient rien fait pour la mériter. Mais à jouer avec la mort on risque de se brûler.

dimanche 18 juin 2023

 Le POINT du JOUR prend quels jours de vacances.

Rendez-vous dans une semaine...

... si vous le voulez bien

samedi 17 juin 2023

Le choc des symboles – Chronique du 18 juin

 

Epave de l'Admiral Graf Spee

 

Bonjour-bonjour

 

Ce que vous voyez là, c’est un aigle nazi en bronze repéché sur l’épave d’un destroyer allemand coulé au début de la guerre en 1939. Repéché il y a 17 ans, il attendait depuis une affectation nouvelle – elle vient d’être trouvée : cette figure de la violence et de la guerre va être fondu et servira à produire une nouvelle sculpture représentant... une colombe, le symbole de paix que chacun connait. (Lire le détail ici)

 

L’avantage avec cette histoire, c’est qu’elle correspond à une période historique ancienne dont le détail est bien connu : on sait qui sont les méchants, les violents, les barbares. Et on sait aussi qui sont les gentils, les victimes, les civilisés. Il n’y a donc aucun inconvénient à détruire (symboliquement) la représentation des premiers et à produire un nouveau symbole des seconds. Tout est bien classé, en ordre, connu.

Mais serions-nous capables de faire la même démarche pour des conflits plus récents ? Pour la guerre d’Algérie par exemple ? Ou pour celle du Vietnam ? Et pour l’Ukraine ? 

On voit alors que nos certitudes changent de nature : là où régnait la culture scientifique des historiens on ne retrouve que les clameurs des idéologies, des propagandistes et des politiques.

 

- Et encore : notre science, même historique est bien peu de chose pour évaluer chaque acte, chaque séquence chaque opération de ces guerres. Et puis avec quel étalon évaluer tout ça ? A ce compte-là, même les barbares nazis pourraient avoir leur chance au tribunal de l’incompétence humaine.

 

Mais il en va de l’histoire comme de toutes les choses humaines : jamais entièrement blanches comme la colombe, jamais tout à fait noires comme l’aigle (?), nous devons forcer la nature pour juger. Mais même au Jugement dernier la balance de saint Michel ne peut rester en équilibre : elle doit pencher d’un côté ou de l’autre.

vendredi 16 juin 2023

La vie en caddie – Chronique du 17 juin



Il y a pile 60 ans, le 15 juin 1963, Marcel Fournier ouvrait en région parisienne le premier Hypermarché en France. Carrefour était né.

 

Bonjour-bonjour

 

L’anniversaire des 60 ans de la création du magasin Carrefour d’Aulnay-Sous-Bois, le 1er hypermarché au monde célébré il y a deux jours, ne vous a peut-être par frappé, mais c’est une date assez essentielle dans la vie quotidienne.

Imaginez que c’est là qu’apparait 

            * la réunion de toutes les marchandises habituellement réparties dans différents magasins ;

            * le libre-service excluant le vendeur entre le produit et le client ;

            * la nouveauté du « caddie » chariot laissé en libre-service pour la collecte des achats ;

            * des prix inférieurs aux prix pratiqués jusqu’alors dans les autres magasins de détail.

            * la présence d’un parking juste devant l’entrée de l’hypermarché.

 

Reconnaissez que dans cette liste figurent toujours vos préoccupations habituelles de consommateur. 

Alors certes, les achats en ligne figurent désormais également dans les moyens de consommer. Par exemple, j’ai hier matin commandé sur un site Internet des capsules de café qui ne sont pas vendues autrement : on aura reconnu le produit Nespresso qui profite de son prestige pour imposer un tel procédé. Mais sachez que mon coli sera déposé dans ma boite à lettres aujourd’hui même soit 24 heures après ma commande.

