mercredi 30 novembre 2022

Elle « fait don d’un orgasme » à la science – Chronique du 1er décembre

Bonjour-bonjour

 

Il y a des jours où la lecture des faits d’actualité réservent des surprises bien stimulantes. 

C’est le cas aujourd’hui avec cette information selon laquelle l’actrice et mannequin britannique Cara Delevigne a « fait don » de l’un de ses orgasmes à la science.

Alors, certes, il n’est physiquement pas possible de donner un orgasme : L’actrice s’est simplement masturbée pour les besoins d’une série documentaire télévisée. De fait, elle a réellement donné deux échantillons de son sang, l’un prélevé avant l’orgasme, l’autre après.

« Le but d’une telle manœuvre ? Mieux comprendre les mécanismes du plaisir féminin en mesurant le taux d’endocannabinoïdes dans son sang. Cette substance chimique est connue pour réduire l’anxiété, augmenter l’euphorie et procurer un effet relaxant après un orgasme. » (art. référencé)

 

Cette expérience n’a donc pas pour but de stimuler la curiosité libidineuse du public, mais de connaitre scientifiquement quels sont les effets de l’orgasme sur l’organisme féminin. On sait que les effets des endocannabinoïdes sont encore discutés ainsi que le montre cet article bien documenté. 

- Mais notre expérimentatrice ne s’en tient pas là : en effet avant de se demander quel rôle joue l’orgasme dans la psychè féminine, il faut déjà savoir si les femmes peuvent avoir des orgasmes facilement et fréquemment durant les rapports sexuels. Cara Delevigne déclare en effet : « Les scientifiques disent que … seulement 65 % des femmes hétérosexuelles en ont un. (…) Je pense que cela semble beaucoup trop élevé, car la plupart de mes amies hétéros disent que c’est probablement plutôt 15 ou 20 % ». Et d’ajouter : « Je pense que le désir sexuel féminin a définitivement été réprimé. »

Autrement dit, si les femmes ont envie de bénéficier d’endocannabinoïdes, mieux vaut pour elles de fumer un joint que de faire des câlins à leur petit ami.

… Elles peuvent aussi se masturber, mais pour découvrir cela point n’est besoin d’expérimentation scientifique

mardi 29 novembre 2022

Vous reprendrez bien un petit Lexomil ? – Chronique du 30 novembre

Bonjour-bonjour

 

Habituellement en arrivant au mois de décembre, c’est ce genre de photo qu’on voyait à la une de la presse.

 

 

Les Galeries Lafayette


Mais aujourd’hui, c’est plutôt celle-ci qu’on peut voir :

 

 

Après avoir rappelé la liste déjà longue des augmentations qui vont du billet de TGV à la baguette de pain, en passant par le ticket de métro et le foie gras, l’auteur de cet article conclut avec philosophie : « La hausse des prix s'installe dans la vie quotidienne des Français »

 

On a ici deux visions du rôle de la presse : l’une qui consiste à informer le public, l’autre à le faire rêver. Bien sûr ce ne sont pas les mêmes organes de presse qui assument habituellement ce rôle mais aujourd’hui avec les informations déjà formatées distribuées par Google, qui sait d’où viennent les images et les info qui arrivent sous ses yeux ? 

Quoiqu’il en soit, on a ici un retournement des habitudes des français : alors qu’en cette période ils sont accoutumés à ne voir fleurir que les joyeuses nouvelles, voilà qu’à présent on ne leur parle que des gens qui souffrent. Ce sont eux qui font la une de la presse en nous expliquant comment ils doivent compter au centime près lors de leurs achats ; pour eux, ce n’est pas l’origine bio ou les prix équitables qui les déterminent : c’est « Pourrai-je payer en arrivant à la caisse ? » Quant aux stations de sport d’hiver qui attendent leurs heureux vacanciers, ce n’est qu’en toute fin de programme que les journaux télévisés s’intéressent à elles.


D’où vient ce revirement dans l’ordre des préoccupations des français ? Ce réalisme qui les motive est-il un résidu des confinements qui les ont habitués à subir les pires contraintes durant les fêtes ? Ou bien sont-ils habitués à être abreuvés par les plaintes qui irriguent les réseaux sociaux ? Toujours est-il que la presse sous toutes ses formes a renoncé à faire rêver ses lecteurs et que les traumatismes et le stress sont devenus son fonds de commerce.

- Allons-nous voir des réveillons de fin d’années moins associés à l’Alkasertzer qu’au Lexomil ?

lundi 28 novembre 2022

L’amour : alchimie ou chimie ? - Chronique du 29 novembre

Bonjour-bonjour

 

L’amour est-il une alchimie qui fusionne deux être jusqu’alors séparés, ou bien est-il l’effet de certaines molécules chimiques sur notre cerveau ?

- Certaines études scientifiques viennent récemment d’étayer cette seconde hypothèse. Voyez plutôt cet article : « Tomber amoureux, c’est tomber sous l’emprise des quatre molécules du coup de foudre qui prennent le contrôle du cerveau (la phényléthylamine, la dopamine, la norépinéphrine et l’adrénaline). Après 18 mois, il y a de moins en moins de molécules du coup de foudre. […] Après quatre ans, c’est fini », selon Normand Voyer, professeur de chimie. »

- Est-cela fin de l’amour ? Peut-être pas, car : « Après la période du coup de foudre, qui peut durer jusqu’à quatre ans, une nouvelle molécule prend le relais : l’ocytocine qui est l’hormone de l’attachement... » (Art. cité). C’est là que selon ce chercheur le couple ou bien se confirmerait ou alors se dissoudrait puisque, la passion disparue, ce serait la rupture et la recherche d’un nouveau coup de foudre.

