samedi 30 avril 2022

1er mai : hop ! Debout les travailleurs ! – Chronique du 1er mai

Chères camarades travailleuses, chers camarades travailleurs. 

 

C’est votre fête aujourd’hui et voilà pourquoi vous pouvez rester au lit toute la journée si ça vous chante.

Car, oui, aussi paradoxal que ça paraisse, on célèbre le travail ... en ne travaillant pas.

Comme si le jour de la St Valentin, les amoureux se disaient : « Aujourd’hui, c’est la fête de notre amour, donc pas de bisous ni de frotti-frotta. Pas de bouquet de roses, et encore moins de collier ou de médaillon d’amour »

 

Bizarre-bizarre, ne trouvez-vous pas ? Car les jours sans travail sont en général consacrés à autre chose que la paresse : en prière du matin au soir pour le jour du Seigneur ou pour shabbat, et – justement – en manifestations pour... le 1er mai ! 

- Écoutez Emmanuelle Reungoat, maîtresse de conférences en sciences politiques à l’université de Montpellier : « Le 1er-Mai, c’est le jour où le mouvement social se donne à voir, se montre, fait membre. » (Lu ici)

Car si on chôme ce jour-là, c’est pour « faire membre », retrouver les camarades dans les défilés, pour « être vu », se compter et faire cause commune avec des slogans bien sentis.

 

Allez hop ! Debout camarades ! Car :

Fête du travail = défense des travailleurs = défilés =  rencontres = liens sociaux.

C’est que la démocratie ne peut plus se contenter d’élections : il lui faut en plus du lien social entre les citoyens. Coincée entre deux élections, la journée des travailleurs donne l’occasion d’agir par la mobilisation dans la rue. 

--> Mais attention ! Pas de débordements ni de vilains casseurs : place aux merguez grillées !

Lisez plutôt (toujours l’article référencé) : « La politisation, c’est aussi ça : au-delà de la contestation, tisser des liens et se faire rencontrer les gens », affirme Emmanuelle Reungoat citant entre autres exemples « les cafés sur les ronds-points du temps des « gilets jaunes » ou les dancefloor post-meeting ».

Des dancefloor post-meeting ? Par exemple Place de la Bastille ? Comme un 14 juillet ?

La France va enfin pouvoir retrouver ses racines !

vendredi 29 avril 2022

Condamné à la privation de rapports sexuels – Chronique du 30 avril

Bonjour-bonjour

 

Les prisonniers sont condamnés à la privation de leur liberté de déplacement – un point, c’est tout. D’ailleurs, le Contrôleur général des conditions d’incarcération s’appelle : Contrôleur général des lieux de privation de liberté.

 

On apprend que Nordahl Lelandais, condamné à la réclusion à perpétuité pour le meurtre de la petite Maëlys a été surpris en plein ébat sexuel au parloir de la prison de Saint-Quentin-Fallavier (Isère). Or, nous dit-on, « le parloir étant considéré comme un lieu public, l’établissement pénitentiaire a qualifié d’exhibition les faits constatés par les agents. Nordahl Lelandais risque 14 jours de quartier disciplinaire et sa visiteuse fera l’objet d’une procédure contradictoire » (Lu ici).

On l’a compris : les rapports sexuels ne demandant aucune une liberté de mouvements, un détenu qui a le droit de lire, de réciter des poèmes ou de disputer un match de basket dans la cour de la prison s’il le veut, devrait avoir aussi le droit de copuler si une personne consent à le faire avec lui. 

On sait qu’il se passe des choses pas racontables sous les douches des prisons, mais que la direction préfère fermer les yeux, tant les tensions sexuelles sont génératrices de désordres. Mais ce n’est qu’une tolérance et sans avoir une connaissance précise des règlements, je suppose que les douches sont de plein droit réservées aux ablutions et à rien d’autre. Quant aux parloirs, on nous dit que ce sont des "lieux publics" et donc que le rapport sexuel de Nordhal Lelandais était une « exhibition » forcément interdite. 


On se demande alors pourquoi il n’y aurait pas en France comme dans d’autres pays des studios disponibles dans les prisons uniquement réservés aux ébats sexuels des condamnés - et cela simplement parce que c’est leur droit. Pourquoi la jouissance sexuelle serait-elle interdite ? L’orgasme avec partenaire est-il un privilège accordé par l’autorité supérieure et donc susceptible d’être retiré en fonction des crimes que l’on a commis ? Car ne nous y trompons pas : notre propre sexualité est impactée par cette interdiction : si on peut l’interdire, c’est bien que par ailleurs elle nous a été octroyée - oui, même nous autres gens ordinaires, nous sommes menacés par cette interdiction. Que demain je sois condamné à la prison pour avoir fraudé le fisc, le Juge me condamnera par exemple à 2 ans de prisons, ce qui veut dire confiné dans une cellule avec interdiction de copuler avec ma bonne amie ? Mais enfin, d’où vient ce droit de la Justice à empêcher une sexualité – droit que même les animaux exercent sans autres limites que celles de la Nature ?

