samedi 30 septembre 2023

La France est-elle devenue « Boomerland » ? – Chronique du 1er octobre

 

 


 

Bonjour-bonjour

 

L’exécutif prévoit une hausse de plus de 5 % des pensions au 1er janvier 2024. Cette augmentation correspond en réalité à l’application de la loi.

- Le gouvernement a-t-il choyé les retraités en revalorisant les pensions de 5,2 % ?

Comme on vient de le dire, c’est la loi qui détermine cette augmentation : la hausse des retraites doit correspondre à l’évolution de la moyenne des indices mensuels des prix

- Ce qui est vrai également, c’est que l’exécutif, s’il en avait fait le choix, aurait pu déroger au code de la Sécurité sociale et sous-indexer la revalorisation des pensions par rapport à l’inflation.

David Cayla professeur d’économie à l’université d’Angers a comparé les augmentations de revenus en fonction de l’inflation de plusieurs catégories de personnes : pour les retraités : + 5,2% ; pour les contribuables : + 4,8% ; pour les épargnants (livret A) : +3% ; pour les fonctionnaires : + 1,5%

Et l’économiste d’ironiser « Moralité, plus on est productif, moins on est protégé de la hausse des prix. »

De leur côté, plusieurs éditorialistes de droite, telle Eugénie Bastié, ont également déploré un « coup de pouce » aux retraités, ironisant sur une France devenue « Boomerland ». (Toutes ces citations lues ici)

 

Cette polémique me renvoie à la légitimité des retraites : quel droit ont les vieux en tant que vieux à bénéficier de l’aide à vivre fourni par les générations nouvelles ?

La question ne se poserait pas si les retraites étaient alimentées par des fonds de pension, autrement dit si les vieux étaient rentiers. Mais ce n’est pas le cas et la réforme de l’âge de départ à la retraite l’a mis sur le devant de la scène : c’est la solidarité intergénérationnelle que l’exécutif a voulu sauver… en privant les futurs retraités de deux ans de retraite.

Mais si nous y pensons sérieusement, on se rappelle que certaines sociétés traditionnelles ne prenaient pas en charge les vieux devenus des bouches improductives à mourir. On se rappelle « La ballade de Narayama », le fim japonais des années 80, que Wiki résume ainsi : « Au Japon, la coutume ubasute veut que les habitants arrivant à l'âge de 70 ans s'en aillent mourir volontairement au sommet de Narayama, « la montagne aux chênes », aidés par leur fils aîné. »

A l’heure où l’on débat de la « fin de vie » et où la mort volontaire apparait comme la preuve d’une liberté d’exception, on pourrait mettre dans la balance le coût des pensions pour les actifs – qui pourraient faire un meilleur emploi de tout cet argent déversé sur les têtes blanches.

- Allez, Papy ! Un petit tour en montagne ?

vendredi 29 septembre 2023

Des cathos mal-baisant – Chronique du 30 septembre

Bonjour-bonjour

 

Hélène Dumont sexothérapeute dite « catho compatible » parle de ces femmes qui ont grandi avec un idéal de pureté… et qui souffrent aujourd’hui de vaginisme ; de ces hommes à qui l’on a toujours dit de ne pas se masturber, et qui aujourd’hui rencontrent des difficultés pour éjaculer ou pour éprouver du plaisir ; de ces jeunes ayant érotisé l’interdit de coucher avant le mariage, souffrant de perte de libido une fois mariés ; ou encore de ces couples à qui l’on a enseigné qu’ils devaient jouir au même moment pour ne pas prendre un plaisir égoïste.

« Il y a des malentendus, une mauvaise compréhension de la sexualité, car en réalité c’est difficile de jouir en même temps ! À terme, cela crée des troubles sexuels », affirme la sexothérapeute. (lire ici)

Ce qui arrive aujourd’hui doit aussi arriver dans d’autres religions : il ne s’agit pas seulement de la difficulté à jouir « en même temps » : il s’agit de la difficulté de jouir tout simplement.

Mais au fond, cela ne doit pas trop perturber les autorités religieuse. Peut-être fonctionnent encore avec une croyance médiévale, disparue aujourd’hui, selon laquelle l’orgasme féminin est indispensable à la fécondité ?

Balivernes ! (1)

Mais surtout, l'objectif de la religion est de réduire la sexualité à la fécondation. La jouissance n’est pas la condition pour faire des enfants ? Hé bien on s’en passera !

Ces intégristes devraient pourtant se méfier : l’ignorance en matière de sexualité est périmée. Les couples souffrant des prescriptions de l’Église en matière de sexualité, il y en a sans doute toujours eu. Mais des catholiques acceptant de corréler leurs souffrances avec des exigences spirituelles, il doit y en avoir de moins en moins.

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(1) Pour les curieux : on imaginait alors que la fécondation résultait du mélange entre deux semences, celle du mâle, émise dans l’éjaculation ; celle de la femme supposée émise lors de son orgasme.

jeudi 28 septembre 2023

Éloge du mensonge en pédagogie – Chronique du 29 septembre

Bonjour-bonjour

 

 

"Il faut n'avoir jamais travaillé avec des enfants jeunes pour croire au « cours d'empathie » " peut-on lire dans cet article de Marianne. Et c’est vrai.

