samedi 27 avril 2024

Une petite histoire du P.Q. – Chronique du 28 avril

Bonjour-bonjour


Le dimanche, jour de loisir : c’est l’occasion de se cultiver. L’actualité nous offre un article détaillé sur l’histoire du … papier hygiénique. Et c’est vrai : la plupart d’entre nous connaissent le chapitre 13 du Gargantua où Rabelais détaille avec de gigantesques listes de matériel plus ou moins adapté, les méthodes pour se « torcher le cul ». Plaisante énumération calquée sur les études systématiques de la scolastique et ridiculisées par cette application.

Mais on oublie facilement que cette faculté de rafraichir son hygiène était encore problématique au 16ème siècle, comme en témoigne cette brève histoire :

- Chez les Grecs, la haute société utilisait des feuilles de poireaux, quand la population s’essuyait, semble-t-il, avec ses vêtements ou des cailloux lisses.

- La noblesse romaine bénéficiait déjà d’objets plus doux comme des serviettes en tissu ou en laine.

- Au Moyen Âge, on se sert de ce que l’on trouve dans la nature : des feuilles d’arbre ou du foin sont utilisés pour s’essuyer.

- Vers le XVIe siècle, les plus aisés s’offraient le luxe d’utiliser des bouts de tissus en lin et chanvre, voire pour certains en velours

- Au XVIIe siècle la grande invention qui révolutionna le lavage des fesses fut le bidet

- Les premiers à utiliser du papier pour l’hygiène intime sont les Chinois, dès le Ve siècle

- En 1857, l’Américain Joseph Gayetty propose pour la première fois du papier en feuilles volantes imprégnées à l’Aloé, dit "papier thérapeutique", ancêtre du papier toilette que l’on connaît aujourd’hui. (Tout ceci détaillé dans l’article cité)

 

Et qu’en dit le philosophe, convoqué pour donner un peu de hauteur à ces informations ?

Deux choses : 

- D’abord que l’hygiène a été durant toute l’histoire un souci des hommes : malgré la diversité des moyens c’est d’abord la constance du besoin qui frappe l’observateur.

On sait que le chat, chasseur d’affût, supprime ses odeurs corporelles qui trahiraient sa présence.

 


Il est vrai que la nature l’a doté d’une souplesse dont nous ne bénéficions pas

- Ensuite nous sommes intrigués par l’omniprésence de ce besoin : quel intérêt pour l’espèce ? Serions-nous les lointains héritiers de chasseurs pour qui, comme pour le chat, le fait d’être inodores aurait été un avantage ?

vendredi 26 avril 2024

Demain, qui va passer la bâche et torcher les mioches ? – Chronique du 27 avril

Bonjour-bonjour

 

Les opinions politiques sont de plus en plus genrées, entendez que les femmes sont plus progressistes et les hommes plus conservateurs : telle est l’observation rapportée par cet article du Point

- Alors certes on a beaucoup de nuances à apporter, mais pour l’essentiel, la conclusion est que chez les jeunes l’écart entre hommes et femme se creuse quant aux pratiques, opinions prises de positions. 

« Renvoyer tous les bateaux de migrants, généraliser l’écriture inclusive dans les administrations, interdire le port du voile dans l’espace, public : sur ces sujets, un jeune de 20 ans a statistiquement plus de chances de tomber d’accord avec sa grand-mère qu’avec sa petite amie. » (Article cité)

 Faut-il en être surpris ? Lorsque dans une société inégalitaire les positions bougent et qu’en particulier les dominants perdent leur situation, il ne faut pas s’étonner qu’ils deviennent conservateurs, alors que réciproquement les bénéficiaires du changement soient résolument progressistes. Et cela dans tous les domaines, y compris dans ceux qui semblaient n’avoir aucun rapport avec les privilèges menacés. On se rappelle que Sandrine Rousseau avait fait rire à ses dépens lorsqu’elle avait qualifié la côte de bœuf grillée sur le BBQ de pratique genrée. Elle serait peut-être moins ridicule à présent.

- Tout cela parait bien banal et on peut dire que nous aurions dû nous y attendre. Mais à ce compte nous devrions pouvoir anticiper : que vont devenir les hommes ? Vont-ils devoir se soumettre à leur tour à la domination féminine ? Après le #metoo féminin, aurons-nous son équivalent masculin, avec des hommes obligés de faire les courses, passer la serpillère et ranger la vaisselle tout en surveillant les gamins, pendant que madame avec ses copines fera du shopping végan en centre-ville ?

