vendredi 31 juillet 2020

Cherchez l’erreur – Chronique du 1er août

Bonjour-bonjour

 

L’une s’appelle Apolline de Malherbe, elle est journaliste ; l’autre s’appelle Tania de Montaigne, elle est journaliste et également écrivaine. La première est issue d’une famille hautement favorisée ; la seconde a été élevée par sa mère dans un milieu défavorisé. La première a la peau blanche ; la seconde est noire. 

  


 

Vous avez sans doute déjà compris de quoi il s’agit : alors que la première ne s’est jamais plainte d’être soupçonnée d’usurpation de patronyme, la seconde est sans cesse ramenée à lui, par des propos suspicieux ou – pire encore – simplement étonnés : « Ah ? Vous vous appelez Montaigne ? Comment ça se fait ? »

On est ici devant le fait brut de la racialisation, autrement dit l’attribution de caractéristiques culturelles à des individus simplement sur la base de leur aspect physique. Certes Montaigne est un nom qu’on n’imagine pas porté encore aujourd’hui par qui que ce soit : c’est le nom de Michel de Montaigne, auteur des Essais – point final. Sauf que, dans le même temps, on s’étonnerait moins de le voir porté par une femme blanche que par une noire – du moins c’est ce qu’il parait avec Malherbe quand on s’appelle Apolline de Malherbe. Comme s’il y avait quelque mystérieux rapport entre la peau blanche et la culture classique française ; rapport tel qu’il exclurait quiconque a la peau noire. Scandaleux racisme qui devrait valoir une mise en examen à quiconque le proférait ? Oui, bien sûr… mais aussi réaction spontanée et de bonne conscience, de la part de gens qui ne sauraient pas dire deux mots de l’œuvre de chacun de ces personnages, mais qui sont persuadés qu’ils représentent la France et qu’à ce titre on ne peut les imaginer avec la peau noire. En 1946, dans ses Réflexions sur la question juive, Sartre dit qu’un antisémite c’est quelqu’un qui est persuadé qu’un juif ne pourra jamais comprendre le moindre vers de Racine – non pas que le premier imbécile venu saurait le faire parce que d’origine caucasienne, mais simplement qu’entre ce personnage et Racine il y a une consubstantialité mystérieuse : celle des racines.

Racine : voilà le mot lâché. Quiconque croit en avoir est mûr pour exclure tous ceux qui n’ont pas les mêmes – quelle qu’elles soient.

jeudi 30 juillet 2020

Éloge du chaos – Chronique du 31 juillet

Bonjour-bonjour

 

Sous le titre : « Élections américaines : Donald Trump veut vaincre par chaos » les journalistes placent l’info selon laquelle le Président américain tente de faire reporter les élections en raison du risque de fraudes électorales massives lors du vote par correspondance largement développé en raison de l’épidémie. Ce report favoriserait selon les sondeurs ses chances d’être élu qui sont très minces à l’heure actuelle.

Le chaos serait alors un auxiliaire électoral, montrant que pour l’évaluer, les circonstances sont plus importantes que son contenu réel. Qu’importent les destructions qui l’accompagnent si je peux, moi, en tirer parti ? « Périsse l'Univers, pourvu que je me venge ! » Écrivait Cyrano de Bergerac (l’auteur, pas le personnage)

Sans aller jusqu’à cette extrémité, combien de fois n’avons-nous pas souhaité qu’un accident, une petite – toute petite – catastrophe vienne empêcher que se produise un évènement fâcheux pour nous ? Sans aller chercher plus loin, l’annonce du confinement a donné lieu à des réjouissances très bruyantes chez les jeunes qui voyaient ainsi disparaitre le souci de préparer un examen ou d’effectuer un pensum. Sans le covid’, combien de bacheliers d’aujourd’hui seraient en train de se préparer à un redoublement peu réjouissant ?

Le mal peut-il être la condition d’un bien ? Question bien souvent débattue à grand renfort de Providence. « Oui, mes très chers frères, vous devez avoir foi en Notre Seigneur, qui nous aime et qui nous montre son amour en toute occasion. Seuls les mécréants inspirés par le Démon disent que l’épidémie est là pour nous châtier et nous faire mal. Dieu nous aime, Dieu veut nous aider à dépasser notre humaine condition. Le covid’ est certes une épreuve pour nous, mais pensez qu’il nous dispense de prendre des décisions politiquement douloureuses pour protéger la nature. Oui, mes frères, alors que la simple toute petite taxe sur le carburant mettait notre pays à feu et à sang, voilà que le virus – un tout-tout petit virus – nous oblige à laisser la voiture au garage, favorisant la purification de l’air, l’assainissement de l’eau, le pullulement de tous les petits oiseaux que nous avons entendus gazouiller le matin ».


  

(Merci à l'auteur de cette photo dont j'ai perdu les références)


Bergson disait « Tout désordre n’est qu’un ordre différent ». Bergson, philosophe du chaos ? 

mercredi 29 juillet 2020

Changer le monde ? – Chronique du 30 juillet

Bonjour-bonjour

 

On entend ici et là des déclarations enthousiastes sur « le monde d’après », celui qui est entrain de succéder à ce monde capitaliste et productiviste, où seules les courbes du CAC40 constituaient un repère fiable et un horizon d’avenir. Désormais, tenus en bride par la nature à coup de sécheresses et d’ouragans, de virus tueurs et de pollutions, nous serions en train de prendre le virage de l’écologie planétaire, et nous découvrons qu’il nous faut vivre désormais au sein des espèces vivantes comme une variété quelconque de primates. Même le populisme au front bas a été obligé de rentrer dans le rang, dompté par les cohortes de mourants et de miséreux.

Mais ces choses sont-elles en train d’arriver, ou bien ne sont-elles que rêvées ? Car, que voyons-nous ? Partout où la crainte de l’épidémie a reculé, les anciennes manières de vivre ont repris leur ancienne place : par les voitures utilisées autant qu’on peut, par les fêtes et les joies de la plage où on « promiscute » à tout va, et sans doute bientôt par la consommation sans souci du CO2.

- Hypothèse : et si, mis à part quelques militants intransigeants, personne ne ressentait la nécessité de changer tout ça ? Changer de vie pour nous aligner sur les rythmes naturels, qui donc en a envie ? Reproduire dans la ville la mixité du milieu écologique par la cohabitation sociale, qui donc en veut ? Et finalement, jouir de tout cela parce que l’on se sent habité par l’amour de la vertu – qui donc en est capable ?

