dimanche 28 janvier 2018

LES PRÉNOMS BRETONS SONT-ILS INTERDITS ?

En Bretagne, des parents souhaitant prénommer leur enfant Der’chen se sont vu refuser ce prénom en raison de la présence de l’apostrophe à l’intérieur - ce qui n’est pas prévu par des décrets réglant ces questions. Rassurons-nous : ce refus a été révisé par une décision de la cour d'appel de Rennes : « Le parquet va demander une rectification à l'état-civil pour un enfant que ses parents ont prénommé Der'chen » (Voir ici).
Mais les faits divers sont parfois en résonnance avec une actualité plus politique et celui-ci  fait écho aux informations concernant la revendication des autonomistes corses qui réclament que leur langue soit reconnue comme langue « officielle » de la République.

Quelle est donc l’importance de la langue régionale pour qu’on mobilise ainsi une Cour d’appel pour un simple prénom, ou que l’organe de gouvernance de la Corse monte à Paris pour y négocier la reconnaissance de leur langue comme langue de la Nation française ? Il semblerait en effet que pour eux, cette reconnaissance soit une priorité, loin devant la négociation pour des lois attribuant l’indépendance de l’Assemblée corse par rapport au pouvoir législatif « français »
Pourquoi cet attachement à une langue (corse ou bretonne) plutôt qu’à une autre ? La notion de « langue maternelle » devrait-elle être prise au sérieux ? Et pourquoi la souveraineté d’un pays serait à la mesure de la langue qu’on y parle ?
Même si la première question semble contenir en elle même la réponse cherchée (une langue maternelle a toujours quelque chose de fondamental, comme une mère qui aurait pris en charge les petits d’hommes dès leur berceau), je penche quand même pour la seconde réponse. Oui, la langue est une expression de la souveraineté, à égalité avec la religion et le pouvoir de battre monnaie.

Alors, voilà : la religion est entrain de se débiner, laissant les Eglises désertes ; notre monnaie est l’euro et non le franc ; reste la langue. Oui, mais la quelle ? Celle de nos banlieues ou celle de Racine ?
========================
Nota. Le Point-du-jour s'éclipse pour une semaine en raison de vacances bien méritées.
Profitez-en pour relire les publications déjà effectuées, il y aura interro écrite à la rentrée.


samedi 27 janvier 2018

DES ÉMEUTES POUR… DU NUTELLA EN PROMOTION

Une simple promotion du pot de Nutella de 950 grammes, à 1,41 € au lieu de 4,70 €, a provoqué, hier, une étonnante frénésie aux quatre coins de la France. De nombreux Intermarché ont été la scène de quasi-émeutes relayées sur les réseaux sociaux.

À Vannes (Morbihan), 400 pots ont été vendus en vingt minutes alors que ce stock permet habituellement à un supermarché de tenir plusieurs mois. À Rive-de-Gier (Loire), une cliente a confié à nos confrères du Progrès avoir vu des consommateurs s’acharner « comme des animaux, une femme s’est fait tirer les cheveux, une dame âgée a même pris un carton sur la tête ». (Lu ici)



Petit à petit, l'information a gagné en ampleur, jusqu'à créer une peur de manquer, liée à ce que Lionel Sitz appelle le "marketing de la rareté". Ce professeur de marketing à l'EM Lyon l'explique à franceinfo : « Les annonces de ruptures de stock sont des techniques de communication qui fonctionnent bien, avec un effet performatif immédiat. » En résumé, la crainte de ne pas avoir accès au produit le rend encore plus alléchant. C'est ce que confirme Dominique Desjeux, anthropologue et professeur à la Sorbonne, interrogé par franceinfo : « Il y a ce qu’on appelle en sociologie les 'conséquences inattendues : on voit quelqu’un avoir quelque chose et on le veut à notre tour. Ces bousculades arrivent parce que beaucoup de gens veulent la même chose au même moment. »
Bref : nous sommes dans un comportement mimétique, quelque chose dont l’origine est à chercher dans le comportement des primates, ordre dont nous constituons l’une des espèces, à côté des singes.
Toutefois, si cette information a stupéfié, c’est aussi parce qu’elle a évoqué de lointaines émeutes de la faim, dans un passé dont nous avons conservé un souvenir effrayant.
o-o-o
Une supposition : nous sommes en 2318 ; un historien du futur tombe sur cet article de presse, considéré comme un précieux document pour juger de l’évolution des sociétés occidentales. «  Voilà, dira-t-il, une preuve qu’en 2018 les inégalités sociales étaient encore très importantes. On trouve ainsi en plein 21ème siècle des émeutes de la faim, comme on en vit au 18ème siècle précipitant la venue de la révolution française. »
Peut-être aura-t-il repéré dans notre avenir d’autres évènements rappelant l’émeute Nutella – qu’en savons-nous ? En tout cas ce que nous savons bien mieux que lui, c’est que le Nutella ne sert pas à satisfaire l’estomac mais le palais ; qu’il ne sert pas à échapper à la famine, mais à faire des obèses et des diabétiques.