A vouloir imaginer un renversement trait pour trait des situations homme-femme on risque d’être déçus : l’histoire a un peu plus d’imagination que cela. En revanche la vraie question est de savoir si la position de soumis et d’humilié restera présente et vacante pour de nouveaux occupants ? Et qui donc viendra prendre la place des femmes, contraint de subir les humiliations sans ne rien avoir à dire.

jeudi 25 avril 2024

Après Notre-Dame, le Moulin Rouge : tout f* le camp ! – Chronique du 26 avril

Bonjour-bonjour

 

Bientôt la fin des temps ? Y aurait-il des signes qui nous l’annoncent ?

On pourrait le croire lorsque, après avoir entendu les prophètes de l’économie et ceux qui analysent les mouvement sociaux nous annoncer des catastrophes irréparables, on apprend aujourd’hui que les ailes du Moulin Rouge, le célèbre cabaret, sont tombées au sol

 


Alors que la cathédrale Notre-Dame en cours de restauration, montre encore les stigmates de l’incendie qui a failli la détruire, c’est à présent ce célèbre établissement montmartrois adulé des touristes en manque de sensations affriolantes qui a menacé de disparaitre la nuit dernière.

- Si je me permets de faire cette comparaison, c’est que ces deux accidents se ressemblent étrangement : ils sont tous les deux inexpliqués. Malgré des enquêtes très poussées, l’incendie de Notre-Dame reste sans origine connue ; quand à l’envol des ailes du Moulin-Rouge, le contrôle technique de routine effectué le mois dernier n’avait rien signalé d’inquiétant.

Devant cette énigme, le complotisme est une attitude bien tentante : n’y aurait-il pas là une preuve que des forces occultes nous gouvernent et nous envoient des signes pour nous avertir que nous dévions du droit chemin ? 

Des signes… Oui, mais que nous disent-ils ? Que notre civilisation va à sa perte en acceptant des migrants pollueurs de civilisation et des avorteuses qui bafouent la règle sacrée du respect de la vie offerte par Notre-Seigneur ?

A moins qu’il ne faille voir là un signe envoyé par la planète pour nous faire savoir qu’elle ne nous supporte plus ?

Il n’est pas sûr qu’il suffise de bien voter pour calmer ce courroux de ces forces supérieures.

…. Quelques sacrifices humains ne seraient-ils pas opportuns ?

mercredi 24 avril 2024

Des stages pour éviter la voyouterie – Chronique du 25 avril

Bonjour-bonjour 

 

Comment arrêter les mineurs sur la voie de la délinquance et les remettre dans le droit chemin ? On sait que la méthode du gouvernement est plutôt répressive, mais voilà que son action s’engage à présent dans la voie de la prévention.

« M. Attal propose de réserver les « 50 000 places d’internat disponibles » à des « jeunes sur la mauvaise pente », pour les « couper de leurs fréquentations » et les empêcher de « plonger dans la délinquance ». Le stage prévoit des cours d’histoire de France, l’apprentissage de La Marseillaise, le nettoyage de tombes de morts pour la patrie, mais aussi du sport et du théâtre, de la sensibilisation aux méfaits des drogues, de l’addiction aux écrans, de la désinformation ou encore du harcèlement. » peut-on lire dans cet article.

 

Relisons calmement : 

* Les jeunes en passe de devenir des voyous en seront empêchés s’ils apprennent l’histoire de France : je suppose que savoir d’où vient leur pays facilitera leur inscription dans sa trajectoire.

*  Pour cela ils devront aller nettoyer les tombes des morts pour la Patrie. Je ne sais pas qui a inventé cette humiliation, mais il avait sûrement lu Pascal – lequel demande aux athées de se mettre à genoux et de prier pour trouver la foi.

* Plus positivement apprendre la Marseillaise – sans doute pour avoir envie d’égorger les ennemis de la Patrie ; et puis faire du sport pour gagner l’esprit d’équipe, le sens de l’effort et du dépassement de soi-même ; et du théâtre – là je suis incapable de vous dire en quoi ça peut changer leur destinée (sauf à croire que ça a été imaginé pour faire plaisir à madame Macron)

* Ils devront aussi se soumettre à des stages de sensibilisation aux méfaits de la drogue, des écrans, du harcèlement etc. La méthode est déjà appliquée aux automobilistes en passe de perdre leur permis. 

 

Bref, on fait de la pédagogie parce qu’on croit sans doute que ces jeunes pré-délinquants sont simplement des ignorants et que le bien commun les indiffère seulement parce qu’ils ne l’ont pas rencontré. Encore une croyance du pouvoir qui ne peut imaginer qu’on résiste à ses décisions autrement que par ignorance de ses bienfaits.

A quand des internats pour contribuables récalcitrants ?

mardi 23 avril 2024

À Reims, un projet peut en cacher un autre – Chronique du 24 avril

Bonjour-bonjour

 

Permettez-moi de donner pour une fois des nouvelles de ma bonne ville de Reims, laquelle est en émoi : la municipalité a décidé de détruire le pont le plus important de la ville qui enjambe l’autoroute et le canal qui la traversent pour le remplacer par une passerelle et des espaces verts – et ça commence dans un mois.



