lundi 28 février 2022

A nous les bombinettes ! – Chronique du 1er mars

Bonjour-bonjour

 

Depuis quelques jours les pays occidentaux sont entrés dans une nouvelle ère : celle de la menace venue du Président Poutine qui a mis en alerte la force nucléaire russe.

On sait que la menace nucléaire est à double tranchant : si elle échoue et que la guerre éclate, il n’y aura pas de vainqueurs ni de vaincus. C’est pour un pays la menace de voir ses villes et leur population anéanties comme Hiroshima et Nagasaki ; et pour l’agresseur le danger de voir le même sort lui arriver en retour. La paix nait de l'équilibre de la terreur.

 

Raison pour laquelle Florence Parly, ministre des Armées assure que « l'arme nucléaire est une arme dissuasive, ce n'est pas une arme qui est destinée à être utilisée ». Quant au général Trinquand, chargé de mission auprès de l’État major des armées de terre, il juge purement « déclaratifs » les propos du maître du Kremlin concernant "la mise en alerte" des armes nucléaires stratégiques. « Elles sont toujours en alerte. Si elles ne le sont pas, c'est vraiment inquiétant ... Le président Poutine tient en ce moment une rhétorique pour détourner l'attention de ce qui ne va pas en Ukraine, et il veut qu'on soit tous conscients qu'il a une force de dissuasion nucléaire", a-t-il expliqué. (Lire ici)

 

Bref, on l’a compris : pour nos responsables le Président Poutine est simplement en train de monter à l’échelle des menaces, ascension dangereuse pour tout le monde, mais qui a un mérite : les menaces ne seraient faites que pour faire peur et non pour être utilisées.

Là-dessus je voudrais faire deux remarques :

- La première c’est que toute la question est de savoir si au-delà de la menace nucléaire cette échelle a encore des barreaux à escalader. Oui, quelle menace pire que celle-ci pour nous épouvanter ?

 


Autrement dit : sur quel barreau sommes-nous ?

Si nous sommes au dernier, en cas de soutien actif des pays occidentaux à l'Ukraine entrainant l'échec de son opération militaire, le Président Poutine n'aura  d'autre solution que d'activer le feu nucléaire.

Mais peut-être ne sommes-nous pas arrivés au dernier. Car depuis l’Union soviétique la doctrine en la matière est de ne pas considérer les armes nucléaires « tactiques » comme l’ultima ratio de la violence. D’une puissance de quelques kilotonnes, destinées à être utilisés sur les champs de bataille, on ne doit pas les confondre avec les grosses bombes qui peuvent raser un pays entier. La menace d'employer les armes tactiques montre qu’on n’a pas encore atteint le tout dernier barreau de l’échelle, celui qui concerne les grosses bombes capable de vitrifier d'un seul coup tout un pays.


- Ensuite on doit se rappeler qu’on ne passe d’un niveau de menace à l’autre qu’après avoir accompli la menace qu’il constitue. 

A nous les bombinettes russes !

dimanche 27 février 2022

Des armes létales : enfin ! ! – Chronique du 28 février (2)

« Le monde est entré dans une nouvelle ère », a déclaré Olaf Scholz.

Depuis la Seconde Guerre mondiale, à de rares exceptions près, l’Allemagne s’était refusée à livrer des armes létales ​dans les zones de conflit : aujourd’hui elle va acheter et livrer en Ukraine des armes létales.

- Létales, nous ont comprend bien ; tant qu’à faire, autant arrêter de donner à ceux qu’on souhaite soutenir des armes comme celles-là :

 

 

 

Lance-pierre destiné à l’exportation


- Reste que dans sa déclaration le chancelier a précisé que ces armes allaient être achetées par le pays qui est incapable de les produire lui-même. D’ailleurs Alfons Mais, le chef de l’armée de terre, avait fait sensation jeudi en assurant que la Bundeswehr était plus ou moins nue.

(L’image illustrant le dénuement de la Bundeswehr a été censurée par Google)

o-o-o

- 10000 tchétchènes ont été mobilisée pour aller combattre en Ukraine par le président tchétchène Ramzan Kadyrov 

 


Vous, je ne sais pas, mais moi, je ne partirais pas en vacances avec ce monsieur. En tout cas les miliciens tchéchènes ont une réputation épouvantables. Au 17ème siècle les huguenots cévenols auraient sans doute préféré les dragons du roi à ces sauvages tchétchènes.

Autres migrants, autre accueil – Chronique du 28 février (1)

Bonjour-bonjour

 

« L’émotion pouvait se lire sur les visages des personnes rassemblées place Saint-Michel, alors que des affiches comparaient Vladimir Poutine à Adolf Hitler »

 

 

Ce commentaire, qui accompagne cette photo, pouvait se lire ce matin dans le parisien (ici).

 

Je ne peux m’empêcher de comparer mentalement ces réactions à celles qui se manifestèrent lors de l’afflux de migrants durant la guerre de Syrie ou lors des vagues venues se briser sur les barbelés à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie.

Autres migrants, autres accueil : aujourd’hui, un grand nombre de pays européens dont la France, préparent des moyens importants pour donner asile à ces pauvres gens chassés de chez eux par la guerre. Par exemple : hier dans un reportage en Pologne, à la frontière avec l’Ukraine, on voit un train entier de migrants ukrainiens arriver, aussitôt pris en charge par les autorités et aiguillés vers d’autres trains venus de partout en Europe pour les acheminer vers des pays d’accueil – A comparer avec les murs et les barbelés qui attendent les demandeurs d’asiles syrien, éthiopiens ou autres. Preuve que les moyens existent mais qu’ils ne sont débloqués que quand on veut et pour qui on veut. 