 

Quand les prisonniers ont eu le droit d’avoir une télé dans leur cellule, les bonnes gens ont crié qu’on avait créé des prisons « trois étoiles ». A-t-on peur de fâcher ces bons citoyens en créant des cellules copulatoires ? Il serait pourtant intéressant de savoir ce qu’auraient à dire des individus comme ceux qui se sont récemment mobilisés avec l’extrême droite.

--------------------

N.B. Dans un Post du 4 mars 2018 je faisais déjà référence aux droits inaliénables du détenu, énumérés dans un "Guide du nouveau détenu" qu'on peut consulter ici

jeudi 28 avril 2022

Moi, violer des femmes ? Et alors ? – Chronique du 29 avril

Bonjour-bonjour

 

Une émission diffusée hier sur le cas PPDA, accusé de multiples viols de jeunes journalistes, étonne par son ancienneté : Catherine Lambret (qui dirigeait à l’époque l'Institut pratique du journalisme) dit en effet avoir été alertée par des journalistes d'Antenne 2 ou de TF1 qui donnaient des cours dans son école : "Chaque fois, ils me conseillaient, depuis l'année 83, 84, et après, les années suivantes, de ne jamais envoyer de filles là où PPDA pouvait être." Et il ne s’agissait pas de mains baladeuses : du viol véritable, avec la femme plaquée sur la moquette. (Lire ici)

Oui, vous avez bien lu : c’était il y a presque 40 ans, et depuis rien ne s’était passé.

On pourra se scandaliser que cet homme, du fait de sa puissance, ait joui d’une telle immunité. Mais aussi on pourra en profiter pour mieux comprendre que monsieur Poivre d’Arvor se soit étonné qu’on lui demande des comptes à présent. Car durant 40 ans il a cru sans doute que violer n’était pas un délit, juste une manière comme une autre d’assouvir ses pulsions.

Façon de rappeler ce que Durkheim disait déjà au début du siècle dernier : la sanction est nécessaire pour signifier que la loi est contraignante. Sans elle plus de loi, car plus de contraintes. Dans un tout autre ordre d’idées, certains estiment aujourd’hui que les sanctions qui touchent les automobilistes pour 2 à 3 kilomètres d’excès de vitesse et qui constituent 80 à 90% des PV dans ce domaine devraient être supprimés : mais cela signifierait que la limite de vitesse est repoussée d’autant. Car là où est le PV, là est la limite à ne pas dépasser.

C’est dans cet ordre d’idées que le célèbre pilori médiéval qui exposait le coupable à la vue de tous mériterait d’être réinstallé. 

Devrions-nous nous réjouir que les réseaux sociaux jouent le même rôle aujourd’hui ?

mercredi 27 avril 2022

Thaumaturgie démocratique – Chronique du 28 avril

Bonjour-bonjour

 

Depuis son origine, l’élection au suffrage universel du Président de la République mobilise un maximum de votants : même lorsqu’ils s’abstiennent comme dimanche dernier, leur intérêt pour cette élection reste total. Car les abstentionnistes qui se sont exprimés sur leur attitude l’ont clairement dit : ils n’ont aucune confiance dans les candidats en présences et donc ils refusent de choisir, quand bien même ce serait pour refuser un autre candidat.

Confiance ? A quoi (ou à qui) l’électeur accorde-t-il – ou refuse-t-il – sa confiance ? À la capacité du Président à lui assurer des revenus décents, à lui garantir la sécurité dans la rue – voire même à le soigner quand il est malade. Comme avec le clientélisme, l’électeur dit au candidat : « Je vote pour toi à une condition : que tu m’accordes un avantage supérieur à celui que me consent ton rival. » : finies les idéologies compliquées auxquelles on ne comprend rien et qui prétendent contraindre les électeurs même quand leur échec est patent.

Ce que les candidats ont bien compris en faisant des promesses ciblées en direction de telle ou telle catégorie de la population. Et quand bien même ces promesses seraient contradictoires entre elles, qu’importe ? Voyez Emmanuel Macron visant avant le 1er tour la droite, et puis promettant entre les deux tours des mesures appréciées à gauche pour capter l’électorat mélenchoniste : ça a marché !

 

- Qu’en dit l’historien ?

On dit souvent que cette élection vise à établir à l’Élysée un « monarque républicain ». Sans doute, car cette attente des électeurs fait penser au pouvoir thaumaturgique des Rois après leur sacre (1), sauf qu’on ne demande plus au Président de guérir les malades, mais d’apporter au peuple la satisfaction de ses besoins, allant jusqu’à la violence quand il n’y satisfait pas – comme on l’a vu au temps des gilets jaunes.

On haussera les épaules pour mépriser cette croyance naïve qui n’honore pas les enfants du Siècle des lumières. Bien sûr... mais que cet espoir continue d’exister montre qu’il s’agit d’un désir ancré dans le cœur des hommes, désir qui ne recule jamais quand bien même il serait en totale contradiction avec la réalité. S’attend-t-on à ce que l’amoureux renonce à sa chérie simplement parce qu’elle l’a fichu dehors ?

- Alors on va crier au mensonge et à la manipulation lorsque le prétendant, une fois élu, tourne le dos à ses promesses. Mais au fond, est-ce qu'on ne l'a pas cherché ?