--> On le voit, la menace sur la suprématie de ces magasins est réelle. Mais quand même… Je vois dans mon hyper des gens se retrouver chaque semaine – qui ne se voient peut-être pas ailleurs – et qui en profitent pour un moment de bavardage. Je vois aussi des jeunes couples qui discutent avec passion des achats à faire devant les rayons ou un choix entre plusieurs produits est proposé.

Ce que l’on ne doit pas oublier, c’est que le commerce est un lieu de sociabilité qu’on ne peut éradiquer sans occasionner une certaine souffrance. La disparition des bistrots ou, dans un genre très différent, des librairies, le montre.

jeudi 15 juin 2023

Les uns pensent, les autres agissent – Chronique du 16 juin

Bonjour-bonjour

 

Faisant allusion aux rumeurs de remaniement ministériel, Élisabeth Borne a déclaré : « Je ne suis pas dans le commentaire, mais dans l’action. Il y a une feuille de route que je mets en œuvre pour répondre concrètement aux préoccupations des Français. Sur le pouvoir d’achat, le plein-emploi, la transition écologique, l’éducation, la santé, la sécurité et la justice, on avance » (Lu ici)

 

C’est l’occasion de réfléchir au travail des commentateurs de la vie politique qui occupent les plateaux télé-24/24 : on ne doit pas confondre leurs commentaires avec les actions ministérielles sans laquelle d’ailleurs ils n’existeraient pas. Les uns agissent ; les autres pensent.

Toutefois, à séparer ainsi l’action de la pensée on risque de ranger l’exécutif dans la catégorie des impulsifs qui ne font que ré-agir. C’est que j’ai à dessein flouté la formule de la pensée ainsi soustraite à l’action ministérielle : laissant croire que l’administration ne faisait qu’exécuter, j’ai laissé dans l’ombre le moment de la réflexion destiné à définir le projet. Car alors, il y a forcément un moment de commentaire, même dans le cas de l’action ministérielle : c’est celui de l’évaluation

- A qui donc revient-elle ? Et comment se distingue-t-elle des commentaires de « commentateurs » professionnels ?

On pourrait envisager de comparer les commentaires effectués par ces derniers avec ceux qui accompagnent l’évaluation des ministres eux-mêmes.

--> Qui donc est le mieux placé pour faire un commentaire objectif ? 

            * On peut penser que les acteurs proprement dits ayant une connaissance objective des circonstances de l’action sont supérieurs dans cet exercice aux « spécialistes » des plateaux télé qui doivent se contenter de sources plus ou moins bien informées.

            * Toutefois on ne peut écarter le rôle de la subjectivité dans ce travail : les acteurs ne sont-ils pas impliqués de trop près de façon trop personnelle dans ces actions pour que leur évaluation ne soit pas entachée de partialité ?

            * Le commentateur de son côté pourrait être motivé par la recherche de l’exactitude de son commentaire : sa réputation serait grandement enrichie s’il était confirmé par le déroulement des faits.

 

Reste à savoir si le moment du commentaire n’est pas superflu ? Après tout qu’importe ce qu’on pense des actions ? Dès lors qu’elles ont été accomplies, il n’y a plus à revenir dessus (1).

Toutefois, rappelons-nous le jugement de Hegel : « Ce n’est qu’au début du crépuscule que la chouette de Minerve (= la philosophie) prend son envol »

 

Certes la philosophie ne peut saisir le présent car elle n’a de prise que sur l’accompli. Mais comment saurions-nous dans quelle direction nous sommes orientés si nous n’avions pas cette façon de penser ?

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(1) C'est ce que semble penser le Président suite à la réforme des retraites.

mercredi 14 juin 2023

Et pendant ce temps-là, le Sahel reverdit – Chronique du 15 juin

Bonjour-bonjour

 

« Pire qu’hier et bien mieux que demain » : telle semble être la devise des News qui nous abreuvent de catastrophes 24h/24h. Ainsi du climat, des canicules, de la sécheresse, inondations, incendies, famines, etc…

Et pourtant, cela n’est pas exact : il est une zone d’Afrique, pourtant réputée pour sa désertification sous l’effet de la pénurie d’eau, qui reverdit et redevient une zone de prospérité : j’ai nommé le Sahel.

