(Source : Le canard enchainé du 17
janvier)
Il s’agit
d’un temps que les moins de 10 ans ne peuvent pas connaître ; un temps où
les milliards en dollars partaient en fumée, tandisque les milliardaires de la
finance venaient tendre leurs sébiles aux portes des ministères.
C’était en
2009-2010 : la Société Générale venait d’être victime d’une fraude qui
avait entrainé la perte de 4,9 milliards d’euros. Le responsable ? Une
mafia ? Un gang d’Etats voyous ? Non, seulement un homme, uniquement
armé de son ordinateur et des connexions de la salle de trading. C’est homme
c’était Jérôme Kerviel que le
Tribunal a déclaré coupable tout en considérant que la Société Générale
n’aurait jamais dû se laisser « enfumer » par une telle combine.
Bien de l’eau
est passée sous les ponts depuis : Jérôme Kerviel est entré en
résipiscence et a choisi la voie de la rédemption spirituelle. Mais
voilà : le fisc qui a la mémoire longue se rappelle que la Société
générale a bénéficié d’un crédit d’impôt de 2,2 milliards d’euros réservé aux
banques victimes de fraudes : « Vous aussi, vous êtes responsable ! Rendez l’argent » lui
dit-elle !
On se
rappelle que, dans une précédente procédure, c’était Kerviel qui était censé
rembourser 5 milliards – jugement qui avait fait glousser tout le monde (un peu
comme la condamnation d’un escroc thaïlandais à 130 siècles de prison – on en
parlait il y a peu ici même). Une règles d’or quand on est une victime en
recherche d’indemnisation : attaquer non pas le plus responsable, mais le
plus riche. Lors d’un accident au passage à niveau (récente actualité) porter plainte non pas contre la conductrice qui n’aurait pas vu la barrière, mais contre la SNCF parce qu’on affirme qu’elle n’était pas baissée.
On va protester :
la justice recherche la vérité non l’enrichissement. Bon. – Mais alors pourquoi
peut-on aux Etats-Unis et maintenant chez nous voir les poursuite abandonnées
par une transaction qui indemnise les victimes ? Est-on moins coupable
pour avoir pu payer ? Ça rappelle furieusement le commerce des indulgences
qui ont entrainé le soulèvement de Luther.
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