--------------------------------

(1) Le pouvoir thaumaturgique désigne le fait de réaliser des miracles. C’est ainsi que les rois de France recevaient de Dieu le pouvoir de guérir les écrouelles (= fistules d’origine tuberculeuse) après avoir été oints à la cathédrale de Reims au cours de leur sacre.

mardi 26 avril 2022

Moi Sapiens, toi Florensis – Chronique du 27 avril

Bonjour-bonjour

 

Après l’Abominable homme des neiges, voici le Petit homme de Florès qui nous promet la rencontre avec une humanité non-sapiens. C’est du moins la sensation que nous promet la publication prochaine d’un livre de Gregory Forth. Car, pour lui, les Hommes de Florès pourraient être encore vivants.

« Surnommé « Hobbit », cet hominidé mesurant environ 1 mètre et pesant entre 12 et 26 kg, aurait vécu entre -100 000 et -60 000 ans avant notre ère sur l’île de Florès, en Indonésie. L’espèce, que l’on croyait éteinte, pourrait bien encore être présente, selon l’anthropologue canadien Gregory Forth. Il publie un livre pour étayer cette hypothèse, disant qu’Homo floresiensis aurait été observé par la population locale, témoignages à l’appui. » (Lire ici)

o-o-o

Supposez qu’au détour du chemin (dans la jungle quand même) vous rencontriez cet étrange créature : 

 


Comment saurez-vous qu’il s’agit d’un être humain ou d’un animal ?

Vous pourriez lui serrer la main puisqu’il doit bien en avoir une ? Ou bien lui offrir un chewing-gum, histoire de lui montrer les avantages de la civilisation ? Ou encore, vous rappelant du film « Tarzan et sa compagne » (1934) entamer la conversation avec lui :

- Moi Jean Dupont – Toi Florensis.

Il se peut que l’étrange créature ne réagisse pas, mais aussi que le petit homme, comme Tarzan en 1934 répète « Moi Jean Dupont... ». Auquel cas comme Jane vous corrigerez en répétant avec les gestes appropriés : « Non. Moi Jean Dupont et Toi, Florensis ... » en espérant que tout comme Tarzan il comprenne en rectifiant « Moi Florensis »

Au quel cas, vous pourrez lui serrer la main en le félicitant « Bienvenue dans le genre humain » car c’est en effet une preuve de l’appartenance au genre humain que de comprendre la réversibilité du sujet parlant.

Lévi-Strauss l’expliquait en effet (dans Les entretiens avec Georges Charbonnier) que si nous rencontrions un petit homme vert (c’était l’époque) nous saurions qu’il appartient au genre humain s’il possède un langage traductible dans le nôtre – et qui dit langage dit également la réciprocité du pôle-sujet.

Les témoins oculaires de l’existence de cet être n’ont pas tenté de nouer le dialogue avec lui : dommage. Peut-être aurions-nous alors découvert que nous ne sommes pas seuls sur terre : sans chercher des extra-terrestres, la jungle indonésienne pourrait-elle nous révéler la présence d’un alter-ego ?

lundi 25 avril 2022

Vers une 5ème République « augmentée » ? – Chronique du 26 avril

Bonjour-bonjour,

 

Vous avez sans doute en mémoire les regrettées « raffarinades » dont Jean-Pierre Raffarin parsemait ses interventions du temps où il était premier ministre (du genre : « La route est droite mais elle monte », sorte de lapalissades qui faisaient le délice de la presse). Les voici de retour avec cette formule lâchée au détour d’un échange sur le plateau de C à vous à propos des révisions constitutionnelles selon lui nécessaires pour moderniser la constitution après les élections de cette année : « Ce qu’il nous faut, c’est une 5ème République augmentée ».

Je laisserai les spécialistes disserter sur les changements en question. Par contre je m’intéresserai à l’usage du terme « augmenté » utilisé comme épithète accolé au mot « République ». 

- D’abord, remarquons que monsieur Raffarin fait clairement allusion au terme « augmenté » tel qu’utilisé dans l’expression « réalité augmentée », où il désigne un procédé par lequel des éléments fictifs se trouvent enchâssés dans une image de la réalité, comme ici pour visionner un meuble sur un catalogue, directement incrustée dans l’image de votre salon :

 

Application Ikéa 


--> L’idée est que la réalité augmentée est d’abord la réalité ordinaire, telle que nous la connaissons déjà, mais enrichie d’éléments, nouveaux certes, mais qui en font partie de façon tout à fait réaliste.

- Car là est peut-être l’essentiel ici : ce que monsieur Raffarin suggère c’est qu’il ne s’agit surtout pas de faire la Révolution, peut-être même pas d’inventer une « 6ème République ». Il s’agit plutôt d’amender la constitution française, de façon à la faire évoluer selon les besoins actuels.

 

On pense aussitôt à la constitution américaine promulguée en 1787 et toujours en vigueur aujourd’hui, assortie il est vrai de multiples amendements.

 

 

Constitution américaine – 1787

 - A quand la Constitution de 1957 multi-amendée, mais maintenue dans son esprit et dans sa philosophie ?

dimanche 24 avril 2022

Et maintenant ? – Chronique du 25 avril

Bonjour-bonjour

 

Tout juste réveillé, avec de la brume qui traine encore dans les oreilles, j’entends : « Emmanuel Macron réélu à l’Élysée pour 5 ans »

Mes circonvolutions cérébrales se reconnectent paresseusement pour me faire savoir que, enfin, on va pouvoir roupiller plus longtemps pendant cinq longues années.