 

Si le mouvement écologiste considère que son heure est venue, ce n’est pas en raison de cet engagement raisonné et militant, mais parce que dans l’éventail des émotions, la peur de la nature gagne du terrain. D’où la hâte à valider l’idée que le corona-virus vient des zones indûment occupées par l’homme suite au défrichage de la nature. Mais justement cette orientation ne durera pas plus longtemps que les méfaits de l’action humaine. En sorte que, de même que l’Église a besoin des pauvres pour porter son message de charité, de même l’écologie a besoin de sécheresse et d’ouragans pour être entendue.

mardi 28 juillet 2020

Pour néant pense qui ne contrepense – Chronique du 29 juillet

Bonjour-bonjour

 

Hier j’entends parler d’un « biais cognitif » qui aboutit à n’entendre que les avis identiques à ceux qu’on a soi-même émis. Nous ne sommes pas loin de cette sentence de Monsieur Prud’homme (d’Henri Monnier) : « C'est mon opinion, et je la partage ».

 

Ne croyez-vous pas qu’on ici mis à jour un des ressorts les plus fréquemment en jeu dans les échanges entre les individus ? Chacun y va de son opinion et enchaine : « Vous êtes d’accord avec moi, hein m’sieur ? » - et malheur à vous si vous dites « Non » ! Car ce qui importe, ce n’est pas de savoir ce qui est vrai ou pas, mais bien de compter les gens qui sont dans notre camp. Bien sûr je n’ai pas besoin de rappeler comment les « réseaux sociaux » fonctionnent et combien ils confirment l’importance de ce mécanisme.


Moi, ça me gène un peu, parce que je passe mon temps à échafauder des idées contre les quelles j’exerce mon raisonnement – et que le meilleur gagne. J’ai fait depuis longtemps mienne cette sentence venue du moyen-âge : « Pour néant pense qui ne contrepense ». Or c’est précisément aller contre ce biais cognitif que de « contrepenser ».

 

- Moi qui professe dans l’intimité de mon bureau une grande modestie, j’ai été obligé de concéder que je ne savais presque rien de la notion de « biais cognitif ». D’où l’usage de Wikipédia qui est en l’occurrence bien fourni en information : arrivé sur la page, je suis resté éberlué devant la liste des biais cognitifs recensés. Incroyable liste des défauts de raisonnement, des faux semblants et des vraies hypocrisies qui se manifestent tous les jours dans notre pensée, et tout cela pour avoir l’impressions que nous pensons mieux – sinon aussi bien que les autres ; ou plutôt que ce sont les autres qui pensent comme nous. Dire à quelqu’un « Je ne suis pas d’accord avec toi » c’est lui infliger une blessure narcissique donc une souffrance dont il voudra selon les cas se venger ou simplement éviter de la subir. Un des stoïciens de l’antiquité grecque (dont j’ai oublié le nom) disait : « Lorsque je discute avec toi, si j’ai une fausse opinion arrache-la de mon esprit. Si tu en as une, souffre que je t’en délivre ». 

Il y a bien peu de gens susceptible de souscrire à cette règle – est-ce parce que nous sommes tous des enfants de monsieur Prud’homme ?

lundi 27 juillet 2020

Bonjour Mamie – Chronique du 28 juillet

Nous sommes en 2070 ; une jeune fille vient visiter sa mamie qui séjourne en ERHPAD (Établissement Robotisé d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes). 

Voici un extrait de leur conversation.

 

 

- Bonjour-bonjour Mamie, Tu vas bien ?

- Oui, ma petite Chloroquine, ça va… La surveillance numérique a constaté que mes analyses étaient convenables et que je suis toujours covid-free. 

Mais approche-toi un peu parce que je ne te vois pas très bien tu sais ; je crois que les batteries de mes Google-lens sont à plat.

- Je ne peux pas, Mamie, tu sais bien que depuis 2020 nous n’avons plus le droit de nous approcher les uns des autres, à moins d’avoir le super-FFP2 du Professeur Salomon.

- C’est vrai… Si tu savais combien tout cela me manque… C’était pourtant il y a 50 ans, mais je me rappelle encore des bises et des accolades données à mes amis… ah ! que c’était bon !

- Justement Mamie, tu pourrais me parler un peu du monde d’avant ? Je veux dire le monde covid’free ? Sortir quand on veut, rencontrer qui on veut euh, et puis … se frotter à qui on veut (tu vois Mamie ce que je veux dire) ?

- Oui, comme je viens de te le dire : je m’en rappelle très bien.

- Et c’était important pour toi tout ça ?

- Eh bien vois-tu, ce qu’on a perdu c’est la liberté de faire tout ce qui nous passe par la tête sans songer qu’il faudra après passer par la chambre stérile et subir une D.R. (N.B. Mamie veut parler du passage par le caisson de « décontamination radicale » nécessaire pour avoir accès aux services collectifs après avoir eu des contacts suspects)

… Imagine un peu Chloroquine : tu as un petit ami ?

- Oui, bien sûr ; c’est mon gentil Raoul.

- Tu imagines que tu te promènes avec lui, tendrement enlacée sur les quais de la seine ? Tous les 10 pas vous vous arrêtez pour échanger un baiser câlin pendant que tu lui caresse la nuque. Tu vois ça ?

- Euh… Non pas du tout. D’ailleurs maman ne m’en a jamais parlé.

- Ça ne m’étonne pas, il ne pouvait en être autrement… 

Mais enfin, dis-moi, Chloro, comment font les jeunes aujourd’hui quand ils sont amoureux ?

- Ben vois-tu mamie, il y a deux sortes de jeunes : les uns obéissent aux prescriptions de l’Office Nationale de la Santé : ils fournissent une liste des gestes hors-barrière qu’ils envisagent lors pour leur réunion dans le caisson étanche 

- Et ils s’y tiennent ? Malgré les pulsions qui peuvent surgir ?

- Oui, Mamie, ils s’y tiennent parce qu’ils savent que l’intelligence artificielle du Ministère les surveille grâce à la caméra de vidéo-surveillance qui est là pour vérifier ; et s’ils ne se conforment pas à la liste, les voilà enfermés en quarantaine pour 2 mois.

- De mon temps, vois-tu ma chérie, on aurait enfilé un Gilet jaune et on aurait mis le feu au Ministère de la santé.

- Pas la peine Mamie, parce qu’il y a aussi, comme je te le disais, une seconde catégorie de jeunes. Ceux-là disent : « On fait ce qu’on veut, comme on veut. Si on choppe le covid, rien à f*** : on est jeune et on ne s’en apercevra même pas. »

- Ne savent-ils pas qu’ils ont aussi la responsabilité de la santé publique, et que s’ils contaminent les vieux ceux-ci vont mourir. Qu’est-ce qu’ils disent à ça ?

