dimanche 31 décembre 2023

Des vœux, en veux-tu ? En voilà – Chronique du 1er janvier

Bonjour-bonjour

 

- J’apprends chers amis que pendant la nuit on est passé en 2024 : c’est pareil chez vous ?

Si c’est le cas, je dois urgemment vous présenter mes vœux de bonne année.

- Bof, tu peux les garder tes vœux – pour ce que ça sert.

- Comment ça, ami ? Les vœux que tu as reçu l’an dernier ne t’ont pas préservé du malheur ?

- Bah… Disons pendant 3 mois il ne m’est rien arrivé de mauvais. Mais après, ça s’est rattrapé : fractures, hôpital, rééducation, vacances fichues à l’eau. La totale, quoi.

- Je vois. C’est que ces vœux n’ont pas eu la puissance suffisante pour produire leur effet bénéfique pendant un an entier. Il aurait fallu les renouveler.

- Quoi ? Tu veux dire que ces simagrées du nouvel an ne suffisent pas et qu’au lieu de les supprimer il faut les multiplier ? Une nouvelle cérémonie de « Bonne année » avec champagne et bisous au 1er avril, et puis au 15 aout, et encore le 1ernovembre, avec en prime un pot de chrysanthème ?

- Mais oui. Car en présentant tes vœux, tu sollicites un pouvoir mystérieux qui aurait la capacité de tourner les choses en ta faveur. Et c’est comme pour les prières : il faut recommencer souvent si on veut être entendu.

- Alors quand je te souhaite la bonne année, il faudrait que je le fasse avec un cierge allumé à la main ?

- Pourquoi pas ? Mais si tu pouvais avoir en plus une image pieuse représentant la Sainte Vierge, ça serait encore mieux. 

 


La Vierge Marie protectrice

samedi 30 décembre 2023

Demain sera-t-il un autre jour ? – Chronique du 31 décembre

(Je conseille aux gens un peu fragiles de ne pas lire le dernier paragraphe)


Bonjour-bonjour

 

Alors, ça y est les amis ! On est au bout du bout de l’année : d’un regard assuré nous pouvons voir ce qu’il y a de l’autre côté du mur qui nous sépare encore de l’an prochain. 

--> Oui, nous le voyons déjà : 2024 sera l’année où nous cesserons de fumer, où nous courrons un semi-marathon chaque semaine et où nous n’oublierons plus la date de notre anniversaire de mariage ni celui du petit dernier.

 


Ce faisant, nous avons la présomption de croire que l’avenir est déjà écrit par nous-mêmes, qu’il dépend de nous qu’arrive ce que nous voulons, et que rien ne pourra nous empêcher réaliser ce dont nous avons l’envie. Comme si la volonté – notre volonté – n'obéissait qu'à… nous-mêmes ? À moins que ce soit à un désir qui s’évanouit ici pour renaitre ailleurs ?

 

Il vaudrait mieux nous interroger sur notre bilan 2023 : qu’avons-nous fait de valable, de combien avons-nous progressé vers un karma meilleur, à quelles tentations avons-nous résisté, quels pièges avons déjoués… ? 

Pourquoi ne pas remplacer le Réveillon, ses bâfreries, ses alcools et ses coucheries par une réunion avec des amis à faire un cercle de parole pour évoquer le bilan de l’année ?

Mais je l’entends d’ici : je ne suis qu’un vieux – très vieux – con, qui n’a qu’une idée en tête : décourager les jeunes de jouir de ce dont il est privé par son grand âge.

Alors, allez-y les amis : de toute façon ce n’est pas parce que vous comprendrez votre passé que vous pourrez quelque chose pour votre avenir.

vendredi 29 décembre 2023

La loi omnibus – Chronique du 30 décembre

Bonjour-bonjour

 

Le "méga-décret" du président argentin Javier Milei, baptisé par les médias « loi omnibus » a été publié au Journal officiel. Il devra être examiné dans les dix jours par une commission mixte composée de députés et de sénateurs, mais ne sera invalidé que s’il est rejeté par les deux chambres du Parlement.

Outre un programme de libéralisation de l’économie supprimant l’influence de l’État argentin dans tous les domaines – à l’exception notable du maintien de l’ordre – ce texte risque bien d’être refusé ou édulcoré lors de son passage devant les chambres du Parlement. En effet, le parti d’extrême droite de Javier Milei, La Libertad Avanza, « ne compte que 40 sièges sur 257 à la Chambre basse et seulement sept sièges au Sénat sur 72. Il devra donc chercher des soutiens auprès de la coalition de centre-droit Juntos por el Cambio, partiellement alliée avec Milei et qui compte 81 députés et 24 sénateurs, et auprès des 26 députés et huit sénateurs indépendants. L’opposition péroniste, elle, compte 105 députés et 33 sénateurs, et la gauche cinq députés. » (Lire ici)

Ce qui surprend, c’est qu’avec une seule loi on puisse en modifier plus de 300, comme si la volonté populaire souveraine était capable d’effacer tout ce qu’elle avait voulu auparavant. Certes celui qui a le pouvoir de faire la loi a aussi celui de la défaire, sans quoi il ne pourrait plus rien promulguer, sa volonté étant entravée par celle de ses prédécesseurs. Mais après tout, n’est-ce pas cela qu’on cherche à obtenir avec l’inscription de certaines lois dans la constitution ? Par exemple faire que le droit des femmes à recourir à l’IVG soit un droit fondamental parce qu’inscrit dans la Constitution ?

A ce compte, le rôle des députés serait réduit à rien, sauf à imaginer de nouvelles dispositions législatives qui n’auraient pas été conçues précédemment. On ne pourrait supprimer des lois, mais seulement en ajouter, sous réserves qu’elles soient compatibles avec les lois déjà votées.