 

L’enfant n’est pas naturellement bon, n’en déplaise aux rousseauistes. Écoutons plutôt La Fontaine qui disait « Cet âge est sans pitié », dans sa fable « Les deux pigeons »

Le même La Fontaine savait fort bien que « la raison du plus fort » est un oxymore, et que les loups de sept ou douze ans dévorent les moutons. Entendez que ce que l’on nomme raison n’est alors rien d’autre que ce qui rend possible la domination. En vérité c’est ce que fait la société c'est tout le contraire : pour citer Pascal (et non plus La Fontaine) nous dirons  que, ne pouvant faire que ce qui est juste fut fort, on a fait que ce qui est fort fut juste.

Bref : le même article l’affirme : « le rôle de l’éducation est de dénaturer le petit fauve qui n’obéit qu’à ses pulsions. Pas en le prenant par les sentiments – il n’en a pas d’autres, a priori, que la satisfaction immédiate de son instinct de violence. Et, pour les autres, l’instinct de meute. » Et puis à supposer qu’on puisse faire cette éducation, qui donc pourrait la réaliser ? Les instituteurs sans véritable légitimité morale ? Ou les parents qui sont dès l’origine dans cette posture ?

 

- Il y a quelques jours je soulignais combien l’empathie était peu répandue alors même qu’elle pouvait être enseignée. Oui, cette émotion qu’est l’empathie, enseignée ? Autant vouloir enseigner l’amour ! 

Et c’est vrai : cette empathie-là ne peut se transmettre, tant il est vrai qu’aucune émotion ne peut être éprouvée simplement à partir d’un discours raisonneur. Mais ne peut-on procéder par une autre voie ? Là encore écoutons Rousseau avec sa pédagogie sans parole, qui procède par l’exemple. C’est ainsi que le pédagogue d’Émile trafique des situations dans lesquelles son élève va être soumis à des échecs cuisants qui lui montreront que les conduites dans lesquelles il s’entête sont pernicieuses et que, si elles font souffrir les autres, il saura ce que c’est en les souffrant lui-même.

Une pédagogie qui use du mensonge et de la trahison pour enseigner la vertu… Si ce n’était pas venu de Rousseau on crierait au scandale.

mercredi 27 septembre 2023

Les deux infinis – Chronique du 28 septembre

Bonjour-bonjour

 

Pascal ironisait sur notre prétention à connaitre véritablement le monde alors que, par nature, nous ne pouvions appréhender ni l’infiniment grand, ni l’infiniment petit (lire ici).

Or, voici que deux informations sont publiées aujourd’hui : l’une explique que, grâce au télescope Gaïa nous avons pu calculer la masse de la Voie Lactée (lire ici) ; l’autre que, grâce à l’exploitation de 1500 sources, on a pu chiffrer le nombre de cellules de notre corps à 200 milliards (Lu ici) 

De l’infiniment grand des étoiles à l’infiniment petit des cellules du corps, rien ne nous échappe.


- Pouvons-nous démentir Pascal et prétendre savoir dès lors que nous pouvons tout savoir ?

Pas si sûr. Pascal imaginait que les phénomènes étaient situés sur une ligne symbolisant le monde dans lequel ils se produisaient, étagés entre le Grand et le Petit, mais tous reliés entre eux par l’appartenance à la même nature. Car il y avait, selon lui, une seule nature, dotée des mêmes lois qui régissaient d’un bout à l’autre le monde entier – de l’infiniment grand à l’infiniment petit.

Mais aujourd’hui cette belle unité est brisée : à Einstein et sa relativité généralisée, l’infiniment grand du cosmos ; et à Planck, Schrödinger, Pauli, l’infiniment petit de la physique quantique. Deux physiques, deux ordres de lois – et donc deux natures ?

Peut-être. En tout cas, il est étrange de constater qu’en allant jusqu’aux extrêmes dans les deux sens, la nature se scinde en deux parties étrangères l’une à l’autre. En tout cas, les hommes ne se résolvent pas à cette situation et cherchent fébrilement le modèle qui pourra réunifier la Nature et établissant les lois qui pourraient expliquer le mouvement des étoiles comme celui du plus léger atome. 

Reste que Pascal avait tort lorsqu’il affirmait que nous ne pouvions connaitre que ce qui est à notre échelle parce qu’autrement, il nous faudrait avoir une intuition des deux infinis pour les comprendre, alors même que nous ne pouvons le faire que pour des phénomènes observables.

Il est vrai que nous n'avons pu le faire qu'en renonçant à nos intuitions les plus immédiates ainsi qu'à nos règles de la logique.

mardi 26 septembre 2023

Les nouveaux chevaliers – Chronique du 27 septembre

Bonjour-bonjour

 

Les exploits de bleus du rugby émerveillent les français : c’est avec des étoiles dans les yeux qu’ils vibrent à leurs performances. Mais hélas ! Les étoiles sont vite remplacées par des larmes quand leur valeureux capitaine est touché à la face par un ennemi bestial qui le fracasse d’un coup de tête.

Comment sauver notre équipe ? Comment lui rendre avec son chef – son âme ?

 

- Comment réussir à revenir sur le terrain avec une pommette fracturée ? La réponse est la suivante : 


 

Vu ici (12,60€)

 

C’est de la blague ? Peut-être, mais pas tant que cela : en voyant ce heaume on se dit qu’il irait bien à Capitaine-Dupont, au point que – oui : c’est en chevalier médiéval qu’il apparait pour nous aujourd’hui.