- Ils disent que moins de vieux c’est bon pour l’équilibre des caisses de retraite.

Voilà ce qu’ils répondent.

dimanche 26 juillet 2020

Le vélo sur ordonnance – Chronique du 27 juillet

Pour faire perdre du poids aux britanniques, le gouvernement décrète l'interdiction totale de la publicité pour de la malbouffe en ligne et avant 21 heures à la télévision, l'obligation pour les restaurants et chaînes à emporter de rendre public le nombre de calories dans leurs menus ou encore la nécessité pour les magasins de les indiquer sur leurs bouteilles d'alcool.

Les médecins généralistes pourront « prescrire des sessions de vélo », qui seront facilitées par l'apport de matériel et la création de pistes cyclables séparées.

 

  

Ci-dessus, Boris Johnson durant son mandat de maire de Londres. Récemment il a dû être hospitalisé au printemps en soins intensifs après avoir contracté le Covid-19, imputant plusieurs fois la sévérité de ses symptômes, entre autres, à son poids.

 

Bonjour-bonjour

 

Bien sûr il ne s’agit pas de réfléchir ce matin à l’hygiène de vie qui pourrait nous mettre à l’abri du virus. Je laisse ça aux innombrables spécialistes qui profiteront de cette occasion pour montrer qu’en plus d’avoir de l’esprit, ils ont aussi de la science. Je me soucierai plutôt du fait que Boris Johnson semble avoir changé du tout au tout son hygiène de vie depuis qu’il a frôlé la mort sous l’effet du coronavirus associé à des facteurs de risques.

Et si c’était vrai, si Boris-en-vélo c’était devenu une réalité parce que la peur de la mort est passée par là, pourrions-nous en conclure que l’action de nos dirigeants dépend étroitement de leur passé ?  Leur comportement comme élu serait alors différent selon qu’ils sont gros, qu’ils sont maigres, que leurs parents étaient riches et puissants ou qu’ils étaient mineurs de fond – et si leur femme les a honteusement trompés ?  ... On dirait alors que celui qui, comme notre actuel Président a eu tous les succès dans sa vie et qui ignore donc l’échec, sera un très mauvais leader en cas de contestation. Il va dire : « Je suis votre chef et vous devez m’obéir, comme la vie m’a toujours obéi dès que j’ai voulu lui imposer mes choix ». 

- Mais attention ! Ne pas lui préférer un jouisseur sans ambition, toujours content dès qu’il a atteint un niveau de confort suffisant. C’est comme cela que nous avons eu un Président « normal » qui a clairement indiqué qu’il ne fallait pas lui demander de sortir de sa routine.

Bref : cette petite réflexion nous conduit au moins à nous interroger : « Quelle qualité faut-il attendre d’un Président ? » Oui, à l’heure où les engagements idéologiques ne comptent presque plus dans le choix d’un dirigeant (j’élirais l’archevêque de Paris si j’étais sûr qu’il diminue à la fois les impôts et la dette du pays) il faut bien se contenter de sa personnalité apparente : est-il cool, a-t-il un beau sourire, ou est-elle « gentille de corsage », comme la sœur Isabeau de La Fontaine ? Vous voyez bien que l’étude pointilleuse de la biographie du candidat n’est pas un luxe. Et puis, de toute façon, ça va donner du travail aux Chroniqueurs pour se renouveler un peu.

samedi 25 juillet 2020

Au Puy du Fou, trois fois 4000, ça fait moins de 5000 – Chronique du 26 juillet

(12000 personnes réparties en 3 tribunes ont assisté au spectacle du Puy du fou dimanche soir, alors que le match de coupe de France s’était déroulé vendredi au Stade de France devant 5000 spectateurs)

 

 

Bonjour-bonjour

 

Pas fous, les gens du Puy du Fou ! 

- Vous leur dites : « Pas plus de 5000 personnes à votre spectacle, hein ! »

- Ils répondent « OK, pas de problème ». 

Et ils divisent leur immense tribune en sous-tribunes d’une jauge de 4000, chacune d’entre elle séparée des autres par plexiglass, gel hydroalcoolique (?), prières de l’évêque (???) – que sais-je encore ? Trois fois 4000, ça fait moins de 5000. Et toc !

Du coup, les footballeurs du PSG et de St. Etienne qui avaient limité à 5000 le nombre de leurs supporters lors du match de coupe au stade de France passent pour des crétins : que n’ont-ils pensé eux aussi à diviser les tribunes du stade en autant de sous tribunes que nécessaire pour remplir les 80000 place sans dépasser la jauge de 5000 ?

Bien sûr personne n’a défini les distances barrières nécessaires entre les publics … parce qu’on croyait qu’à un spectacle correspondait un – et un seul – public. On n’a pas non plus expliqué que les tribunes formaient un tout avec les files d’attentes aux caisses, à la buvette ou au vestiaire, avec le monde qui se répand autour de la salle ou du stade, etc. On n’y a pas pensé parce qu’on croyait que ça allait de soi. Mais attention ! le bon sens et la logique, ça fait – parfois – deux.

Ce qu’on a oublié de dire, c’est qu’il fallait demander à un cabinet d’avocats d’affaires de s’occuper des textes des décrets du ministère de la santé, avec toute la compétence qu’ils ont acquise à la rédaction des contrats d’affaires. On dit qu’aux États-Unis, lorsque votre contrat stipule qu’on s’engage à vous servir un café le matin, alors il faut encore négocier le morceau de sucre et la cuillère.

Eh bien, vous savez quoi ? Les gens du Puy du Fou sont très conciliants, car ils acceptent de fermer leurs sous-tribunes et de se limiter à la jauge de 5000 place non parce que c’est un impératif de santé publique mais pour éviter les inquiétudes de leur public (1). Vraiment cool, ces organisateurs, car on croit comprendre que, du coup, ils renoncent à faire un procès à l’État.

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(1) Sur le compte Twitter du deuxième parc à thème français, on peut lire : « En concertation permanente avec l’Etat, le Puy du Fou a ouvert la Cinéscénie en trois tribunes dans le respect du protocole sanitaire visant à garantir la sécurité de ses spectateurs. Ce dispositif semble susciter des inquiétudes qui pourraient nuire à la sérénité de nos futurs spectateurs, ajoute le parc situé aux Epesses, en Vendée. En conséquence, la Cinéscénie n’accueillera pas plus de 5 000 spectateurs dès sa prochaine représentation. » Lire ici

vendredi 24 juillet 2020

Une porte doit être ouverte ou fermée – Chronique du 25 juillet (2)

Bonjour-bonjour

 

Lisons : Discothèques : l'État annonce une aide mais ferme la porte à une réouverture rapide

Développons : l’État a fermé la porte à la réouverture des portes des discothèques. 