Et voilà que...

- Les ministres sont déjà convoqués mercredi prochain pour s’entendre dire officiellement que le nouveau gouvernement est en préparations et qu’on va les virer, eux, les anciens encore couverts des crachats de la plèbe.

Maintenant l’équipe présidentielle est au turbin pour mettre sur pied le futur gouvernement.


- La candidate battue hier dans les urnes appelle également à la mobilisation le 12 juin pour les législatives.

Maintenant il faut penser au 3ème tour. 


- Les journalistes restent eux aussi mobilisés : il ne faudrait pas que l’intérêt des auditeurs refroidisse. 

Maintenant  il faut vite remonter sur les plateaux polémiques pour exciter la haine et la souffrance.


Car dès hier soir - 20 heures 05 - des manifestants ont envahi certaines rues pour crier leur ras-le-bol du nouveau Président.

Maintenant, disent-ils, il faut exiger la démission d’Emmanuel Macron.


- Ce matin, les gilets jaunes repassent leur gilet défraichi, histoire d’être très vite prêts à envahis l’Arc-de-Triomphe.

 

Maintenant, c’est comme avant.

mercredi 20 avril 2022

mardi 19 avril 2022

L'affiche du Festival de Cannes – Chronique du 20 avril

Bonjour-bonjour

 

On vient de dévoiler l’affiche du 75ème Festival de Cannes : 

 


Je ne vous en aurais pas parlé si l’affiche du Festival n’avait pas explicitement repris celle du film  "The Truman Show" (à voir ici) qui évoque le thème du rapport entre fiction et réalité – en particulier tel que développé par l’Allégorie de la caverne de Platon (texte à lire ici)

 

« Ce film raconte en effet la vie d'un homme, Truman Burbank, vedette à son insu d'un spectacle de télé-réalité. Depuis sa naissance, son monde n'est qu'un gigantesque plateau de tournage et tous ceux qui l'entourent sont des acteurs. Lui seul ignore la réalité. » (art. Wiki)

On sait que les commentaires de ce film sont le plus souvent liés au thème de la manipulation (présent dans le texte de Platon à travers les manipulateurs de marionnettes) ainsi qu’au désir de croire à la fiction inventée plutôt qu’à la réalité effective (également chez Platon par la violence exercée par les prisonniers à l’encontre du porteur de vérité). 

Mais cette fois l’affiche de Cannes nous ouvre une autre voie. 

Lisons le communiqué du Festival : « Evocation moderne du mythe de la caverne de Platon, The Truman Show (...) avec cette scène décisive où l'on en vient à toucher la frontière entre le réel et sa représentation - autant qu'à interroger les pouvoirs de la fiction, entre manipulation et catharsis... Comme l'inoubliable Truman incarné par Jim Carrey qui frôle du bout des doigts son horizon, le Festival de Cannes prend acte de l'extrémité d'un monde pour l'appréhender à nouveau. »

Ici, plus question de « prisonnier » comme chez de Platon ; le personnage de l’affiche du Festival connait parfaitement et sa situation et celle du monde qu’il côtoie. Mais il ne cherche pas à savoir le quel est le meilleur ; ce qu’il cherche, c’est à explorer cette frontière, à être en quelque sorte de chaque côté en même temps pour comprendre comment on passe de l’un à l’autre et quel effet ça produit.

Le cinéma est pour tout le monde un moment de magie où la réalité est produite par l’imaginaire. Mais les Festivaliers de Cannes sont des experts qui connaissent parfaitement les arcanes du 7ème art : ce qui les excite et les passionne, c’est ce point de basculement entre les deux mondes, ce mur mystérieux qu’on franchit par le film et que le personnage de l’affiche touche pour mieux s’en imprégner.

- Mais ce n’est pas tout, car le Festival veut surtout glorifier le cinéma. Identifiant ce passage entre fiction et réalité comme « horizon-frontière du réel », il croit qu’on peut, après en avoir fait l’expérience grâce au cinéma, revenir vers notre monde armé d’une force capable de le renouveler.

Révolutionnaire, le cinéma ?

lundi 18 avril 2022

Éloge des Bisounours – Chronique du 19 avril

Bonjour-bonjour

 

Vous imaginiez peut-être que dans ce monde de brutes ce sont les plus cruels qui survivent ? Les violeurs de femmes qui se reproduisent ? Les tyrans qui dominent la vie des sociétés ?

Erreur ! Si, de toutes les espèces humaines qui étaient en concurrence, les Neandertal, les Erectus, les heidelbergensis, c’est le sapiens qui a survécu – c'est parce qu’il était le plus aimable ! Oui, vous avez bien lu - et encore ce n’est rien. Car les paléoanthropologues sont formels : « ce sont nos fragilités et notre nature émotive qui nous ont conféré l’avantage : “Notre besoin affectif nous a poussés à entrer en contact avec les autres.” Et plus nous avons étendu notre réseau, plus nous sommes devenus résistants, ce qui nous a permis de prospérer dans bien des environnements différents. » (lu ici)

Les armes de l’Homo sapiens ne furent donc ni sa force, ni sa cruauté, ni la violence, mais les émotions et l’empathie, associées à sa chétive nature qui l'exposait à mourir faute d’être assez fort pour lutter contre les animaux et les cataclysmes. Car ce sont ces caractéristiques qui l’ont porté à former des groupes solidaires dans la défense et dans l’attaque, lui permettant de dominer ses concurrents et de s’adapter à des environnements hostiles.