Selon la Municipalité, « ce projet vise à connecter la ville à l’eau et à la nature tout en développant les activités de loisirs autour de la halte nautique. » (Lire ici)

Bien entendu les opposants n’en démordent pas : ce pont a pour objet de permettre la circulation entre les deux parties de la ville et non de faire joli dans le décor.

Posé comme cela, on voit que ce sont deux philosophies de la ville qui s’opposent : l’une, qui est hédoniste, délaisse les besoins pauvrement utilitaires ; l’autre estime que ces besoins passent avant le souci de rendre la ville plus belle à regarder et plus agréable à vivre 

Le travail s’oppose ainsi aux loisirs, ce n’est pas nouveau. Toutefois il y a un aspect qui reste dans l’ombre, constituant presque un soupçon : et si le projet du Maire était aussi - voire même surtout - de réduire significativement la circulation automobile dans le centre-ville auquel ce pont donne accès ? Après tout un tel projet peut fort bien être soutenu par deux orientations : l’une qui repousse et l’autre qui attire. Repousser les véhicules polluants : attirer les adeptes des centre-ville beaux et ludiques.

Oui, mais voilà : un projet peut surtout servir à en cacher un autre - il n’est pas utile de demander le quel cache et le quel est caché.

lundi 22 avril 2024

Not in my backyard – Chronique du 23 avril

Bonjour-bonjour

 

En France toute réforme un peu contraignante est acceptée… à condition de n’affecter que le voisin. Les anglais ont une formule pour cela : « Not in my backyard », c’est à dire « Pas dans mon jardin ». 

Voilà qui est clair. Appliquons : le déficit des comptes public ne déroge pas à ce principe. Qui doit payer ? Les chômeurs ? Les grosses fortunes ? Les retraités ?

Oui, les retraités qui, par le biais de l’indexation sur l’inflation ont vu leur niveau de vie protégé l’an dernier alors que les actifs, eux, le voyaient chuter. De plus le niveau des économies réalisables sur leur dos boucherait facilement le trou financier. « L'indexation de 5,3 % des pensions, ce sont les 15 milliards d'euros qui manquent dans le budget 2023 », estime François Ecalle, ancien conseiller à la Cour des comptes. (A lire ici)

L’idée a germé et s’est répandue au sein de l’exécutif : Thomas Cazenave, le ministre délégué chargé des Comptes publics, a suggéré, pour limiter les dépenses, de sous-indexer les retraites dans le futur budget 2025. Colère du chef de l’État : « Arrêtez de sortir des mesures qui n'ont même pas été évoquées, sauf si vous voulez à coup sûr perdre les élections ! ». (Art. référencé)

 

La question est triple : quelle mesure choisir : celle qui serait juste ; celle serait efficace ? Et enfin, la quelle assurerait un bon rendement électoral ?

La réponse est : ça dépend. Vérifions selon les trois critères que nous venons de dégager à propos des retraités :

1° L’efficacité : Plumer les retraités serait certes efficace mais ruineux politiquement. Colbert le disait « L'art de l'imposition consiste à plumer l'oie pour obtenir le plus possible de plumes avec le moins possible de cris. »

2° La justice : Il ne suffit pas qu’une mesure soit efficace, encore faut-il qu’elle ne contredise pas nos valeurs fondamentales. Supposé que l’assassinat de certains citoyens soit la condition du redressement des comptes publics, ces crimes ne pourraient être commis sans faire basculer le pays dans la barbarie.

3° La popularité : on voit bien en quoi consistent le soucis des hommes et des femmes qui nous gouvernent : qu’importe l’efficacité ou la justice des mesures envisagées ; en termes d’importance, la seule efficacité significative est électorale : permettre de rester au pouvoir. Machiavel n’a jamais dit autre chose.

 

Maintenant supposez qu’on dise : surtaxons les travailleurs immigrés, et nous boucherons le trou des comptes publics. Là tout le monde applaudirait, car personne n’a de migrant dans sa « backyard »

dimanche 21 avril 2024

Sicut umbra, dies nostri – Chronique du 22 avril

Bonjour-bonjour

 

Je tombe ce matin sur cet article qui évoque un tableau peu connu de Claude Monet intitulé « La pie » et qui est exposé au musée d’art Roger-Quilliot de Clermont-Ferrand du 8 mars au 30 juin 2024 dans le cadre de l’exposition Neige, en partenariat avec Orsay.