Qu’ont donc fait les ukrainiens pour mériter notre commisération ? Sont-ils victimes d’un dictateur qui les considère comme des objets juste bons à se mettre à genoux pour obéir à ses ordres ? Oui, bien sûr. Mais les syriens, ne sont-ils pas eux aussi victimes d’un tel régime ? 

Ce n’est pas cela qui importe. Les ukrainiens ne sont pas arabes (1) ; ils ne sont pas noirs non plus. Ajoutez qu’ils ne sont pas musulmans ni – probablement – israélites. Le compte est bon ! Ouvrez grandes les portes de la France éternelle !

 

- Je suppose que cette analyse a déjà été faite par les staffs des candidats d’extrême-droite pour expliquer à leur fidèles pourquoi ils ne peuvent plus avoir des commentaires haineux à l’égard des migrants s’ils sont ukrainiens.

Tenez, j’ai même le début d’un prochain discours de Marine le Pen : « La France, pays des droits de l’homme est conforme à son génie en accueillant ces malheureuses victimes de la barbarie (2) d’un régime tyrannique. Mais hélas ! Nous constatons qu’une fois encore le Président Macron, incapable de faire face à ses devoirs, ne réalise pas la mobilisation indispensable pour faire cesser cette guerre. »

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(1) A noter que le français moyen identifie comme « arabe » aussi bien les berbères que les kurdes ou les iraniens.   

(2) Variante : « ... victimes des américains et de leurs complices de l’OTAN »)

samedi 26 février 2022

Le pire n’est pas certain – Chronique du 27 février (2)

Bonjour-bonjour

 

Poursuivant ma recherche de nouvelles revigorantes pour ce dimanche matin je reviens bredouille (après tout de même la bonne nouvelle détaillée dans le post précédent).

Du coup j’en viens aux formules habituelles, celles qu’on attribue avec ironie à « la sagesse des peuples » : « Le pire n’est pas certain » 

- Oui, Monsieur Poutine pourrait rappeler ses soldats et rendre aux Ukrainiens leur liberté en leur disant : « Voilà, c’était seulement pour donner un peu d’exercice à mes armées ; la fois précédente, c’était en Géorgie. La prochaine fois on ira du côté de la Moldavie »

 

Humm... Pas sûr du tout. Mais ce n’est pas une raison pour désespérer. Car si le pire n’est pas certain alors « il n’est que probable »

Ça ne vous rassure pas ? Pourtant vous êtes habitués à raisonner en termes de probabilité depuis que le covid nous a envahi. Habitués à savoir que si vous n’avez que 20% de chances de l’attraper et grâce, au vaccin, que 5% de risque d’entrer en réa ; et 2% de probabilité d’en mourir, alors tout va bien ! A vous les dance-floor toute une nuit joue à joue avec une belle blonde au souffle rauque...

 

Parce que oui, sous la guidance des sciences nous ne vivons qu’à coup de probabilités. Et si nous voulons mieux, alors allons voir des voyants extra-lucides.

Je pense... donc je suis mort – Chronique du 27 février (1)

Bonjour-bonjour

 

Cher(e)s ami(e)s voilà enfin une bonne nouvelle ! Il faut dire que je l’ai longtemps cherchée, tant les news du jour sont anxiogènes.

Enfin, voilà : « des chercheurs ont ainsi eu la chance d'enregistrer 15 minutes d'activité cérébrale au moment du décès. Ce qu'ils ont enregistré, 30 secondes avant que le cœur s'arrête et 30 secondes après, surtout, c'est une activité accrue des ondes cérébrales que les neuroscientifiques qualifient d'ondes gamma. Des ondes connues pour intervenir au cours des phases de méditation, de récupération de la mémoire, de flashback ou encore... de rêve. » (lu ici)

Regardez plutôt :

 

 


 (Article référencé)

En bleu, avant la mort ; en rouge, après la mort. Vous voyez une différence ? Non ! Nada !

- Après la mort, votre cerveau continue de gamberger.

 

Évidemment, ça ne dure pas très longtemps : mais quand même. Selon ces chercheurs

« ces travaux pourraient remettre en question la manière de qualifier la fin d'une vie. Et soulever des interrogations quant au moment judicieux pour planifier un don d’organes. Car notre cerveau semble capable d'une activité coordonnée, même lorsqu'il n'est plus alimenté par du sang frais ».

Oui, mais bof. Ça ne nous dit pas à quoi on pense dans ces cas, sauf à croire les illuminés qui ont vu de la lumière au bout d’un couloir : ils ne nous disent même pas ce qu’il y a au bout. 

Heureusement, les chercheurs sont là pour répondre à vos questions bien légitimes. Car ils ajoutent : « Il pourrait même être programmé pour nous guider dans l'épreuve de la mort. »

AhAh... voilà qui nous éclaire. Le Livre des morts égyptiens ; le Bardo Thödol des tibétains, ce n’étaient donc pas des superstitions ? Il y a bel et bien un dédale d’épreuves à affronter quand on est mort et pour ça la prévoyante Nature nous a pourvu d’une survivance cérébrale. Mais à quoi ça pourrait ressembler ? A un GPS mental ? A un album d’images SF ? Qui sait ?

 

En tout cas on est heureux de savoir que nos chercheurs n’ont pas été desséchés par leurs études scientifiques et qu’ils gardent une imagination en parfait état.

vendredi 25 février 2022

Aux armes et cetera ! – Chronique du 26 février

Bonjour-bonjour

 

Plus de 100000 hommes, des chars d’assaut, des avions, des drones, etc. voilà ce que les Russes ont engagé pour maitriser l’Ukraine.