Ce qui est original avec ces nouvelles hypothèses, c’est qu’on ne fait pas du triomphe du Sapiens le résultat de performances qui aujourd’hui constituent les moyens de sa domination : ce n'est ni la puissance de son cerveau, ni sa faculté à symboliser et à accéder au langage, qui lui ont permis de se développer et d’éradiquer d’autres espèces humaines mieux implantées que lui dans leur milieu.... Mais plutôt l’effet de données affectives, de ses sentiments et de son émotivité.

- Alors voyez-vous, si vous êtes un peu ramollo du biceps, prêts à chouiner et à chercher un câlinou avant d’affronter le monde et ses brutalité, rassurez-vous : c’est vous qui êtes dans la lignée évolutive.


Heu... Ajoutons quand même que, pour être bien dans la lignée de l’homo sapiens, le fait de pratiquer les réseaux sociaux est essentiel. Car c’est TikTok et Instagram qui sont les bifaces et les sagaies d’aujourd’hui.

dimanche 17 avril 2022

Touché-coulé – Chronique du 18 avril (1)

Bonjour-bonjour

 

Ce lundi de Pâques, jour férié, la presse est en sommeil : rien de nouveau à se mettre sous la dent, sauf à aller pêcher des commentaires qui font l’évènement, comme ceux qui ont été émis dans les rangs des partis eux-mêmes.

Exemple :

- Après avoir refusé de soutenir officiellement Valérie Pécresse, candidate Les Républicains, durant la campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy n’a pas hésité à appeler la droite au "rassemblement" derrière Emmanuel Macron. Un message aux airs d'appel à la recomposition politique qui provoque des turbulences. (Lire ici)

- Commentaire d’un député Les Républicains : « On ne pourra pas continuer tous ensemble dans le même bateau très longtemps » (Idem)

Filant la métaphore nautique, un autre parlementaire LR a ajouté : « Sur le Titanic, le capitaine part en dernier. Là, il veut monter sur le canot de sauvetage avec quelques VIP, sans se soucier des autres passagers » (Ibidem)

On devine que pas mal de rancœurs se déversent par ces images de naufrage. Car dans ces défaites, on est en présence d’un conflit bien connu : l’instinct de conservation qui entre en lutte avec le devoir d’agir pour les autres.

- La parade consiste à montrer qu’en sauvant sa peau on sauve du même coup le parti tout entier. Ce que prétend faire Nicolas Sarkozy, puisqu’en amarrant le parti gaulliste au rassemblement macronien il le maintiendrait à flot.

 

Vous, je ne sais pas, mais moi je suis frappé par la multiplication de ces métaphores nautiques. Ce qui laisse entendre que la situation de certains partis politiques se trouve complètement désespérée, comme le naufrage du Moskva, ce bateau amiral russe frappé par des missiles ukrainiens.

La question intéressante ici c’est de savoir qui a donc envoyé ces missiles destructeurs ?

Qui, sinon les électeurs eux-mêmes ?

Le pourquoi du comment – Chronique du 18 avril (2)

Bonjour-bonjour

 

On ne le sait qu’aujourd’hui, après bien des années d’ignorance : le boson W, une particule connue depuis 1983 s’avère plus lourde que prévu.

Et alors, direz-vous ? Que voulez-vous que ça me fasse ? 

Si les chercheurs sautent de joie, c’est que si on s’est trompé sur la masse du boson W, cela veut dire que la théorie est fausse, qu’elle a un problème. Et ça, c’est une excellente nouvelle !  

Pourquoi une bonne nouvelle ?

« Parce que les physiciens savent que le modèle standard est incomplet. Et ils cherchent depuis des dizaines d’années des indices qui pourraient les amener à la compléter. En particulier, cette théorie n’arrive pas à décrire la gravité – Depuis Newton on ne sait pas décrire, à l’échelle microscopique, la force qui fait tomber les pommes des arbres, et qui nous maintient les pieds sur Terre. C’est donc un grand espoir qui s’ouvre aujourd’hui, grâce au boson W, de trouver une brèche, pour percer ce mystère. » Lire ici.

 

Ainsi donc aujourd’hui encore, comme au 18ème siècle, à l’époque de Newton, on ignore tout des origines de la force gravitationnelle, même si on le recherche de toujours près.

L’essentiel ici c’est que Newton ne s’interdise pas d’expliquer le comment même s’il ne comprend pas le pourquoi : pourquoi les pommes tombent, pourquoi nos pieds restent sur la terre ? On ne le sait pas, mais on sait comment on marche.

On lira ce texte dans le quel Newton indique quelle est sa position, car elle est essentielle, surtout aujourd’hui où la connaissance scientifique a été remise en question par les anti-vax.