Pour cela il faudrait que chaque loi nouvelle soit ipso facto inscrite dans la constitution. Est-ce si scandaleux comme hypothèse ? Les Grecs qui ont inventé la démocratie n'imaginaient pas qu'on modifie les lois à tout bout de champ. Pour eux la constitution parfaite était celle à la quelle on ne devait rien changer parce qu'elle assurait un parfait fonctionnement de la cité sans qu'on ait à intervenir - faisant que l'ordre social soit un reflet de l'ordre céleste. Solon qui était vénéré pour sa constitution d'Athènes avait pris garde de conserver la constitution précédente se bornant à la compléter.

jeudi 28 décembre 2023

Janvier sera-t-il sec ou humide ? – Chronique du 29 janvier

Bonjour-bonjour

 

Vous le savez le mois de janvier est de triste augure, avec ses privations annoncées : c’est le mois « sec » (dry january) qui, au nom de la préservation de votre santé, vous intime l’ordre de ne pas toucher aux bouteilles d’alcool pendant le mois entier.

Chez ceux à qui cette injonction est insupportable, le risque est grand de les voir refuser de tenter cette aventure, certains qu’ils sont de capituler avant terme. « Tant qu’à faire d’avoir mauvaise conscience en renonçant à l’abstinence, autant ne pas commencer. Comme ça on aura bien sûr des remords, mais on aurait de tout façon les mêmes que ce soit pour un simple jour d’abandon ou pour le mois entier. »

Les responsables évitent ce risque avec le « dump (= humide) january », en lieu et place du « dry (= sec) january ».

Autrement dit, si en janvier vous repicolez un jour ou deux, ça n’annule pas les bienfaits des autres jours sans alcool.

Ecoutez Katie Witkiewitz, addictologue : « Même modeste, une réduction de la consommation d'alcool peut améliorer la tension artérielle, la santé mentale, et celle du foie. Elle peut également atténuer le risque de cancer et de maladie cardiovasculaire. (…) Toute réduction de la consommation d'alcool est associée à une diminution des risques pour votre santé. Même si vous n'avez pas bu seulement pendant un jour, c'est déjà ça. »

Katie Witkiewitz a opté pour l'alternative du « damp January ». Elle s'est fixée l'objectif de baisser sa consommation d'alcool de 50% (boire deux fois moins souvent et diviser par deux la quantité). Rapidement, elle a observé des bienfaits : « Mon sommeil s'est amélioré, j'avais meilleure mine et j'avais plus d'énergie. Ce mois de janvier 2023 m'a fait découvrir un autre mode de vie, et c'était agréable !»  

Bon, on note la promesse : moins de désagrément et au total plus de plaisir : le bilan est positif. 

What else ?

Éh bien, on note que l’on reste dans une règle de vie strictement épicurienne. 

Vous savez que pour Épicure le plaisir est la valeur à la quelle toute vie doit tendre, le renoncement ne pouvant être accepté qu’à raison de la diminution des douleurs que certains plaisirs pourraient occasionner.

Écoutons Épicure : « Mais, précisément parce que le plaisir est le bien primitif et conforme à notre nature, nous ne recherchons pas tout plaisir, et il y a des cas où nous passons par-dessus beaucoup de plaisirs, savoir lorsqu’ils doivent avoir pour suite des peines qui les surpassent » On est dans un système où le bilan positif entre plaisir et douleur est la règle à suivre. « Il y a des douleurs que nous estimons valoir mieux que des plaisirs, savoir lorsque, après avoir longtemps supporté les douleurs, il doit résulter de là pour nous un plaisir qui les surpasse. » (Ces citations proviennent de la Lettre à Ménécée, à lire ici)


Force est de le constater : nous restons dans une logique de boutiquier, ou si vous préférez une référence plus reluisante, de capitaliste. Pour chaque effort, nous voulons un « retour sur investissement » ; que nos privations soient porteuses de promesses de jouissances que nous n’aurions pas vécues sans elles.

Et si nous renonçons aux plaisirs de l’ivresse, ce n’est pas pour une vie plus vertueuse, mais parce que, comme le dit Katie Witkiewitz, ça nous ouvre à de nouveaux plaisirs.

mercredi 27 décembre 2023

Adresse aux optimistes qui ne devraient pas l’être – Chronique du 28 décembre

Bonjour-bonjour

 

Chers amis optimistes, nous voici à la fin de l’année à l’heure des bilans.

Vous constatez avec satisfaction combien la condition des femmes s’est améliorée : après avoir conquis l’égalité de droit avec les hommes, les voici qui conquièrent à présent l’égalité de fait. Les violences subies durant des siècles, les humiliations, les injustices, sont à présent dénoncées et poursuivies : la peur a changé de camp, et même les idoles comme Gérard Depardieu sont devenues des agneaux bêlant de tendresse et de respect.

 

Et pourtant… Je conversais récemment avec une jeune femme dont la réussite professionnelle n’était plus à démontrer. Ajointe au Principal d’un collège, je m’attendais à ce que la conversation s’oriente vers les élèves, leurs parent ou encore les programmes. 0r, la voici qui dénonce l’existence dans ces établissements, d’une vraie « confrérie » masculine, regroupant des hommes qui exercent un pouvoir si mince soit-il, et dont les propos renvoient leurs collègues féminines  à leur inconsistance, les confinant dans un rôle d’objet de convoitise - à moins qu’elles ne soient « imbaisables ».