Selon ces source scientifiques il ne suffit donc pas d’un enfant pour souder un couple, car c’est l’apparition de l’ocytocine (= hormone de l’attachement) qui serait l’origine de cet engagement. Car, quoiqu’il en soit, par « couple » on entend une structure durable ou du moins qui ne se donne aucune limite dans le temps.

 

Devons-nous en rester là ? Les philosophes ne sont pas en reste de pronostics : c’est ainsi qu’Alain Badiou voit dans la première nuit – ou plutôt le premier matin – le moment du serment fondateur du couple : « Je t’aime et c’est pour la vie. » C’est que l’origine de l’amour est le serment qui seul peut faire basculer le monde à un dans un monde-à-deux. Pour plus de détails on lira son essai sur la question (1).

 

--> Chimistes ou philosophes : qui a raison ? À vous de voir : pas plus qu’un psychothérapeute, le philosophe ne cherche à vous influencer. Son rôle est de vous dire : « Voyez quel sens et quelles conséquences ont chacune de ces explications. Et puis après assumez le sens du choix que vous allez faire.»

Comme disait Kant: Sapere aude (Ose penser)

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(1) Alain Badiou – Éloge de l’amour coll. Champ/Essais

dimanche 27 novembre 2022

Serrez-vous donc un peu ! – Chronique du 28 novembre

Bonjour-bonjour

 

Les info de ce matin sont pleines d’optimisme – voyez plutôt : Mbappé est en passe de devenir un héros de la Nation ; le froid hivernal arrive avec sa promesse de neige et donc de stations de skis pleines pour Noël ; et en plus, on apprend par un rapport très sérieux que les prisons sont remplies à 120%. Que voulez-vous de plus ?


Tenons-nous en aux prisons : 

 

Dans une cellule de la prison d’Agen

 

Ça rassure quand même de savoir que notre justice, pourtant taxée de laxisme est capable d’envoyer derrière les barreaux 72.809 personnes – même si les grincheux vont se plaindre :

    - Tout de même : il n’y a que 3,5% de ces gens qui soient des femmes : n’y aurait-il pas une clémence suspecte de la part des juges ? Il faudra enquêter là-dessus.

    - Trêve de balivernes ! De l’efficacité les juges en ont, la preuve en est qu’ils sont capables de faire entrer 72.809 détenus là où il n’y a que 60.698 places opérationnelles. Oui, 12000 personnes qui auraient été obligées de dormir à la belle étoile dans la cour des prison : mises à l’abris - voilà qui devrait donner des idées aux service sociaux en charge de sans logis.

Imaginez un peu :

« - Monsieur ça fait 8 ans que je demande un logement social à la mairie et je n’ai aucune réponse. 

- Et où logez-vous donc madame ? 

- Dans un foyer où je n’ai qu’un studio pour mes 2 enfants et moi. A côté des lits il n’y a de place que pour trois étagères et rien de plus. Ah, si : en plus il y a des punaises et des cafards.

- Eh bien, madame, j’ai enfin une proposition à vous faire : j’ai là un petit F4 qui vous attend à la Cité des Glycines. Qu’en dites-vous ?

- Ah ! Monsieur ! comme je suis émue : la Cité des Glycines j’en rêve depuis toujours. Et en plus un F4 !

- Il y a juste un petit désagrément à signaler : vous devrez partager ce logement avec une famille kurde de 6 enfants. Ce sont des gens charmants, mais ils ont l’habitude de s’endormir très tard et de se réveiller à 10 heures. A ce moment-là ils se mettent à la cuisine. L’odeur est très enveloppante, mais pas de problème : vous vous y ferez, c’est sûr. »

samedi 26 novembre 2022

Quatre raisons de battre votre femme – Chronique du 27 novembre

Bonjour-bonjour

 

Encore un peu d’histoire, pour vérifier que nos comportements d’aujourd’hui ont une source bien ancrée dans le passé. 

Ainsi des violences faites aux femmes, hélas bien présentes encore aujourd'hui et dont la présence est déjà largement répandue dans les manuscrits médiévaux - parfois venus du monde musulman comme on va le voir ci-dessous, mais très souvent aussi issus du monde européen, comme chez nous avec le Roman de la Rose (voir ici)

« C’est ainsi que, vers le milieu du XVIe siècle, le juriste musulman hanafite Ibn Nujaym, né en Égypte en 1520, rédige un traité de droit dans lequel, parmi bien d'autres choses, on trouve cette affirmation : « le mari devra frapper son épouse dans les quatre cas suivants… »

Ibn Nujaym distingue quatre cas dans lesquels cette violence est non seulement légale (“le mari a le droit de frapper sa femme”), mais surtout obligatoire : le mari devra frapper sa femme. » peut-on lire ici, juste avant l’énumération annoncée :

Numéro 4 : « si elle n'observe plus la prière quotidienne »

Numéro 3 : « si elle sort du domicile conjugal sans raison et sans son autorisation »

Numéro 2 : « si elle refuse de le rejoindre dans le lit alors qu'elle s'est purifiée des menstrues ou du retour de couches ».