On y trouve deux affirmations :

1° « les hypothèses, soit métaphysiques, soit physiques, soit mécaniques, soit celles des qualités occultes, ne doivent pas être reçues dans la philosophie expérimentale (= science expérimentale) ». Autrement dit les connaissances scientifiques n’ont rien à voir avec les opinions.

2° « il suffit que la gravité existe, qu’elle agisse selon les lois que nous avons exposées, & qu’elle puisse expliquer tous les mouvements des corps célestes & ceux de la mer ».

Autrement dit on peut savoir sans tout savoir. 

samedi 16 avril 2022

Les bâtisseurs de cathédrale – Chronique du 17 avril (jour de Pâques)

Bonjour-bonjour

 

Hasard ou pas, l’actualité réunit en ce jour de Pâques la reconstruction de Notre-Dame et un reportage sur la Sagrada Familia : à Paris comme à Barcelone ce sont les mêmes gestes, les mêmes métiers qui permettent d’élever ces cathédrales dont l’occident s’est couvert comme d’un « blanc manteau » pour reprendre la formule de Georges Duby.

 

- Vérifions : « Après l’incendie du 15 avril 2019 qui a ravagé la toiture et la flèche de la cathédrale Notre-Dame de Paris des travaux de sécurisation et de consolidation ont été entrepris. Depuis l’été 2021, ceux préalables à la reconstruction se poursuivent tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du joyau gothique. Une « cathédrale de métal a été montée à l’intérieur même » du joyau gothique. La nef et le transept sont encombrés de 1 200 tonnes de tubes d’acier. Un immense échafaudage, bardé de réglettes lumineuses, traversé d’escaliers et de six monte-charges, qui s’élève à environ trente mètres. S’appuient dessus des cintres en bois consolidant les voûtes fragilisées. » Ça c’est pour Notre-Dame. (Lu ici)

Quand le visiteur se rend sur le chantier de la Sagrada Familia, « il rencontre une accumulation verticale de colonnes hérissées de grues, qui ne laisse pas présager la luminosité intérieure de ses nefs successives, ni la forêt de fines colonnes arc-boutées, ni la modernité de ses décors floraux. » (lire ici)

 

Mais la ressemblance ne s’arrête pas là. Alors que la construction de Notre-Dame s’est étirée sur deux siècles nécessités au moins en partie par les tâtonnements pour concevoir les arcs-boutants capables de soutenir un édifice si haut avec des baies si vastes, la Sagrada Familia est encore en chantier depuis 140 ans en raison des problèmes techniques à surmonter pour édifier une nef qui culmine à 65 mètres sans contreforts extérieurs. 

Étrange ressemblance qui pourtant ne s’arrête pas là. Après avoir visité la Sagrada Familia il y a une dizaine d’années, je restais sur un banc au pied de l’édifice à regarder les maçons s’affairer, portant des sacs de ciment, gâchant le mortier avant de monter dans les échafaudages qui à l’intérieur se perdaient dans l’ombre de la voute. J’ai eu alors l’impression que ce que je voyais là, c’étaient les bâtisseurs de cathédrales qui au 13ème siècle, à Reims ou à Paris, ont construit ces monuments qui marquent notre esprit. Par-delà les siècles, ce sont les mêmes gestes, les mêmes hommes, la même confiance dans l’avenir : ce que nous avons commencé, d’autres viendront et l’achèveront.

vendredi 15 avril 2022

4 vertus qui vous permettraient de vivre plus longtemps – Chronique du 15 mars

Bonjour-bonjour

 

Vous tous, les angoissés, les dépressifs, les anxieux du soir, de la nuit et du petit matin, réjouissez-vous ! Voici enfin le remède à vos maux – et pour faire bonne mesure une recette de jouvence qui vous permet d’espérer vivre plus longtemps.

Je lis en effet dans cet article : 

« L'optimisme, le soutien social, le bonheur et avoir un but de vie favoriseraient une mortalité plus faible. » Article qui ajoute illico : « favoriser des activités et des situations qui mettent en œuvre l’optimisme et le soutien social, et avoir un but de vie et se sentir heureu.x.se auraient des effets significatifs sur la durée de notre vie. »

Là je sens monter en moi une certaine rogne qui m’habite à chaque fois que des articles de développement personnel ou « welfare » me tombent sous les yeux. 

Ça fait ça :

- Pour vivre plus longtemps, soyez heureux

- Comment on fait pour être heureux quand on ne l’est pas ?

- Soyez optimiste !

- Et comment être optimiste quand on est pessimiste ?

- Ayez un but dans la vie !

- Mon taf est débilitant et mon seul but c’est de finir le mois plus tard que le 15. 

- Trouvez un soutien social.

- Je suis seul, ma meuf m’a quitté, mes potes ont pris le large.

Etc. : ces enfonceurs de portes ouvertes savent ce que tout le monde sait : mieux vaut être riche et bien portant que pauvre et malade. Reste à dire comment on y parvient quand on est précisément « pauvre et malade ». Alors je sais bien que l’article du magazine a précisé qu’on doit « favoriser » les activités qui donnent accès à ces états – comme s’ils étaient le fait de situations sur lesquelles nous avons prise. Mais si c’était le cas, ça se saurait ! 