Oui, mes chers amis, voilà où nous en sommes alors que 2023 s’achève et que les femmes victimes de discriminations ont, croyions-nous, remporté des victoires définitives sur le machismes. Nous voici en réalité au constat que rien ne bouge, même pour les femmes reconnues pour leur compétence et leur volonté d’agir – et nous ne sommes pas chez les camionneurs où les chasseurs. 

Dessin de Reiser 


Ces femmes sont pourtant fonctionnaires, recrutées sur la base du mérite, et elles ont fait la preuve qu’elles y ont toute leur place.

 

On doit le dire : la soi-disant révolution du féminisme n’a pas réussi à faire réellement bouger les choses – du moins pas partout. La misogynie n’a toujours pas succombé, parvenant à se dissimuler sous des dehors bien proprets. Mais dès que ces hommes se retrouvent en position de force, dès qu’ils ont un tant soit peu de pouvoir, le verni s’écaille, et la meute réapparait.

Le pouvoir ! Ce mot doit nous éclairer. Si ma jeune interlocutrice s’estime discriminée, ce n’est pas en raison d’une position subalterne ; c’est parce que les hommes qui l’entourent pensent que leur pouvoir à eux est un pouvoir de domination parce qu’il est viril. Ce dont les femmes qui leur conteste leur position ne peuvent bien sûr pas se prévaloir. Leur pouvoir à elles, faibles femmes, est nécessairement affaibli, édulcoré par leur féminité. Ce fantasme est tellement vivace qu'il nous parvient intacte du fond des siècles.

 

--> Tant que cette conscience d’une suprématie masculine survivra, alors des hommes aussi sympathiques que Gégé resteront des gros porcs.

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PS Il s’agit d’un établissement du sud de la France

Cela aurait-il une importance ?

dimanche 24 décembre 2023

 Le point du jour part en vacances jusqu’à mercredi.

À bientôt et d’ici-là passez de joyeuses fêtes 

samedi 23 décembre 2023

La Nativité pour tous – Chronique du 24 décembre

Bonjour-bonjour

 

Parmi ceux qui sont un peu rigoureux et qui, au-delà du Père Noël, voient dans Noël la fête de la Nativité, il reste encore à persuader tous ceux qui sont athées, agnostiques, ou adeptes d'autres religion, que la naissance de Jésus est un évènement mémorable.

Voici quelques remarques à leur intention :

la Nativité est d’abord un symbole, celui d’un évènement par lequel l’humanité se régénère. Pour vous en persuader, lisez ce texte d’Hannah Arendt : « Le miracle qui sauve le monde de la ruine naturelle, c’est finalement le fait de la natalité, dans lequel s’enracine ontologiquement la faculté d’agir. C’est la naissance d’hommes nouveaux, le fait qu’ils commencent à nouveau l’action dont ils sont capables par droit de naissance. Seule l’expérience totale de cette capacité peut octroyer aux affaires humaines la foi et l’espérance… C’est cette espérance et cette foi dans le monde qui ont trouvé sans doute leur expression la plus succincte, la plus glorieuse dans la petite phrase des Évangiles annonçant leur bonne nouvelle : un enfant nous est né. » Hannah Arendt - La condition de l’homme moderne (ch. 5)

2° si ça ne vous suffit pas, écoutez l’air For unto us a child is born, extrait du Messie de Haendel –  A écouter ici  (4:33 de bonheur). Attention à ne pas confondre : il ne s’agit pas du célèbre Hallelujah

o-o-o

« Nativité pour tous », ça veut dire aussi qu’il faut réviser nos icônes :

- le petit Jésus n’avait pas forcément la peau claire et les yeux bleus



- Et Marie n’était pas forcément blonde dans une cape bleue


 

La Nativité selon Gauguin

Heureux Noël !

vendredi 22 décembre 2023

Docteur Gégé et mister Depardieu – Chronique du 23 décembre

Bonjour-bonjour

 

La polémique autour des abus sexuels reprochés à Gérard Depardieu est devenue incontournable : même le chef de l’État s’y est mis, avouant son admiration sans faille à Gérard Depardieu : on ne peut rien reprocher à un tel homme. 

Résultat : tout ce qu’il a réussi à faire, c’est flinguer les deux heures d’interview où il venait de tenter de déminer la crise politique liée à la loi sur l’immigration : peine perdue, on ne parle plus que de son soutien à Gégé….

- Et nous, qu’en pensons-nous ?

On pourrait symboliquement ne retenir que les témoignages de deux femmes qui l’ont particulièrement bien connu : 

- D’abord, Anouk Grimberg qui a tourné avec lui et qui le connait depuis 30 ans. « Je l’ai vu grossier, agressif avec les femmes », dit-elle, avant d’ajouter : « Je l'ai vu mettre des mains aux fesses à des femmes, leur toucher les seins, le sexe tout en blaguant. Je l'ai entendu parler toute la journée de leur moule, de comment il aimerait les sucer toute la journée et personne n'a jamais rien dit ». (Lire ici)

- Et puis il y a Carole Bouquet qui le connait depuis 46 ans et qui a été sa compagne pendant 10 ans. « Il est incapable de faire du mal à une femme (…). Je sais qui est Gérard avec ou sans alcool. Je connais les démons de Gérard. Il est incapable de faire violence à une femme. Alors laissons la justice décider si oui ou non il a violé une femme. Moi je suis certaine que la justice décidera que c'est faux » (Lire ici)

Qui ment ? Qui est d’une aveugle naïveté ? Qui a des obsessions sexuelles ? Comment est-il possible que ces deux femmes soient à la fois lucides et sincères ?

Quoique… Se pourrait-il qu’elles ne parlent pas du même homme ? Que tapi, au fond de l’homme bourru mais bienveillant qu’est Depardieu, se trouve un monstre agressif et sauvage ? Que – par exemple – sous l’effet des hormones il se transforme, comme « l’incroyable Hulk », en Géant aux pulsions irrépressibles ?