Numéro 1 enfin : « si elle ne se fait pas belle après qu'il le lui a demandé » (Ref. citée)

 


Un mari frappe sa femme – Anonyme – Vers 1405

 

o-o-o

 

Que nous apprend donc l’histoire ? Que les violences exercées sur des êtres plus faibles, n’auront plus jamais lieu parce que le passé est révolu ? Qu'à l'instar des croyances  naïves et  folles propres à des hommes ignorants, ces brutalités des hommes à l'égard des femmes - telles que le moyen-âge nous les révèle -appartiennent à un passé à jamais disparu ? Ça, c’est bon pour les optimistes naïfs : en réalité ce que les historiens nous révèlent, c'est un éventail d'actes qui restent possibles pour avoir déjà été pratiqués.


- Alors, il est vrai que les motifs énumérés ci-dessus et le droit qui les accompagne n’ont pas encore traversé les siècles pour venir justifier les brutalités actuelles. Mais patience : les talibans ne sont pas loin…

vendredi 25 novembre 2022

16 semaines de vacances dont personne ne veut ! – Chronique du 26 novembre

Bonjour-bonjour

 

Vous avez peut-être un/e neveu/nièce, ou un fils/fille – ou un petit fils/etc. – qui est en instance de choix pour son avenir. Sera-t-il(elle) ingénieur informaticien, trader ou hôtesse de l’air ?

 

Vous verrez bien. En tout cas, une certitude : vous ne risquez sûrement pas de compter un nouvel enseignant dans votre descendance : les concours d’enseignants ne parviennent même pas à faire le plein de candidatures ; on en a la preuve avec la clôture des inscriptions qui vient d’être reculée pour permettre à d’éventuels repentir de se faire jour. 

Imaginez ! Un emploi à vie + 18 heures de service par semaine + 16 semaines de congés par an : tout ça et personne n’en veut !

 

Ça demandait un peu d’explication : une mission parlementaire s’y est collé et le résultat est connu aujourd’hui.

On lira le résultat ici : je me contenterai de souligner quelques point.

            * L’idée est d’abord de donner plus de place à la formation au cours des études universitaires. Jusqu’à maintenant on devient enseignant grâce à un concours qui reste essentiellement centré sur la discipline. On a encore des jeunes profs, brillamment diplômés – par exemple de littérature – qui débarquent devant une 6ème illettrée quelque part dans le 9.2 (mais ailleurs c’est pareil).

Mieux connaitre le métier c’est attirer des candidats qui seront peut-être universitairement moins brillants, mais capable de transmettre aux élèves d’aujourd’hui leur savoir – qui de toute façon sera bien au-dessus des besoins. 

--> Ça, j’y crois.

            * Ensuite on voudrait mieux faire coïncider les voeux des jeunes enseignants et la région où ils vont débuter. Les régions les moins recherchées sont en même temps celles où on ne forme pas assez d’enseignants : d’où la nécessité d’exiler de jeunes profs loin de leur terroir. C’est vrai des professeurs d’origine antillaise ; c’est vrai aussi (je l’ai vérifié par moi-même) des jeunes philosophes nommés loin du 5ème arrondissement de Paris.

La réponse à cette situation consisterait à accentuer la mobilité des enseignants et à rendre plus transparents les mécanismes d’attribution des postes.

--> Ça je n’y crois pas : on se contente de dire aux jeunes profs : « Votre poste est dégeu’ mais rassurez-vous, vous allez pouvoir vous tirer très vite ». Mais vous n’aurez personne pour dire : « Restez dans ce poste dont vous ne vouliez pas, car on va vous donner des moyens effectifs pour réussir à enseigner à ces jeunes défavorisés. » 

jeudi 24 novembre 2022

Je t’aime, je te tue - Chronique du 25 novembre

Bonjour-bonjour

 

Retour sur l’affaire de la suppression de la corrida. J’ai bien sûr pris connaissance du retrait du projet de loi, mais je pense que ça va revenir agrémenté d’autres interdictions concernant la chasse, la pêche – et puis le commerce des animaux, etc. 

- Je ne cherche pas à réchauffer le contenu de ce Post déjà consacré au sujet, mais plutôt à réfléchir sur le thème de l’amour porté à des animaux pourtant destinés à finir dans les assiettes des humains – ceux-là même qui les aiment tant. 

 

Les éleveurs sont les premiers concernés, eux qui donnent à leurs vaches des petits noms charmants et qui vont leur faire un petit câlin en allant les traire – avant de les confier à l’équarrisseur.


 

Vu ici

Voilà une occasion de revenir sur cet étrange accouplement de l’amour et de la mort – d’Éros et de Thanatos pour parler comme les freudiens.

Si Éros rassemble et multiplie les êtres, Thanatos les détruit et les disperse : aucune possibilité de faire une synthèse des deux, c’est le « en même temps » qui prévaut. Seulement cette réunion doit être fondée sur quelque chose si on veut que ce soit crédible. Ici, par exemple, que cette contradiction envers les animaux soit inscrite dans la nature humaine. C’est cette fêlure qui expliquerait que les manadiers pleurent sur la disparition des taureaux de combats, qui suivrait inéluctablement la disparition des corridas, et puis jouissent en plantant leur épée dans le cœur de ces si belles bêtes.

mercredi 23 novembre 2022

A Angoulême le moyen-âge est de retour – Chronique du 24 novembre

Bonjour-bonjour

 

L’histoire a passé la marche arrière dirait-on : après les mesures de sobriété rappelant le début du 20ème siècle, ce sont les terreurs des ténèbres qui vous attendent si vous sortez en ville nuitamment à Angoulême.