Oui, le Sahel, même si la nouvelle vous parait incroyable. Lisez plutôt : « Le 10 mai 2023, le ministère malien de l'Agriculture a mis en ligne un communiqué très positif sur la récolte de céréales en 2023-2024. Cette saison encore, elle devrait battre celle de l'année précédente (de 6 % exactement), « sous l'effet d'une expansion des superficies plantées, d'une météorologie favorable et d'une distribution améliorée des engrais aux producteurs ».

Le Mali exporte désormais 10 à 15 % de ses céréales vers les pays voisins : « Dans ce pays, classé parmi les plus pauvres d'Afrique, les récoltes battent des records : + 69 % pour les céréales en 2022 par rapport à l'année précédente, avec une hausse d'un tiers de la superficie totale des cultures emblavées. » Si vous ne me croyez toujours pas, alors lisez ceci.

- Et il ne s’agit pas seulement du Mali mais comme on vient de le signaler, du Sahel : le retour de la pluie au Burkina Faso, au Mali, en Mauritanie, au Niger et au Tchad va se pérenniser, sous l'effet du changement climatique. « Les terres se réchauffent plus vite que l'eau dans le golfe de GuinéeCela rend la mousson plus puissante. »

 

- Vous en avez assez de toutes ces bonnes nouvelles ? Vous avez tort, car ce n’est pas fini : « Dans de nombreuses zones rurales du Sahel, la population a doublé et les rendements ont triplé, amorçant une boucle vertueuse. « Il y a de la main-d'œuvre pour travailler, de la pluie pour faire pousser des acacias qui fixent l'azote et de l'argent pour acheter des intrants. Résultat, la sécurité alimentaire s'améliore. Les terres sont très médiocres, mais, avec un travail intensif, elles nourrissent 400 habitants par kilomètre carré » (Lisez l’article ici)

 

Mais alors, pourquoi la famine, les misères et tous ces gens qui fuient ces zones pourtant redevenues fertiles ? La réponse est simple : les islamistes. La faim, la pauvreté, les épidémies etc. tout cela n’est pas naturel : ce sont les hommes qui en sont responsables, et il est inutile d’envoyer dans ces pays des agronomes et des semences : envoyez plutôt des commandos parachutistes et des armes de guerre.

Une catastrophe naturelle de moins ; un cataclysme dont les hommes sont responsables de plus.

Alors, vous êtes content ? Vous l’avez retrouvée la mauvaise nouvelle du jour.

mardi 13 juin 2023

Sommes-nous seuls dans l’univers ? – Chronique du 14 juin

 

Bonjour-bonjour

 

De temps à autre, des scientifiques, des astrophysiciens, voire même des biologistes prennent le risque de répondre à la question « Sommes-nous seuls dans l’Univers ? »

S’agissant de scientifiques de haute volée on se doute que leur réponse se doit d’être nuancée : parfois oui ; mais parfois pas du tout. Ainsi de Jean-Pierre Bibring affirmant lors d’une conférence dimanche dernier : « Oui, nous sommes seuls dans l’Univers »

 

- Laissons de côté les raisons pour lesquelles de tels savants se prononcent pour ou contre. Engagent-ils l’autorité de la Science en parlant de l’Univers tout entier ? Ou bien donnent-ils le jour à une tendance aussi vieille que l’humanité et qui recherche des alter egos étrangers à notre monde ? Même sans remonter à Épicure, rappelons qu’au 16ème siècle Giordano Bruno professait déjà la pluralité des mondes identiques au notre, raison pour laquelle il a été brûlé vif par l’Inquisition.