 


Irréaliste ? Pas tant que ça. Car que savons-nous des ceux qui nous entourent ? De quoi sont-ils capables ? Les pires criminels sont souvent source d’étonnement : leurs voisins, leurs amis – voire même leurs parents – parlent d’eux comme de gens très gentils et inoffensifs : « Il ne ferait pas de mal à une mouche ! »

 

… Et vous, cher lecteur, de quoi êtes-vous capable ? 

Étrange interrogation dites-vous ? Il n’y a aucune place en vous, ni en personne un tant soit peu normal pour ces actes monstrueux. 

Bien sûr : je ne pointe pas une fonction « Docteur Jekyll et mister Hyde » ; simplement nous aurions tort de croire que notre esprit – notre psychisme – soit comme une boite bien étanche dont on pourrait faire l’inventaire. Inutile d’en fouiller le tréfond pour voir si d’aventure il n’y aurait pas un monstre visqueux qui y serait caché : cette boite n’a pas de fond. Elle est comme une faille de l’écorce terrestre ouverte sur des abimes d’où remontent des substances nouvelles qui formeront la matière des futurs continents. Notre personnalité est pétrie de ces remontées qui se sont figées ; mais rien n’empêche que des matières nouvelles n’affleurent pour la modifier.


Hum... Je sens que je plombe l’ambiance de fête. Pas grave ! Je vais me rattraper avec une chanson. Par exemple celle-ci de Michel Sardou : les Villes de grande solitude. Rappelez-vous, ça disait ceci : «  /J’ai/ envie d'éclater une banque /  De me crucifier le caissier/…/J'ai envie de violer des femmes /De les forcer à m'admirer / Envie de boire toutes leurs larmes / Et de disparaître en fumée » (à écouter ici)

jeudi 21 décembre 2023

Les étranges statistiques de Jean Viard – Chronique du 22 décembre

Bonjour-bonjour

 

Entendu ceci hier soir à la télé : « Pour faire un enfant on fait aujourd’hui 2000 fois l’amour, alors qu’avant c’était 200 fois. » Il s’agit d’une des nombreuses statistiques avancées par le sociologue Jean Viard pour faire comprendre combien le monde a changé.

Et c’est vrai qu’à présent on b*** en se protégeant des risques de procréation beaucoup plus qu’avant – à moins que ce soit aussi parce qu’on accorde beaucoup plus de temps et d’énergie à cet acte ? Probablement les deux à la fois.

 

Oui – et alors ? Qu’est-ce que ça montre ? Qu’on veut avoir le beurre sans avoir à le payer ? Jouir sans entraves sans ramasser le marmot qui va avec ?

Lisons plutôt Schopenhauer (par exemple ici) : l’amour sous toutes ses formes, qui vont de l’amour romantique à l’amour érotique en passant par l’amour romanesque, n’est jamais qu’une expression de la volonté de vivre, c’est à dire de l’instinct de reproduction par lequel l’espèce gouverne les individus dans son propre intérêt. Autrement dit, derrière l’élan sexuel, y compris sous toutes ses déclinaisons symboliques, se cache le besoin pour l’espèce de se perpétuer par la procréation. Les individus, en pourchassant avec passion l’amour croient n’obéir qu’à leur élan strictement égoïste, mais ce n’est qu’une illusion trafiquée par la Nature pour nous faire oublier les conséquences inéluctables de notre sexualité.

 

--> C’est là qu’on comprend combien la remarque de Jean Viard est pertinente : notre génération a appris à découpler la jouissance sexuelle de la procréation, à rafler la mise sans avoir à payer la contrepartie. Ce faisant nous désobéissons à cette volonté de vivre placée en nous par la Nature. Mais après tout, en matière de tromperie c’est elle qui a commencé en nous faisant croire que l’amour n’était que la quintessence de la subjectivité, et non un dispositif au service de l’espèce.

Le Seigneur-Dieu a sévèrement puni Adam et Eve pour lui avoir désobéi. En le remplaçant par son équivalent laïque qu’est la Nature, nous nous protégeons d’une telle vengeance.

Mais attention ! Ça ne marche pas avec tout : voyez les retours de bâton qu’elle nous inflige suite à nos excès dans son exploitation.

mercredi 20 décembre 2023

Le Pape François bénit les homosexuels – Chronique du 21 décembre

Bonjour-bonjour

 

En autorisant la bénédiction des couple homosexuels, le Pape François a le chic pour troubler les esprits. Certes, on se dit qu’un jésuite comme lui a l’habitude de faire accepter le pour et le contre de la doctrine. Mais là on va nettement plus loin car lisant les textes qui vont suivre on reste troublé. 

- Lisons plutôt :

1° D’abord, le fait : « Dans une déclaration intitulée « Fiducia supplicans », « soumise au Saint-Père, qui l'a approuvée », il est écrit qu’« il est possible de bénir les couples en situation irrégulière et les couples de même sexe »

Toutefois, afin « de ne pas créer de confusion avec la bénédiction propre au sacrement du mariage, /ce sera/ sous une forme qui ne doit pas être fixée rituellement par les autorités ecclésiales ». (Lu ici)

2° Cette position s’articule avec des déclarations antérieures, telle celle-ci qui date de 2013 : « Qui suis-je, s’était-il demandé en 2013, pour juger une personne homosexuelle si elle est de bonne volonté ? » A la quelle répond cette autre, quand en 2018 il avait déclaré au Chili « Juan Carlos, que tu sois gay, ça m’est égal. Dieu t’a fait ainsi et t’aime ainsi et à moi ça m’est égal. Tu dois être heureux d’être comme tu es. » (Lu ici)

 

- On peut être jésuite et vouloir réconcilier les contraires – mais tout de même, dire que c’est Dieu en personne qui veut l’homosexualité des gays, c’est un peu fort de café. Du temps de Jean-Paul II on se contentait de dire « Dieu aime les homosexuels mais il n’aime pas l’homosexualité » : on en est loin aujourd’hui. 