Voyez plutôt :

« On n’y voit pas à cinq mètres dans certaines rues d’Angoulême, depuis que l’éclairage s’éteint à minuit, ou 2h30. Les femmes redoutent des agressions. Les professionnels de la nuit veulent rallumer.


 

Deux halos lumineux semblent flotter dans les airs. Ronan et Flavie avancent côte à côte et transpercent l’obscurité avec leurs téléphones, allumés en mode lampe torche. Une promenade nocturne en pleine campagne charentaise ? Pas du tout : les deux serveurs rentrent chez eux, en plein centre-ville d’Angoulême. Il n’est que minuit et demi, ce mardi, et on n’y voit pas à cinq mètres dans certaines rues du Plateau. » Lire ici

 

On le savait mais on faisait semblant de l’ignorer : notre civilisation du progrès qui prétend dominer orgueilleusement la nature et qui se propose d’envahir le cosmos est en réalité extrêmement fragile.

Car il suffit d’un tout petit rien pour que la peur du noir venue du fond des âges refasse surface. Avec la peur des prédateurs humains – mais bientôt aussi des bêtes féroces, comme les loups qui regagnent nos campagnes. Mais ce n’est encore rien : nous allons avoir des coupures de courant dès janvier, et avec la perte de l’énergie électrique, c’est notre univers qui vacille. Qu’on regarde ce qui se passe en Ukraine avec la destruction des centrales électriques : plus de lumière, certes, mais aussi : plus de chauffage, plus d’eau au robinet, plus d’ascenseur…

… et plus de smartphone ! Plus de TikTok, plus de SMS, etc… 

Il va falloir nous y préparer : un jour sur deux abstenons-nous de tout usage impliquant l’électricité.

mardi 22 novembre 2022

La SNCF : un coût exorbitant pour le contribuable – Chronique du 23 novembre

Bonjour-bonjour

 

Beaucoup d’entre nous protestent contre le montant de leur impôt estimant que ces sommes sont démesurées eu égard aux ressources du contribuable. 

--> Mais le problème n’est pas (seulement) là : il est (aussi) de savoir à quoi sont consacrées les sommes perçues par l’État (les impôts bien sûr, mais aussi les taxes).

Un rapport récemment publié par François Ecalle, expert des finances publiques et ancien magistrat de la Cour des comptes souligne ainsi que « le coût de la société ferroviaire pour le contribuable, via les subventions que l’État et les collectivités locales lui versent, s’est élevé à pas moins de 18,5 milliards d’euros en 2021 ». L’auteur du rapport ajoute : « Cette charge s’ajoute au prix payé par les usagers pour acheter des billets de train et elle est donc, en partie, financée par des ménages et entreprises qui n’utilisent pas les services ferroviaires ». (Lu ici)

 

Voilà le point : même si vous ne prenez jamais le train, vous le payez quand même. Cette idée suppose que les impôts collectent des sommes destinées à tel ou tel budget : une part de vos impôts seraient donc dédiés à la SNCF, une autre aux armées, et une autre encore aux prisons, aux collèges, aux hospices des vieux…. 

C’est dans cette perspective que Henri-David Thoreau inventa au 19ème siècle la désobéissance civile en refusant de payer au fisc un impôt qu’il jugeait dédié à soutenir des lois esclavagistes qu’il réprouvait. On sait que cette pratique fut réactualisée dans les années 60-70 par les opposants à la guerre du Vietnam ; il ne manque pas de gens aujourd’hui encore pour en poursuivre l’exploitation. 

Seulement voilà : l’impôt n’est pas prédécoupé en budgets destinés à satisfaire tel ou tel besoin du pays. L’impôt dû par le contribuable est défini dans sa globalité, même si on sait que celle-ci a été établie par l’addition des sommes nécessaires à chaque activité de la nation. On garde en mémoire l’exemple de la vignette automobile qui a ses débuts fut établie pour soutenir l’aide aux vieux nécessiteux. On sut très vite qu’il n’en serait rien déjà parce que, même si c’était le cas, on n’avait pas le droit d’en faire état.

 

- Lorsqu’on oublie que l’essentiel est de savoir où va notre impôt, c’est peut-être parce qu’on se fiche de ça, obnubilés que nous sommes par ce bon argent qu’on nous pique alors qu’on avait encore des besoins à satisfaire. Mais ce faisant on oublie aussi de chercher à savoir dans quelle mesure ma contribution va servir à satisfaire des besoins liés au bien du public. Par exemple, savoir que, si je subventionne par mes impôts la SNCF, c’est parce que j’estime bon pour un pays comme la France de disposer d’un dispositif de transport en commun tel que celui-ci.

 

lundi 21 novembre 2022

Femmes afghanes : un gynocide – Chronique du 22 novembre

Bonjour-bonjour

 

De jours en jours aggravés, les malheurs des femmes iraniennes ou afghanes nous révèlent cette effroyable vérité : leurs jours sont menacés et seules les génitrices peuvent espérer survivre – et encore à condition d’enfanter des garçons : la dystopie de la Servante écarlate se trouve inscrite dans la réalité.