Si une tendance se manifeste aussi longtemps et aussi fortement au cours de l’histoire, c’est sans doute qu’elle répond à un besoin très profond : celui de trouver des partenaires pour nous éclairer sur nous-mêmes. Car, quand bien même nous aurions un jour la surprise de trouver au bout du champ une Soucoupe Volante et des petits « hommes vert » autour, la question serait bien de savoir ce que nous aurions à leur dire – ou à leur demander.

On en a une petite idée avec le bruit fait par la Nasa autour de ses recherches concernant les OVNI : car bizarrement ce sont les USA qui les attirent si on en croit les « preuves » de leur passage. Ces extra-terrestres seraient donc intéressés par la civilisation américaine plus que par toute autre ? Les français témoignent que c’est la soupe au choux qui les attire : pas très élégant, mais après tout, c’est eux que ça regarde.

lundi 12 juin 2023

Egalite homme-femme – Chronique du 13 juin

 Bonjour-bonjour

 

Le tournoi de tennis de Rolland Garros a été une occasion de vérifier ce qu’il en était de l’égalité hommes/femmes, non pas sous l’angle de la parité dans l’organisation mais de la visibilité lors du tournoi. Et alors, force est de constater que la parité n’est pas au rendez-vous ; ainsi que l'a montré la seule "night session" féminine face aux nombreuses séances masculines.
Mais il faut hélas aussi le noter : quand le public sut que cette night session était dévolue aux dames, nombres de spectateurs désertèrent la place qu’ils avaient pourtant déjà payée. Amélie Mauresmo, directrice du tournoi a exprimé le souhait de renforcer la prestation athlétique des femmes, éventuellement au prix de matchs en 5 sets. (Lire ici)

Ainsi l’égalité entre les hommes et les femmes sur un court de tennis passe non pas par le choix de critères différentielles d’évaluation, mais par un renforcement des performances sur la même ligne que celle des hommes. Nous revoici donc avec la même question depuis 50 ans : comment évaluer les performances des femmes ? Avec les mêmes critères que les hommes ? Ou bien avec des repères nouveaux nés en même temps que la pratique féminine ?

Dans le premier cas, on ne fait plus attention au sexe de la personne qui s’exprime : qu’elle soit femme ou homme ne fait rien à l’affaire, et on observe que dans le monde de l’administration, voire même en politique, c’est le cas.

Par contre quand l’écart lié à la force physique est en jeu, comme on l’observe dans certains sports (foot, rugby, voire même tennis) alors il faut sans doute devenir sensible à une pratique différente mais également passionnante.

Le problème du tennis selon moi, c’est qu’il s’est engagé sur la première voie plutôt que sur la seconde

dimanche 11 juin 2023

Une crise de la démocratie – Chronique du 12 juin

Bonjour-bonjour

 

C’est un fait avéré : les plus sérieux commentateurs de la vie politique française (pour ne pas dire européenne – voire même occidentale) observent que les démocraties connaissent une crise de confiance, qui ne parait disparaitre que dans les cas où de futurs dirigeants se livrent à des promesses qui bafouent les valeurs des démocraties elles-mêmes.

Mais pour qui regarde aussi en contre-champ – du côté des citoyens – une longue plainte, toujours la même, s’élève : « On ne nous écoute pas ; nous sommes abandonnés par ceux-là mêmes qui devraient nous soutenir ; nous refusons leurs décisions et on n’en tient pas compte »

La crise qui se révèle alors est peut-être aussi vieille que la démocratie elle-même – en tout cas que les analyses qui ont accompagné ses premiers balbutiements au 18ème siècle. Il s’agit du non-consentement aux choix faits à la majorité, même limitée à une voix, par laquelle la démocratie prétent supprimer les conflits. Car telle est la condition de la démocratie : que le peuple, unanimement ait décidé de se ranger aux décisions majoritaires.

Alors, bien sûr, cette situation intenable se dissimule : le « peuple » défini à partir des manifestations de rue et des sondages d’opinion prétend être la majorité. Ce qui pose problème lorsqu’il succède à des élections régulières. Où donc est le peuple ? Dans les urnes ou dans la rue ?