- On vient de lire que ce même Pape a refusé de se dire capable de juger en matière d’homosexualité : comment le croire ?

Car si ces propos sont bien couverts par l’infaillibilité pontificale, comme le Pape peut-il se déclarer incompétent ? Simple oubli lié à son grand âge ?

Soulageons sa mémoire : l’Église continue de penser que « l’altérité sexuelle et la fécondité sont au cœur de son enseignement et estime qu’une relation sexuelle est bonne et licite seulement si elle s’inscrit dans une relation d’amour entre un homme et une femme vivant tous les deux unis par le lien institutionnel du mariage, ouverts à la procréation. » (Lu ici)

Comment exiger des homosexuel(le)s qu'ils ne copulent que pour faire des enfants ?


mardi 19 décembre 2023

Le Paradis est-il pavé de mauvaises intentions ?- Chronique du 20 décembre

Bonjour-bonjour

 

Ce qu’il y a de fascinant dans ce vote de la loi sur les émigrés, c’est qu’on nous donne à voir, de façon impudique, les secrets les plus intimes de la vie politique. 

Voyez plutôt : parle-ton aujourd’hui du contenu de cette loi ? S’interroge-t-on sur ses effets sur l’immigration, ce qui, soit dit en passant, est son rôle principal ? Point du tout. Il n’est question que de crise politique, et on applaudit le coup réussit par le RN, et on s’interroge sur la suite du quinquennat d’Emmanuel Macron, et on spécule sur ce qu’il va dire dans sa prochaine prise de parole. Bref, encore une fois on observe que le principal souci dans l’exercice de la vie politique, c’est la conquête et la conservation du pouvoir, programme déjà annoncé par Machiavel dans la présentation du Prince (écrit en 1515 et publié en 1532)

- On aurait pourtant tort de réduire ce débat à cela. Car l’action politique comporte l’ambition d’atteindre des valeurs reconnues, par apport auxquelles elle est jugée. Si l’extrême droite a affaibli les autres partis en apportant ses voix à leur projet, c’est qu’elle a souillé de sa présence leur visée éthique. 

Chez Machiavel, cette double visée est reconnue comme duplicité : d’un côté, le mensonge et la tromperie font partie des armes dont le Prince dispose pour accéder au pouvoir, ou pour le conserver. De l’autre, le moyen le plus facile de conserver ou de gagner le peuple (aujourd’hui : des électeurs) est de montrer combien on a le souci de répondre à leur attente. 

–--> Avec des intention impures on peut avoir une action vertueuse. Mandeville ne disait pas autre chose (1).

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(1) Nous faisons allusion à la fable des abeilles publiée en Angleterre en 1715, et qui était sous-titré « Vices privés – vertus publiques ». Lire ici

lundi 18 décembre 2023

Peut-on prouver l’existence du Père Noël ? – Chronique du 19 décembre

Bonjour-bonjour

 

Aujourd’hui, 19 décembre : il serait temps de s’y mettre.

- Se mettre à quoi ?

- A vérifier que le Père Noël existe bien, sinon on se fatiguerait à préparer la fête pour rien.

- Mais comment prouver que celui que personne n’a jamais vu pour de vrai existe ?

- Hé bien pensons aux preuves de l’existence de Dieu, car il est sûr que jamais personne ne l’a vu non plus ; et si Dieu existe bien que jamais personne ne l'ait jamais vu, pourquoi ce ne serait pas le cas du Père Noël ?


--> Preuve de l’existence de Dieu. Ça existe bien, et ça s’appelle « preuve ontologique ».

Et ça dit ceci :

- Dieu est un être parfait.

- Une perfection qui ne comprendrait pas l'existence ne serait évidemment pas complète.

- Donc, Dieu est aussi doté de l'existence.

(Une version un peu plus développée venant de saint Anselme est disponible ici.)

 

La question est de savoir si on peut écrire « Père Noël » à la place de « Dieu » ?

Je ne sais pas si quelque théologien s’est penché sur la question, mais j’en doute. Reste que rien n’empêcherait que l’essence du Père Noël ne soit enveloppée dans celle de Dieu – et dans ce cas, Dieu existant nécessairement (cf. la preuve ontologique), alors celle du Père Noël en découlerait.

 

- Reste que tout ça risque de mal finir :



Œuvre de Robert Candella pour dénoncer le remplacement de la fête de la nativité par la célébration consumériste

 

Brrrr… Allez, reprenez une coupette de champagne et pensons à autre chose.

dimanche 17 décembre 2023

Que demande le peuple ? – Chronique du 18 décembre

Bonjour-bonjour

 

Au Chili une seconde proposition pour changer la Constitution a été une nouvelle fois rejetée par référendum. Pour mémoire, en septembre 2022 une première mouture avait déjà été rejettée. On avait supposé alors qu’elle était trop à gauche, alors même que le projet de modifier la constitution en vigueur héritée de l’ère Pinochet recueillait 80% d’opinions favorables. Mais voilà que le nouveau projet soutenu par l’aile ultra-conservatrice échoue aujourd’hui encore. 