Et si vous râlez pour superfluité et redondance abusive, on se fera un plaisir de rappeler les proverbes de Musset : Une porte doit être ouverte ou fermée.

 

Mais alors que Musset jouait sur l’alternative à deux termes excluant un troisième terme possible, notre information insinue qu’il pourrait bien y avoir plusieurs portes ouvrant les unes sur les autres – et donc se fermant de la même façon les unes aux autres.

Avant de protester que plusieurs portes sont inutiles, parce qu’il suffirait d’en avoir une seule bien solide pour que le passage soit contrôlé, réfléchissons à ce qui détermine une porte.

Outre sa fonction de fermeture étanche d’un passage, une porte peut aussi permettre de contrôler qui passe – et qui ne doit pas passer. On voit en prison des portes constituées de barreaux bien solides nullement étanche aux courants d’air mais parfaitement infranchissables à ceux qui n’en ont pas la clef. Donc admettons que plusieurs portes successives, susceptibles d’être ouvertes par des porteurs de clefs différents, ne seraient pas une hypothèse absurde.

Dès lors, il y a deux possibilités : - l’une égalitaire : une seule porte, mais plusieurs serrures. Lorsque l’une d’elle est ouverte, une autre doit encore l’être ; mais peu importe l’ordre dans lequel tout ça se fait.

- L’autre hiérarchisée : une seule serrure par porte, mais elles sont l’une après l’autre, et la première doit être déverrouillée pour que l’on accède à la suivante. Sachant que la dernière doit être ouverte pour que les accès déverrouillés en amont soient eux-mêmes accessibles, on devine que la dernière porte débouche sur la salle des coffres forts.

On nous cache tout on nous dit rien – Chronique du 25 juillet (1)

Bonjour-bonjour

 

Savez-vous ce qu’est un « marronnier », en dehors de l’arbre bien connu ? Dans le journalisme par exemple ?

« Un marronnier en journalisme est un article ou un reportage d'information de faible importance meublant une période creuse, consacré à un événement récurrent et prévisible. Les sujets « débattus » dans un marronnier sont souvent simplistes, parfois mièvres. » (Art. Wiki.)

Eh bien nous sommes en pleine période de vacances, les journalistes doivent se battre les flancs pour trouver de nouveaux sujets, et rien ne vient.

Alexandre Benalla mis en examen pour "faux" et "usage de faux" dans l'enquête sur ses passeports diplomatiques. Ce n’est même pas une info je parie que ce titre était déjà publié l’an dernier. Et puis pour l’émotion ajoutée, vous repasserez. Non, il nous faut, à défaut de nouveauté, du fort, du saturé d’émotions - du bien goûteux.

Une seule solution : nous tourner vers Closer, eux ils doivent savoir faire.

« Retour sur l’affaire Dupont de Ligonnès. Révélation : « Décrivant son mari comme "trop peu porté sur la chose", Agnès Dupont de Ligonnès s'interroge sur les forums en "se demandant si elle est "anormale" parce qu'elle se masturbe plusieurs fois par semaine, a envie d'avoir des relations plus fréquentes avec son mari, de pimenter leur vie sexuelle" » (Lu ici)

Comment ? Madame Dupont de Ligonnès se masturbait plusieurs fois par semaine pour pallier les mollesses de son mari, et on ne nous l’avait pas dit ? Et ces révélations datent de 2004 ? Le secret était-il donc si bien gardé qu’on ne l’ait su plus tôt ? Sauf que cette confession a été publiée par madame Dupont de Ligonès elle-même.

Alors on dira que cela ne répond pas exactement à la mièvrerie escomptée des marronniers, et que tel quel cette info risque d’effaroucher plutôt que de faire rêver… Et moi je dis que Closer a bien calculé son affaire, parce qu’aujourd’hui, après 2 mois de confinement, les dames libérées-délivrées par le virus de la lourdeur de vieil abonné d’un amant confiné loin d'elles, ont découvert que, plusieurs fois par semaine il était agréable de se délivrer des tensions organiques.

Entre mièvrerie et effarouchement : le rêve.

jeudi 23 juillet 2020

En 4K les derniers panoramas de Mars – Chronique du 24 juillet


 

 

 

Bonjour-bonjour

 

Aller sur Mars, ça vous tente ? Regardez cette photo, qui nous montre le sillage du rover Curiosity. Ça pourrait être le Sahara, mais c’est Mars – et ça change tout… ou pas ?

Beaucoup j’en suis sûr rêvent d’y aller pour eux aussi marquer leurs empreintes dans la poussière comme les cosmonautes américains sur la lune. La belle affaire : marquer votre territoire ? Pisser sur Mars comme le chien sur le réverbère ?

Certains s’étonnent de ne pas avoir de véritables vidéos captées depuis le sol martien. La réponse est simple : sur Mars, rien ne bouge, donc il est inutile de faire des vidéos, il vaut mieux faire des photos, éventuellement pour en faire des montages sur lesquels on fera un panorama. C’est à cela qu’il faut réfléchir – et se demander : « Qu’est-ce que j’irais faire là-bas ? ». Alors, certes, il y a des images un peu plus pittoresques que celle que nous montrons ici, des canyons formidables, des formations rocheuses étonnantes – mais tout cela strictement minéral, et dans des couleurs qui risquent d’être un peu ternes comparées aux images publiées par la Nasa.

Alors qu’est-ce que tout cela nous montre aujourd’hui ? Que la soif de conquêtes, l’invention de nouvelles frontières, restent ancrées dans l’orgueil humain, à ce point qu’on voudrait quitter notre belle planète où plus rien n’est à conquérir pour se tourner vers ces mondes de désolation ? Rien n’est beau que ce qui est au-delà de l’horizon… C’est peut-être un vieil atavisme qui remonte aux origines de notre espèces, poussant les premiers sapiens à franchir déserts et forets pour conquérir de nouveaux territoires.

Bien entendu cet atavisme n’a pas attendu la conquête spatiale pour se manifester, et chaque adolescent y puise des rêves innombrables pour meubler sa vie trop tranquille. Mais la sagesse à également toujours attiré l’attention sur le jeu de dupes qui consiste à perdre ce qu’on avait pour une ombre qu’on n’aura jamais. 

La conquête martienne ajoute un nouvel avertissement : sur Mars c’est l’ennui qui nous guette et le fait que ce soit un ennui « martien » n’ajoutera pas grand-chose à l’affaire.