Les grincheux d’aujourd’hui expliqueront à notre historien de demain, que ce n’est peut-être pas la Révolution pour tout de suite que cette émeute nous annonce, mais plutôt une hospitalisation pour diabète sévère.

vendredi 26 janvier 2018

IL Y A 2000 ANS LES ESSÉNIENS AVAIENT INVENTÉ L’ANNÉE DE 364 JOURS.

Les derniers manuscrits enfin déchiffrés de la Mer Morte révèlent que le calendrier des Esséniens faisant coïncider l’année solaire avec l’année lunaire parvenait à célébrer les principales fêtes religieuse avec des dates fixes : chaque 1er jour de l’année coïncidait toujours avec le même jour de la semaine et il en allait de même pour chaque fête religieuse importante du judaïsme (shabbat, Pâques, etc.). Mais au fil des siècles, d’importants décalages sont apparus. Conséquence : les saisons n’étaient plus en phase.
« (C’est alors que) Les Esséniens, convaincus de la validité de leur calendrier, en ont déduit que l’univers était déréglé, que les choses allaient de mal en pis. … Ils ont fini par adopter une vision apocalyptique du monde », écrit Michael Langlois, le décrypteur de ces textes (lire ici).

La surprise vient donc de l’interprétation que les Esséniens ont faite de l’erreur non reconnue de leur décompte des jours : si le repère est considéré comme bon, alors, les décalages viennent de la nature anormale des choses.
Transposons ce principe de nos jours :
            - Les indicateurs économiques (taux de croissance du PIB, chiffres du chômage, indices du marché automobile, immobilier etc.) qui mesurent la santé économique d’un pays ne sont-ils en réalité insensibles à des facteurs bien plus réels de changement (comme l’élévation de la température terrestre ou le décompte des espèces animales disparues au cours de la décennie) ? Pense-t-on que c’est ainsi qu’il convient d’évaluer l’évolution de l’espèce humaine au cours des dizaines de milliers d’années qui se sont écoulées avant que le paléolithique ne laisse la place au néolithique ? La transformation des armes, la taille des groupes humains, les rites religieux dont  nous ne savons rien, seraient peut-être les seuls indices valables.
            - On propose également de considérer que la durée moyenne de la vie humaine ou l’indice de la consommation sont des indices du développement des pays. Oui, mais : entre Monsieur Cro-Magnon et René Descartes qui vivait au 17ème siècle, dirait-on que c’est ainsi qu’on mesurerait valablement les changements intervenus dans l’humanité ?
Etc.
Trouvons donc un indicateur qui ne fluctue pas au cours du temps, un facteur « universel » comme…

Hum : pas si facile ! En tout cas si on recourrait à des facteurs universels tels que la cohésion sociale, il n’est pas sûr qu’on arriverait à dessiner une trajectoire allant du « moins » au « plus ».

jeudi 25 janvier 2018

MESSIEURS : VOS TESTICULES VALENT 200000 EUROS LA PAIRE.