A dominer de cette façon, l’inévitable arrive : celui de souhaiter faire disparaitre celles qu’on domine au point que cette suprématie devienne sans objet, un peu comme la dialectique hégélienne dite « du maitre et de l’esclave » révèle que la domination des maitres est une menace pour eux-mêmes. 

 

La misogynie : pourquoi tant de haine ? La question remonte à très loin dans l’histoire humaine, au point qu’on se demande si ce mépris ne relève pas d’un ressort atavique. L’égocentrisme dont souffrent les hommes suppose qu’ils ne soient comparables à personne, étant l’exemplaire unique de la création voulue par Dieu : on connait la double représentation de la création d’Adam puis d’Eve donnée par Michel Ange :

 


On connait l’histoire, mais s’il le faut ce bref commentaire trouvé dans Wikipédia fera l’affaire : « Dieu, enveloppé dans une grande cape violette, a un regard intense et lève son bras droit, qui, comme dans les autres épisodes, est le véritable moteur de l’action. Le bras levé semble guider Ève vers le haut, tandis qu’elle émerge progressivement d’Adam endormi, les mains jointes en bénédiction. » (Art. Wiki.)

 

Bref : les talibans sont juste un peu excessifs dans leur haine des femmes : la Genèse nous dit simplement qu’elles n’existent que pour satisfaire les besoins d’Adam – à eux de dire si elles sont nécessaires ou non.

On a indiqué plus haut que selon Hegel cette domination est un danger aussi pour les dominateurs. Les Talibans n’ont pas lu la Phénoménologie de l’esprit.

dimanche 20 novembre 2022

La corrida bientôt dans la poubelle de l’histoire ? – Chronique du 21 novembre

Bonjour-bonjour

 

L'Assemblée nationale examinera le 24 novembre un projet de loi proposé par Aymeric Caron, député LFI, visant à interdire la corrida sur l'ensemble du territoire, qui réactive des débats qui ont bien des fois agités la France. On voit donc encore une fois les passions se déchainer à propos de l’existence des corridas, opposant les défenseurs des taureaux aux afficionados de ce spectacle.

--> Les premiers considérent que la tauromachie n’est qu’un « spectacle de désolation », les seconds qu’il s’agit, comme le suggère l’illustration suivante, d’une véritable « œuvre d’art » (lire ici). 

 


Pablo Picasso – Série consacrée à la tauromachie


- Alors que les adversaires de la corrida placent le débat au niveau de la morale, ses défenseurs crient à l’abus d’un État qui veut réduire à néant les pratiques locales propres à manifester l’identité culturelle des régions. Évoquant ce projet de loi, le jeune toréro El Rafi s’emporte : « Cela ne me paraît pas normal de faire voter une loi pour une pratique locale, qui touche à notre identité. Je n'impose pas ma culture aux autres, mais on demande juste le respect de nos traditions ». Allant plus loin encore, certains estiment que, dans le sillage de la corrida, c’est l’interdiction de la chasse, sous toutes ses formes qui se profile, ajoutant : « L'objectif d’/Aymeric/ Caron, c'est de supprimer toutes les passions rurales qui touchent à l'animal. » (art. cité)

 

- Mais d'autres encore, plus modérés, prônent l’indifférence prudente : « Laissons la corrida glisser toute seule dans la poubelle de l’histoire » disent-ils. Selon eux, les cultures des sociétés occidentales contemporaines évoluent vers un rejet de la souffrance animale, principalement lorsqu'elle est infligée par la cruauté des hommes, et plus encore quand il s’agit d’un but ludique : là, c’est le sadisme qui est convoqué pour expliquer ce plaisir jugé morbide.

Cette évolution entamée depuis très longtemps, peut-être plus d’un siècle, permet aussi de rejeter l’argument de la tradition invoquée pour associer la corrida à l’identité culturelle : l’histoire montre que les plus enracinées de ces coutumes peuvent le moment venu tomber en totale désuétude : « On a bien interdit les duels, pourquoi pas la corrida ? »

Dans ce cas, la seule question est de savoir si le moment propice est arrivé : pour cela rien ne vaut l’expérience d’un projet de loi débattu et voté par l’Assemblée nationale.

samedi 19 novembre 2022

Rwanda terre d’asile – Chronique du 20 novembre


 

Bonjour-bonjour

 

La nouvelle est reprise périodiquement depuis quelques semaines : Londres se proposerait d’envoyer les migrants indésirables sur son sol non pas dans leur pays d’origine, mais au Rwanda qui accepterait de les accueillir comme réfugiés. Sur la réalité de la situation au Rwanda pour les réfugiés déjà installés, lire ici cette info qui date de septembre.

 

Bien entendu l’accord des intéressés ne serait pas requis, puisque le pays hôte déclare être prêt à les accueillir à bras ouvert – sous réserve qu’ils soient travailleurs car il n’est bien sûr pas question de les laisser flemmarder dans un pays qui les reçoit comme de futurs citoyens.