« Auprès de mon arbre, je vivais heureux » chantait Georges Brassens. 

mercredi 22 juillet 2020

Dialogue entre Socrate et Hippias

De retour de Lutèce, Hippias rencontre Socrate. Nous avons pu nous procurer leur dialogue qui concerne une maladie dont souffrent ces barbares. Le voici :

 

Socrate

O sage et excellent Hippias, voilà bien longtemps que tu n’es pas venu à Athènes !

Hippias

En vérité, Socrate, je n’en ai pas eu le loisir. J’étais, il t’en souvient peut-être, loin d’Athènes dans ces tâches d’ambassade qu’on me confie régulièrement.

S. Et bien tu aurais peut-être dû revenir plus vite nous entretenir de ce que tu as vu chez ces barbares ?

H. Oui, Socrate, tu as raison, d’autant que ce que j’ai observé chez eux ne manquera pas de t’étonner.

S. Ne me fais pas attendre, divin Hippias.

H. Voilà. J’étais dans ces contrées barbares qui s’étendent au-delà des montagnes, dans une ville que les gens de là-bas nomment Lutèce. Une terrible maladie se répandait alors dans le peuple et chacun était menacé de périr étouffé par une étrange peste : le Covidon.

S. Voilà qui me fait penser à Thèbes sous le règne de Laïos. Tu sais que le crime d’Œdipe fut alors la cause d’une horrible épidémie de peste, envoyée par l’Olympe pour châtier son sacrilège épouvantable. Qu’ont donc fait les Lutéciens pour échapper au Covidon ? Y avait-il une faute qu’ils pouvaient expier ?

H. Je t’ai dit Socrate que j’étais dans un pays barbare dont les mœurs sont bien différentes des nôtres. Oublieux des oracles des Dieux et des sacrifices qui leurs sont dûs, ils ont décrété que chacun devait prendre en charge ses propres risques en se confinant dans sa maison 

S. Tu veux dire que chaque lutécien s’est enfermé chez lui, sans ouvrir sa porte à qui que ce soit, restant ainsi seul face à lui-même ?

H. C’est exactement cela, Socrate.

S. Mais alors, mon bon, durant toute cette épidémie, les lutéciens ont pu jouir d’un repos exceptionnel et parfait pour examiner leurs actions, et se mettre à philosopher.

H. Que veux-tu dire, Socrate, je ne te comprends pas ?

S. Tu sais, Hippias que pour philosopher, il faut penser ?

H. Oui, Socrate et c’est pour cela que je viens auprès de toi m’enquérir de tes lumières.

S. Quel enfant tu fais, Hippias ! Car tu oublies que pour penser il faut justement être seul.

H. Seul ? Allons donc !

S. Mais oui, Hippias, seul car la pensée est un dialogue de l’âme avec elle-même. Tes lutéciens étaient donc bénis des Dieux d’avoir cette période de solitude où ils pouvaient sans être dérangés se livrer à l’exercice de la pensée.

H. Hé bien Socrate, il faut te détromper. Non seulement les lutéciens ne se sont pas demandé quelle faute ils avaient commise pour mériter ce châtiment, mais encore ils ont tenté d’échapper tant qu’ils ont pu à la solitude grâce à leurs Petites-lucarnes.

S. C’est moi qui suis dans les ténèbres : explique ce que sont ces lucarnes qui permettent de ne plus être seul tout en restant enfermé chez soi ?

H. C’est une invention de leurs savants, qui leur permet de voir et de parler avec qui ils veulent, à l’exception des Dieux qui ne peuvent apparaitre de cette façon. 

S. Étranges savants en vérité ; c’étaient sans doute des sophistes de la pire espèce, pour chercher à détourner les gens de la recherche de la vérité. Mais alors, dis-moi, divin Hippias, de quoi parlaient donc ces Lutéciens ? Faute de penser par eux-mêmes, avaient-ils des gens capables de les conduire à la vertu par leurs discours ? Te l’ont-ils demandé ?

H. S’ils l’avaient fait, Socrate, et à condition qu’ils m’en offrent un bon prix, je n’aurais pas manqué de leur indiquer la voie de la morale en cours chez nous, Athéniens.

Seulement l’un de ces barbares avait déjà pris toute la place disponible sur ces Petites-Lucarnes.

S. Par le chien ! Hippias, tu aiguises ma curiosité ! Qui donc est ce sophiste, et comment l’appelle-t-on ?

H. Son nom ne te dira rien Socrate, parce qu’on est en barbarie et que nous n’allons pas pour nous instruire chez ces gens-là. Sache donc qu’il s’agit d’un vieux sophiste du nom de Raoultopoulos dont les apparitions soulèvent l’enthousiasme des lutéciens.

S. Roultopoulos ? Inconnu de toute la Grèce et même de l’Asie mineure ! Mais qu’a-t-il donc fait pour susciter un tel empressement ?

H. Hé bien il annonce que le Covidon peut être guéri grâce à l’usage de la chloroquinix une drogue dont les effets sont selon lui merveilleux.

S. Ah ! Hippias quels gens sont donc ces lutéciens pour ignorer que les épidémies ne peuvent se guérir que par la vertu dont l’outrage a causé la colère des Dieux !

H. Oui, Socrate et c’est même la raison pour laquelle je suis rentré de là-bas sans avoir réussi à m’enrichir par mes discours.

S. Oui, admirable Hippias : ce sont vraiment des barbares.

mardi 21 juillet 2020

Plan de relance de l’Union Européenne – Chronique du 22 juillet

Bonjour-bonjour

 

« Le moment le plus important de la vie de notre Europe depuis la création de l'euro » : tel est le jugement d’Emmanuel Macron pour commenter l’accord signé hier à Bruxelles entre les 27 pays de l’Union.

 

Comme toujours la bataille fait rage autour de cette évaluation entre les tenants et les opposants du pouvoir actuel : les uns applaudissent l’argent qui ruisselle des caisses de la BCE ; les autres fulminent contre les gouvernants qui ont conclu un accord si désavantageux.

Pour ma part j’apprécie plutôt les commentaires qui saluent la création d’un emprunt européen au profit de tous les États, et proportionné aux besoins de chacun. Une solidarité européenne, c’est assez rare pour être salué, surtout à ce niveau de financement.