Mais peut-être que mon analyse est trop optimiste. Peut-être que plus fondamentalement encore la crise vient du refus de consentir aux choix opérés par la majorité. « Pourquoi serais-je tenu à faire ce qui ne me convient pas simplement parce que la majorité en a décidé ainsi ? » 

Face à ce refus, les dirigeants n’ont qu’une solution : donner à tous ce qu’ils demandent. Ce qui veut dire qu’on peut faire vivre une démocratie dans l’opulence des bénéfices de l’économie (1). Par contre quand il faut choisir, et donc appliquer des mesures étalonnées aux valeurs de la Nation, alors, ça cloche un peu…

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(1) Je me tiens aux cas où on pourrait satisfaire tout le monde (à condition d'en avoir les moyens) sans que cela entraine des effets contradictoires.

samedi 10 juin 2023

Face à la nature, l’homme moins qu’une fourmi – Chronique du 11 juin

Bonjour-bonjour

 

On l’a appris hier : les quatre enfants survivants du crash de leur avion dans la jungle colombienne ont été retrouvés sains et saufs après 40 jours d’errance. On souligne le fait que ces enfants appartiennent à une communauté indigène (les Uitoto) grâce à laquelle ils ont appris à vivre dans cette forêt, ce qui est un élément majeur pour expliquer leur exceptionnelle faculté de survie en milieu hostile (insectes venimeux, animaux dangereux, difficulté à trouver des point d’eau, sans oublier les guérilleros des FARC). (Lire ici)

 

- Nous ressentons cet exploit comme un message venu du fond de la préhistoire pour nous rappeler ce qui a permis de survivre à nos ancêtres : 

            * Si ces enfants, dont certains très petits ont survécu, c’est grâce à l’énergie de la sœur ainée, exemple de ce que peut la coopération humaine. 

            * Mais on pense aussi à l’expérience acquise dans la communauté indigène où ils ont été élevés, qui leur a appris à éviter les dangers et à reconnaitre ce qui était comestible.

 

- C’est donc aussi une façon de repenser notre rapport à la nature. Quand je dis « notre » rapport à la nature, je pense bien évidemment à la façon dont nous nous opposons à elle, cherchant à la détruire pour mettre à sa place les moyens de consommer que nous avons nous-mêmes fabriqués. L’homme moderne, loin de ses magasins et de ses usines n’est plus rien : face à la nature à laquelle il s’oppose il est moins qu’une fourmi. Aucun d’entre nous mis à la place de ces enfants n’aurait probablement pu survivre plus de 3 jours.

vendredi 9 juin 2023

Violence et religion – Chronique du 10 juin

Bonjour-bonjour

 

On ne sait pas grand-chose de l’auteur de l’agression au couteau contre des petits enfant à Annecy, sauf qu’il était probablement chrétien d’orient – et non musulman.  Trouble de l'extrême droite toujours prête à stigmatiser les musulmans et à glorifier les racines chrétiennes de la France….

- L'Union des mosquées de France habituée à ces dérives a choisi de prendre de la hauteur : « La violence n'a ni religion ni nationalité. Un vrai chrétien ne tue pas de la sorte, un vrai musulman ou un vrai juif non plus. Il est temps de prendre conscience qu'aucune religion n'enseigne à ses pratiquants la sauvagerie » (Lu ici)

Je reconnais l’humanisme de cette déclaration, mais j’ai quand même un soupçon : peut-on émettre un jugement qui engage « toutes » les religions et qui soit valide ? 

Et en particulier, peut-on prétendre que la violence n’en fasse pas partie ? Moi, je veux bien entendre que les religieux d’aujourd’hui refusent de se prévaloir de leur croyance pour encourager à commettre des actes homicides. Mais comment le croire lorsque les livres sacrés sacralisent aussi massacres et holocaustes ? Et Sodome ? Et Gomorrhe ? Dies irae…

 



Sodome - Jacob de Wet 1680

 

 

Je ne cherche pas ici à justifier la colère de Dieu : des théologiens l’ont fait, mais ce qui nous importe, c’est de savoir à quelle condition cette violence peut apparaitre. 