 

 

Claude Monet, tableau peint à Étretat en 1868-1869

 

L’auteur de l’article met l’accent sur la manière dont ce tableau a été reçu à l’époque, surprenant le public par sa tonalité claire loin des paysages bitumineux alors très courants. Et puis la leçon que donne Claude Monet : non, la neige n’est pas blanche, elle reflète toutes les couleurs de la palette du peintre.

Mais surtout, fidèle en cela à l’idéal impressionniste, Monet donne à voir ce que l’instant a de plus furtif : un oiseau perché sur une barrière et prêt à chaque seconde à s’envoler. Le peintre saisit l’instantané de la vie, sans doute parce que là est l’essentiel.

 

-  C’est ici que le philosophe réagit : l’art a la responsabilité de nous donner une vision solidaire de la réalité de la vie en forgeant à travers ses œuvres des images qui en témoignent. Ainsi de ce tableau où le détail devient l’essentiel : tout ici est changeant, aussi bien l’oiseau sur la barrière que la neige qui va fondre. Mais n’est-ce pas aussi ce que nous donnent à voir nos sensations, toujours changeantes, selon l’heure, la lumière, mais aussi selon notre état d’esprit ?

La sagesse antique tirait de cette instabilité une leçon d’humilité : « Sicut umbra, dies nostri » (Nos jours sont comme l'ombre) disent sentencieusement les cadran solaires. Avec l’impressionisme c’est précisément cette variabilité qui donne de la valeur à l’existence.

Telle est du moins la leçon de La Pie

samedi 20 avril 2024

Ricardo, Marx, Michelin : une même théorie du salaire – Chronique du 21 avril

Bonjour-bonjour

 

Le groupe de pneumatiques Michelin a annoncé mercredi à Clermont-Ferrand la mise en place d’un salaire "décent" et d’un "socle de protection sociale universel" pour ses 132 000 salariés dans le monde.

Salaire décent… Le salaire minimum – alias SMIC – ne serait donc pas « décent » ?

Lisons (ici) la définition : « Le salaire décent ("living wage" en anglais) doit permettre de couvrir les besoins fondamentaux d'un individu – comme le logement, les repas, la santé et l'éducation - et des personnes dont il ou elle a la charge. » 

 

Vous voyez la différence ? Non ? Réfléchissez : alors que le SMIC est un montant minimum, certes, mais identique d’un bout à l’autre de la France, voici que le salaire décent garantit la satisfaction de certains besoins fondamentaux quel que soit le lieu considéré. On sait par exemple que se loger et se déplacer en Ile-de-France coûte plus cher que partout ailleurs : les smicards francilien ne peuvent couvrir leurs besoins avec leur salaire alors que c'est possible ailleurs.  Le salaire décent de Michelin est ainsi évalué jusqu’à trois fois le SMIC.

Est-ce donc si nouveau que cela ? 

En fait on retrouve la théorie du salaire « naturel » de Marx, lequel la tenait de Ricardo si je ne m’abuse. Il s’agissait de définir la valeur du travail fourni par l’ouvrier, qui se mesure à l’argent nécessaire pour se procurer l’équivalent de ce qui a été consommé durant le travail, à savoir : de quoi se nourrir, se loger et élever les enfants qui, devenus adultes, viendront remplacer leurs pères dans la fabrique. Ce salaire n’est pas soumis aux fluctuations du marché, mais il se mesure aux besoins fondamentaux. (Sur tous ces points on se reportera à Marx dans son ouvrage intitulé Salaire, prix et profiten ligne ici).


On dira qu'il est impossible de mesurer ces besoins fondamentaux parce qu'ils changent avec les époques. 

 

Les besoins fondamentaux fin 19ème siècle

 

Comme on le voit, dès le 19ème siècle il a fallu intégrer un temps de loisir au salaire naturel : il doit permettre de vivre et pas seulement survivre. Le salaire décent de Michelin doit intégrer le cinoche du mois (ou de la semaine ?)


- Alors, nous n’aurions donc rien inventé depuis1865, date de la publication du livre de Marx ?

Si fait : nous avons inventé le juste partage des profits entre les actionnaires et les ouvriers ; et pour cela nous avons aussi inventé la participation des employés à la gouvernance de l’entreprise. Mais c’est là que ça coince un peu…

vendredi 19 avril 2024

Et le sexe dans tout ça ? – Chronique du 20 avri

Bonjour-bonjour

 

Devant la multiplication des épisodes de violence, que ce soit du fait de guerres ou dans les relations sociales gangrénées par le fanatisme, beaucoup s’interrogent : d’où vient cette prédilection de l’humanité pour son autodestruction ? Et comment se fait-il que malgré cela l’humanité persiste et prolifère, atteignant un chiffre astronomique qui risque de menacer la survie de l’espèce par l’impossibilité de nourrir tous ces gens ?