A certains égard ce projet rappelle le régime nazi qui, à ses débuts, songeait à déporter les juifs quelque part en Europe centrale, puis à Madagascar. On sait ce qu’il en fut et aujourd’hui la Cour européenne des droits de l’homme bloque le projet, mais on sait qu’après tout les britanniques ne font jamais que ce qu’ils veulent. D’ailleurs on cite comme modèle très inspirant l’Australie qui a déjà choisi cette « solution » pour se débarrasser les migrants indésirables (Lire ici).


Après tout ce qu’on a dit de ce projet, le seul commentaire qui me vienne, c’est que ces hommes et ces femmes sont désormais des objets dont on fait à peu près ce qu’on veut. On ne cherche certes pas à les anéantir, mais on se permet de les utiliser comme épouvantail propres à décourager les futurs candidats à la migration. 

- On évoquait Hitler mais c’est plutôt à Staline qu’il faudrait maintenant penser, avec ses déplacements massifs de populations. En tout cas, ce projet londonien est à n’en pas douter un test pour l’avenir qui nous promet 700 millions de réfugiés climatiques.

 


Vu ici

vendredi 18 novembre 2022

Monsieur Proust, STP, un peu plus courtes, tes phrases ! – Chronique du 19 novembre

Bonjour-bonjour

 

C’était hier l’anniversaire des 100 ans de la mort de Marcel Proust, raison pour laquelle on parle de lui et de son œuvre un peu partout, y compris dans des journaux qui n’en sont pas coutumiers.

- Cet anniversaire est l’occasion de rappeler la première phrase de l’incipit de son œuvre majeure, comme une invitation à lier les 3000 pages suivantes. J’y ai moi-même fait allusion, je n’y reviens pas.

Mais l’article que j’ai consulté est bâti sur une autre ligne : il veut souligner l’effort titanesque que représente une telle lecture, en opposant les 8 mots la courte phrase qui ouvre le livre (« Longtemps je me suis couché de bonne heure »), au caractère torrentiel des périodes qui suivent – qu’on en juge : « Si l’on additionne le contenu des sept tomes, 3 000 pages, 1 300 000 mots et 9 609 000 caractères écrits et publiés pendant plus de quatorze ans, le chef-d’œuvre de Proust est un pavé monumental. Dans ce livre littéralement hors norme, les phrases comptent, en moyenne 43 mots, contre une vingtaine en moyenne chez les écrivains de langue française. Dans « Les Misérables » de Victor Hugo, la phrase la plus longue contient 823 mots mais Marcel Proust, champion des points-virgules, fait mieux dans « La Recherche », puisque l’on trouve dans Sodome et Gomorrhe une phrase de 856 mots ! »

 

Proust n’est pas le seul à présenter cette particularité :

            * Kant a eu aussi le même problème : un de ses amis lui disait « Emmanuel, quand je lis une phrase, je mets un doigt sur le sujet, un doigt sur le verbe, un autre sur le complément d’objet… Avec tes phrases, je n’ai jamais assez de doigts pour aller jusqu’au bout ! »

            * Quand à James Joyce on sait que le Monologue de Molly Bloom qui constitue le 18ème et dernier « chapitre » d’Ulysse comporte une seule phrase de 50 pages. (Lire ici la version originale)

Il est vrai que ces phrases ne sont pas toutes de la même facture : si celles de Joyce sont particulièrement déstructurées, ce n’est pas, du tout le fait de Proust. L’article cité évoque l’usage des points virgules qui scandent le texte comme autant de repères pour soulager la mémorisation de la structure grammaticale (où donc est le sujet ? De quoi parle ce verbe ?) - Il faut lire Proust pour se rendre compte que ce n’est pas du tout ça : les phrases de Proust sont structurées de façon à s’ouvrir à des découvertes, des sensations, des idées qui ne pouvaient pas être là dès le début, quand la phrase a été commencée : les phrases de Proust sont remarquables par leur parenthèses où viennent se loger ces observations, ce qui les contraint à une longueur inusitée.

La parenthèse chez Proust est si importante que la Recherche est elle-même construite sur une vaste parenthèse, qui s’ouvre au début du tome premier, après le passage sur la petite Madeleine, et qui se referme, 2500 pages plus loin, avec le dernier volume, intitulé bien entendu « Le temps retrouvé » Au point que l’interprétation du passage sur la "petite madeleine" se trouve quelque part dans ce volume consacré au vieillissement des personnages rencontrés durant le roman.

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N.B. Je note également que Proust partage avec Joyce, justement, le « privilège » d’avoir été barré par un écrivain célèbre : Proust pour le Goncourt par Gide ; Joyce pour le manuscrit d’Ulysse (par ailleurs interdit pour obscénité) dont la publication fut rejetée par Virginia Woolf.

jeudi 17 novembre 2022

Plus d’État = moins de violence…. Ou pas ? – Chronique du 18 novembre

Bonjour-bonjour

 

Un animateur qui insulte un député sur un plateau de télévision, des rappels au règlement à la chambre des députés pour mauvaise conduite, une « hystérisation » des débats, plus personne ne songeant à argumenter ses opinions – bref : en France on n’utilise plus son néocortex (= contrôle de soi), mais essentiellement les zones responsables des émotions (= à peu près tout le reste du cerveau !)

L’État reste le responsable de l’ordre dans les sociétés humaines, raison pour laquelle la totalité de la violence légitime lui est dévolue. Pourtant, il ne peut tout faire quand ça fuse de partout mais il le devrait : telle est l’opinion qui se manifeste aujourd’hui. Plus d’État = moins de violence, tel est l’adage qui traine un peu partout.

