dimanche 1 décembre 2024

La géhenne moderne – Chronique du 2 décembre

Bonjour-bonjour

 

La semaine de quatre jours (ou plus précisément, la semaine « condensée en quatre jours ») sans perte de salaire est souvent perçue comme le Graal de l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Selon un récent sondage, 77% des actifs se disent favorables à travailler quatre jours par semaine au lieu de cinq, sans diminution du nombre total d’heures. Ce chiffre grimpe même à 83% chez les 25-34 ans, confirmant l’attractivité de ce modèle auprès des jeunes actifs. (Lu ici)

Ce constat qui fait partie d’un article détaillant pourtant les conditions dans lesquelles une entreprise ayant opté pour la semaine de 4-jours s’est trouvée forcée de déposer son bilan, éclaire je crois assez bien les raisons pour lesquelles en France toutes les mesures destinées à augmenter la charge de travail, même compensée au niveau des salaires ont été des échecs.

Le cas rapporté par l’article ci-dessus indique que l’échec de la tentative de mettre la semaine de 4 jours ne place montre que c’est la rigidité du dispositif qui est en cause – et non le dispositif lui-même : on a imposé le vendredi chômé alors que ce jour aurait dû être travaillé pour la bonne marche de l’entreprise.

Mais un autre cas est encore d’actualité. On vient den parler avec le débat sur le budget : il s’agit de supprimer un jour férié sans compensation de salaire pour le redressement des comptes publics – exactement comme la suppression du lundi de pentecôte (en 2008), qui fut tellement impopulaire qu’il fallut modifier la mesure en faisant disparaitre la mention de ce lundi pour donner aux managers le droit de le remplacer par ce qu’on voudra sous condition que le bénéfice en reste alloué à l’État.

Alors on a vu aujourd’hui annoncée la mesure de 7 heures supplémentaires non payées de la même façon. 7 heures et non un jour férié supprimé : vous voyez la subtilité ?

Résultat : cette mesure a été bien accueillie dans l’opinion, alors que l’annonce d’un jour, férié supprimé, était décrié.

Pourquoi ? Un jour férié = un jour de bonheur ; un lot d’heures supplémentaires qui laissent intactes les moments de repos : ça passe.

Augmenter le travail, ça n’est supporté qu’à la condition de ne pas priver du non-travail.

Comprenne qui pourra : reste que le travail est toujours perçu comme la géhenne.

 


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