C’est Malthus qui le premier a posé le problème en 1798 dans son ouvrage fondateur « Essai sur le principe de population ». Il y démontrait que l’équilibre entre une population et les ressources du milieu s’établissait à un niveau très bas, de sorte que les peuples parvenus à ce point ne pouvaient qu’à peine subvenir à leurs besoins. Il préconisait donc de contrôler les naissances afin maintenir le chiffre de la démographie en deçà de cette situation de survie misérable.

En sorte que d’un côté l’espèce humaine a tendance à proliférer, mais de l’autre il lui faut aussi un penchant à l'auto-destruction afin de purger l’excédent de population.


--> D’un côté les femmes qui font des enfants, de l’autre les hommes qui les détruisent.

Ce que les artistes ont exprimé sans détour : 

 

 

A gauche l’Origine du monde (Courbet) – A droite l’origine de la guerre (ORLAN)

 

Certes nous devrons affiner l’analyse : la sexe masculin a deux fonctions bien distinctes : d’une part procréer, et d’autre part susciter la violence par les hormones qu’il secrète.

Mais c’est l’occasion de comprendre que, si la nature nous a dotés comme toutes les espèces de la faculté de nous perpétuer, elle nous a aussi donné les hormones de la violence et de l’autodestruction. 

Vous détestez la guerre ? Alors, castrez les messieurs ; mais alors dites adieu à l’espèce humaine.

jeudi 18 avril 2024

Le Flic-de-Matignon – Chronique du 19 avril

- Bonjour les petits enfants ! Vous me reconnaissez ?

- Ouiiiiii !

- Et vous savez comment je m’appelle ?

- Guignoooool !

- Voilà, les petits enfants : aujourd’hui le Gendarme a pris le pouvoir, il règne sur Matignon – Vous savez ce que c’est que Matignon ?

- Non !!!!

- C’est de là que tous les flics, les argousins, les procs de France sont commandés, pour vous fliquer, vous condamner, vous embastiller.

- Houhhhhh ! Sors ton gourdin Guignol !

 


- Écoutez, les petits enfants quand vous verrez le Flic de Matignon, il faudra me prévenir.

- Oui, Guignol on te dira

- Mais pour cela il faudra aussi savoir le reconnaitre.

- …

- Alors voilà : ce Gendarme-là, ce n’est pas n’importe lequel. C’est celui qui veut :

- Fournir aux parents une « aide à la punition »

- Créer des « internats d’office »

- Effectuer des retrait de points au bac ou au brevet pour les « fauteurs de trouble »

- Supprimer l’excuse de minorité

- Instituer une comparution immédiate pour les mineurs

- Au secours Guignol, il arrive !

mercredi 17 avril 2024

Carlos Tavares : 100000 € par jour – Chronique du 18 avril

Bonjour-bonjour

 

Vous en avez peut-être les oreilles encore bourdonnantes : le salaire de monsieur Tavares, le patron de Stellantis, est tellement exorbitant qu’il a fallu le traduire en montant journalier pour que ça ressemble à une somme qui nous parle : 100000 chaque jour (samedi et dimanche compris). Quand monsieur Tavares se lève le matin, il vient juste de gagner 100000 € qu’il peut dépenser en toute tranquillité dans la journée, car il sait qu’il en aura autant demain matin.

 

Comment justifier une telle somme ? Monsieur Tavares évoque tranquillement son contrat de travail : son salaire y est indexé sur le chiffre d’affaires de Stellantis. Que l’entreprise soit en déficit et il ne touche plus rien du tout tant que les bénéfices ne sont pas revenus. Mais rien n’y fait : ce montant parait toujours injustifiable.

Le philosophe sort alors de sa besace un de ses classiques : il s’agit du Léviathan écrit par Thomas Hobbes en 1651 : ça ne date pas d’hier ! Et que dit Thomas Hobbes ? 

« Le prix ou la VALEUR d'un homme est, comme pour tous les autres objets, son prix, c'est-à-dire ce qu'on donnerait pour avoir l'usage de son pouvoir. » (chapitre 10)

Détaillons :

- D’abord qu’un homme est identifié, pour parler comme Marx, à sa force de travail (« l’usage de son pouvoir »)

- Ensuite le produit de ce travail est identifié à un objet, autrement dit à quelque chose qui s’échange sur un marché. (1)

- Enfin que le montant de cette transaction est équitable lorsque les deux parties tombent d’accord sur son montant.

Très bien. On voudrait maintenant savoir en fonction de quoi les parties en présence tombent d’accord ?

 Cet accord est fonction du retour sur l’investissement que représente ce montant. On compare le salaire de monsieur Tavares avec le « salaire » de Kilian Mbappé : c’est tout à fait juste. Que ce soient les investisseurs du Paris-Saint-Germain ou les actionnaires de Stellantis la question est la même : « Combien gagnerons-nous grâce à cette personne ? »

Le salaire de Calos Tavares est strictement un investissement comme les autres, et c’est pour cela que finalement ce sont les actionnaires qui auront à le justifier – ou pas.

