- franceinfo :
Est-ce qu'on peut le comparer (= Jair Bolsonaro, candidat d’extrême droite aux
élections brésiliennes) au succès de Donald Trump ou des leaders populistes en
Europe ?
- Armelle Enders :
Cela ressemble beaucoup au phénomène Trump. L'électorat de Bolsonaro est en
train de changer. Il devient plus populaire. Mais jusqu'à une période très
récente, son principal soutien était dans les classes dirigeantes, la
bourgeoisie brésilienne. Cela fait plusieurs mois que la bourgeoisie
brésilienne est dans une logique plutôt Hitler que Blum. Lire ici.
Quand un candidat est soutenu par les milliardaires et les
gros propriétaires terriens, on se dit qu’il n’a aucune chance, parce que les
pauvres vont voter contre lui et que partout les pauvres étant plus ombreux que
les riches c’est leur candidat qui va l’emporter.
Sauf que les classes populaires ont au brésil comme ailleurs
une oreille sensible aux arguments des tenants de la droite ultra conservatrice
sur un sujet précis : il s’agit de la sécurité.
« Récemment, quand il y avait des affrontements dans
les favelas de Rio de Janeiro, sa solution (= celle de Bolsonaro) était de
bombarder la favela. Cela en dit long. Son thème, c'est : "dans les
favelas il y a des bandits; les bandits, il faut les tuer" » - On a
vu ce que ça donnait aux Philippines avec les trafiquants de drogue.
Au fond, la politique
ne fonctionne que lorsque les arguments et les contre arguments sont rationnel,
ou au moins raisonnable. Quand tout le monde est d’accord au moins pour
continuer à évoluer dans le même monde. Bref quand on n’est pas dans un
contexte révolutionnaire.
Ici on n’est pas du tout dans cette configuration. Mais la
révolution en moins et la guerre civile en plus. Les pauvres gens du brésil ne
croient plus dans la capacité du pouvoir à les tirer de la misère. Ils croient
seulement à sa violence pour détruire ceux qu’on leur présente comme leurs
ennemis.
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