 

- Le bonheur pour les pauvres ; le bonheur pour les malades ; le bonheur pour les réprouvés, les prisonniers, les moches et les bancals. A part certaines religions, il n’y a personne pour dire comment ça marche.

jeudi 14 avril 2022

Élémentaire, mon cher Watson ! – Chronique du 15 avril

Bonjour-bonjour

 

Une tendance de fond sévit depuis quelques années chez les archéologues : celle qui consiste à romancer des scénarios de la vie des hommes préhistoriques, celle des premiers sapiens (voire des néanderthaliens) jusqu’aux éleveurs agriculteurs du néolithique. Ainsi peut-on apprendre comment s’est organisée la société du temps de Neandertal, comment il s’est « accouplé » avec des sapiens, et aussi comment se passaient les relations entre les hommes et les bêtes.  

Dans ce domaine, le « pompon » revient à ce compte rendu d’une découverte de traces fossilisées dans le sol il y a 10000 ans au Nouveau-Mexique.

Il s’agit d’abord de relevés de traces de pieds objectivement décrites :

            - il s’agit de petits pieds faisant des enjambées au rythme d’1,70 mètres par secondes, plus rapide donc qu’une marche classique

            - Cette piste est un aller-retour en ligne droite

            - L’incurvation du pied droit et la forme irrégulières des empreintes, à plusieurs reprises, témoignent de l’impraticabilité du terrain emprunté

            - L’empreinte suggère également que la personne en question portait un poids sur son flanc droit à l’aller – mais non au retour.

            - Des petites empreintes de pieds apparaissent de façon intermittentes également à l’aller et non au retour. 

o-o-o

Que s’est-il passé ? Qu’en pensez-vous mon cher Holmes ?

« Élémentaire mon cher Watson ! Il s’agit d’une femme qui porte sur son flanc droit un enfant – probablement âgé de 3 ans à peine. Elle se presse, glisse dans la boue, déséquilibrée par le poids de l’enfant, qu’elle dépose de temps à autre pour souffler un peu. La situation est urgente : avait-elle conscience d’un risque imminent dans cet environnement hostile où évoluaient des tigres à dents de sabre et des lions des cavernes ? Ou s’agissait-il d’une mission importante, peut-être pour livrer l’enfant ? Dans tous les cas, les traces de l’enfant sont absentes sur la piste du retour, vers le sud. La femme est seule et revient sur ses pas avec un rythme toujours aussi soutenu. »


- Vous croyez peut-être que je blague ? Lisez plutôt l'article référencé plus haut, rédigé par d’éminents chercheurs tels que Matthew R. Bennett, professeur de sciences de l'environnement et géographiques à l'Université de Bournemouth, et son équipe d’archéologues lors de la mise au jour de cette piste exceptionnelle, dans le parc national des White Sands au Nouveau-Mexique.

Il faut donc lire Connan Doyle avant de se lancer dans les études archéologiques.

mercredi 13 avril 2022

Monsieur Tavares travaille-t-il autant que 1266 hommes ? – Chronique du 14 avril


 



Dessin de Tignous (Dessinateur victime des terroristes de Charlie Hebdo)

 

Bonjour-bonjour

 

À partir de quel rémunération le salaire d’un travailleur est-il excessif ? Quand, du temps de l’URSS, Stakhanov extrayait 14 fois la quantité de charbon normale pour un homme, alors on pouvait admettre qu’il touche 14 fois le salaire de base d’un mineur.

Or, chez Stellantis la rémunération annuelle de Carlos Tavares, le PDG de l’entreprise, atteint 19 millions d’euros, soit 1266 fois le Smic. Sur la base du stakhanovisme, il faudrait donc admette que Monsieur Tavares fait le même travail de 1266 travailleurs ? – Bien sûr il n’en est rien et personne au monde ne pourrait prétendre à un tel exploit. 

Mais alors, comment fait-on pour gagner 19 millions d’euros en un an ? 

Voyons le détail comment se décomposent les 19 millions de monsieur Tavarès (Source le Monde) :

- 1,9 million de fixe 

- 7,5 millions de variable 

- 5,5 millions au titre de la première année d’un plan de performance de trois ans 

- 1,7 million de prime de réalisation de la fusion 

-  2,3 millions de contribution à sa future retraite) 

- 47 millions de stock-options non répertoriés ici

- Et quelques autres rémunérations exceptionnelles non détaillées.

Monsieur Tavares est donc rétribué pour de très nombreux travaux différents comme débuter un plan de performance, réaliser une fusion et toucher un à-valoir sur sa future retraite. Quel travailleur en ferait autant ? Après tout, Stakhanov tout héros qu’il fut ne faisait qu’un seul travail – à savoir extraire du charbon.

Mais bien sûr nous faisons fausse route. Le salaire d’un homme, ce n’est pas le montant nécessaire pour compenser la force de travail dissipée durant son exercice. Ça c’était bon du temps de Ricardo et de Marx. Aujourd’hui, la force de travail est une marchandise comme une autre : elle est donc payée au prix du marché. La question est de savoir combien d’argent monsieur Tavares a rapporté à Stellantis.  