Il y a quelque chose de la bataille médiévale qui transparait dans le matche de rugby contemporain, avec cette mêlée incroyable de lances, épées et chevaux qui apparait dans les représentation de l’époque :

 

La bataille de Bouvine

 

La mêlée de rugby n’est-elle pas le même mélange de forces confuses et de règles scrupuleusement respectées ? Car, on ne doit pas s’y tromper : alors qu’on croit voir une bagarre de cour de récréation, il y a des règles très strictes qui gèrent tout cela au point que quelques centimètres dépassés provoquent une pénalité.

Oui, la chevalerie est peut-être le seul exemple que nous ayons pour saisir ce qui fait la force du rugby : il s’agit de la soumission à la loi de la force brute – soumission sans la quelle ces matchs ne seraient plus que des bagarres de rue. 

lundi 25 septembre 2023

Le réchauffement ? Je suis contre ! – Chronique du 26 septembre

Bonjour-bonjour

 

Le projet gouvernemental pour la planification écologique en France se heurte à un obstacle : elle doit être acceptée par le peuple. Finies ces taxes qui tombent du ciel pour pénaliser l’essence ; finies ces obligations de changer de système de chauffage avec demain pour date butoir ; finies ces contraintes sur les vieux véhicules : on ne veut plus risquer ces lamentations populaires, ou ces rassemblements hostiles qui finissent par dégénérer en manifestations.

Et ne croyez pas que ce soit là une spécificité française : l’Angleterre, l’Allemagne, l’Italie, le Danemark et la Suède ont reporté des décisions autoritaires de cet acabit à plus tard – beaucoup plus tard. 

 

- Tout se passe comme si le réchauffement climatique obéissait aux décision d’un référendum : « Êtes-vous pour ou contre les mesures de décarbonation ? »

Comme si le réchauffement produit par le CO2 était sensible aux décisions prises dans les urnes. Comme si, alors qu’on se contente de faire rouler un peu plus longtemps sa vieille bagnole prolétarienne, ses gaz délétères n’agissaient miraculeusement plus sur le climat. 

- Lorsqu’en 1940 Churchill annonçait à ses concitoyen « Je n'ai à offrir que Du sang, du labeur, des larmes et de la sueur » (lire ici), il ne faisait que dévoiler la réalité : rien ne pourrait être fait pour empêcher le sang et les larmes de couler ; ne restait que le choix de pleurer en se battant ou en subissant passivement. Nos concitoyens d’aujourd’hui choisissent de subir, car là est le sort qui leur parait le plus doux.

Il est vrai que les londoniens devaient faire ce choix alors que la Luftwaffe pilonnait déjà Londres ; quant à nous, nous nous contentons de transpirer et de nous lamenter devant les champs desséchés : ça ne nous suffit pas !

Hypothèse : à l’origine de ce refus (et encore une fois il est généralisé en Europe du moins) il y aurait une double croyance :

            - l’une consiste à croire en la toute-puissance du gouvernement, attisé par le « quoiqu’il en coute » pratiqué durant l’épidémie de covid ;

            - l’autre croyance suppose que le peuple souverain peut décider de tout rien que par l’expression de sa volonté démocratique. Comme si le CO2 émis par les voitures populaires n’était pas stocké dans l’atmosphère.

dimanche 24 septembre 2023

Empathisez-vous – Chronique du 25 septembre

Bonjour-bonjour

 

Quelle différence faites-vous entre « sympathie » et « empathie » ? L’étymologie ne vous servira guère, ces deux mots étant très proches l’un de l’autre. Tout juste pourrait-on noter que la « sympathie » implique un partage des sentiments et des sensations ressentis par les autres, alors que l’empathie peut impliquer plus simplement une connaissance de ces mêmes ressentis (1). Pour le dire affreusement, on pourrait affirmer qu’un bourreau efficace devrait ressentir de l’empathie pour évaluer les tourments qu’il inflige à sa victime.

- De nos jours, l’empathie est évoquée principalement dans les attitudes bienveillantes (exit donc le bourreau), venues de la compréhension des souffrances d’autrui. On peut même susciter l’empathie par un apprentissage des signes de la souffrance et par une éducation consistant à se décentrer de soi-même pour « se mettre à la place des autres ». C’est même ce volet éducatif qui est évoqué pour obtenir des jeunes qu’ils aient des repères éthiques les empêchant de commettre des actes de violence et de destruction absurdes dont ils se rendent parfois coupables, principalement dans des manifestations de rue. D’ailleurs, Internet nous le montre : les ouvrages de conseil pour développer l’empathie chez nos bambins pullulent, aussi bien pour la stimuler que pour apprendre à ne pas l’empêcher de se développer.


 

N’est-ce quand même pas une croyance naïve que d‘imaginer qu’on peut ainsi modeler l’être humain ? Les neurosciences ne nous disent-elles pas au contraire que seuls les mécanismes neuronaux sont à l’origine de tels comportements ?

Peut-être, mais les dictateurs l’ont montré : l’éducation des enfants dès le plus jeune âge à obéir aux ordres du maitre plus encore qu’à ceux de leurs parents est un souci constant, et former des gardiens de la Révolution en a été un exemple du temps du maoïsme.