Là où est le pouvoir, là aussi est la violence : Or, Dieu est le Tout-Puissant ; donc Dieu est violent – même s’il ne s’abaisse pas à frapper lui-même (encore que les colonnes de feu qui ont anéanti les villes nommées ci-dessus ne soient pas autre chose)

 

Le seule remède à la violence est le partage du pouvoir. Lorsque Gandhi reçut le pouvoir en Inde, ses leçons de tolérance n’ont pas permis de l’éviter : Indous et musulmans se sont étripés et ils continuent encore aujourd’hui, plus de 70 ans après. On dirait même que ce sont spécialement les religions qui, en favorisant la revendication de toute-puissance, favorisent aussi la violences destructrice.

jeudi 8 juin 2023

Destruction de menhirs – Chronique du 9 juin

Bonjour-bonjour

 

A Carnac, pour les besoins d’un chantier, une quarantaine de vestiges enterrés a été détruite. La mairie se défend de toute irrégularité, mais, selon les experts, un témoignage unique a été anéanti. (Lire ici)

Voyez combien notre époque et devenue barbare : nous employons des tractopelles là où, autrefois, la main de l’homme suffisait :

 


Mais plus sérieusement, la municipalité de Carnac se défend de tout abus : « À Carnac, ça arrive quinze fois par an ! Dès qu'on creuse, on tombe sur des foyers du néolithique et dans 99 % des cas, les archéologues nous disent que ça n'a aucune valeur. »

Bien entendu, nous le savons tous, l’archéologie est une science qui ne cesse de détruire ses objets au fur et à mesure qu’elle les étudie. S’agissant des menhir de Carnac, ce n’est pas elle mais les terrassiers qui ont fait le travail, mais qu’importe ? Les menhir étaient enterrés, et tombaient sous la règle générale de la destruction du site.

N’empêche : on a le sentiment que les fouilles préliminaires qui interviennent obligatoirement sur n’importe quel site dès lors qu’on y creuse un peu a été oubliée ici – Oui, ici, à Carnac – sur un terrain que l’UNESCO s’apprête à déclarer « Patrimoine mondial de l’humanité ». Rien que ça…

C’est que, pour l’œil non exercé, ces menhirs n’étaient que de gros rochers culbutés les uns sur les autres. Fallait-il ameuter les autorités pour si peu ?

mercredi 7 juin 2023

Rugir comme un fauve – Chronique du 8 juin

A Roland Garros Alexander Zverev déclare : « Je suis en demi-finales de Roland-Garros et j’en suis très heureux ! ». L’instant d’avant il avait manifesté sa joie de la façon la plus expressive :


 

Le rugissement d’Alexander Zverev (vu ici)


L’idée que l’Homme possède un fond atavique animal n’est pas récente, tant s’en faut. Mais la voir revenir à l’occasion d’un sport aussi policé que le tennis étonne : pourquoi pas plutôt au rugby ou au judo ? 

Et puis de toute façon, quel animal inconnu jaillit à cette occasion sur les courts de Roland Garros ? Le primate qui sommeille en nous serait-il plus tigre que gorille ?


 

Vient la question : puis qu’il s’agit d’un fonds archaïque, il doit être présent en chacun de nous - alors et moi ? Oui, moi : en quelles occasions ai-je pu rugir ainsi ? Sous le coup d’un besoin urgent, par exemple lorsque la faim me tenaille ? Ou au contraire, comme Zverev, pour manifester la puissance qui se développe en moi, lors d’un accouplement réussi ?

Ne comptez pas sur moi pour vous révéler mon intimité : contentez-vous de rechercher la vôtre.