Gabriel Boric, le plus jeune dirigeant de l’histoire du Chili, a fermé la porte à toute nouvelle tentative de réformer la Constitution : « Sous ce mandat, le processus constitutionnel est clos. Il y a d’autres urgences » 

o-o-o

Alors, d’abord trop à gauche et puis ensuite trop à droite : le Chili souhaiterait-il donc être gouverné au centre ? 

Hélas non : son rejet de ces projets portés par la classe politique au pouvoir s’explique par le fait qu’ils  n’intéressent personne.

Écoutons Claudia Heiss, politologue à l’Université du Chili : « Il y a une atmosphère de désenchantement, de peu d’intérêt, de peu de motivation et de fatigue par rapport à la question constitutionnelle (…) Les gens veulent des choses plus basiques : ils veulent la sécurité, l’ordre public, plus de policiers dans les rues ». (Lire ici)


- Le prix du pain, celui du ticket de bus, et puis encore le montant des loyers et celui du litre d’essence : voilà tout ce qui motive le peuple. Inutile de lui promettre des lendemains glorieux, ou un projet simplement ambitieux : rien de tout cela ne les motive – le peuple chilien n’est pas rassemblé par la citoyenneté mais par les besoins basiques de tout être humain.

Du pain et de l’essence : voilà ce que demande le peuple. Et cela pas demain, et encore moins après-demain : ici et maintenant.

En Argentine, c'est la même chose : Javier Milei est en train de s’en apercevoir.

samedi 16 décembre 2023

Gentille Blanchette - Chronique du 17 décembre

Bonjour-bonjour

 

Vous connaissez le principe du « oui, mais » ? Regardez cette illustration venue d’une série publiée ici.

 


Il s’agit d’une série de dessins d’Anton Gudim, artiste russe basé à Moscou. Il met en scène la désormais fameuse série des "Oui, mais...". « Avec cette série d'illustrations, Gudim met en avant des moments aussi intrigants que paradoxaux, jouant ainsi sur l'absurdité de certaines situations que nous avons tous pu expérimenter tout au long de notre existence. » (Art. cité)

 

Anton Gudim met en scène les multiples contradictions de la vie quotidiennes, les unes résultant des choses de la-vie-comme-elle-va, les autres des penchants irrépressibles issus de nos désirs (ce qui est le cas ici).

J’ai choisi cette illustration parmi tant d’autres parce qu’elle met en avant l’hypocrise actuelle qui veut le bien-être animal, mais qui oublie facilement le passage par l’abattoir et le débitage de la carcasse. La gentille Blanchette (appelons-la comme ça) de l’image finit bel et bien dans notre assiette puis dans notre estomac.

Comment supprimer les contradictions de cette situations détaillée par le dessin d’Anton Gudim ? En se faisant végan ? 

Sans doute, mais réfléchissons un peu. Si nous aimons Blanchette demandons-nous – au cas où nous n’aurions plus besoin ni de son lait, ni de sa viande, ni de sa peau, etc… – si on se donnerait encore le mal de la faire naitre et de l’élever le temps que tout ce qu’on aurait pu lui prendre soit à maturité ? Que sont devenus les puissants percherons qui tiraient les charrettes et les fiacres d’autrefois ? Les a-t-on pris en pitié et élevés simplement pour faire joli dans la campagne où ils courent désormais librement ? Bien sûr que non : ils ont sombré dans le néant : plus de chevaux de traits, sauf en steaks venus de lointains pays où ils triment encore comme des bêtes de somme.

 

- Moralité : si vous aimez Blanchette, mangez des hamburger.

Vous gagnerez sur les deux tableaux.

vendredi 15 décembre 2023

Rien dans les mains et surtout rien dans les poches – Chronique du 16 décembre

Bonjour-bonjour

 

En général au lendemain de l’élection d’un dirigeant populiste, on reste sonné, sidéré, et incapable de suivre les échos de son triomphe. Pourtant ce qui se passe en Argentine mérite l’attention.

Après la dévaluation du peso argentin et la suppression de certaines aides publics, voici le renoncement à la mesure-phare du candidat Milei : la dollarisation de l’économie argentine. Et pourquoi ce renoncement ? Parce que les caisses de l’État sont vides, pas assez de dollars dans les coffres. « Le Président Javier Milei doit repousser sine die son projet de remplacer le peso argentin par le dollar américain comme monnaie officielle du pays » (A lire ici).

Si vous ne me croyez pas, lisez ceci : « Il n'y a plus d'argent, il n'y a plus d'argent  : telle est la justification du tout nouveau ministre de l'Économie, Luis Caputo, qui s'est adressé mardi soir aux Argentins.»

Attendez, ce n’est pas tout : à la télévision Luis Caputo a annoncé les coupes drastiques dans les aides publiques, aux transports et à l'énergie entre autres. Ces mesures, délibérément impopulaires, avec en contrepoint la suppression de la moitié des ministères du pays, ramenés de 18 à 9, constituent un plan d'austérité d'une rare violence. « Il faut en finir avec l'addiction aux déficits budgétaires », a martelé Luis Caputo, économiste de formation, trader de métier à New- York, et qui fut en 2017 et 2018 ministre des Finances puis président de la Banque centrale de la République d'Argentine (BCRA). (Art. référencé)

o-o-o

Il est impossible que le peuple argentin ait ignoré que toutes les promesses du candidat Milei n’étaient que du vent et que ses simagrées ne pouvaient convaincre personne sauf des handicapés du cerveau.

L’intéressant c’est que le peuple argentin est tout sauf un peuple de sous-doués. Et donc que quelque chose a dû se produire pour leur faire oublier la réalité, laissant le champ libre à ces absurdités.

