mardi 31 juillet 2018

USINE HYDROLIENNE : À PEINE OUVERTE, DÉJÀ FERMÉE

C'est une usine toute neuve : 5 500 m2 inaugurée il y a un peu plus d'un mois. L'entreprise située à Cherbourg, dans la Manche, devait produire une vingtaine d'hydroliennes par an. Des machines qui sont posées au fond de la mer, et qui produisent de l'électricité avec la force des marées. Ce projet industriel, lancé par François Hollande, ne verra pas le jour. Il n'est pas assez rentable, selon l'État : l'institution ne veut pas payer une électricité hydrolienne trois fois plus cher que celle issue des éoliennes standard. (À lire ici)


Cette info juste pour enfoncer le clou planté hier : en matière d’économie, la réussite appartient à celui qui sait le mieux se projeter dans le futur. Autrement dit, celui qui est capable de faire un bilan financier avant même que l’usine ait commencé à tourner, celui-là a une chance de réussite.
Seulement voilà : pour réussir, il faut un bilan non seulement précoce mais aussi exact. Or, que constatons-nous ? Que cette usine lancée par François Hollande vient d’être arrêtée par Emmanuel Macron pour non rentabilité un mois après son lancement ! Et, qui sont les personnages dont nous parlons ? Des Chefs exécutifs de conglomérats ? Des entrepreneurs soutenus par les banques ? Que nenni ! Ce sont des chefs exécutifs politiques, donc des gens qui n’ont de comptes à rendre qu’à leurs électeurs une fois tous les 5 ans. Il y a mieux comme organisation !
Sauf que notre Nouveau président se vante de gouverner le pays comme on gouverne une entreprise – et donc de ne décider d’investissements que s’ils sont rentables – lui n’aurait pas fait cette erreur, c’est sûr !
Alors on va lui demander : et les services publics ? Comment assurer leur rentabilité ? Les prisons, les lycées, les casernes, qui donc va trouver le moyen de leur faire produire des profits susceptibles de tenter des actionnaires ?
En matière politique, plus personne ne croit encore aux Principes : seul compte le rapport entre le bilan politique et la réussite économique. Façon de dire que c’est une question de curseur placé entre le bénéfice par rapport à la demande satisfaite (= bénéfice politique escompté) et le coût pour les contribuables (comme de savoir si une voie ferrée déficitaire doit être maintenue, c’est à dire financée par l’impôt au bénéfice de quelques usagers).
Alors : à quand les prisons rentables ? À quand les prisonniers au travail sur plateformes Amazone ? Si ça se trouve, à part le salaire, on ne verrait pas trop la différence avec les employés normaux ?

lundi 30 juillet 2018

COCA ET POST-IT PLUS CHERS: LA GUERRE COMMERCIALE TOUCHE LE QUOTIDIEN DES AMÉRICAINS

Suite à l’entrée en vigueur des nouvelles taxes de 25% et 10% sur les importations d'acier et d'aluminium imposées par le président Trump, les entreprises américaines ont commencé à répercuter sur les consommateurs les coûts de la guerre commerciale déclenchée par le Président.
Les "Big Three" de Detroit (General Motors, Ford, Fiat Chrysler) ont revu à la baisse mardi leurs ambitions pour 2018, invoquant les nouvelles taxes. "Nous allons recouvrer ce manque à gagner en augmentant les prix", a prévenu Chuck Stevens, directeur financier de GM, en expliquant que c'était un des rares moyens pour le constructeur automobile de rester "compétitif". (Lire ici)

Comment rester compétitif lorsque les prix des matières premières et les taxes douanières augmentent ? Réponse : en maintenant leurs prix. Mais alors, la concurrence, ça n’existe plus ? Les japonais et les européens (= allemands) vont bien en profiter pour innover là où les américains ne pourront le faire faute de fonds. Les américains vont regarder passer les voitures étrangères sans se les acheter, même si elles sont de meilleure qualité ? Bien sûr que non ! Les constructeurs américains vont maintenir, voire même augmenter leur effort de recherche et de développement afin de rester compétitif face aux concurrents. Mais pour cela il faut augmenter les prix, et cesser du coup d’être compétitif…

Tout ça pour dire que les angoisses des constructeurs américains ne me touche guère, mais que j’apprécie la leçon d’économie qui nous est donnée et dont le Président Trump aurait bien besoin : c’est qu’en économie, tout se tient et forme cercle. Or il y deux sortes de cercles : les vicieux et les vertueux. Et n’allons surtout pas croire qu’ils existent de façon séparée dans deux groupes différents. Certains sont mixtes : d’abord vertueux, ils deviennent avec le temps vicieux – et réciproquement.