Les occidentaux, en particulier les membres de l’OTAN, se doivent de répondre, c’est çà dire de ne pas laisser les ukrainiens seuls face à l’envahisseur.

Voici la réponse de la France :

1) « A Paris, la tour Eiffel a été éclairée aux couleurs de l'Ukraine, en soutien au pays envahi par la Russie. Le célèbre monument parisien doit être illuminé de jaune et bleu de 18 heures à 00h30 pendant trois soirs de suite ». (Lu ici)

  


C’est beau la Tour Eifel la nuit...

 

Ensuite :

2) La France va déployer 500 militaires en Roumanie : «L'Otan a décidé de renforcer sa présence, d'envoyer un signe très clair de solidarité stratégique, de positionner des forces en Roumanie», a déclaré le général Burkhard chef d'état-major des armées françaises, qui a ajouté : « La France s’est portée volontaire (...) pour assurer le rôle de nation cadre, c'est-à-dire de pays leader, pour déployer un bataillon en Roumanie prochainement » (Cf. réf. ci-dessus)

 

Oui, vous avez bien lu : avec un contingent de 500 hommes, la France peut remplir le rôle de nation-cadre et de pays leader pour l’OTAN.

... Pas la peine d’insister, n’est-ce pas : les pays occidentaux sont paralysés par les forces russes dans la crainte de l’usage de la bombe atomique.
Il faut dire que c’est la première fois depuis que cette arme existe que deux pays en disposant risquent l’affrontement – car ne l’oublions pas, l’OTAN est une puissance nucléaire et pas des moindres.

Les écologistes d’aujourd’hui partent en croisade contre les centrales nucléaires dénoncées comme une menace sur l’environnement. Mais dans les années 60, un conflit nucléaire était encore bien plus craint que l’explosion d’une centrale nucléaire. Un tel conflit, outre les destructions des cités, est susceptible d'entrainer une pollution telle qu’il serait impossible d'y survivre longtemps. Les choses n’ont sûrement pas changé depuis.

Que nos militants verts se mobilisent pour Kiev au nom de la pureté de l’air.

jeudi 24 février 2022

Quelle connerie la guerre ! - Chronique du 25 février

Bonjour-bonjour

 

La guerre en Ukraine se met en place avec son lot de frappes aériennes, de civils tués, d’incendies et de déclarations héroïco-tragiques. C’est la guerre avec pour toile de fond le péril nucléaire et... les bourses qui plongent.

Car pendant que les hommes se massacrent et s’ingénient à anéantir tout ce que l’humanité a produit de progrès durant des millions d’année, d’autres, penchés sur les cours de la bourse surveillent les conséquences pour leurs avoir financiers.

Il en ressort (lu ici) que les mesures prises à l’encontre de l’agresseur russe ne seront actées que si elles n’ont pas de contre-effets désastreux pour les entreprises capitalistes. Tels que :

- A propos du système de communication interbancaire Swift : "Si la Russie est déconnectée du système Swift, nous ne recevrons pas de paiement étranger, mais nos acheteurs, les pays européens en premier chef, ne recevraient pas nos biens : pétrole, gaz, métaux et d'autres produits d'imports" a prévenu le sénateur russe Nikolay Zhuravlev. 

- Pour ce qui est de l’embargo sur l’exportation de pétrole et de gaz : le prix du pétrole va flamber car en cas d’interruption partielle des livraisons de pétrole russe, les autres grands pays producteurs ne pourraient compenser que dans une mesure limitée.

- Quant aux entreprises européennes, on peut citer le cas de Renault pour qui la Russie avec 482.264 unités vendues, constitue son deuxième marché après la France.


£££/$$$/¥¥¥/€  € : c’est la guerres des portefeuilles....

 

Mais alors, la guerre d’Ukraine risquerait donc bien de ne faire sur le plan économique que des vaincus : alors, pourquoi la faire ?

Éh bien ce qui compte voyez-vous, c’est que la balance gain/pertes soit positive après la bataille. La guerre d’Ukraine a été déjà évaluée par les russes pour le coût qu’elle va entraîner et ces risques financiers sont déjà entrés dans les gros ordinateurs de Moscou dans la colonne « Pertes ». Mais il y a aussi la colonne « Profit » - mais là, nous n’avons aucune idée de l’évaluation du maitre du Kremlin. 

Et puis, baste ! Si la dépense pour le Dombass  est trop élevée, il n’y a qu’à ajouter l’Ukraine toute entière – histoire de rentabiliser l’opération.

mercredi 23 février 2022

The time to act is now – Chronique du 24 février

Bonjour-bonjour


« Le moment d’agir est venu » : ces mots, Dmytro Kuleba le ministre des affaires étrangères ukrainien vient de les dire dans un tweet, scellant ainsi ce fait insupportable : la guerre est en Ukraine – et elle est à nos portes.

The time to act is now... Mais à quelle action sommes-nous invités ? Prendre les armes et mourir pour Kiev ? Vladimir Poutine l’a dit avec franchise : la Russie n’est pas assez forte pour vaincre les forces de l’OTAN ; mais elle possède le feu nucléaire propulsé par des missiles supersoniques de dernière génération contre lesquels il n’existe pas de parade. Une seule de ces bombes sur Paris et vous imaginez la suite...