De quoi s’agit-il ? On voit dans des sectes des gens a priori normaux se mettre à croire des idioties, comme l’attaque d’extraterrestres ou un complot de pédophiles (la fameuse « mouvance » QAnon – lire ici) et on se dit qu’ils ont été endoctrinés, victimes de « lavage de cerveau »...  Mais non ! Ce sont des gens qui ont, en toute liberté, en toute spontanéité, choisi de ne croire que ce qui venait d’un personnage jugé important. Il s’agit alors, non pas de savoir, mais de croire de façon passionnée à tout ce qui vient de ce gourou. Alors c'est sans doute la même chose ici.


- Comparez avec ce qui se passe pour l’amoureux passionné : on lui dit que sa bien-aimée n’est pas ce qu’il croit, qu’elle le trompe sans vergogne et qu’elle n’aura de cesse de l’avoir dépouillé de son argent. Mais rien n’y fait et quand la preuve lui est administrée, il la refuse tant qu’il peut. Éh bien c’est la même chose qui s’est passée en Argentine.

La question est donc de savoir quand le peuple argentin va descendre dans la rue pour exiger la démission de Javier Milei.

jeudi 14 décembre 2023

La culture, c’est bon pour les riches – Chronique du 15 décembre

Bonjour-bonjour

 

« Le musée du Louvre de Paris a annoncé vendredi 8 décembre une hausse du prix du billet. À partir du 15 janvier, l'entrée passe à 22 euros, après être restée à 17 euros depuis 2017 » peut-on lire dans la presse.

Bien sûr, dans le même temps la perspective de l’affluence des touristes durant les J.O. le montre bien : le ministère de la culture spéculant sur l’attrait de la culture pour les afficionados du sport, et anticipant un peu sur leur venue, profite de la perspective d’une forte augmentation du nombre de visiteur au Louvre pour augmenter le prix d’entrée. Après tout, c’est le marché qui décide.

Pourtant, les responsables se défendent de creuser encore un peu plus les inégalités entre ceux qui ont les ressources nécessaires pour jouir des beautés conservées au musée et ceux qui ne le peuvent pas : « Plus d'un visiteur français sur deux entre gratuitementSont concernés les moins de 25 ans, chômeurs, bénéficiaires des minima sociaux, handicapés et accompagnants, enseignants, et professionnels de la culture et journalistes ». (Article cité)

Pas sûr que ce choix soit pertinent, excepté bien sûr pour les chômeurs qui, durant l’hiver, vont pouvoir se réchauffer gratuitement dans les salles du musées.

Mais soyons sérieux : le plaisir de l’art, combien ça devrait coûter ? Le sourire de la Joconde, le déhanché de la Vénus de Milo, l’enthousiasme de la Liberté guidant le peuple, ça ne devrait pas avoir de prix. Trésors de l’humanité, bien publics, ces œuvres (et d’autres que je n’ai pas citées) sont inestimables, et devraient donc être gratuites.

Toutefois, il faut aussi penser que tous ceux qui entrent au Musée du Louvre, n’y vont pas forcément pour s’épanouir devant des œuvres d’art. Il y aussi ceux qui y vont pour faire savoir qu’ils y ont été, ceux qui se font photographier en bas des marches d’où s’envole la victoire de Samothrace ou qui vont faire un selfie devant la Joconde.

 


22 euros pour ça : moi je ne paierais pas, mais si c’est pour survendre son voyage à Paris, pourquoi pas ?

mercredi 13 décembre 2023

Pétrole : plus y a, moins ça va – Chronique du 14 décembre

Bonjour-bonjour

 

L’opinion internationale bat des mains : à Dubaï, la COP 28 s’engage à renoncer à rechercher des ressources nouvelles de pétrole, et même à abandonner sans les épuiser les puits existants. Quand on se souvient des avertissements d’il y a 20 ans, quand on nous annonçait la pénurie de cette ressource à brève échéance, on croit rêver.

--> Comment a-t-on pu opérer un tel basculement en moins de 20 ans ? Comment les prévisionnistes patentés ont-ils pu ne pas voir arriver, d’abord les nouvelles ressources du gaz de schistes, et ensuite la catastrophe planétaire des gaz à effet de serre ?

 

Qu’en dit le philosophe ? Que notre prétention à tout connaitre et à tout maitriser est d’une arrogance sans pareil ? Que nous ne savons rien de l’opinion publique, réactive ici, inerte là, sans qu’on puisse le présager. Mais aussi que le génie humain est capable de découvertes et d’inventions qu’on ne peut anticiper ? Et donc qu'à part ce qui se produit selon les lois universelles du monde, l’avenir n’est pas écrit, ni par les politiques ni par les savants ? Et, pour finir que le grand livre de l’histoire de l'Univers n’est pas déjà écrit, que derrière la page du présent, les pages de l’avenir sont des pages blanches ?

 

Oui, mais en contrepartie nous devons aussi constater qu’on ne peut absolument pas attendre d’être certains de ce que sera l’avenir pour faire quelque chose et qu’il faut bien agir avant de savoir, même sur des anticipations hasardeuses.

Kant attribuait le fait d’agir sur simple croyance à notre pouvoir de désirer : car le désir a selon lui cette faculté qui nous fait croire que ce que nous nous représentons comme désirable va nécessairement se produire - simplement parce que nous le désirons. Et donc que ces échecs inévitables sont la conséquence d’une disposition heureuse de l’humanité qui, continuant d’espérer après maints échecs, finira bien par trouver la solution qui lui serait restée inaccessible si elle avait attendu pour agir d’avoir une certitude rationnelle.

mardi 12 décembre 2023

À la tronçonneuse ! – Chronique du 13 décembre

Bonjour-bonjour

 

Il y a bien des années, Arnold Schwarzenegger en campagne pour devenir gouverneur de la Californie n’apparaissait à la télé que muni d’un balais, signifiant son projet de dégager le gouverneur de l’État et les incapables qui occupaient le pouvoir.

