mercredi 31 octobre 2018

ALEXIS CORBIÈRE ET RAQUEL GARRIDO AURAIENT BÉNÉFICIÉ D'AIDES POUR MÉNAGE "TRÈS MODESTE"

"Les travaux ont été rendus indispensables par un grave incendie à mon domicile en février 2018 provoqué par un poêle à bois qui était auparavant l'unique source de chauffage", a assuré Alexis Corbière. "Il m'est donc particulièrement insupportable de lire, dans ce journal satirique, que les travaux étaient en quelque sorte une filouterie préméditée de ma part". (Lu ici)

Puisque l’info est détaillée dans l’article référencé, passons sur son contenu. Retenons toutefois deux observations :
            - La première c’est que cette situation montre l’écart qu’il y a entre ce qui est légal et ce qui est légitime.
Ainsi, obtenir des aides financières selon des règles en vigueur, c’est légal. Obtenir ces mêmes aides alors que la situation a changé et que seule une date butoir empêche le fisc de le constater est certes légal, mais c’est devenu en même temps illégitime.
Pour le représentant d’un parti qui depuis 10 jours clame que la perquisition dont il a fait l’objet quoique légale est illégitime et que c’est ça qui compte : voilà qui interpelle.

- La seconde plonge ses racines dans des souvenirs-fantasmes qui rodent dans mon inconscient. Il y eut un temps où être accusé de pratiquer « une filouterie préméditée » aurait valu à son auteur une provocation en duel – principalement entre élus de la Nation..
Nous voici donc il y a 1 siècle et demi. J’imagine monsieur Corbière, vaste cape noire sur les épaules se rendant sur le pré au petit matin suivi d’un assistant qui porte les pistolets.




Vous aussi vous regrettez cette époque ? Ah !... Admettez que ça aurait quand même plus d’allure qu’une myriade de tweets grossiers et ineptes.

mardi 30 octobre 2018

FRANÇOIS MITTERRAND, COLLECTIONNEUR AHURISSANT DE LIVRES ET AUTOGRAPHES

« Un homme peut-il être réduit à sa bibliothèque ? » C’est ainsi que débute cet article (réservé aux abonnés, donc pas à moi) expliquant qu’une partie de la bibliothèque laissée par François Mitterrand (celle qui contient des autographes) allait être dispersée aux enchères – ce qui est une façon de répondre : « Des livres sont d’abord une valeur financière, et lorsqu’ils ont atteint un certain niveau, les vendre est évident. »

J’ai cru comprendre que c’était le Parti Socialiste qui avait « hérité » de cette partie de la bibliothèque de François Mitterrand et que cette vente s’était organisée sous la houlette de Laurent Fabius : ça reste en famille.
Dont acte.
On sait que la collection des livres de Montaigne comprenait un millier d'ouvrages, dont il ne reste qu'une centaine. On regrettera de ne plus avoir ces livres dont Montaigne disposait dans sa librairie – là où pourtant il a nourri sa pensée et passé une part de sa vie.

Et puis… on va se dire aussi que peu de personnes ne se sentiraient concernées par le contenu de leur bibliothèque personnelle – d’ailleurs encore faut-il en avoir une. La mode des « boites à livres de rues » qui permettent d’offrir aux passants les ouvrages dont on ne veut plus, et en même temps de s’en approprier de nouveaux qui subiront une fois encore le même sort un peu plus tard, montre que le livre n’est plus un élément fondateur de la personne, mais plutôt un moment de délassement (entertainment) dont la durée d’existence est limitée au temps de lecture.
Moi je dirais volontiers que l’importance du livre se manifeste lorsqu’on a refermé l’ouvrage et que son contenu se condense – ou se développe – dans les pensées ou les images qui en restent ou en naissent

Ma bibliothèque c’est dans mon cerveau qu’elle existe

lundi 29 octobre 2018

JAIR BOLSONARO ÉLU PRÉSIDENT DU BRÉSIL

« Jair Bolsonaro est resté très actif sur les réseaux sociaux - autre point commun avec le président américain -, où il fait un tabac avec près de 8 millions d'abonnés sur Facebook. Le format concis et direct du numérique lui va comme un gant. Loin d'être un grand tribun – il s'exprime avec une syntaxe approximative et a un cheveu sur la langue – il sait s'adresser directement à l'électeur internaute avec de petites phrases qui font mouche. » Lu ici.

Je pense qu’il faudrait réfléchir à la révolution politique rendue possible par le format des messages échangés sur les réseaux numériques.
… Souvenons-nous, nous sommes à Athènes au 4ème siècle av-jc. Luttant contre Philippe II de Macédoine, Démosthène exhorte par ses discours le peuple athéniens à lui résister. Seulement voilà : Démosthène n’est pas fait pour être orateur. « Il fut en butte aux clameurs et aux moqueries à cause de son style insolite, dont on jugeait les périodes tarabiscotées et les raisonnements poussés avec trop de rigueur et forcés à l'extrême. Il avait d'ailleurs, semble-t-il, une voix faible, une élocution confuse et un souffle court, qui rendait difficile à saisir le sens de ses paroles, obligé qu'il était de morceler ses périodes. » écrit Plutarque (Vie de Démosthène, 9). On en parle encore aujourd’hui parce que le récit de ses efforts pour surmonter son bégaiement et suçant des cailloux est resté célèbre.