 

Dernier point : on on voudra savoir alors pourquoi les bénéfices réalisés par Stellantis ne sont pas pris en compte de la même façon pour fixer le salaire des ouvriers de l’usine ? Après tout, sans eux, pas de production, donc pas de profit.

2° Reste donc à rappeler un élément déterminant pour fixer les transactions du marché : c’est la rareté. Il est beaucoup plus facile de remplacer un ouvrier qu’un patron efficace. Et ça marche pour tout le monde : qu’on se demande comment est fixé le salaire d’un ingénieur – surtout s’il est informaticien.

C.Q.F.D.

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(1) Pour mémoire Marx n'évoque le marché que pour dire qu'il n'intervient que de façon marginale dans le montant de la valeur d'échange étant entendu que selon lui elle ne représente qu'une fluctuation temporaire.



mardi 16 avril 2024

Chérie, reprends donc une petite bouffée d’ozone – Chronique du 17 avril

Bonjour-bonjour

 

Lu ce matin dans Ouest-France : à cause de la pollution, des mouches se trompent de partenaires sexuels

 

 

Explication : des drosophiles ont été exposées, durant deux heures, à de fortes concentrations d’ozone, ce gaz à effet de serre qui pullule sous l’effet de la chaleur et des vapeurs des pots d’échappement de véhicules. Résultat : les bestioles ainsi shootées émettaient moins de phéromones. Et les femelles, laissées libres de copuler, ont jeté leur dévolu sur des mâles… d’autres espèces. (Art. cité)

Et ce n’est pas fini : la majorité des mouches nées de ces accouplements contre-nature se sont avérées stériles. Seuls sont fertiles les rejetons des couples de drosophila simulans avec les mauritania ou les sechellia (= autres variétés) : les femelles mutantes semblant d’ailleurs plus attirantes que jamais pour leurs homologues mâles.

La transposition chez les hommes est tentante, nous la ferons donc sans hésiter. Car si nous ne disposons pas de récepteurs de phéromones, nous en émettons pourtant et qui sait quel effet leur perturbation peut avoir ? 

Douteux ? Peut-être, mais imaginons alors que notre sexualité soit pilotée par des stimuli à défaut des quels nos choix pourraient errer vers d’autres partenaires devenus d’un coup plus attirants. L’exemple des mœurs dépravés des légionnaires plus attirés par les chèvres que par les femmes des environs ne viendrait-il pas de cette pollution aggravée par la chaleur tropicale ? Et si des singes de la jungle voisine venaient à les tenter, aurions-nous des hybrides pour vérifier leur attractivité ?

L’affirmation selon la quelle les femelles drosophiles sont alors plus sujettes que les mâles à se jeter sur tout ce qui bouge ne fait que redoubler notre trouble : issu d’un désir secret ? Hummmm….

… Fantasmes que tout cela ? Oui, bien sûr… Mais fantasmes réels quand même

lundi 15 avril 2024

À couper le souffle – Chronique du 16 avril

Bonjour-bonjour

 

Un religieux a été poignardé en pleine messe, et quatre autres personnes ont été blessées ce lundi lors d’une attaque dans l'église du Bon Pasteur, une église assyrienne de Wakeley, dans l’ouest de Sydney.

Le service religieux était retransmis en direct sur internet. La vidéo montre un homme s'approchant de l'autel, levant le bras droit et frappant le prédicateur avec un couteau.

 


Le suspect âgé de 15 ans est soigné pour des blessures à la main et a été conduit dans un endroit sûr, l'attaque ayant provoqué la fureur parmi les fidèles. 

 

L’omniprésence de la vidéo nous donne à voir des évènements les plus fugaces et les plus imprévus, allant du simple fait divers à l’évènement historique.

Imaginez un peu. Nous sommes en 1610, le 14 mai précisément. Le roi Henri IV décide de rendre visite à son Ministre Sully qui est malade, mais son carrosse est bloqué, rue de la Ferronnerie, près des Halles et du cimetière des Saints-Innocents, par une charrette de foin qui barre la rue. « Ravaillac, qui n'attendait que cela, se hisse sur un rayon de la roue. Passant le bras par-dessus le duc d'Épernon, il frappe le roi à la poitrine de plusieurs coups de couteau. Il est aussitôt maîtrisé et traîné dans un hôtel voisin puis à la prison de la Conciergerie. Trop tard. Henri IV meurt tandis que le carrosse rebrousse chemin jusqu'au Louvre. » (Lu ici)

Et si, en 1610 comme à présent il y avait eu une caméra de surveillance rue de la Ferronnerie : qu’est-ce que ça aurait changé ? On aurait tout vu, et nous aurions vécu une émotion sans pareil, quelque chose « à couper le souffle » comme on dit aujourd’hui et que nous aurions pu nous repasser en boucle des dizaines de fois. 