Aujourd’hui Javier Milei a fait campagne pour la présidence muni d’une tronçonneuse symbole des coupes à réaliser dans le pouvoir de l’État.

 


Ce qu’il n’avait pas dit (à moins que ce soit le peuple qui n’ait rien compris) c’est que sa première intervention consisterait à dévaluer la monnaie et donc à réduire le pouvoir d’achat de argentins – déjà très désargentés.

« Le gouvernement du nouveau président ultralibéral Javier Milei, investi dimanche, a annoncé mardi une forte dévaluation de plus de 50 % du peso, pour stabiliser l’économie en proie à une inflation et un endettement chroniques. La monnaie nationale passe ainsi à 800 pesos pour un dollar. » (Lu ici)

Étant donné que l’Argentine importe la majorité de ses ressources alimentaires de l’étranger, on peut en conclure que les argentins passant de la pauvreté à la très grande pauvreté vont être guettés par la famine. Et ce n’est pas avec des mesures sociétales (suppression du droit à l’IVG, rétablissement de la peine de mort, libéralisation du port d’armes, etc.) qu’il va donner à manger à son peuple.

 

L’étonnement n’est pas qu’un ultra-libéral prenne de telles mesures ; c’est qu’il ait été élu avec un programme qui laissait deviner ce cortèges de mesures d’austérité. Comment des gens qui vivaient péniblement avec les aides publiques ont-ils pu voter pour quelqu’un qui promettait de les supprimer ?

On met en cause le « dégagisme » : « Compte tenu de la médiocrité de la classe politique au pouvoir depuis la fin de la dictature, mieux vaut n’importe qui, que le maintien au pouvoir de ces gens-là. » Ça me rappelle ce petit enfant qui vient de recevoir une claque sur le derrière infligé par sa maman (1), et qui en pleurnichant se réfugie dans ses jupes pour se faire consoler.

C’est donc ça ? Un peuple qui cherche la protection d’un père (Perón) et d’une mère (Evita) ?

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(1) C’était il y a bien longtemps quand ce n’était pas encore un délit.

lundi 11 décembre 2023

Quand l'intégrisme assassin s'ajoute à la bêtise – Chronique du 12 décembre

Bonjour-bonjour

 

Voici ce qu’on lit dans la presse de ce matin : « Une œuvre du XVIIe siècle, « Diane et Actéon », a fait déborder le vase de la colère enseignante au collège Jacques-Cartier d’Issou, dans les Yvelines. Et révélé combien certains sujets sont devenus sensibles à l’école. Un professeur de français ayant présenté ce tableau en classe, des élèves musulmans ont refusé de le regarder puis des protestations de parents ont mis en cause non seulement la présentation de femmes nues à des élèves de 6ème, mais encore une accusation mensongère de racisme. » 

 

Voici le tableau mis en cause :

 


Diane et Actéon de Giuseppe Cesari, dit Le Cavalier d'Arpino 1600 / 1625

 

On y voit l’illustration du mythe grec selon le quel Actéon, un jeune chasseur, surprit Diane à son bain violant ainsi l’interdit de la voir nue. Pour se venger, elle transforma Actéon en cerf immédiatement dévoré par sa meute de chiens.

Vous trouverez ici une étude documentée et historique des diverses interprétations de ce mythe au cours des âges, mais à notre époque, à part une interprétation de Diane comme femme castratrice, rien de nouveau n’était apparu.

Jusqu’à aujourd’hui ou ce tableau est jugé pornographique et indigne d’être montré à nos enfants.

D’où l’étonnement des enseignants : si ce tableau, œuvre classique, exposée au musée du Louvre (excusez du peu !) est devenu une simple image reçue comme œuvre documentaire montrant à des enfants innocents l’anatomie des femmes, alors il va falloir cacher la Vénus de Milo ou autres statues d’Aphrodite (1). Et puis s’interroger sur la perception des œuvres venues de notre culture, mais éloignées de nous par le passé historique qui se révèle à cette occasion est formateur pour la compréhension de ce passé. (2)

- Au-delà de cet étonnement, il faut s’alarmer de la censure exercée par des personnes qui se réclament de leur appartenance religieuse pour prohiber notre culture humaniste.

Car voilà l’affaire : autant on peut s’émouvoir de présenter des œuvres telles que « l’origine du monde » de Courbet destinée à violer un tabou social, autant ces femmes dénudées sont une illustration du moment où Actéon surgit entrainant le repli effarouché de la déesse. D’ailleurs, sans savoir dans quel but ce tableau a été montré on peut penser qu’il a été au moins choisi comme illustration.

Cette censure est insupportable. Mais il y a pire dans cette affaire : elle reprend hélas le schéma de l’affaire qui a abouti à l’assassinat de Samuel Paty, raison pour laquelle les profs de ce collège ont exercé leur droit de retrait et que le Ministre de l’éducation nationale a fait un déplacement immédiat sur place.

Car à la bêtise s’ajoute l’intégrisme assassin.

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(1) N'oublions pas Corne d'aurochs qui, dans la chanson de Brassens, "... sur les femmes nues des musées, au gué, au gué / Faisait le brouillon de ses baisers, au gué, au gué" Mais ça, c'est de la poésie...

(2)Les représentations de nu féminin venues du moyen-âge sont caractérisée par le fait que la poitrine est strictement similaire à celle des hommes à ce détail près que les seins qui semblent venus d’ailleurs sont plaqués sur les pectoraux. Les enfants gavés d’images pornographiques savent bien que ce n’est pas réaliste