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(1) Le mot « empathie » est une traduction du mot allemand Einfühlung, qui renvoie à la capacité de « ressentir l'autre de l'intérieur »

Ajoutons qu’on distingue entre « empathie émotionnelle » qui suppose une proximité affective et une « empathie cognitive » qui ressemble plus particulièrement à la connaissance de ce que ressent l’autre. (Lire ici)

samedi 23 septembre 2023

Responsable mais pas coupable – Chronique du 24 septembre

Bonjour-bonjour

 

Suite au courrier reçu par les parents de Nicolas, le collégien qui s’est par la suite suicidé du fait du harcèlement dont il était victime dans son collège et contre lequel le père avait alerté le rectorat, l’ex-rectrice de Versailles a présenté ses excuses affirmant ne pas avoir été informée de la situation – ni de l’envoi d’un courrier « comminatoire ». (Lire ici)

 

--> Ça ne vous rappelle rien ?

- 4 novembre 1991 Georgina Dufoix impliquée dans l’affaire du sang contaminé déclare : « Je me sens tout à fait responsable ; pour autant, je ne me sens pas coupable, parce que vraiment, à l’époque, on a pris des décisions dans un certain contexte, qui étaient pour nous des décisions qui nous paraissaient justes. » a été résumée par une formule devenue célèbre « Responsable mais pas coupable »

 

- Nous sommes le 24 septembre 2023, suite au suicide de Nicolas : l'ex-rectrice de l'académie Versailles présente ses excuses aux parents en qualifiant le courrier qu'ils ont reçu « d'inadmissible » et a assuré n'en avoir « pas eu connaissance ». (1)

Et de préciser : « J'ai validé le principe de courriers adressés aux familles qui menacent les enseignants », des lettres appelées « comminatoires » auxquelles le personnel de l'Éducation nationale peut avoir accès pour rappeler des dispositions légales. « Mais jamais pour des correspondances avec des familles dont les enfants sont victimes de harcèlement. Je découvre que ces lettres de réprobation ont été envoyées, et je le crains en nombre, sans discernement à des familles en détresse », a-t-elle reconnu.

 

- Alors, nous on veut bien qu’on procède à un rappel à la loi. Mais le ton de ces lettres est strictement menaçant, et le dépôt de plainte pour diffamation explicite. On sent cette administration bouffie d’orgueil et incapable de prendre la détresse des parents à son niveau réel. On devine bien sûr que des parents malveillants prennent prétexte de rumeurs pour s’insurger contre l’administration : le cas du père de l’élève impliquée dans l’assassinat de Samuel Paty est exemplaire. Mais ne peut-on pas enquêter et conclure de façon éclairée avant d’envoyer ce genre de courrier ?

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(1) Pour mémoire, il était dit dans cette lettre : « Dans l'intérêt de votre enfant, et par souci d'exemplarité à son égard, je vous enjoins d'adopter désormais une attitude constructive et respectueuse envers les autres membres de la communauté éducative et plus largement tout personnel de l'Éducation nationale qui œuvrent à la prise en charge de votre fille et agissent au mieux à son égard. »

vendredi 22 septembre 2023

0,8 + 1 = 0,9 – Chronique du 23 septembre

Bonjour-bonjour

 

Vous allez bien ? Et le moral, ça va ? Oui ? alors ne lisez surtout pas ce qui suit. Et ne suivez pas ce lien 

 

Le Conseil scientifique de l’Éducation nationale (CSEN) a noté que seul un élève entrant en sixième sur deux parvient à répondre correctement à cette question : « Combien y a-t-il de quarts d’heures dans ¾ d’heure ? » 

Pour ceux qui n’auraient pas compris la gravité de la chose, le CSEN enfonce le clou : « À l’entrée en sixième, les nombres décimaux et les fractions « n’ont aucun sens », pour beaucoup d’entre eux. « Ils confondent 1/2 avec 1,2 » ou « beaucoup d’élèves pensent que 0,8 + 1 fait 0,9 ».

Là, vous pigez ? Ces petits ne pourront jamais mener une vie ordinaire, incapables qu’ils sont de ne rien comprendre dans un monde où les chiffres sont partout. Et rien ne pourra les secourir, même pas les smartphones.

- Les incorrigibles optimistes diront : « Pas le lézard, les amis. On parle là des petits qui entrent en 6ème. Un an plus tard, tout ça aura été rattrapé » 

Hélas ! Le CSEN en remet une couche : « Ce déficit de compréhension suit les élèves tout au long de leur scolarité, avec encore 45 % d’échec en seconde avec les fractions simples ».


- Aïe ! Encore un espoir quand même ? « Ça ne touche sûrement que les enfants des banlieues, ceux qui rêvent de chouffer pour un dealer » Éh bien non ! « Le CSEN le souligne, ce déficit est présent « dans tous les milieux ». Le taux d’erreurs avec les fractions atteint 85 % en REP (réseaux d’éducation prioritaire) mais reste très élevé dans les écoles privées, de l’ordre de 75 %. »

--> Et puis, tant qu’on y est ajoutons que la discrimination des filles est renforcée : « les filles font bien plus d’erreurs que les garçons. Ainsi, parmi les 20 % d’élèves les meilleurs au test de la ligne numérique, deux tiers sont des garçons. »

o-o-o

Ça y est ? Je vous ai bien pourri la journée ? Ne me remerciez pas, c’est normal quand on veut informer objectivement.


... Quoique… Je peux quand même vous donner une nouvelle qui je l’espère va vous réjouir. Il s’agit de la lumière bleue qui est émise par nos écrans : des études scientifiques très poussées viennent de montrer qu’elle n’a aucun effet sur la fatigue et que, du coup, les lunettes pour éviter de la recevoir sont totalement inutiles. Finies les pubs sur les avantages bidons des filtres anti-lumière bleue. Et no limit avec les écrans !