 


Ça ne vous parle toujours pas ? C’est que vous êtes trop jeune. Pour une génération comme la mienne qui a vécu la moitié de sa vie avec la peur de la 3ème guerre mondiale, d’un conflit nucléaire qui promettait de détruire le genre humain, cette menace est sidérante. Nos peurs d’hier, celles du virus capable de nous renvoyer ad patres, de dérèglements climatiques ravageurs, entre incendies et inondations – oui, toutes ces angoisses, pfuitt ! désormais il faut les oublier pour suivre la progression de l’armée russe dans les champs de blé ukrainiens.

Ce que vont vivre les ukrainiens vous pourriez le vivre à votre tour. Sans exode, sans sirènes qui vous réveillent la nuit, simplement avec la menace d’une explosion soudaine qui va vitrifier le pays comme jadis Hiroshima...

 

Ça y est ? Vous avez les miquettes maintenant ? Alors je vous l’avoue : je blague, tout ça n’arrivera pas – du moins tant que les gouvernants seront rationnels. Mais quand vous avez une armée surarmée et surentrainée, que vous avez des mégatonnes de bombes atomiques dans vos silos et des fusées dernier cri pour propulser tout ça, vous pourriez me dire ce qui est rationnel et ce qui ne l’est pas ?

mardi 22 février 2022

Les machines peuvent-elles douter ? – Chronique du 23 février

Bonjour-bonjour

 

Vous connaissiez bien sûr RoboCop, le personnage de fiction imaginé pour le film de Paul Verhoeven ? (1) Hé bien le voici réalisé par la police hollandaise. Voyez plutôt : 

« La police néerlandaise a annoncé mardi 22 février la fin de la prise d'otage dans une boutique Apple Store à Amsterdam qui a duré plusieurs heures, précisant que l'homme armé était aux mains des forces de l'ordre. "Il est allongé dans la rue et un robot l'examine à la recherche d'explosifs", a déclaré la police sur Twitter, ajoutant que le dernier otage retenu dans la boutique avait été mis en sécurité. » (Lu ici)

 

Bien sûr je vais un peu vite en besogne : le robot en question n’est qu’une machine destinée à détecter la présence d’explosif sans que les hommes qui sont en opération ne prennent ce risque : des chiens renifleurs feraient aussi bien le travail. Mais ici on agit quand même sur un homme, on le fouille et donc on remplace une action éminemment humaine par le fonctionnement d'une machine. On n’est pas loin de la fiction des robots tueurs ou robots-soldats qui pourraient dans un proche avenir prendre la place des militaires sur les terrains d’opération.

Imaginons donc ce « RoboCop » nouvelle manière, envoyé pour fouiller une maison à la recherche d’explosif et – pourquoi pas ? – de terroristes. Ne pourrait-on imaginer, puisque cette machine est « intelligente » et capable de différencier un homme de tout autre objet, qu’elle soit armée et qu’elle tire sur cette cible dès qu’elle l’a détectée (par rayonnement infra-rouge par exemple) ? Ne serait-on pas là en présence d’une opération que l’on peut parfaitement déléguer à des machines ?

Sauf que celles-ci ne sauraient peut-être pas agir avec discernement : et si au lieu d’un terroriste on avait affaire à un otage ? La machine saurait-elle faire la différence et en cas de doute suspendre l’opération ? Sûrement pas, car une machine ne connait pas le doute, elle est dans une logique binaire – « S’il y a quelqu’un : je tire ; s’il n’y a personne je m’abstiens. »

On l’habitude de se poser des questions très délicates à propos des robots militaires, du genre : " À supposer que ces machines soient destinées à opérer en parfaite autonomie, coupées de la chaine de commandement, quelle morale leur programmer pour qu’elles puissent par elles-mêmes décider d’ouvrir ou non le feu ?" C’est bien compliqué, et puis dans la réalité on zigouille les gens sur le terrain militaire sans s’en formaliser ni se demander s’il fallait le faire. 

Par contre, dans le genre d’opération évoquée ici – à savoir la prise d’otage – la question est beaucoup plus immédiate : les machines savent-elles douter ?

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(1) Dans le film de Paul Verhoeven l'officier de police Alex Murphy (Peter Weller) est brutalement assassiné par les membres d'un gang de criminels qu'il poursuivait. Mais il est peu après ramené à la vie et transformé en robot-policier, le RoboCop. Ignorant tout de son ancienne vie, RoboCop mène une campagne brutale contre le crime tout en percevant des fragments persistants de son humanité perdue. (Lire ici)

lundi 21 février 2022

Si vis pacem, para bellum – Chronique du 22 février

Bonjour-bonjour

 

Ainsi c’est fait : alea jacta est – autrement dit, lundi 21 février les Russes ont reconnu officiellement les Républiques séparatistes ukrainiennes et, dans la foulée, Vladimir Poutine a ordonné à l'armée russe de "maintenir la paix". L’Ukraine est envahie et toute réaction de son l’armée sera considérée comme une agression envers le Donbass par le pouvoir russe qui réagira militairement – mais comme on vient de le voir, il s’agira seulement de « maintenir la paix » (lire ici)

Si vis pacem, para bellum... Alea jacta est... Voilà qui nous rappelle les « pages roses du Petit Larousse », du temps où ça existait. Ce n’est qu’une façon de dire que tout le monde veut la paix, puisque même ceux qui amassent des troupes, des chars et des avions sont en réalité des pacifistes, puisqu’ils ne le font que pour maintenir un état de tranquillité et de sécurité. 

 

- On dira qu’il y a une autre façon de « vouloir la paix » : c’est de s’assoir autour d’une table et de discuter – autrement dit de recourir à la diplomatie pour trancher les différends.

