Bonjour-bonjour
Cette formule rabelaisienne archi-connue – trop peut-être – finit par occulter toute remise en cause : oui, le rire est bien le propre de l’homme, puisque ce proverbe médiéval est dans toutes les têtes depuis toujours, et surtout depuis que Rabelais l’a placée dans « L’avis au lecteur » de Gargantua.
Est-ce bien sûr ? Car voilà : les progrès de la photographie multiplient à présent les clichés insolites de nos amies les bêtes, et parmi elles certaines semblent bien contredire Rabelais :
Publié récemment par les Comedy Wildlife Photography Awards
qui sont un concours international de photographie
Mais à vouloir trop démontrer on risque de fausser ce qu’on montre. Car avons-nous la moindre raison de croire que, comme semble le montrer cette image, les otaries ont une vie sociale calquée sur la nôtre et qui de surcroit implique un langage ? Et si nous le croyons ne risquons-nous pas d’être victime d’anthropomorphisme ?
« Anthropomorphisme » : le mot est lâché ; car cette attitude qui interprète le comportement des animaux d’après le nôtre est bel et bien impliquée en permanence dans nos rapports avec les bêtes et bien entendu principalement avec nos animaux de compagnie.
Regardons notre chat (ou notre chien) : l’attrait qu’il a pour nous n’est-il pas le produit de cette croyance que ses sentiments sont les mêmes que les nôtres, ses calculs d’action les mêmes que nos déductions logiques ? Avons-nous la moindre raison de croire que notre chat ne nous aime pas comme nous l’aimons ? Bien sûr c’est moi et moi seul qu’il vient voir quand il rentre à la maison, et on me dit qu’il semble désemparé quand je ne suis pas là. Mais ne peut-on interpréter tout cela en fonction d’autres mécanismes propres aux félins et qu’on retrouve chez tous les chats – comme on devrait interpréter l’« amour » exclusif du chien pour son maitre à partir de la structure de la meute et de l’attitude du chien par rapport à son chef ?
Mais après tout, tout cela nous rapproche des animaux : car si nous pratiquons l’anthropomorphisme, n’est-ce pas parce que, tout comme le chien, nous attribuons aux animaux notre propre organisation sociale ? La meilleure chance de survie nous vient de l’attitude d’attachement de nos compagnons de tribu, c’est donc un facteur favorable à la survie de l’espèce qui nous pousserait à croire que l’amour et la haine se propagent en dehors de l’espèce humaine.
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