 

- Le problème c’est que lorsqu’un comportement aussi délétère apparait dans la plupart des couches de la société, il est rare que l’État soit à l’abri d’un tel dérèglement, surtout dans les démocraties, ainsi que le populisme auquel elles sont vulnérables le montre. 

Faut-il s’en désoler ? Remarquons que les émotions qui sont responsables des échecs de l’ordre public, sont aussi là quand il faut réagir à l’encontre de ces désordres. Les marches blanches lors des assassinats odieux de jeunes enfants, les manifestations banderoles en tête pour dénoncer les bavures policières, les campagnes de presse pour montrer les ravages de la pauvreté et de son injustice : oui, tout cela n’arriverait pas sans les émotions.

Il y a 3 siècles, dans son Discours sur l’origine de l’inégalité, Rousseau dénonçait les effets de la rationalité dans la vie sociale : il imagine le philosophe, alors qu’on s'étripe et qu'on égorge sous ses fenêtres, se couchant tranquille en disant « Meurs, je suis en sécurité ! »

Oui, l’éloge du néocortex a ceci de trompeur qu’il ne nous parle jamais des souffrances et des terreurs des victimes, mais seulement de l’effet de leur existence sur le reste de la société.

Comment faire ? Ou plutôt comment faire avec l’un sans l’autre ? Car là est le point : l’homme n’est pas fait de deux entités avec une muraille de Chine pour séparer l’une de l’autre : il doit à la fois éprouver des émotions, sinon il n’est plus qu’une machine – mais il doit aussi raisonner et les contrôler, sans quoi il cède à cette hystérie dont on se plaint aujourd’hui.

Voilà : c’est une platitude ? Sans doute, mais avouez que la réalité nous engage à réfléchir sérieusement à cette banalité-là.

mercredi 16 novembre 2022

Vous reprendrez bien encore un document ? – Chronique du 17 novembre

Bonjour-bonjour

 

Ah… Le bibliothèques publiques, voilà un endroit où j’aime me retrouver à musarder entre les rayons, soulever la poussière de certains ouvrages peu empruntés, et retrouver le passage de nombreux lecteurs sur les pages cornées de vieux exemplaires…

Raison pour laquelle j’ai aimé cet article : « L’iconique bibliothèque de Brooklyn dévoile le livre le plus emprunté en 125 ans : c’est un livre pour enfants qui gagne sa première place. « Max et les Maximonstres » de Maurice Sendak. La bibliothèque possède 145 copies physiques de cet ouvrage, ainsi que cinq versions audio. » (Lu ici)

Pourquoi parler de la bibliothèque de Brooklyn ? 

Déjà, remarquez qu’elle ne passe pas inaperçue :

 


- Ensuite, parce qu’elle est la 5ème plus grande du pays

- Et aussi parce qu’on y lit et emprunte des livres depuis 125 ans. 

- Et surtout parce qu’on voit que les livres pour la jeunesse sont parmi les plus fréquemment empruntés.

Car en France la situation des bibliothèques n’est pas très florissante : c’est ainsi que les bibliothèques publiques ont été remplacées par des médiathèques – et ce n’est pas qu’une affaire de mot, car on y trouve moins de livres mais essentiellement  des « documents » , qui peuvent être aussi bien des livres que des disques ou des vidéos. Quand je pénètre dans une médiathèque dont l’accueil est truffé d’ordinateurs, mon cœur saigne…

o-o-o

Je méditais hier encore sur la place du livre dans ma vie alors que je réorganisais ma bibliothèque personnelle : combien de livres dont je ne veux plus, parce que je sais que jamais je ne les relirai, faute d’intérêt pour un contenu trop mince. On s’extasie devant les livres d’autrefois qui traversaient les siècles, constituant un patrimoine qu’on se transmettait de génération en génération. Pourquoi les choses ont elles changé à ce point ? Avons-nous une raison de croire que les nanars publiés aujourd’hui n'aient pas constitué des fond de tiroir d’autrefois ? J’aime croire qu’ils ont bien existé mais seulement à l’état de manuscrits que personne n’aurait songé à publier. Or c’est aujourd’hui où la pérennité du livre est menacée comme jamais, à la fois par les éditions numériques, mais aussi par le fait que les images remplacent à présent le texte – c’est aujourd’hui, dis-je qu’on édite le plus de titres dont la médiocrité décourage le lecteur.

Il n’y a que demi-mal direz-vous, dans ce flot se trouvent sans doute des pépites qu’il suffit de repérer pour les sauver de l’oubli. Car en effet, si on édite à tour de bras, on doit aussi publier les chef-d ’œuvres qui auraient été rejetés autrefois. Aujourd’hui, Marcel Proust (dont on célèbre le centenaire de la mort) aurait peut-être trouvé plus facilement un éditeur pour du Côté de chez Swann – mais c’est bizarre, je n’en ai trouvé aucun cette année.

Si vous en avez repéré un, prévenez-moi. 

mardi 15 novembre 2022

8 milliards d’êtres humains sur Terre – Chronique du 16 novembre

Bonjour, petit homme !