Oui, mais quand ça ne marche vraiment pas, le canon est bien la seule façon de décider de qui va l’emporter. C’est ainsi que Clausewitz affirmait que « la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens », reprenant un vieil adage datant de Louis XIV qui faisait graver sur ses canons « Ultima ration regum » : /la force/ est le dernier argument des rois. 

 


Curieux argument, puisque la diplomatie qui consiste à négocier sous la menace des canons ne doit pas faire bonne figure.

Oui – mais ce n’est pas tout : la force est encore requise après que la diplomatie a fait son office en concluant un traité de paix. Car, rappelez-vous ce que disait Hobbes : « Covenants, without the sword, are but words» /Pactes sans sabres, ne sont que palabres/ (Léviathan, II, XVII)

Après la latin, l’anglais. A quand le russe et le chinois ?

dimanche 20 février 2022

Voltaire aurait-il soutenu Éric Zemmour ? – Chronique du 21 février

Bonjour-bonjour

 

On ne parle que de ça en ce moment : Éric Zemmour, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon : ces trois candidats, parmi les plus en vue de l’élection présidentielle, sont à la peine pour réunir les signatures d’élus qui acceptent de les parrainer.

On connait la problématique : ces signatures sont-elles accordées simplement pour attester que le candidat est digne d’accéder au scrutin ; ou bien signifient-elles un soutien aux idées qu’il défend ? Le fait de rendre public leurs signatures fait craindre aux maires que leurs administrés ne l’interprètent comme un soutien politique, alors même que pour la plupart ils sont d’un apolitisme revendiqué. D’où rétention de signatures. 

 

Sur ce sujet, on apprend ce matin que David Lisnard, le maire Les Républicains de Cannes veut aider la candidature de Jean-Luc Mélenchon par "exigence démocratique".

« C’est cette démarche en faveur de Jean-Luc Mélenchon que défend David Lisnard alors même qu’il assume combattre « ardemment ses convictions, ses idées et ses valeurs ». Ces divergences qui ne doivent pas empêcher le candidat de la France Insoumise de pouvoir concourir. « Je pense qu’il faut prendre une initiative pour montrer que le parrainage ne vaut pas soutien et qu’il faut veiller à la libre expression démocratique et républicaine ». (Lire ici)

 

Cette attitude qui prend appui sur l’esprit de la démocratie a été dans le passé celle de Voltaire qui défendait alors la tolérance : dans une lettre datant du 6 février 1770 adressée à l’abbé Le Riche, il s’exprimait en ces termes : « Monsieur l’abbé, je déteste ce que vous écrivez, mais je donnerai ma vie pour que vous puissiez continuer à écrire. »

Voltaire prend la défense de l’abbé Le Riche : pourquoi pas celle d’Éric Zemmour ?

En tout cas on voit combien la démocratie nécessite qu’on domine les préventions politiciennes, combien elle exige de maturité pour que les passions et leurs fureurs n’embrasent pas la vie sociale et politique. C’est cela qu’atteste le débat démocratique et c’est pour cela que toutes les opinions doivent pouvoir s’exprimer et concourir aux suffrages. 

- Reste que depuis le siècle des lumières on estime que la vérité doit pouvoir naitre de ce débat, et que ceux qui ne partagent pas ce point de vue n’y ont pas leur place. C’est la contradiction des démocraties, bien mise en évidence par Saint Just : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté »

samedi 19 février 2022

À vous l’Afrique et l’Afghanistan ! – Chronique du 20février

Bonjour-bonjour

 

Avec les jours qui rallongent et le soleil qui montre le bout de son nez, vous vous prenez à rêver d’horizons nouveaux, de pistes parcourues à bord d’un véhicule pétaradant et qui vous sort de toutes les embûches de la route ? N’attendez pas le prochain Salon et offrez-vous tout de suite le CAESAr 6×6 Mark II !

Lisez le descriptif : « Le 109 CAESAr 6×6 Mark II est doté de six roues motrices et d’une motorisation puissante de 460 CV ; il bénéficie en outre d’un nouveau châssis et une boîte de vitesse automatique. Vous voyagerez à bord du 109 CAESAr protégé par une cabine blindée de niveau 2 et, cerise sur le gâteau vous serez doté en équipement de base d’un système d’artillerie de 155 mm. »

Voici ce bijou dont vous raffolez déjà j’en suis sûr :

 

 

Je sais, certains vont tiquer : « Le canon, là sur le châssis – et qui déborde sur le toit de la cabine, est-ce bien nécessaire ? Ça mange toute la place et qu’est-ce que vous voulez qu’on fasse d’un bidule pareil ? » Attendez un peu d’être dans le nord du Mali (pourquoi pas ?) entouré d’individus louches en pickup avec des mitrailleuses. Vous verrez comme ils vont déguerpir dès qu’ils verront votre 155 mm ! Vous n’aurez même pas à tirer un coup qu’ils auront disparu ! Et puis, le 6X6, pensez-y ! Même pour le Paris-Dakar ils n’ont pas ça. »

 

Je vous vois saliver d’abondance et je me sens un peu coupable : ce canon autoporté est réservé à l’armée qui en disposera d’ici 2031 (info référencée ci-dessus). 

Mais ne désespérez pas : il vous reste presque 10 ans pour faire pression sur le gouvernement afin qu’il autorise la vente de ce véhicule aux particuliers. D’ailleurs je suis sûr que les américains vont ouvrir la voie, eux qui mettent en vente un fusil d’assaut JR-15 dans une version réservée aux enfants. 