En voilà de la nouvelle, et de la bonne en plus !

jeudi 21 septembre 2023

Travailler à perte ? – Chronique du 22 septembre

Bonjour-bonjour

 

La vente à perte « autorisée » par le gouvernement pour le carburant est rejetée par les professionnels dans l’indifférence générale. Il semble que le public si prompt à condamner les profits des producteurs soit indifférent ici ; en vérité il ne comprend pas la démarche : à quoi bon parler de « perte » là où il n’y a que profit ? Instaurons des super-taxes pour frapper les superprofits et voilà tout.

- Quant aux producteurs et revendeurs, ils l’affirment : vendre à perte ne leur permettrait pas de continuer leur activité, les marges bénéficiaires étant juste suffisante pour permettre à l’exploitation de continuer à vivre.

Rappelons que les profits des producteurs sont absolument normaux – entendez qu’ils sont un produit normal du travail humain, ce que Marx avait nommé la « plus-value » (1). Vendre à perte signifierait que cette plus-value n’existerait plus, ou plutôt, puisqu’il n’appartient à personne de la faire disparaitre, qu’elle ne serait plus versée ni aux travailleurs ni aux patrons ni aux actionnaires.

- Quant à moi, je me réjouis de ce refus. Car je ne crois pas un seul instant à la réalité de ces pertes, et on nous l’a dit fortement : les stations-services qui feraient ce calcul seraient celles des hyper-marchés, la décote sur le prix des carburants constituant des prix d’appel pour des clients qui iraient ensuite reperdre par des achats surfacturés le bénéfice réalisé sur le carburant. Ça reviendrait à faire payer l’augmentation du prix de l’essence à ceux qui ne s’en servent éventuellement pas du tout, mais qui achètent dans leur hyper leur pain ou un kilo de pomme-de-terre.

Alors, je veux bien qu’on nous parle de solidarité : que chacun prenne sa part des sacrifices demandés pour secourir nos concitoyens – et même que ces sacrifices soient proportionnels aux capacités financières de chacun. Mais qu’on me fasse payer quelque chose que je ne consomme pas, je n’appelle pas ça « solidarité ».


Au fait, dès que l’État subventionne un service public, il le fait avec l’argent de nos impôts. C’est ainsi que nous tous, provinciaux, nous payons le métro parisien.

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(1) La plus-value est selon Marx « la différence entre la valeur des biens produits et le prix des salaires » dont les capitalistes confisquent la possession aux travailleurs.

mercredi 20 septembre 2023

L’homme de Heidelberg refait parler de lui – Chronique du 21 septembre

Bonjour-bonjour

 

La presse de ce jour apporte cette nouvelle : « Afrique : découverte d’une structure en bois vieille d’un demi-million d’années. Le Pr Barham n'exclut pas d'avoir affaire à Homo heidelbergensis, une espèce éteinte qui a vécu entre environ 700 000 et 220 000 ans avant notre ère. » Nouvelle qui vient redoubler l’information (discutée ici) selon laquelle ce lointain ancêtre aurait été le survivant d’une extinction de masse il y a plus de 1000000 ans – Voir ici.

 


Le professeur Barham poursuit : « Nos premiers ancêtres ont utilisé leur intelligence pour transformer leur environnement et se faciliter la vie, ne serait-ce qu'en fabriquant une plateforme pour s'asseoir en bord de rivière ».

Mais la recherche de confort n’explique pas comment une telle construction a été possible. Car pour fabriquer une telle chose, il fallait en plus disposer d’une faculté d’abstraction permettant de construire «quelque chose qu'ils n'avaient jamais vu auparavant » : car contrairement à la taille d'un bâton, facilement observable et imitable, la création de deux pièces en vue de leur assemblage montre des facultés d'abstraction. 

D’où la déduction qui suit : « Le fait qu'ils aient pu travailler le bois à grande échelle suppose des capacités cognitives comme la planification, la visualisation du produit fini avant sa conception, le déplacement des objets mentalement dans l'espace », observe la préhistorienne Sophie Archambault.

Remontant dans notre propre passé nous songeons immanquablement à Bergson pour qui l’homo faber a précédé l’homo sapiens. « L'intelligence, envisagée dans ce qui en paraît être la démarche originelle, est la faculté de fabriquer des objets artificiels, en particulier des outils à faire des outils, et d'en varier indéfiniment la fabrication. » Bergson – L’évolution créatrice


Toutefois, si l’on accepte cette déduction alors on pose, immanquablement la question de la possession de langage. C’est du moins la thèse d’André Leroi-Gourhan (1) pour qui la conceptualisation (car c’est bien de cela qu’il s’agit ici) nécessite la possession des signes susceptibles d’être définis et articulés entre eux. Le « protolangage » attribué à l’homo erectus pourrait-il assumer une telle fonction ? 

Ça, c’est une autre (pré)histoire….

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(1) André Leroi-Gourhan – Le geste et la parole (1964)

mardi 19 septembre 2023

Nos députés, à l’instar du Seigneur Dieu… – Chronique du 20 septembre

Bonjour-bonjour

 

Lu dans la presse : « À partir de ce mardi 19 septembre, l'Assemblée nationale va se pencher sur le projet de loi visant à « sécuriser et réguler l'espace numérique » (SREN). Proposé par Jean-Noël Barrot, le ministre du Numérique, ce texte, déjà adopté par le Sénat en juillet, va désormais être examiné en commission. » 

- C’est ainsi que l’idée de « bannissement » du réseau numérique a fait surface : l’auteur de messages haineux ou appelant à la violence pourrait ainsi être touché directement… pour autant qu’on l’aurait identifié.