 

Alors : content ? Pas tout à fait car j’observe que la seule manière d’être solidaire en Europe, c’est de donner de l’argent. Inutile d’harmoniser les lois sociales, ni de coordonner la fiscalité, pour laquelle d’ailleurs la règle de l’unanimité reste obligatoire. On ne fait pas l’Europe avec des hommes, mais avec des euros ; au reste le président Macron ne dit pas autre chose en situant l’actuel accord en relation avec la création de la monnaie commune ; l’Europe des nations n’est pas celle des peuples ; celle des travailleurs est une vieille lune qui ne fait même plus rire ; par contre celle des banques parait plus sérieuse. Là au moins on sait de quoi on parle et jusqu’où on peut aller.

 

Reste que cette solidarité est véritable : nous avons des pays riches qui vont s’endetter pour permettre à des pays moins riches de financer leur économie mise à mal par l’épidémie. Et finalement, dans notre monde matérialiste, quelle meilleure preuve de solidarité trouver ? Je rappelle W Bush déclarant au lendemain de l’ouragan Katrina qui avait ravagé la nouvelle Orléans : Je vais prier pour vous.

Les dirigeants de l’Europe sont peut-être cyniques, mais quand même pas à ce point.

lundi 20 juillet 2020

A quelle heure se lève madame Michel ? – Chronique du 21 juillet

Bonjour-bonjour

 

A l’horloge de mon ordi il est 6h15, et voici que sur mon écran s’inscrit l’annonce du « deal » conclu à Bruxelles à propos du plan de relance européen. Cette information, qui relaie un tweet de Charles Michel (1), est datée d’aujourd’hui… 6h10, soit il y a 5 minutes exactement. Il y aurait donc une quasi coïncidence entre l’évènement et sa diffusion dans les canaux d’information. Si ce message est lui-même exact et objectif cela voudra dire qu’à Bruxelles et ici nous avons les mêmes horloges, qu’elles peuvent être synchronisées et qu’il est pensable que Charles Michel expédie son tweet au moment même où son épouse sort de son lit. Cette observation n’est pas oiseuse, car ne l’oublions pas, selon Einstein le temps est une dimension physique qui tient compte de la vitesse des corps servant de repères temporels. Deux instants ne peuvent coïncider que s’ils appartiennent au même univers, du moins au même système physique meublé des mêmes masses.

- Suivant cette théorie de la physique relativiste qui affirme que la simultanéité n’existe pas entre des systèmes différents, voici que le monde politique s’affirmerait comme faisant partie de la même constellation que celui de l’opinion où il s’exprime : est-ce raisonnable de croire cela ? 

Car, dans le même temps notre horloge de la vie quotidienne s’affole, nous bombardant d’alarmes toutes les secondes, alors que celle des politiciens se traine avec des plans de relance qui n’enregistrent des évènements que tous les ans… voire plus dans le cas des plans quinquennaux. Faudrait-il comprendre ainsi le décalage qui existe entre le temps de l’action économique long, voire très long, et celui de l’opinion publique qui veut tout, tout de suite ?

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(1) Pour mémoire, Charles Michel est le Président du conseil européen.

dimanche 19 juillet 2020

Le mystère du « falling man » - Chronique du 20 juillet

Bonjour-bonjour

 

Aujourd’hui je reviendrai sur une image qui hante la mémoire de bien des gens. 

Elle remonte au 11 septembre 2001 et elle représente un homme qui tombe du haut du Word Trade Center en feu.

 

On a appelé cet homme « falling man », on s’est interrogé – et on s’interroge encore – sur son identité, cherchant à l’identifier d’après ses vêtements (sorte d’uniforme d’une brasserie) … Mais la véritable énigme, c’est l’aspect détendu de son corps, un peu comme s’il plongeait sur un trampoline, alors qu’il sait qu’inéluctablement il va se fracasser la tête la première sur le sol dans une seconde. Comment comprendre que ce corps ne soit pas déjà une boule de muscles et d’os ramenés sur eux-mêmes dans un geste instinctif d’auto défense ? D’où vient cette relative indifférence – je dis relative, parce que je ne sais rien de plus que ce que montre cette image, mais on imagine que sans elle on y verrait autre chose.  

Peut-on dominer ses émotions à ce point ? S’agit-il d’une sagesse lentement acquise, ou bien au contraire d’un atavisme venu du fond de l’évolution, du temps où notre espèce, sortant peu à peu de l’animalité, conservait cette acceptation de la fatalité naturelle ? Certaines personnes qui ont vécu cette expérience de mort inéluctable (ne pas confondre avec la « mort imminente ») comme le sont les gens perdus dans le désert ou sur un radeau abandonné en mer, mais qui ont été sauvés miraculeusement, racontent en effet, qu’ils avaient été envahis par un sentiment de sérénité, dans le quel la mort était totalement acceptée. 

Ne plus combattre lorsque le combat est déjà perdu, est-ce là ce lâcher prise dont on vante de nos jours le bénéfice ? Est-ce cette sagesse dont les stoïciens font preuve et dont on estime pourtant qu’elle nécessite une force au-dessus de la nature humaine ? Ou encore quelque chose de plus ancestral ? 

Socrate avait raison lorsqu’il disait que se connaitre soi-même était la sagesse la plus ultime, car nous sommes à nous-mêmes un mystère encore plus insondable que celui de l’origine du cosmos.

samedi 18 juillet 2020

Selon Laurent Berger « Le Premier ministre est « franc, cash, direct » – Chronique du 19 juillet

Bonjour-bonjour,

 

Selon les réactions des représentants des syndicats, on dirait que le premier ministre est entrain de réussir sa première mission qui était de renouer le dialogue avec les « corps intermédiaires ». Et cela avant toute négociation, simplement en se mettant autour de la même table.

Aurait-il un secret que ne possédait pas le précédent « Premier » ? Sûrement pas, puisqu’on en n’est seulement qu’aux préliminaires. Il s’agit sans doute de quelque chose de plus diffus, de moins descriptible, mais d’immédiat et de fortement présent. Autrement dit, c’est ce qu’on appelle la personnalité, et qui s’exprime de façon totale par la totalité de la personne, de son allure, de sa voix et de ses expressions… Bref, quelque chose qui existe mais qui ne s’apprend pas, et qui s’impose au premier regard.