Ah !... Partir en vacances dans le CAESAr 109 avec les petits à l’arrière munis de leur JR-15... (1)

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(1) Le fusil JR-15 est une variante du fusil d’assaut AR-15 dont on parle abondamment dans les post référencés (cliquez sur le lien thématique « arme »


vendredi 18 février 2022

Cachez ce voile que je ne saurais voir – Chronique du 19 février

Bonjour-bonjour

 

A Nantes une femme voilée affichée sur un panneau de la ville a déclenché la polémique

 


Cette campagne, lancée à l'initiative de l'association « Bien être et solidaire », reprend une photo capturée pour le projet « Visages des Nantaises ». On suppose que cette affiche faisait partie d’une série d’images de visages de femmes évoquant toute sorte de personnages, d’occupations, d’âges. Que des femmes voilées, qu’on croise dans les rues tous les jours, paraissent dans cette série, quoi de plus normal. On est devant la banalisation d’un fait tout à fait banal : où est le drame ?

Seulement voilà : une chose est de montrer la réalité telle qu’elle est ; une autre de monter en épingle l’un de ses aspects, qui devient alors représentatif non de la normalité mais de l’anomalie. Du coup, voilà que cette gentille femme-voilée devient le porte-drapeau de ces atteintes aux valeurs républicaines. Que l’on en juge :

            - « Promouvoir le voile est une faute politique, une atteinte à la laïcité. […] Pas un euro d'argent public ne doit servir le communautarisme » déclare Laurence Garnier la sénatrice de la Loire Atlantique (Lire ici)

            - Il y a pire : « Choisir une femme voilée, symbole de soumission, pour « le mois de la femme », voilà où l'on en est à Nantes », déclare Foulques Chombart de Lauwe conseiller municipal.

 

Je ne dis pas que ces deux visions sont objectives : elles ne le sont d’ailleurs sûrement pas, mais finalement ça ne change rien. Car cette façon de percevoir le voile islamique persiste quoiqu’il en soit, empêchant sa banalisation et déclenchant une réaction de rejet : comment « être solidaire » comme le propose l’association nantaise avec de gens qui se replient sur leurs pratiques communautaires ? Pire encore : bien au-delà du communautarisme ce qu’on voit avec le port de ce voile c’est une pratique de domination des femmes : il ne s’agit plus seulement de les distinguer des hommes, il s’agit surtout de les soumettre à une société patriarcale, contre laquelle la France lutte de toutes ses forces.

On comprend alors l’intention des organisateurs qui ont voulu cette affiche : rappeler que dans la réalité rien ne distingue les femmes musulmanes de leurs consœurs non-musulmanes. Que le foulard ne les force pas à rester à l’écart de la société ordinaire – en particulier celle des hommes ; et que rien dans leur comportement ne les montre asservies. 

Mais on ne voit jamais la réalité autrement qu’à travers des lunettes qu’on ne retire jamais et qui la colorent de façon indélébile. Les tentatives banalisation telles que celles-ci sont pédagogiquement inefficaces.

jeudi 17 février 2022

Entre délit et faute, que faire de Jérôme Cahuzac ? – Chronique du 18 février

Bonjour-bonjour

 

Jérôme Cahuzac vient de réapparaitre en public dans l’émission de David Pujadas afin de rappeler qu’après avoir purgé sa peine de prison pour fraude fiscale prononcée en 2018 il souhaitait redevenir un citoyen comme les autres. 

Lorsqu’un délinquant sort de prison après en avoir fini avec sa peine, il est rare qu’il vienne s’expliquer sur sa situation : normalement, étant en règle avec la justice, il ne devrait en effet pas avoir à demander à être réintégré dans la société. Et pourtant Jérôme Cahuzac le dit :  « /Je voudrais/ ne plus voir cette condamnation perpétuelle dans le regard des gens », avant d’ajouter : « Je suis venu pour tourner la page, pas pour déclencher des polémiques »

 

C’est qu’en réalité la faute commise par Jérôme Cahuzac, ministre du Budget et lui-même fraudeur du fisc à haute intensité, est un délit beaucoup plus grave que celui qui fut sanctionné par la justice. C’est d’ailleurs ce que l’intéressé a lui-même constaté : « /Lorsqu’une/ journaliste a comparé ma condamnation avec celle d'un prêtre pédophile, je suis stupéfait qu'on puisse comparer un acte de pédophilie avéré avec un acte de fraude fiscale. Ce jour-là j'ai compris que j'avais commis un sacrilège. » Entre le délit et la faute, il y a donc une marge que personne ne fixe ni ne peut éviter. Marge qui ne se refermera qu’avec le temps – si elle se referme jamais.

 

On sait comment réparer un dommage : en général il suffit de rétablir la situation telle qu’elle était avant. Par exemple rendre l’argent volé, ou faire des excuses publiques et assumées pour des diffamations. Mais comment réparer une faute comme celle-ci, qui relève de l’abus de confiance ? Comment l’ancien ministre du budget de la France pourrait-il revenir au statut qui était le sien avant ses fraudes ? 


Monsieur Cahuzac l’a tenté en cherchant à montrer quel homme il était en réalité. Il s’est fait humble médecin au service d’une population de corse prise dans un désert médical. 

Le brillant docteur Cahuzac a enfilé la défroque du docteur Schweitzer : la vertu de ce dernier rachètera-t-elle les vices du premier ?

mercredi 16 février 2022

Les hommes préfèrent les grosses – Chronique du 17 février

Bonjour-bonjour

 

Je m’apprêtais à disserter sur les pronostics annonçant que désormais le coronavirus circulerait avec une faible intensité – et voilà que je tombe sur l’information suivante : « Des scientifiques ont réussi à démontrer que le tic-tac de deux horloges était très légèrement décalé lorsque celles-ci étaient séparées d'une fraction de millimètre seulement ».