Car c’est là que surgit la difficulté : comment rendre cette identification possible sans porter atteinte au droit imprescriptible à la liberté d’expression ? Pour sanctionner, il faut avant que le délit soit commis avoir déjà une liste des intervenants du réseau en question. La France dispose d’une arme : la carte d’identité (ce dont manque la Grande-Bretagne, justement au nom de cette liberté) ; mais encore faut-il sortir de l’anonymat, et c’est là que se pose le problème : ayant posté dans l’anonymat, l’auteur du message doit néanmoins pouvoir être identifié en cas de besoin.

 

- C’est là que l’anonymat révèle une caractéristique essentielle : condition d’une liberté fondamentale, elle permet aussi de protéger les criminels. Comment comprendre cette étrange ambiguïté ? 

A mon sens tout cela résulte de la nature même de la liberté : expression de la personne humaine, donc de l’individu, elle ne porte en elle-même aucun limite « sui generis », pas même celles qui seraient imposée par le respect des valeurs fondamentales de la République.

 

- L’abus de la liberté est consubstantiel à la liberté : le Péché d’Adam vient de là, et c’est contre cet abus que nos législateurs doivent, à l’instar du Seigneur-Dieu, lutter. 

lundi 18 septembre 2023

Poil de carotte – Chronique du 19 septembre

Bonjour-bonjour,

 


« Je veux un électrochoc à tous les niveaux » : tel est l’avertissement de Gabriel Attal aux recteurs après le suicide de Nicolas

- Et en effet : que faire lorsque vous avez donné un ordre qu’il est impossible de réaliser ? Vous tapez sur ceux qui sont sous votre main et vous montrez comme cela votre puissance.

 

  

Nous ne sommes pas les seuls !

 Nos amis belges en publiant cette caricature de Joëlle Milquet, ministre de l’Intérieur, montrent qu’ils constatent exactement la même chose. 

 

Bien sûr cette fermeté a une explication rationnelle : elle met en cause des fautes sans lesquelles l’évènement tragique n’aurait pas eu lieu – supposant ainsi que l’institution avait en elle-même de quoi réagir. Mais dans les faits, on devine que le pouvoir est bien content que cette faute ait eu lieu : sans quoi on aurait bien vu qu’il était impuissant à empêcher quoi que ce soit.

On va me critiquer (si, si : ne le niez pas) en disant que c’est juste une question de volonté et qu’on a résolu d’autres problèmes aussi ardus.

D’autres problèmes, je veux bien. Mais le harcèlement ça remonte à très loin et personne à ce jour n’a réussi à l’empêcher.

Demandez plutôt à Poil de carotte ! Lui il est né en 1894, et le fait qu’il soit le souffre-douleur de sa propre famille montre simplement que le mal s’est généralisé.

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NB – J’ai évoqué début juin le cas du malheureux « Petit Boscot » : vous pourrez vous y reporter en cliquant ici 

dimanche 17 septembre 2023

Catherine Breillat et la censure – Chronique du 18 septembre

Bonjour-bonjour

 

Je vais faire ce que je devrais éviter : parler d’un film sans l’avoir vu – raison pour laquelle je m'en tiendrai à la façon dont ce film a été reçu par la critique .

Il s’agit du dernier film de Catherine Breillat « L’été dernier » dont les programmes préviennent « qu’il présente une emprise amoureuse dans le cadre familial entre deux protagonistes d’âge différents qui peut troubler un jeune public » C’est une femme qui tombe amoureuse du fils de son compagnon, né d’une précédente union, qui est saisie d’une passion réciproque et dont Catherine Breillat filme les ébats charnels (mais pas seulement)

Réalisant la synthèse de Phèdre et du Blé en herbe, ce film a tout pour faire scandale… le quel n’est pourtant pas au rendez-vous. Il est vrai que l’amour incestueux (ou du moins impliquant une emprise comme le dit l’Avertissement cité dans les programmes) entre une femme d’âge mûr et un jeune homme de 17 ans peut sous certaines réserves évoquer l’histoire racontée par Camille Kouchner dans la Familia grande. On parle aussi de la différence d’âge : on suppose qu’elle a 20 ans de plus que lui – et qu’elle pourrait être sa mère biologique.

 

- Cette double transgression remue-t-elle les foules ? On se rappelle peut-être le scandale provoqué en 1920, par le Blé en herbe qui évoque avec des mots aujourd’hui ridicules d’imprécision l’union charnelle de deux adolescents (lire ici). Pour le film, mis à part des reproches concernant la manière jugée pompeuse dont ont été filmés les rapports charnels, c’est surtout sa « vigueur amorale » qui – au lieu de faire scandale – a charmé la critique. (1)

 

- Mais surtout Catherine Breillat a voulu faire avec ce film une histoire d’amour – et même de premier amour (son jeune héros est follement épris de sa belle-mère, ce qui rend complètement inapproprié tout rapprochement avec la Phèdre de Racine). Or une histoire d’amour tragique ne fait pas scandale, et c’est avec une gourmandise déçue que les médias spécialisés ont tenté d’allumer cette mèche.  