Alors bien sûr, dans le même temps nous n’aurions pas eu le loisir de nous demander qu’est-ce que ça a eu comme conséquence pour la France ? Le règne d’Henri IV, bien éprouvé par les guerres de religion et leur conclusion avec l’Édit de Nantes promulgué en 1598 aurait-il pu pacifier la France et lui éviter des déchirements ultérieurs ?

Oui, nous n’aurions pas aujourd’hui le temps de nous intéresser à des questions pareilles : ce que nous voulons, c’est du sang, du sperme et des larmes.

Et pour ça, on peut compter sur les vidéos youtube.

dimanche 14 avril 2024

Le « double bind » du réchauffement climatique – Chronique du 15 avril

Bonjour-bonjour

 

J’ai hésité à vous le dire, mais comme nous sommes lundi, journée de l’énergie et de la robustesse, je peux le faire : La baisse de pollution aggrave le réchauffement climatique. (Lu ici)

 

- Vraiment ? Comment est-ce possible ? 

- Les mesures le prouvent pourtant : le bilan de l’année 2023, année record sur tous les plans est implacable : c’est la plus chaude de l’histoire. Et le contrôle de la qualité de l’air l’établit : c’est – en partie – à cause de la baisse de la pollution.

- Comment cela ?

- C’est que le réchauffement est l’effet de deux mécanismes : l’un qui est dû aux gaz à effet de serre est bien connu. L’autre résulte des aérosols en suspension dans l’air dont la présence dans l’air réfléchit la lumière solaire vers le ciel. En gros, la Terre polluée est plus réfléchissante ; non polluée, elle est plus sombre, et donc elle capte plus la chaleur du soleil. 

o-o-o

Plus de pollution : ça chauffe ; moins de pollution, ça chauffe également. Quoiqu’on fasse on fait également mal. Et ne cherchez pas de solution dans le désespoir de la fuite en avant, du genre : « Puisque c’est manqué, alors allons-y : polluons gaiement », car dans ce cas non seulement vous entretiendrez le réchauffement, mais vous allez accroitre le taux de mortalité par maladie pulmonaire avec un air de moins en moins respirable.

Que faire ?

On est un peu dans le mécanisme du « double bind » qui signifie qu’on ne peut résoudre un problème en restant dans la même logique qui l’a produit. 

La double contrainte donne un exemple classique de l’affirmation d’Albert Einstein selon laquelle « vous ne pouvez pas résoudre un problème avec le même type (ou le même niveau) de réflexion que celui qui a créé le problème » qui a donné naissance à la physique relativiste. 

Un exemple ? Le problème classique du bouddhisme japonais : « Un maître zen ramasse un bâton et le lève sur un de ses élèves, en disant : « Si tu dis que ce bâton est réel, je te frapperai, si tu dis que ce bâton n’est pas réel, je te frapperai avec. Ce bâton est-il réel ou pas ? » Tant que l’étudiant reste au même niveau de pensée que celui que le maître a utilisé pour créer la double contrainte, il est coincé. Si l’étudiant se lève et attrape le bâton, commence à chanter, ramasse son propre bâton et fait semblant de « combattre l’épée », etc., il ou elle a transcendé le double lien et a changé le contexte de la relation. » (Lu ici)

 

- Pigé ? Ce qu’il faut ce n’est pas lutter contre la pollution par la dépollution. Il faut inventer une nouvelle procédure – comme absorber le CO2 tout en diffusant un aérosol de poussières non toxiques, ou de modifier la couleur de l’air…

samedi 13 avril 2024

Comment qu’tu causes ! – Chronique du 14 avril

Bonjour-bonjour

 

La valeur républicaine la mieux établie est sans doute l’égalité – et en particulier l’égalité des chances : que, dès leur plus jeune âge, tous les enfants soient sur la même ligne de départ, quel que soit leur milieu social et le degré d’éducation de leurs parents.

C’est ainsi que l’acquisition du langage est particulièrement scrutée : parmi les acquis légués à leurs enfants par les parents il y a l’apprentissage du langage, d'où proviennent justement des différences importantes de potentiel entre les enfants de milieux différents. Dans la mesure où l’école est supposée combler le déficit de niveau culturel et social pour rétablir l’égalité, il est donc important de bien connaitre la nature de ce décalage.

On lira cet article en ligne qui détaille ces principaux critères d’évaluation, dont je ne reprendrai que quelques aspects frappants.