En la matière, la bonne gouvernance appartient à celui qui sait se projeter dans l’avenir et non à celui qui ne pense qu’à récolter des dividendes à la prochaine distribution.

dimanche 29 juillet 2018

PRÉSIDENT MACRON ÉVOQUE UNE EUROPE EN TROIS CERCLES

Il a notamment évoqué une Europe en trois « cercles ».
1 – Le plus large consisterait en une « union de valeurs, de principes démocratiques et de libertés économiques », « quelque chose entre l’UE et le Conseil de l’Europe actuels ». Cet ensemble serait « moins intégré, mais très exigeant sur les valeurs », a promis M. Macron en assurant que la Russie et la Turquie auraient vocation à en faire partie
2 – Le second cercle, plus resserré, consisterait en un « marché unique fort », « quelque part entre l’UE et la zone euro actuelles ». Celui-ci pourrait notamment s’occuper de sujets « militaires, commerciaux ou numériques » et garantirait « une vraie liberté de circulation en son sein ».
3 – Le troisième cercle, dont on aura compris que la France a vocation à faire partie, serait « le cœur du réacteur », « avec un marché du travail beaucoup plus intégré », une « convergence sociale » voire une assurance chômage commune. Le « cœur d’une Europe des peuples plus intégrée, qui est allée au bout de la logique de la zone euro », a résumé M. Macron. Sans être aussi précis, M. Costa n’a pas caché son avis favorable à une Europe à plusieurs vitesses qui aurait vocation à contourner les pays plus eurosceptiques. (voir ici)

Petit jeu : où pensez-vous placer la Grande-Bretagne dans ces cercles ? L’opinion publique britannique bien qu’évoluant « anti-Brexit » ne saurait revenir au statuquo ante, ni bien sûr en accroitre la force. Le troisième cercle est exclu, et on imagine sans peine que le second avec la liberté de circulation en son sein est également exclu. Donc voilà les anglais contraints à se retrouver dans zone de libre-échange, en compagnie de la Turquie et de la Russie.
Autre jeu : en compagnie de quels partenaires serions-nous, nous Français, amenés à cohabiter ? Les allemands, les Italiens, les espagnols et les portugais ? Oui, mais pourquoi pas aussi les estoniens, dont on ne saurait pas situer le pays sur une carte ? Et dites-moi, les polonais qui n’avancent que précédés par la bannière de la Sainte Eglise – ils seraient où ?

- Méfions-nous quand même de ces rêveries présidentielles : on frémit de joie en pensant à tous ceux qu’on exclut mais on ne pense pas à ceux qui vont embarquer avec nous.

samedi 28 juillet 2018

L'AMBIANCE HOSTILE AUTOUR DE LA SKY ? UNE "SOURCE DE MOTIVATION" POUR FROOME

TOUR DE FRANCE – Cette Grande Boucle 2018 aura été marqué par le sacre de Geraint Thomas. Mais également par l'ambiance qui a entouré l'équipe Sky et Chris Froome en particulier. "Un défi" qu'a accepté la formation britannique jusqu'au bout. (Lu ici)

Ah ! Ces sifflets dans le sillage de Chris Froome suite à sa participation malgré consommation de substance interdite par le règlement anti dopage, quel étonnement ils suscitent. Car n’est-ce pas, les dopés sur le Tour, il y en a eu des charrettes ; et pourtant jamais le public n’a failli à venir les acclamer tant qu’ils faisaient de beaux exploits. Les Bjarn Riis, Floyd Landis, Alberto Contador, Lance Armstrong... tous exclus et pourtant ils ont tous eus des braves gens pour agiter un drapeau à leur passage, lorsqu’ils montaient les cols comme s’ils avaient eu un moteur de BMW sous chaque pédale ; et Richard Virenque, devenu consultant sportif, pourtant exclu pour dopage… il est vrai subi à l’« insu de son plein gré ». Pourquoi, eux, ont été absous par leur public alors que Froome – et son équipe – sont sifflés au passage ?
Je posais l’autre jour cette question à mon petit fils, garçon bien au courant des mentalités actuelles :
- Dis moi, R***, pourquoi selon toi siffle-t-on Froome, alors qu’il a l’excuse de prendre cette substance interdite uniquement pour soigner son asthme, et sur ordonnance médicale ?
- Eh bien c’est parce qu’il est réellement malade.
- ???
- Oui. Les menteurs, on leur pardonne à condition qu’ils gagnent quand même. Les vrais malades, ce sont des futurs perdants. Ils sont déjà des loosers et on doit le siffler.
- Quoi ! Quelle mentalité.
- Mais, Grand-Père, tu ne connais pas le signe que Griezmann fait avec ses doigts quand il marque un but ?