Et puis aussi : combien Volkswagen ou Ford seraient-il prêts à payer monsieur Tavares pour l’embaucher ?

mardi 12 avril 2022

Un coup d’avance – Chronique du 14 avril

Bonjour-bonjour

 

Devant le soutien très ferme, presque en forme de ralliement, apporté par l’ancien Président Nicolas Sarkozy au candidat Macron, on se doute bien qu’il y a quelque chose là dessous.

En politique la défaite n’est qu’une péripétie dans un processus beaucoup plus long ; ainsi de la défaite historique des partis traditionnels, en particulier celle de Valérie Pécresse pour LR.

Autant dire que dans les états-majors des partis, avant que le second tour des présidentielles soit passé on s’affaire autour des alliances pour les législatives.

C’est ce que Christian Jacob, le patron du parti, affirme : "Emmanuel Macron a échoué sur son quinquennat et a généré des votes de désespérance. Le moyen de corriger cela passera par les élections législatives, car c’est au parlement que les textes sont votés". Propos repris de façon encore plus explicite par Nicolas Sarkozy : « Soit vous regardez les trains passer durant 5 ans, soit vous avez des parlementaires et quelques ministres ! C'est notre survie politique qui est en jeu » (1)

 

La politique est un métier qui consiste à faire jouer tous les ressorts possibles pour conquérir et conserver le pouvoir : c’est cela que Machiavel a largement expliqué dans Le Prince, son ouvrage publié en 1515 (2). Certes, rien n’est aussi schématique dans la réalité, et il se peut que des politiciens s’engagent de façon uniquement morale : faire le bien du pays et ne rien accepter qui irait contre, quand bien même ils y trouveraient un avantage personnel. Mais la contrainte matérielle à la conquête et à la conservation du pouvoir reste in fine le critère d’évaluation des mesures politique proposées. 

C’est d’ailleurs en ce sens que les démocraties sont supérieures aux dictatures, car elles accroissent les contraintes subies par le pouvoir et le mettent en demeure de tenir compte des aspirations du peuple. Ainsi du Référendum d’Initiative Citoyenne (RIC) cher aux Gilets Jaunes et repris par la candidate du RN qui mettrait les gouvernants sous la menace d’une révocation en cours de mandat.

------------------------------------

(1) Lire l’article de Thomas Soulié et Marie-Pierre Bourgeois pour Bfmtv (voir ici)

(2) A télécharger ici

lundi 11 avril 2022

Les partis ? Tous partis ! - Chronique du 12 mars

Bonjour-bonjour

« T’as pas cent balles ? » Cette question on l’a entendue hier prononcée avec angoisse par quelques-uns des candidats déchus de l’élection présidentielle : ayant recueillis moins de 5% des voix, les voilà obligés de payer de leur poche leurs frais de campagne.

 

Ci-dessus, Valérie Pécresse appelle aux dons : "Je suis endettée personnellement à hauteur de 5 millions d'euros" (Voir ici). 

 

On ironisera : Valérie Pécresse en faillite ? On n’est pas prêts à lui confier les clés de Bercy ! Mais la vérité, c’est qu’aucun parti n’est épargné 

- Il fut un temps où on était communiste de père en fils ; où, vieil abonné du Figaro, on avait été toute sa vie du parti conservateur. Mais aujourd’hui, vous pouvez être le matin socialiste, l’après-midi centriste – mais le soir après le pastis, mélanchonniste.

Beaucoup d’électeurs l’ont dit lors de récents sondages : ils se sont déterminés à voter pour un candidat la veille du scrutin, voire même dans l’isoloir.

Oui, imaginez : vous collectez les 12 bulletins présents et, entré dans l’isoloir, vous vous dites : « Au fait le quel vais-je mettre dans l’enveloppe ? » Comment est-ce possible ? Sommes-nous devenus à ce point indifférents à la politique que nous jouions un vote à pile ou face ? Sûrement pas. Mais peut-être notre orientation politique varie-t-elle selon les inclinations, les émotions, les passions qui nous envahissent ? Un attentat islamiste, et je vote pour le fielleux qui promet, une fois élu, de jeter tous les musulmans à la mer ; si c’est une mère de famille qui pleure de faim avec ses trois enfants devant l’Armée du salut, me voilà soutien de l’Abbé Pierre ; le chômage augmente ? Vite, je choisis le libéral de service (Emmanuel ! Au secours !)

Le choix politique ne s’effectue plus qu’à court terme et avec lui l’élection Présidentielle relève du concours de beauté. Plus aucune visibilité : les résultats escomptés s’inversent au cours des sondages et celui qui rit le matin, l’après-midi pleurera.

 

Les sociétés démocratiques comme la nôtre deviennent impossibles à gouverner, mais ce n’est pas grave : en cas de défaillance des hommes, la nature reprend ses droits et c’est elle alors qui pilote le pays, le laissant dériver vers les gouffres pour qu’au dernier moment les matelots reprennent la barre. Et quand ils sont trop occupés à se chamailler pour le faire ? Qu’importe : ça fera un pays libre et indépendant de moins, mais ce qui compte pour notre Mère-Nature, c’est le global, c’est l’espèce : croyez-vous que l’humanité disparaitrait si la France, pays libre et de haute culture venait à disparaitre ?