Quoi me dis-je, on est capable d’entendre que le tic-tac de ma pendule de cuisine est désynchronisé avec celui de l’horloge du salon ? C’est fantastique !

 

- Lisant plus avant, je découvre ceci : « A ce niveau de sensibilité, les horloges agissent comme des sondes. Et avec une mesure du temps si précise, vous pouvez voir comment les temps et l'espace évoluent en temps réel » Bigre ! Je réalise tout à coup que moi-même, quand je me déplace de ma cuisine au salon le temps dans lequel je vis se modifie. Là, le vertige me prend. Comment le temps se modifierait-il ?  

Lisons encore : « Selon la théorie de la relativité générale d'Einstein, le champ gravitationnel d'un très gros objet distord l'espace-temps. Ainsi, le temps ralentit lorsqu'on s'approche d'une masse importante. »

Cette fois j’ai bien compris : l’écoulement du temps est relatif à la masse près de la quelle je me trouve. Si donc la masse de mon frigo est plus importante que celle de la table du salon, le temps s’écoule moins vite près des fourneaux que dans mon canapé.

- Mais alors, celui qui passe toutes ses nuits au côté d’une femme qui pèse près d’un quintal vieillit moins vite que celui qui a épousé une ménagère famélique qui pèse 40 kilos toute habillée.

Décidément, ils ont raison, les hommes qui préfèrent les grosses.

mardi 15 février 2022

On nait prolétaire, on ne le devient pas – Chronique du 16 février (2)

Bonjour-bonjour

 

Que faut-il pour être communiste aujourd’hui ? 

Demandons à Fabien Roussel, secrétaire national du PCF et candidat communiste à l’élection présidentielle.

Déjà, notons que Fabien Roussel est né communiste de parents communistes. Né à Béthune (Pas-de-Calais) de parents militants, élevé en politique par le Nordiste Alain Bocquet. L’un de ses compagnons de route est Olivier Marchais un ami d’enfance et fils de Georges.

« On me caricature comme le candidat beauf, sauciflard, provincial, mais je ne suis pas seul. On est plein à être d’accord sur cette ligne : la volonté de reconquérir l’électorat populaire sur un discours de classe, avec du fond ». Bref sans être « Pinard et saucisson » de triste mémoire (1), il n’en reste pas moins que le « sauciflard » est un emblème de la classe ouvrière toujours d’actualité.

 


Notons aussi que cette revendication de goûts gastronomiques spécifiquement « populo » va avec un « discours de classe » comme énoncé ci-dessus.

La classe en question étant la classe ouvrière (ou populaire ») on note qu’on ne peut y adhérer sans y être né. On nait prolétaire, on ne le devient pas.

Notons que cette proposition a l’avantage d’éliminer des débats scabreux du genre : 

Comment définir la classe ouvrière aujourd’hui ? Les prolétaires d’aujourd’hui sont nés de parents prolétaires, les quels étaient issus des paysans, et avant eux des serfs médiévaux.

Quel rôle doivent jouer les élites ? Servir le pinard et le saucisson aux apéros populaires.

Que penser de l’immigrations ? Les immigrés sont nos frères et nos camarades de combat pour le triomphe des mangeurs de saucisson - Et des buveurs de pinard ? - Oui

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(1) L'apéro « Saucisson et pinard » est un événement "anti-islamisme" organisé à la Goutte-d’Or qui fait scandale... en 2010

De la génération 2.0 à la génération amish – Chronique du 16 février (1)

Bonjour-bonjour

 

Ce qui rend cette campagne électorale peu lisible c’est qu’on y trouve des candidats qui réclament des mesures pour finir le mois – et d’autres qui nous projettent dans un avenir lointain, à 50 ans – quand ce n’est pas à 100000 ans. On aura reconnu d’une part les candidats populistes qui veulent doubler le SMIC, quitte à mettre l’entreprise en faillite l’an prochain ; et de l’autre les écologistes qui veulent prendre des mesures choc sans lesquelles le climat va se détériorer de façon irréversible, quitte à rendre notre monde invivable.

J’ai moi-même donné dans cette contradiction avec mon Post d’hier consacré à la vision de l’avenir dans la campagne électorale ; et celui du 12 février qui affirmait que le court terme était l’alpha et l’oméga de la politique en ce début de 21ème siècle.

 

- On pourrait ironiser là-dessus en évoquant le « en même temps » macronien. Mais ce ne serait pas sérieux. De fait il y a là une des difficulté majeure de la période actuelle, qui se résume dans le terme transition, qu’elle soit écologique, énergétique, industrielle, ou même sociale. Car, oui : il faut permettre aux gens de vivre dignement maintenant, car on ne peut plus faire le coup de la génération sacrifiée : il n’y a plus d’idéologie pour justifier ça. Mais on doit également prendre aujourd’hui des mesures pour l’avenir sans lesquelles on ne pourra pas éviter des catastrophes (climatiques mais pas seulement). On a en ce moment même l’exemple du carburant dont le coût met en difficulté nos compatriotes dont le travail est déjà si mal rémunéré, mais qui dans le même temps conduit à réduire la consommation de ce polluant majeur. Quand on se souvient que le Grand confinement (il y aura bientôt deux ans) a été un moment où l’air a retrouvé sa pureté, alors même que la vie économique menaçait de s’effondrer, on se dit que nous sommes désormais condamnés à vivre dans la contradiction permanente. C’est qu’aujourd’hui, l’économie, la politique, l’écologie : tout se tient, mais de façon divergentes. Si je réduis mes achats de pétrole, je réduis la pollution, mais je restreins l’activité économique – donc j’appauvris le pays. Et dans le même temps et je contribue à déstabiliser les pays émergents qui dépendent de cette ressource.

