Bonjour-bonjour
Connaissez-vous quelque chose de plus horripilant que les « tics de langage » qui viennent émailler certains propos et rendre l’échange déplaisant ? Je vous propose un petit voyage dans le domaine de ces tics, en suivant cet article fort bien documenté centré sur l'expression "du coup".
- Les « tics de langage » : cette dénomination désigne des expressions qui fonctionnent comme des « mots béquilles » qui « remplissent un vide » et sur lesquels « on s'appuie quand on cherche quelque chose à dire » (ref. art. cité). On se souvient encore de l’abus de la préposition « voilà » utilisée à toute occasion pour dispenser leur utilisateur de terminer une phrase un peu compliquée. De la même manière, « du coup » permet de sauver la face, d'éviter le silence, de montrer qu'on maîtrise les codes implicites du dialogue. Il est un marqueur de coprésence, de continuité de l'échange.
- Mais ce n’est pas tout. Certaines locutions apparaissant comme tics de langage sont en réalité beaucoup plus que cela. L’article cité prend comme exemple la formule « du coup », dont la fréquence d’utilisation a été fortement marquée au cours des derniers décennies
« Dans 82% des cas, l'expression « du coup » apparaît en position frontale dans l'énoncé, agissant davantage comme amorce de parole que comme véritable lien logique. »
De plus, l'expression « du coup » est un marqueur qui signale l’appartenance du locuteur à un groupe linguistique : ici, il s’agit du français « de France » dont il est un marqueur comme « une fois » pour un belge. Plus généralement, les « tics de langage » peuvent fonctionner comme des marqueurs d'appartenance à un groupe sociologique ou générationnel. La génération qui emploie massivement « du coup » souligne inconsciemment son inscription dans l'époque contemporaine.
On pourrait poursuivre l'énumération de ces caractéristiques et on le fera en suivant cet article et les liens qu’il propose. Reste que ces locutions rituelles sont au service de trop de fonctions différentes pour être jugées en bloc. Pourrions-nous les supprimer toutes qu’on serait bien embarrassé de savoir comment ponctuer nos phrases et les rendre intelligibles.
- Un peu de tolérance : acceptez de parler à ces gens-là qui suspendent leurs phrases à un joker tel que « voilà ».