 

- Mais qu’on ne s’y trompe pas : cette attente n’était pas une fantaisie ; notre époque serait bien propice à de tels emballements, et le mouvement *metoo serait bien là pour souffler sur les braises. Dans l’interview de Télérama, Catherine Breillat s’emporte contre ces abus d’outrages à la personne féminine. L’histoire du baiser forcé (2) a depuis lors confirmé ses reproches à un certain féminisme.

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(1) Certains ont été sensibles au « charme transgressif » de ce film (Voir ici)

(2) Même si c’est avec cynisme que Luis Rubiale prétend que son baiser sur Jennier Hermoso était un acte réciproque (lire ici), sa condamnation unanime et sans limites ne repose pas sur une justice équitable. 

samedi 16 septembre 2023

Tesla bouleverse la technique de fabrication des voitures – Chronique du 17 septembre

Bonjour-bonjour

 

Dans l’esprit d’Elon Musk, une grande pièce vaut mieux que plusieurs petites soudées entre elles. C’est ainsi que Tesla envisage maintenant de produire la structure de ses deux prochains véhicules électriques en une seule pièce, du jamais vu. Ce qui suppose des « giga-presses » capable d’emboutir en une seule fois assez de métal pour produire une seule pièce au lieu de plusieurs petites à assembler. (Lire ici)


C’est alors qu’on se prend à rêver : pourquoi ne pas utiliser une imprimante 3D pour fabriquer certaines de ces pièces ? Le châssis par exemple ? J’entends bien qu’elle le fait déjà, mais à coup de giga-presses, au lieu qu’avec une imprimante, il suffirait de la concevoir assez grande, ce qu’on doit savoir déjà faire, pour avoir d’un seul tenant tous ces éléments qui ne sont pas articulée. 

 


Par exemple, on fabriquerait avec cette imprimante une carrosserie entière – excepté les portières. Plus de petits éléments à mouler, plus de soudures pour les associer.

Inutile de crier au fantasme : les imprimantes savent à peu près tout faire, y compris fabriquer des maisons en béton à partir de modèle numérique et cela en 24 heures (cf. cet article sur ces réalisations construites au Québec).

C’est l’occasion de pointer l’élément vraiment révolutionnaire de cette technologie : c’est l’extraordinaire gain de temps (et donc d’argent) obtenu en créant directement l’objet voulu à l’extérieur (sa forme) mais aussi à l’intérieur (ses renforts ou ses prolongements), d’où l’appellation « 3D ». Mais bien sûr il ne faut pas oublier que le modèle numérisé peut avoir été obtenu par scanner : finie la planche à dessiner de l’architecte !

vendredi 15 septembre 2023

Mardi dernier à Lampedusa, c’était le « D » day - Chronique du 16 septembre

Bonjour-bonjour

 

Plus de 150 bateaux amenant 7000 migrants : un vrai débarquement ! Techniquement moins dangereux que le 6 juin 44 pour les participants, mais il ne faut quand même pas oublier les conditions de navigations : 


En voyant ces grappes humaines on croit avoir une image du chaos, un peu comme ces représentations du Jugement dernier au porche de nos cathédrales.

Mais il n’en est rien. Demandez-vous pourquoi tant d’hommes et de femmes ont accepté d’embarquer dans des conditions pareilles ? S’agit-il d’acte suicidaire un peu comme ces lemmings sautant tous en même temps de la falaise (1) ?

Pas du tout. C’est simplement que les migrants sont persuadés que les garde-côte européens les sauveront s’ils les trouvent en danger : c’est donc un acte de foi dans l’humanité des européens et  de leur respect des valeurs humanistes.

Pas toujours très prudent de croire dans le respect de l’humanisme de la part d’hommes armés.

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(1) Selon cet article de Wikipédia ce serait une légende.

jeudi 14 septembre 2023

Aujourd'hui, c'est la panne - Chronique du 15 septembre

 Bonjour-bonjour

aujourd'hui, panne d'inspiration. Rien dans l'actualité ne me fait envie, rien ne suscite autre chose que des réflexion déjà diffusées.

D'où l'idée de relancer une citation commentée dont mon défunt blog de commentaire de citations datant. Il date de 2013 mais après tout, rien n'a vraiment changé depuis (sauf que ma référence au Smartphone Samsung a dû être corrigée : elle mentionnait le Samsung 5 et non le 14)

o-o-o

L'horreur de l'homme pour la réalité lui a fait trouver ces trois échappatoires : l'ivresse, l'amour, le travail.

Jules & Edmond de Goncourt

 

Échapper à l’horreur de la réalité : voilà un beau programme ! Mais ce n’est rien encore : il faut voir comment les Goncourt nous proposent de le faire :

            - par l’ivresse ? – Soit : c’est même une évidence.

            - par l’amour ? – Soit encore : c’est une nouvelle forme d’ivresse.

            - par le travail ? Là on hésite. Comment le travail qui permet de transformer la réalité, pourrait-il nous en couper ? Si l’on perd conscience du réel, comment pouvons-nous agir en travaillant ? On ne travaille pas en rêve tout de même !

On devine que si le travail nous permet de nous évader de la réalité, il ne s’agit pas de toute réalité. Il s’agit par exemple de notre réalité, que nous pourrons oublier le temps que nous serons absorbés dans le travail. (1)

Est-ce bien cela ? A ce moment-là on se tourne vers le philosophe : « Ami philosophe, sais-tu pourquoi nous travaillons ? »

Et le philosophe de répondre : « Je ne sais pas, ami, pourquoi tu travailles ; mais je peux te dire ce que tu fais en travaillant.