« On n'enseigne pas ce que l'on sait ou ce que l'on croit savoir : on n'enseigne et on ne peut enseigner que ce que l'on est. » disait Jean Jaurès. J’ai longtemps résisté à cette pensée, et puis j’ai dû m’y résigner. Aucun « Inspé » (Institut de formation des maitres) ne saura jamais donner cela, seul un tri des candidats sur cette base pourrait le prendre en compte, mais ça mettrait à mal les prérogatives des universitaires… Ce n’est pas le sujet, mais seulement l’occasion de signaler que ce qui porte actuellement le dialogue social est connu depuis très longtemps …

Alors, pourquoi tous ces technocrates, tous ces « culs-serrés » au costard anthracite sont-ils si nombreux dans les ministères, se bousculant aux portes des antichambres ? Je ne sais pas, et d’ailleurs la vraie question est de savoir pourquoi certains d’entre eux arrivent à franchir toutes les portes, y compris celle du bureau du Ministre. En vérité ce mystère pourrait peut-être se résoudre à condition de supposer qu’il y a bien des façons de séduire et que celle qui permet de cajoler les maitres n’est pas la même que celle qui subjugue les valets.

vendredi 17 juillet 2020

Les portraits de Clinton et Bush décrochés du hall de la Maison Blanche – Chronique du 18 juillet

Donald Trump a fait décrocher du hall de la Maison Blanche où ils étaient accrochés avec les portraits des autres présidents ceux de Bill Clinton et de Georges W Bush – bien sûr celui d’Obama n’a même pas été mis en place.

 

Bonjour-bonjour,

 

Petit, petit… A petit homme, petite vengeance… Même si on sait que cet homme est le « plus puissant du monde », sa petitesse morale le réduit à n’être qu’un nain.

Voilà ce qu’on se dit, et on se sent mieux après cela. Mais ce n’est qu’une courte pensée, parce que dès qu’on y réfléchit un peu plus on constate que cela ne change rien – absolument rien pour lui, dès lors que sa « base électorale » n’en est pas réduite. Car voilà le mystère de la démocratie : prenez un homme minable et couvrez-le de hourras et de votes positifs, il en ressortira tout auréolé de pouvoir, brillant, métamorphosé en Roi-Soleil.

Les monarchistes en profiteront pour vous dire que le peuple ne peut s’élever simplement parce qu’il a gagné la souveraineté politique ; que s’il était minuscule avant il le restera après ; pire encore : sa pauvreté morale va influer sur le choix qu’il va faire de ses dirigeants ; que ceux-ci ne feront que refléter le niveau moral du peuple qui les a élus. CQFD…

Mais tant qu’à faire de regarder le pouvoir du côté de ses origines, allons jusqu’au bout : le monarque doit lui aussi recevoir son pouvoir de quelqu’un : de Dieu si possible ; sinon de ses barons (1) qui cherchent à sauvegarder leurs prébendes. Un roi fou, c’est déjà arrivé dans l’histoire de France, sans que cela ne perturbe gravement le pouvoir. Comme disait Figaro, ces gens-là « se sont donné la peine de naitre et rien de plus ».

 

Jusqu’à présent en démocratie le professionnalisme politique a préservé la Nation des excès de ce pouvoir : pour accéder à l’élection il fallait être adoubé par l’appareil des partis où une sélection impitoyable avait éliminé les plus minables. De plus l’ENA était un filtre efficace : un type comme Donald Trump n’aurait pas pu se faire élire s’il avait fallu pour cela être diplômé d’Harvard. Mais le « dégagisme » et la volonté du peuple à faire valoir son pouvoir sans restriction a rendu possible l’accès au pouvoir de gens qui n’ont que leur rhétorique pour bagage. L’épidémie de covid’ a mis en relief l’incapacité à gouverner en temps de crise de ces dirigeants populistes ; mais rien ne dit que leur échec suffira à les éliminer, autrement dit si une sélection naturelle peu jouer à leur niveau. 

On en saura un peu plus en novembre, après l’élection américaine

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(1) Hugues Capet en colère adressa à Adalbert, le comte félon ce rappel à l’ordre féodal : « Oui t’a fait comte ? » Et Adalbert retourna la question à Hugues Capet : « Oui t’a fait roi ? » (Lu ici)

jeudi 16 juillet 2020

La météo de vos vacances – Chronique du 17 juillet

Bonjour-bonjour

 

Avez-vous remarqué combien la météo de ce mois de juillet est bidonnée ? En tout cas ma « météo-flash » qui sur mon smartphone devrait m’indiquer le temps qu’il fera dans une semaine est en évolution constante, chaque prévision étant modifiée d’heure en heure.

Comment s’y retrouver ? Comment savoir s’il faut partir en vacances avec le teeshirt ou le k-way ?

Certains seront tentés de recourir aux dictons et proverbes qui, venus du fond des âges, sont porteurs de la sagesse paysanne dont notre pays s’est nourri durant tant de siècles.

Voyons ça :

Jamais en juillet sècheresse n'a causé la moindre tristesse : ça ne dit pas s’il va pleuvoir sur le camping des Flots-bleus, mais seulement que, si ça ne se produit pas, on ne va pas en faire une maladie. C’est déjà ça… Mais qu’est-ce que je mets dans ma valise : teeshirt ou k-way ?

Qui veut bon navet, le sème en juillet : mais qu’est-ce que j’en ai à faire ? Ceux qui veulent cultiver leurs navets restent chez eux de toute façon, alors… 

Ciel de juillet rouge au matin, veut un pluvieux voisin : bon – voilà une prévision météo. Seulement elle n’est valable comme ma météo-flash que pour les heures qui suivent. Au-delà de midi, le ciel de matin ne m’apprend rien (Tient un nouveau proverbe ?)

Juillet sans orage, famine au village : bof… Moi, du moment que le Carrefour-city reste ouvert, ce qui se passe au village ne m’intéresse pas.

 

Bref : ce qui importait autrefois, ce n’était pas de savoir quel temps il va faire, mais comment il faut ressentir la chose. Je ne peux pas faire la pluie ou le beau temps, mais il dépend de moi d’en être ou joyeux ou triste. Et ça, c’est la preuve que les campagnes étaient beaucoup plus stoïciennes que nous ; et que peut-être nous devrions les imiter ?

Alors, k-way ou teeshirt ? La question n’est pas là : prenez les deux et préparez votre séjour en essayant de savoir ce que vous pourrez faire dans ce pays les jours où vous ne pourrez pas vous abrutir de soleil sur la plage. Y aurait-il dans les environs quelques villages avec des spectacles son et lumière ? Ou des fêtes des moissons avec rondes et sabotées sur la place de l’Église ?

Les trois couleurs – Chronique du 16 juillet

Les personnels soignants vont être honorés aujourd’hui par la Patrouille de France qui va survoler leurs hôpitaux en lâchant leur panache de trois couleurs.

 

 

 

Bonjour-bonjour

Voilà une belle et bonne nouvelle : la patrouille de France va se déplacer rien que pour survoler les hôpitaux où l’on a particulièrement bien pris en charge les malades du covid’, signalant ainsi que, sous leurs ailes, il y a des personnes dignes d’être distinguées pour les services qu’elles ont rendu à la Patrie. 