 

Concernant le langage, l’étude des inégalités dans la petite enfance suppose non seulement d’évaluer la « qualité » linguistique des discours selon des critères comme la richesse du vocabulaire ou le degré de correction grammaticale et syntaxique mais aussi d’envisager le rapport au langage, c’est-à-dire la manière d’utiliser le langage. 

Deux rapports au langage s’opposent. 

* Le premier consiste à traiter le langage en lui-même, comme un objet autonome qui peut être manipulé indépendamment du contexte d’énonciation. On l’a deviné : c’est ce type de rapport au langage que les enfants des milieux favorisés dominent aisément.

* Le deuxième rapport au langage, qualifié de pragmatique, revient à utiliser le langage de manière pratique, pour faire des choses dans des contextes spécifiques. On aura reconnu ce qui caractérise le type de langage usité dans les classes populaires. (D’après l’article cité)

 

Or c’est le premier rapport au langage, qualifié de réflexif, qui est fortement valorisé dans l’ensemble des institutions de la société et tout particulièrement dans le cadre scolaire : on retrouve ici l’injustice commise par les élites qui consiste à retenir comme critère de sélection ce que leurs familles transmettent à leurs enfants et auquel les enfants des autres classes n’ont pas accès (1). 

J’ajouterai que demander à l’école de combler ce retard est vu par les familles des milieux populaires contre-productifs et donc inutile. Ce que ces classes demandent à l’école c’est précisément ce que les enfants des classes aisées n’ont pas besoin d’apprendre parce que tout dans leur vie quotidienne les a habitués à le dominer. 

Et après, comment les petits bourgeois apprennent-ils à performer ? 

- En développant leur imagination ! C’est particulièrement évident lorsque les parents sélectionnent les livres proposés à leurs enfants : aux petits des classes populaires, les livres pédagogiques ; aux autres les livres qui font rêver.

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(1) On retrouve ici des faits détaillés par Bourdieu et Passeron dans leur livre consacré aux Héritiers (1964)

vendredi 12 avril 2024

Le violeur à la trottinette : il a tout pour plaire – Chronique du 13 avril

Bonjour-bonjour

 

Voici un fait divers qui va nous reposer les neurones qui sont proches du court-circuit en raison de l’actualité mortifère de ces jours-ci.

Il s’agit du violeur en série de Grenoble, identifié grâce à son ADN et dont l’originalité est de se déplacer en trottinette électrique. Ce qui lui vaut le surnom de « violeur à la trottinette » qui n’est pas sans rappeler la Bande à Bonnot, jadis nommée « Les bandits en auto » en raison des puissantes voitures qu’ils utilisaient pour commettre leurs hold-ups, à une époque où les agents de police ne se déplaçaient qu’en vélo.

 

 

Vu ici

 

Mais l’essentiel n’est pas là. A Grenoble, tout le monde se dit surpris. Certains de ses amis ont dit « Oh, mais on le connaît ! C’est vraiment un mec lambda, proche de sa mère, de sa sœur. Il a une copine, ça nous a extrêmement choqués, elle est très amoureuse de lui, ça faisait longtemps qu’ils étaient ensemble ». Un commerçant qui connaît bien Milan (= le violeur présumé) et toute sa famille a surenchéri : « C’était un sacré travailleur, beau gosse en plus ! Donc bon, on se dit qu’il n’avait pas de raison à faire des choses de ce genre… ». (Lu ici)

Alors, on est habitué à l’extrême normalité de certains agresseurs et assassins : c’est même une caractéristique bien connue des pervers que de se fondre dans la masse des « gens normaux ». Mais ici, on souligne le fait que ce jeune homme « n’avait pas besoin de violer » pour calmer sa libido. Beau gosse, bien intégré et apparemment bien dans sa peau, il avait tout pour plaire et s’il avait eu besoin de changer de partenaire il n’aurait sans doute pas eu beaucoup de mal pour la trouver.

Seulement voilà - le violeur à la trottinette avait besoin d’autre chose : il avait besoin de violer, ce qui montre que c’est une bévue de croire que ces gens sont des frustrés en panne de partenaire. 


Allons plus loin : inutile de réfléchir bien longtemps pour constater que le viol n’est que le passage à la limite du rapport sexuel. C’est qu’en effet le coït traite le/la partenaire comme un objet et cela non seulement dans l’espèce humaine, mais aussi chez nombre d’animaux.


 

Cliché Gérard David

 

... Seulement voilà : le propre de la civilisation est de dépasser la nature et comme le disait Platon, si un seul déroge à cette règle on devra l’éliminer impitoyablement. C’est ainsi que, dans le Protagoras (321c), Zeus s’adresse en ces termes à Hermès :  « Établis en outre en mon nom cette loi que tout homme incapable de pudeur et de justice sera exterminé comme un fléau de la société ».