jeudi 25 octobre 2018

ASSASSINAT DU JOURNALISTE SAOUDIEN KHASHOGI : DES MOTS POUR LE DIRE

- Le prince héritier saoudien qualifie « d’incident hideux » le meurtre de Khashoggi
Pourtant soupçonné d’avoir commandité l’assassinat du journaliste saoudien, Mohammed Ben Salman a affirmé que Riyad coopérait avec Ankara et que « la justice prévaudra ».

- Affaire Khashoggi : Macron a fait part au roi saoudien de sa "profonde indignation" après "ce crime"

Je ne relaie pas ici les propos du Président américain, ni ceux de tous les dirigeants européens. On constate que si les mots pouvaient bouger les choses, alors le Prince Salman serait en exil ou pire depuis longtemps. On l’a compris il y a un niveau d’efficacité pour le langage qui ne peut l’emporter sur la force brute : on dit qu’autrefois les bourreaux japonais affectaient une politesse exquise lors des supplices qu’ils infligeaient à leurs victimes. Bien sûr les bourreaux saoudiens n’ont sûrement pas eu ce genre de précaution, mais  ce n’est qu’une question de culture.

Au fond ce qui compte c’est de savoir où nous mène une spéculation sur l’efficacité d’un discours :
- Président Macron est indigné ? Soit. Il demande à être éclairé sur les responsables : passe encore. Mais personne n’est dupe : seule la déclaration de suspension de vente d’armes venant annuler le traité pourrait être efficace, car alors le langage ne construit pas lui-même sur du vent  son efficacité, mais se contente d’énoncer le pouvoir qui se déploie ailleurs. On sait que l’Allemagne exige ce retrait comme réponse au crime saoudien ; on ait aussi quelle réponse la France lui a faite.


De fait ce qui importe pour nous pauvres citoyens, c’est de repérer les chances de réalisation des déclarations – et encore : quand Ben Salman dit qu’il va coopérer avec Ankara dans l’enquête, on se doute bien que ça va servir de tractation à toutes sortes de faits sans rapports avec la justice.

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