- Et du coup on se dit que les tweets ont quand même changé la donne et que maintenant n’importe quel asthmatique peut s’adresser au peuple sans que jamais ses insuffisances oratoires ne viennent le perturber. Quant à ses capacités intellectuelles il suffira qu’elles tiennent sur 140 signes.

dimanche 28 octobre 2018

PRÉSIDENTIELLE AU BRÉSIL : DEUX VISIONS DU PAYS S’AFFRONTENT AU SECOND TOUR

Quelque 147 millions d’électeurs sont attendus dimanche dans plus de 80 000 bureaux de vote pour départager Jair Bolsonaro et Fernando Haddad.

Brexit… Régimes nationalistes qui conduisent le pays à la banqueroute … privatisations et mises en vente au plus offrant des ressources du pays…
Tout cela avec la bénédiction des urnes, et voilà qu’on se pose la question : la démocratie a-t-elle toujours raison ? Suffit-il d’être majoritaire pour donner la direction vers la quelle gouverner ?
Et après tout, on a bien le droit de s’interroger devant les dégâts causés par des référendums comme le brexit obtenu grâce à une série de mensonges – mais on sait bien que ce sera toujours pareil : lorsque le peuple se prononce sur des opinions invalides (« fakenews ») – il n’est désabusé que lorsqu’il est trop tard pour faire marche arrière, d’où un régime instable au plus haut degré.
Remontons au XVIIIème siècle, lorsque les philosophes de l’époque ont posé la question. Déjà notons que beaucoup ont estimé que le bien du peuple se ferait sans le peuple, donc que la démocratie n’était pas salutaire pour lui. On est alors à l’époque du despotisme éclairé.
Quant à ceux qui ont affronté le problème ils ont répondu d’une manière qui ne laisse aucun doute : quant à nous nous ne sommes pas du tout dans une perspective vraiment démocratique.
Ecoutons Rousseau : le privilège du peuple sur les élites vient de ce qu’il connaît parfaitement les besoins qui sont les siens sans que personne ne vienne lui expliquer en quoi cela consiste. Mieux même : Rousseau veut que soient interdit les partis et les coteries qui poussent les individus à voter comme leur communauté sans tenir compte du bien public. Inutile de dire que Rousseau n’aurait pas aimé les réseaux sociaux !
Enfin – et surtout – que chacun en votant tienne compte d’abord de l’intérêt général plutôt que de son intérêt particulier : la vertu selon Montesquieu n’est pas loin.

2 siècles et demi plus tard nous en sommes encore à nous demander comment en arriver là.

samedi 27 octobre 2018

LE MINISTRE ENVISAGE LA CRÉATION DE "STRUCTURES DÉDIÉES SOLIDES" POUR PRENDRE EN CHARGE CES JEUNES "POLY-EXCLUS", ÂGÉS DE 13 À 18 ANS.

Selon le ministre, ces jeunes ont besoin "de structures dédiées solides". Ces dernières pourraient "venir de différents corps de métiers, aussi bien de l'Education nationale que de l'armée ou de la police". "On a une pédagogie du XXIe siècle, qui permet de les remettre sur les rails en posant l'autorité", estime Jean-Michel Blanquer. Ce sont des élèves qui ont besoin d'une autre manière d'être encadrés."

Voilà donc une nouvelle catégorie qui fait son apparition : les « poly-exclus » entendez « exclus d’un établissement scolaire ». On a tous en mémoire ce jeu « de chaises musicales » au cours du quel un élève insupportable est viré et inscrit dans un nouvel établissement où il va illico mettre le bazar. Bien sûr dans le même temps un de ses congénères fait le chemin inverse.
- Donc le Ministre dit STOP ! Inventons une structure dédiée solide animée par des anciens policiers ou militaires. Voilà de nouveaux centres éducatifs fermés ? Pas si vite, mais on sent bien que ça ne déplairait pas….

La question est quand même de savoir quelles sont ces méthodes utiles pour remettre dans le droit chemin (celui de l’obéissance et du travail) ces têtes brûlées. On ne va quand même pas réinventer les Bat-daf ? (1). D’ailleurs nos colonies ont disparu et nous manquons de désert brûlant pour dresser des sauvageons.
Mais nous sommes au 21ème siècle et nous disposons de techniques déjà connues et éprouvées, ne serait-ce qu’au cinéma avec Orange mécanique :


Alex, le héros d’orange mécanique
“Au niveau conscient explique Kubrick, Orange mécanique traite de l’immoralité qu’il y a à priver un homme de sa faculté de choisir librement entre le bien et le mal, même si cela est fait dans l’intention d’améliorer la société.”
Imaginez Castaner déclarant aux députés : « Mesdames messieurs les députés je vous demande de choisir entre la morale en laissant ces petites brutes opter librement pour la violence et le mal, et la contrainte qui en fera des agneaux sans réflexion ni responsabilité. »
Ça aurait plus à Jean-Paul Sartre
---------------------------------------------------

(1) Ecoutez le chant des bat’d’af : ça avait de l’allure