« Le 11 janvier 2018, un homme devenu stérile en raison d’une prise en charge tardive d’une torsion testiculaire s’est vu octroyer un dédommagement de 192.920 euros par la cour d’appel d’Aix-en-Provence. » (Lu ici)
Voilà l’info qui peut faire sursauter, mais qui devrait aussi faire un peu réfléchir.
Non pas qu’on soit dubitatif devant la somme alloué pour la perte de ses testicules : certains estimeront que leurs précieux organes valent beaucoup plus que ça, d’autres qu’ils sont prêts à se les faire couper pour toucher l’indemnité. Mais la question n’est pas là. Il s’agit de savoir si tous seront d’accord pour dire que ça aussi a son prix et qu’on peut le négocier. N’y aura-t-il donc personne pour répondre que « ça », ça n’a pas de prix et que rien, même tout l’or du monde ne devrait suffire à faire monter un homme sur la table d’opération pour une telle ablation.
- Le trouble tient aussi à cette idée qu’on pourrait vendre une part de soi-même pour une certaine somme d’argent. On est horrifié de penser que dans certains pays on pourrait vendre un œil ou son rein pour un paquet de dollars : le corps est sacré dit-on, et nul n’a le droit d’en aliéner une partie quelle qu’elle soit.
- Le trouble est  redoublé par l’attitude des hommes face (sic) à cet organe. Certes, leurs génitoires leur sont précieuses et les messieurs y tiennent comme à la prunelle de leurs yeux. Comme en plus elles sont fragiles (cf. l’article cité), on comprend qu’elles soient l’objet de leur attention. Mais peut-on vraiment dire que les hommes en sont fiers ? Certains clament qu’elles sont plus grosses que celles des autres, mais c’est un peu ridicule. Car personne n’oublie que les testicules sont un objet de mépris, d’insulte et que traiter quelqu’un de « couillon » est fort désobligeant.

L’explication de ce paradoxe tient au fait que lors de l’acte sexuel et quel qu’en soit la pratique, le pénis pénètre et les testicules restent en dehors à balloter au grès des évènements. Quoi de plus ridicule que de rester ainsi à l’extérieur ? N’est-ce pas comme ces jeunes gens qui partent en goguette et dont l’un monte avec la dame tandis que l’autre reste à l’attendre au pied de l’escalier.

mercredi 24 janvier 2018

L’OPTIMISME RÈGNE À DAVOS, FAUT-IL S’INQUIÉTER ?

Vous aimez les paradoxes ? Lisez les articles des économistes. Vous aimez les gens qui vous disent : « Souriez, demain sera pire » ? Lisez les comptes rendus du World Economic Forum de Davos.
Une raison bien simple d’afficher un tel scepticisme est que les économistes sont toujours en avance d’une crise. Autrefois, les courtiers en Bourse disaient « Il faut acheter au son du canon et vendre au son du clairon » Toujours en avance et donc à l’inverse des gens ordinaires…
« Dans une session intitulée « La prochaine crise financière », le patron de Barclays, Jes Staley, a (déclaré) que « l'atmosphère à Davos cette année ressemblait à celle qui prévalait en 2006 quand tout le monde se félicitait d'avoir vaincu les crises économiques ». 2006, juste avant la crise des subprimes, qui couvait déjà dans l'œuf de la finance mondiale, sans que personne ne s'en soit aperçu. La tradition dit que quand Davos est optimiste, c'est rarement une bonne nouvelle pour l'économie mondiale. »

- Maintenant la question est : que faut-il pour que Davos soit optimiste, et est-ce que nous devrions (= nous pauvres gens ordinaires) nous en réjouir ?
Lisons : « En 2017, le pessimisme était général et l'année a été bien meilleure qu'attendu. De sorte que le principal paradoxe de cette édition 2018 est que le monde du business, tout en craignant son caractère imprévisible, voit le salut dans la politique de baisses d'impôt prévues par Donald Trump, qui sont attendues comme le messie pour soutenir ou en tout cas faire durer encore un peu plus longtemps les beaux jours. »

Donald Trump est donc le personnage qui conduit la finance à se réjouir. Hum… Ne dit-on pas que c’est aussi le cas d’Emmanuel Macron ?