vendredi 15 décembre 2023

Rien dans les mains et surtout rien dans les poches – Chronique du 16 décembre

Bonjour-bonjour

 

En général au lendemain de l’élection d’un dirigeant populiste, on reste sonné, sidéré, et incapable de suivre les échos de son triomphe. Pourtant ce qui se passe en Argentine mérite l’attention.

Après la dévaluation du peso argentin et la suppression de certaines aides publics, voici le renoncement à la mesure-phare du candidat Milei : la dollarisation de l’économie argentine. Et pourquoi ce renoncement ? Parce que les caisses de l’État sont vides, pas assez de dollars dans les coffres. « Le Président Javier Milei doit repousser sine die son projet de remplacer le peso argentin par le dollar américain comme monnaie officielle du pays » (A lire ici).

Si vous ne me croyez pas, lisez ceci : « Il n'y a plus d'argent, il n'y a plus d'argent  : telle est la justification du tout nouveau ministre de l'Économie, Luis Caputo, qui s'est adressé mardi soir aux Argentins.»

Attendez, ce n’est pas tout : à la télévision Luis Caputo a annoncé les coupes drastiques dans les aides publiques, aux transports et à l'énergie entre autres. Ces mesures, délibérément impopulaires, avec en contrepoint la suppression de la moitié des ministères du pays, ramenés de 18 à 9, constituent un plan d'austérité d'une rare violence. « Il faut en finir avec l'addiction aux déficits budgétaires », a martelé Luis Caputo, économiste de formation, trader de métier à New- York, et qui fut en 2017 et 2018 ministre des Finances puis président de la Banque centrale de la République d'Argentine (BCRA). (Art. référencé)

o-o-o

Il est impossible que le peuple argentin ait ignoré que toutes les promesses du candidat Milei n’étaient que du vent et que ses simagrées ne pouvaient convaincre personne sauf des handicapés du cerveau.

L’intéressant c’est que le peuple argentin est tout sauf un peuple de sous-doués. Et donc que quelque chose a dû se produire pour leur faire oublier la réalité, laissant le champ libre à ces absurdités.

De quoi s’agit-il ? On voit dans des sectes des gens a priori normaux se mettre à croire des idioties, comme l’attaque d’extraterrestres ou un complot de pédophiles (la fameuse « mouvance » QAnon – lire ici) et on se dit qu’ils ont été endoctrinés, victimes de « lavage de cerveau »...  Mais non ! Ce sont des gens qui ont, en toute liberté, en toute spontanéité, choisi de ne croire que ce qui venait d’un personnage jugé important. Il s’agit alors, non pas de savoir, mais de croire de façon passionnée à tout ce qui vient de ce gourou. Alors c'est sans doute la même chose ici.


- Comparez avec ce qui se passe pour l’amoureux passionné : on lui dit que sa bien-aimée n’est pas ce qu’il croit, qu’elle le trompe sans vergogne et qu’elle n’aura de cesse de l’avoir dépouillé de son argent. Mais rien n’y fait et quand la preuve lui est administrée, il la refuse tant qu’il peut. Éh bien c’est la même chose qui s’est passée en Argentine.

La question est donc de savoir quand le peuple argentin va descendre dans la rue pour exiger la démission de Javier Milei.

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