Oui, toi – c’est à toi que je cause, le petit enfant né je ne sais-où et dont je ne connais même pas le sexe : c’est toi qui viens juste de faire passer l’humanité au-dessus des 8 milliards d’humains. On s’y attendait pourtant, mais la découverte de ta naissance a été un choc : pour la toute première fois, c’est à l’échelle du monde entier qu’on se demande s’il ne faudrait pas arrêter de faire des enfants.

Ton arrivée sur terre serait donc une mauvaise nouvelle ? Façon de dire que tu n’y es pas le bienvenu, parce qu’on n’a plus rien à te donner à manger, et que le carbone que tu vas générer va finir d’empoisonner la terre.

 

- Faudrait-il donc arrêter de faire des enfants ? « En France, on est déjà en surnombre », estime l’expert Michel Sourrouille. D’ailleurs, « en France, 24 % de personnes de 18 ans remettraient en question leur désir d’enfant par crainte du réchauffement climatique et de ses conséquences » ( sondage réalisé en octobre 2019 » à lire ici)

Mais, la réalité est que si l’on prenait des mesures de limitation des naissances ce n’est pas avant un siècle qu’on aurait des résultats probants ; et d’ici là, les ravages dus au désordre climatique auraient fini de détruire une bonne partie de la planète.

C’est ce qu’il faut comprendre : en matière de contrôle du climat, 

            * Il n’y a pas de marche arrière : ce qui a été perdu le restera sans doute pour des millénaires.

            * Le freinage de la production de CO2 ne peut pas non plus se faire dans l’année qui vient, ni dans les 50 années à venir.

D’ailleurs, pour Emmanuel Pont, ingénieur et auteur du livre « Faut-il arrêter d’avoir des enfants pour sauver la planète ? » le problème est moins la hausse de la population que nos façons de vivre et de consommer : « Il faut changer nos modes de vies, les mécanismes politiques, économiques de la société, la répartition des pouvoirs et des richesses entre les pays, la culture consumériste ».

 

-->  Donc, faites des enfants tant que vous voudrez, le plus important étant de limiter la production de CO2 : plus de couches jetables, pas de lait industriel : nourrissez vos enfants au sein et mettez leurs des couches que vous allez laver sans lessive avec l’eau du rinçage de la salade. 

 


 2100 : la famille Dupond vous salue !

lundi 14 novembre 2022

Travailler moins pour vivre plus – Chronique du 15 novembre

Bonjour-bonjour

 

Ça y est, les amis – J’ai enfin appris ce que signifie le verbe « chiller » ! Lorsque nos ados disent : « Je vais à la brass’ pour chiller avec des potes », ça veut dire « Je vais prendre du bon temps, ne rien faire, et même faire la fête »

Ce nouveau vocable est devenu tendance depuis quelques jours, quand une enquête sur l’attitude des français par rapport à leur travail a mis en évidence le progrès du « quiet quitting » terme signifiant qu’on va mettre au premier plan les loisirs au détriment du travail. D’ailleurs, ce terme anglais montre que le phénomène a sévi aux Etats-Unis avant de venir jusque chez nous.

Alors, c’est vrai depuis le confinement et le télétravail le rapport à l’entreprise s’est anémié : plus de réunions avec les collaborateurs, plus de regard polisson sur le décolleté de la voisine de bureau - ou sur le croupion du stagiaire (= parité oblige), plus de repas à la cantine à midi avec les collègues. Mais tout cela n’est que détails devant une situation beaucoup plus profonde qui fait qu’à présent, la vraie vie est ailleurs que dans l’atelier ou l’entreprise, et que même l’argent ne suffit plus pour compenser le temps à vivre rongé par le taf (1). On a d’ailleurs entendu parler depuis longtemps de ces jeunes médecins qui ne veulent plus de semaine de 60 heures comme leurs ainés. Ils veulent, comme tout le monde, avoir du temps pour vivre avec leur famille et leurs amis le week-end ou à l’heure de l’apéro ; certains prétendent même pouvoir aller chercher leurs enfants à l’école.

- J’en étais là de mes réflexions quand je lis ceci : « Le patron de Tesla, Elon Musk, comparaît devant la justice américaine cette semaine, accusé par un actionnaire d'avoir frauduleusement "gonflé" sa rémunération - 56 milliards de dollars - alors même qu'il ne se consacre qu’à temps partiel à Tesla. » « Quoi ? », me dis-je « Elon Musk, lui aussi veut chiller ? Il n’accorde à son entreprise que des miettes de son temps ? Et que fait-il avec le reste ? Joue-t-il au baseball ? Drague-t-il des minettes ? Est-il en congrès avec ses ingénieurs ? »

Je ne sais – Par contre je sais que ce que les actionnaires lui reprochent c’est justement ça : qu’il ait du temps libre au-delà du temps contraint pour lequel il est payé. Marx analysant le salaire disait en substance que l’ouvrier loue sa force de travail à son patron en sorte que celle-ci soit entièrement dépensée au cours de la journée, le reste du temps étant exclusivement consacré à la reconstitution de ces forces pour recommencer le lendemain – le coût de cette compensation étant la mesure du salaire « naturel ».

La formule bien connue du temps de Nicolas Sarkozy « Travailler plus pour gagner plus » et devenue « Travailler moins pour vivre plus » : c’est quand même étonnant de voir que depuis le 19ème siècle, les revendications des travailleurs n’ont pas changé – et que même la société de consommation n’y a rien fait du tout !

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(1) « Taf » = Travail à faire. Je parle jeune aujourd’hui.