- Le prince héritier saoudien qualifie «
d’incident hideux » le meurtre de Khashoggi
Pourtant soupçonné d’avoir commandité
l’assassinat du journaliste saoudien, Mohammed Ben Salman a affirmé que Riyad
coopérait avec Ankara et que « la justice prévaudra ».
- Affaire Khashoggi : Macron a fait part au
roi saoudien de sa "profonde indignation" après "ce crime"
Je ne relaie
pas ici les propos du Président américain, ni ceux de tous les dirigeants
européens. On constate que si les mots pouvaient bouger les choses, alors le
Prince Salman serait en exil ou pire depuis longtemps. On l’a compris il y a un
niveau d’efficacité pour le langage qui ne peut l’emporter sur la force
brute : on dit qu’autrefois les bourreaux japonais affectaient une
politesse exquise lors des supplices qu’ils infligeaient à leurs victimes. Bien
sûr les bourreaux saoudiens n’ont sûrement pas eu ce genre de précaution,
mais ce n’est qu’une question de
culture.
Au fond ce
qui compte c’est de savoir où nous mène une spéculation sur
l’efficacité d’un discours :
- Président
Macron est indigné ? Soit. Il demande à être éclairé sur les
responsables : passe encore. Mais personne n’est dupe : seule la
déclaration de suspension de vente d’armes venant annuler le traité pourrait
être efficace, car alors le langage ne construit pas lui-même sur du vent son efficacité, mais se contente d’énoncer le
pouvoir qui se déploie ailleurs. On sait que l’Allemagne exige ce retrait comme
réponse au crime saoudien ; on ait aussi quelle réponse la France lui a faite.
De fait ce
qui importe pour nous pauvres citoyens, c’est de repérer les chances de
réalisation des déclarations – et encore : quand Ben Salman dit qu’il va
coopérer avec Ankara dans l’enquête, on se doute bien que ça va servir de
tractation à toutes sortes de faits sans rapports avec la justice.
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