Comme je te le disais il y a un instant, tu transformes la réalité pour qu’elle te fournisse ce que la marâtre nature ne te fournit pas naturellement : le pain qui ne pousse pas sur les arbres et le Galaxy-14 qu’on ne trouve pas dans les choux.

Mais en même temps, camarade, tu transformes ta conscience, tu deviens plus que tu n’étais – à moins hélas ! que tu ne la mures dans un recoin de ton cerveau, et qu’elle y croupisse et se recroqueville.

Certains, comme les Goncourt, voudront croire que dans ce cas tu la libères du poids de la lucidité.

Mais ceux-là, ce sont des pessimistes. »

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(1) C’est Kant qui l’avait dit avec beaucoup de force : « L’homme doit être occupé de telle manière qu’il soit rempli par le but qu’il a devant les yeux, si bien qu’il ne se sente plus lui-même et que le meilleur repos soit pour lui celui qui suit le travail. »

mercredi 13 septembre 2023

Forest City, la ville fantôme…Brrrr !!!! – Chronique du 14 septembre

Bonjour-bonjour

 

Voici Forest City ville prévue pour accueillir 700000 habitants construite en Malaise par des investisseurs chinois. 

 


Seulement les acheteurs ont été finalement très peu nombreux, et la ville ne comporte à présent que… 9000 habitants. Et voici à quoi cela ressemble : « Rues désertes, magasins et appartements vides, « silence inquiétant » qui s’abat sur la ville à la tombée du jour, une fois les ouvriers qui travaillent sur le chantier partis, rangées de boutiques fermées, et seules quelques fenêtres éclairées dans les gigantesques tours, la nuit… » (Lu ici)

 

On pourrait minorer cette information en faisant valoir que les chiffes d’habitants ne veulent rien dire, puisque des appartements, sans qu’on sache exactement combien, ont été vendus à des investisseurs qui ne comptaient pas habiter leurs acquisitions. Reste que ça ne se revend pas et que les pertes financières sont colossales. Et surtout, ce qui se passe en Malaisie ressemble furieusement à ce qui arrive dans toutes les crises immobilières de par le monde : on découvre des édifices entièrement construits et qui n’ont aucun acquéreur. On se rappelle d’un aéroport en Espagne il y a quelques années dont personne ne voulait, et même une prison aux Etats-Unis !

Pour ma part j’y vois un effrayant exemple de la crise qui précipite l’humanité dans la catastrophe écologique, puisque les besoins humains ne sont plus l’objectif du développement économique, celui-ci étant sous l’autorité de la recherche de profit, lequel, comme on le sait ne connait pas de limites.

mardi 12 septembre 2023

L’insociable sociabilité – Chronique du 13 septembre

Bonjour-bonjour

 

Suite au séisme de Marrakech, une polémique irritante se développe depuis quelques jours en France : l’aide française est restée l’arme au pied faute d’avoir été sollicitée par le Maroc. Et les français de supputer des crises politiques franco-marocaine expliquant que le Roi ait écarté la France au profit de l’Espagne. « Pourquoi l’Espagne ? Qu’a-t-elle de plus que nous ? » (Lire ici)

- On croirait entendre un enfant jaloux, et pourtant, même s’il y a une part de vérité dans cette impression, on doit bien admettre qu’il y a quelque chose de plus fondamental dans cette réaction. C’est que l’émotion devant la catastrophe et le dénuement qui a suivi a entrainé une réaction altruiste qui n’a rien de réfléchi ni de « moral » si on veut voir là uniquement le résultat d’une élévation de l’âme.

On le sait grâce aux études sur la préhistoire de l’humanité : la coopération a été depuis l’origine la condition de possibilité des sociétés humaines, et cette nécessité a reposé non pas sur une acquisition culturelle mais sur une donnée émotionnelle propre à l’espèce entière. On cite comme preuve les ossements datant de plusieurs dizaines de milliers d’années comportant des fractures consolidées, chose qui a nécessité un secours humain. D’ailleurs un tel comportement apparait aussi dans le monde animal – y compris vis-à-vis de nous – comme avec les enfants recueillis par des loups, des singes et autres.

 

- La philosophie n’est pas en reste dans l’étude de ce besoin de coopération. Kant a souligné que l’espèce humaine est soumise à une contradiction, qu’il appelle « l’insociable sociabilité » (1) : la compétition est associée à la coopération pour rendre possible le dynamisme des sociétés. Kant reste proche du libéralisme naissant de son époque, mais avons-nous mieux à proposer ?

Bref : devant ces catastrophes telles que les tremblements de terre (il faudrait y ajouter les inondations qui font des dizaines de milliers de morts, comme aujourd’hui en Lybie) il y a une rupture d’équilibre : la tendance à l’hostilité s’effondre et ne reste que la tendance à la bienveillance.

Mais il ne faut pas longtemps pour que l’hostilité renaisse : par exemple lorsque le besoin de donner ne peut s’exprimer.

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(1) « L’insociable sociabilité des hommes », c’est-à-dire « leur penchant à entrer en société, lié toutefois à une opposition générale qui menace sans cesse de détruire la société », Kant « Idée d’une histoire universelle au point de vue cosmopolitique » (1784)