 

Alors, quid de la campagne électorale ? Ce qu’il nous faut ce sont des programmes qui portent prioritairement sur la transition qui nous permettra de vivre aujourd’hui sans ruiner celle de demain. Il nous faut aussi des candidats qui nous présentent un programme qui propose des actions visant à passer le cap qui nous mène d’aujourd’hui à demain, en satisfaisant aux exigences de ces deux étapes. Ça peut paraitre banal tant c’est évident. Quand des candidats nous proposent des renoncements aujourd’hui, ils prétendent que c’est aussi une chance pour nous – et pas seulement pour nos arrières petits neveux. " Dans une économie décarbonnée, que d’emplois nouveaux nous attendent !" Oui, mais comment on fait pour aller au travail ? Et comment on fait pour se chauffer en hiver ? Et pour s’habiller ? Et nos loisirs ? Allons-nous nous distraire en dansant une sabotée sur la place de la Nation au son d’un violoneux ?

lundi 14 février 2022

Qui a une vision de l’avenir ? – Chronique du 15 février

 Bonjour-bonjour

 

Les chroniqueurs politiques s’en donnent à cœur joie en ce moment : les déserteurs, les traîtres, tous ceux qui quittent leur parti politique et ses candidat.e.s pour rejoindre celui ou celle d’un autre parti font florès en ce moment. Occasions en or pour gloser sur les faiblesses de tel ou telle postulant.e à la Présidence – quand ce n’est pour envisager à l’échelle de l’Histoire la recomposition du visage politique de la France. 

J’ai compilé (en annexe) quelques unes des candidatures à l’élection présidentielle (en laissant de côté les candidats auto-proclamés sans soutien véritable) : j'en dénombre une bonne douzaine. On n’oubliera pas que la situation est encore plus complexe qu’il n’y parait déjà, en raison des fractures qui sillonnent les partis, comme le LR facturé entre la tendance macroniste et la tendance marino-zemourienne.

 

D’où vient cette situation ? Bien entendu depuis son origine l’élection présidentielle est l’occasion pour des illuminés ou des farfelus de se faire connaitre grâce à leur présence dans le débat démocratique où ils n’avaient rien à faire. Mais aujourd’hui il s’agit de forces politiques bien présentes dans le pays, même si les élections démocratiques ne les ont pas toutes consacrées. Cette situation exprime-elle un pays fractionné en tendances divergentes, reflet des égoïsmes et du clientélisme qui foisonnent à présent ?

 

Sans doute, mais pas seulement. Nous sommes en réalité dans une situation plus complexe et plus paradoxale : méfiants à l’encontre des dirigeants politiques et aussi des « informés » qui nous abreuveraient de « fake-news », beaucoup de français refusent les dominants de tout poils, à commencer par les « premiers de cordée » si chers à notre Président – mais dans le même temps ils plébiscitent les aspirants-chefs, petits ou grands. Ils ont triomphalement élu Emmanuel Macron, dont le premier coup d’éclat fut de virer brutalement le chef d’état-major en proclamant « Ici c’est moi le chef ! ». L’idylle qui s’épanouit actuellement avec Éric Zemmour aurait sans doute la même saveur si elle devait aboutir.

On fera facilement une psychanalyse de cette ambivalence – je ne le ferai pas. Car il me semble que derrière cette contradiction se cache un besoin très naturel, voire même animal, d’avoir une vigie qui désigne l’horizon et annonce la route à suivre. Ce besoin a été constant dans le siècle dernier – qu’on se rappelle la fortune politique du Guide de la révolution, du Duce, du Caudillo, du Grand timonier, du Führer. Tous ces gens étaient capables de dire au peuple : « Voilà où nous devons aller, et voilà les écueils qu’il nous faut surmonter »

 

On se plaindra qu’ils furent des idéologues extrémistes prêts à entrainer leur pays dans des catastrophes d’où l’on ne revient pas. Sans doute mais eux au moins avaient une vision de l’avenir et c’est cela dont nous avons le plus grand besoin. Bien entendu les révolutionnaires ont tous une telle vision, puisqu’ils n’ont pas de compte à rendre à la réalité : le vieux monde doit être détruit pour qu’advienne cet avenir radieux dont nous rêvons tous.

C’est bien aussi ce que nous constatons : les plus radicaux de nos candidats sont aussi ceux qui dessinent l’avenir d’une ligne parfaitement claire. Dès lors, plus besoin de compétences et de soutien politique : seule compte la force de la conviction. Et ça, ça ne manque pas.

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Liste des principaux candidats à la présidence (voir ici)

A gauche :

Jean-Luc Mélenchon (La France Insoumise) - Christiane Taubira (Divers gauche) - Anne Hidalgo (Parti socialiste)  - 

A l’extrème-gauche :

Fabien Roussel (Parti communiste) - Philippe Poutou (Nouveau parti anticapitaliste) - Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière)

A droite :

Valérie Pécresse (Les Républicains) 

A l’extrême droite :

Marine Le Pen (Rassemblement national) - Eric Zemmour (Reconquête !) - Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) - François Asselineau (Union populaire républicaine)

Florian Philippot (Les Patriotes)