Déjà apprécions d’apprendre pourquoi cette patrouille existe et pourquoi elle lâche comme ça de la fumée tricolore. C’est qu’en effet moi, je ne savais pas ; je croyais que c’était un exercice pour former les pilotes, leur apprendre à voler en escadrille bien régulièrement, en vérifiant la rectitude de leur trajectoire par l’examen de leur sillage. Maintenant je sais que ce qui compte c’est l’endroit où ces avions volent et surtout ce qu’il y a à terre, sous leurs ailes.

En plus si le panache est tricolore, ce n’est pas pour épuiser des vieux stocks de fumigènes oubliés par des supporters pour les stades de foot. C’est qu’il faut matérialiser la Patrie – il s’agit selon les cas de la France éternelle qui affirme ainsi sa présence glorieuse ; ou alors que sous ces ailes se trouvent des endroits particulièrement distingués comme lieu où se concentre le cœur de la nation, là où le Service Public s’épanouit au maximum.

 

Bon… On se doute que le vieux ronchon que je suis va râler contre une si minable distinction, tout juste bonne à faire lever le nez au passant qui de toute façon n’en a rien à faire des infirmières maintenant que l’épidémie se retire. Quant aux infirmières il faudrait leur demander si elles sont honorées de ce passage au-dessus de leurs hôpitaux ?

Bof… Quoique : il faut quand même dire que cette distinction n’est pas rendue à tout le monde ; que seuls quelques établissements vont y avoir droit ; que l’infirmière qui entend passer la Patrouille de France peut se dire : « Ce n’est pas pour ma collègue de la clinique d’à côté que passe la Patrouille »

Et ça, ça fait plaisir.

mardi 14 juillet 2020

Les soldes sont là – Youpi ! – Chronique du 15 juillet

Bonjour-bonjour

 

On a vécu un 14 juillet de m***, avec pluie du soir et place publique vide : pas de danseurs, pas de feu d’artifice au balcon… En prime on a un Président qui confesse piteusement ses fautes devant la France entière, comme si on était à Pékin du temps de Mao – et qui se fait alpaguer par les Gilets-jaunes aux Tuileries, main dans la main avec Brigitte, comme Louis Capet à Varennes… 

Oui, je suis d’accord avec vous : c’est un peu déprimant… 

Quoique… que nous dit le calendrier ? Nous sommes le 15 juillet… Oui ! C’est le début des soldes ! 

 

 

 

Masque sur le pif, mains poisseuses de gel, valise et sac à dos : on fonce faire les magasins. Non, nous ne partons pas en vacances cette année : la valise et le sac c’est pour fourrer toutes les bonnes affaires, dans l’enthousiasme de la surconsommation et de l’oubli du compte en banque. D’ailleurs mon Hyper me le promet : je peux dépenser tant que je voudrai, mon compte ne sera débité que dans 4 mois. Et d’ici 4 mois, qu’est qui va se passer ? Hein ? Un retour du coronavirus encore plus contagieux et méchant qu’au printemps. Avec effacement de toutes les dettes, histoire de sauver le marché ?...

Peut-être… Ou peut-être pas. En tout cas ce que l’on peut retenir, c’est que la consommation reste la fête à laquelle on peut recourir quand tout le reste s’est débiné. Et ce plaisir du client est obtenu en échange de la satisfaction du commençant : ce jeu gagnant-gagnant est une fabuleuse invention.

Mais réfléchissons : à quel moment se situe le plaisir maximum, l’orgasme de l’achat ? Quand on trouve un article bien désirable à fourrer dans son sac ? Ou quand on passe en caisse pour payer ? Ou encore ensuite quand on essaye le vêtement seul devant sa glace ? Même si c’est de peu d’importance, savoir qu’est-ce qui nous fait le plus jouir est important pour comprendre de quelle nature est le désir qui s’exprime. S’agit-il de l’aventure de la recherche de l’article rare ? Du plaisir narcissique de se voir embelli par un beau vêtement ? Ou du désir de posséder ? 

lundi 13 juillet 2020

Quel 14 juillet voulez-vous ? – Chronique du 14 juillet


Plus de feu d’artifice ; pas de défilé militaire sur les Champs-Élysées avec légionnaires et armes sophistiquées ; plus de bals populaire… On ne reconnait plus « notre » 14 juillet. Même le bal des pompiers avec spectacle et striptease des sapeurs a été annulé. 


 


Où va la France ? Quel 14 juillet voulez-vous ?

Oui, mes amis : comment s’y retrouver ? Peut-on remplacer comme ça les légionnaires et les tanks par des infirmières et des ambulances de réanimation ? 

Moi je veux bien tenter de répondre à ces questions mais avant il faudrait se mettre d’accord sur la question de savoir ce qu’on célèbre le 14 juillet ? 

Pour la seconde partie de la question, on peut remonter à 1880, date à laquelle le 14 juillet a été décrété fête nationale, sans préciser s’il s’agissait de commémorer la prise de la Bastille ou la fête de la fédération de 1790 : pas d’accord là-dessus, ça commençait bien…

Ensuite cette fête de la Fédération a été marquée par des serments prononcés pour situer la place occupée par le pouvoir politique dans cette France qui se révolutionnait : le Marquis de La Fayette a énoncé le pacte qui unit le peuple de France à sa constitution et aux lois qu’elle a instaurées ; réciproquement, les gardes nationaux fédérés promettaient de maintenir la Constitution (acceptée par le roi) et « de protéger conformément aux lois la sûreté des personnes et des propriétés, la circulation des grains et des subsistances dans l'intérieur du royaume, la prescription des contributions publiques sous quelque forme qu'elle existe, et de demeurer unis à tous les Français par les liens indissolubles de la fraternité ». 

Voilà : tout y est, la protection des citoyens, de leur subsistance, la légalité de l’impôt et la solidarité entre les défenseurs du peuple (= Gardes nationaux) et le peuple lui-même.

Éh bien, nos soignants sont tout à fait à leur place dans cet ensemble. Il est même réconfortant de ne plus y voir la soldatesque armée jusqu’aux dents venue défier les « féroces soldats au sang impur »

 

 

On peut encore souligner que le coronavirus nous a appris que l’ennemi n’est pas spécialement en dehors de nos frontières, et qu’il n’est pas non plus un de nos semblables. Apprenons à nous protéger de la nature sous toutes ses formes, développons la science et les techniques qui nous mettent à l’abri des maladies. Et fêtons tous ceux et toutes celles qui nous aident à y parvenir.