- Euh non ?
- Il fait un « L » avec ses doits. « L » comme « Looser », pour humilier ses adversaires lorsqu’il les a battus

(Il est vrai que ce jeune homme pratique assidument les jeux vidéos tels que Fortnite – Voir ici)

L’EUROPE DOIT ÊTRE UN OBJET PLUS CHAUD, PLUS SENSIBLE, PLUS SENSUEL

« L’Europe doit être un objet plus chaud, plus sensible, plus sensuel, au sens premier du terme, a notamment plaidé le président français. On a créé une Europe un peu bureaucratique. On ne peut pas simplement dire que l’Europe ce sont des règles, des objets froids qui s’imposent depuis un extérieur lointain. » (Lu ici)

Contre la froideur rationnelle des règlements, la motivation joyeuse de la rencontre avec une réalité désirable…
Et voilà l’homme de la « transcendance » qui plaide pour une immanence indispensable et sensuelle. Comme Hegel qui disait « Rien de grand ne s’est fait dans le monde sans la passion », Emmanuel Macron veut que l’Europe, on l’ait dans la peau !  Qu’on l’aime comme on aime la fiancée venue de loin et qui, telle Aphrodite, sort de l’onde, marchant de son pied léger sur le sable immaculé…
Cette belle femme si désirable, ce beau mec, beau comme un pâtre grec, voilà Europe telle que  popularisée par l’Auberge espagnole, le film de Cédric Klapisch - et non l’Europe des quotas ou des directives bruxelloises. D’ailleurs qu’est-ce qui fait courir un jeune libéral, sinon l’excitation des marchés boursiers ou de celle de l’aventure de l’entreprise ?
En écrivant cela, je me prends à généraliser : le monde voulu par le Président Macron est plein d’adrénaline (à moins que ce soit de testostérone) : il ne s’agit pas d’un monde intellectuel où les décisions seraient prises à l’aide de gros ordinateurs, mais d’un monde hormonal, fait de sécrétions venues du tréfonds du corps et qui remontent vers l’intellect au lieu d’en descendre.
Après tout, n’est-ce pas là l’homme décrit par Freud, dont les décisions les plus cérébrales sont issues de transferts et de retours masqués de libido ?



vendredi 27 juillet 2018

CE N’EST PAS D'AFFAIRE D'ETAT JUSTE UNE AFFAIRE D'ÉTÉ

Alexandre Benalla au 20h de TF1 : "Je n'ai donné aucun coup. On essaie d'atteindre le Président, c'est profondément injuste. Il n'y a pas d'affaire d'Etat juste une affaire d'été" (Vu ici)

Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mes chers lecteurs, mais moi, l’ « affaire » Benalla, j’en ai ras-le-citron. Car, entendre encore et encore l’histoire de cet homme qui serait l’indice de l’existence d’une équipe de l’ombre chargée des basses besognes de la Présidence – basses besogne dont on découvre alors l’existence jusqu’ici ignorée – ça fait juste suer, non pas de canicule mais d’ennui.
Heureusement, monsieur Benalla a le sens du bon mot, lâché juste quand il faut et là où il faut, comme ici de l’assonance de l’Etat et de l’été, assorti du contraste entre cette ressemblance et la différence du sens ; car on se doute qu’une affaire d’Etat dure un peu plus qu’un été. Bref, monsieur Benalla nous pond une paronomase, l’air de dire : « Vous voyez, mon cas me donne si peu de souci que j’ai encore l’esprit suffisamment libre pour faire un bon mot à cette occasion. »

Cette remarque n’aurait pas plus d’importance que de nous faire sourire si elle ne venait nous rappeler combien la presse (écrite pour l’essentiel) a donné d’importance à ces jeux de langages et cela depuis la création du journal Libération en 1973 (voir ici). On remarquera que, malgré son évolution politique, ce journal ne s’est jamais départi des ces jeux et calembours qui ont fait sa marque de fabrique, peu à peu reprise par toute la presse, jusqu’aux titres les plus sérieux. Car c’est un peu comme le sucre dans les confiseries : au début on s’en délecte, et puis, l’habitude venant, on lui demande juste d’être sucrée pour qu’on remarque qu’il s’agit bien d’un bonbon.

Bref : le journal qui a débuté dans ce genre a été le Canard enchainé, pour le quel il constituait un marqueur de « journal satyrique ». Suite à l’aventure Libé, c’est juste un moyen d’attirer l’attention.

jeudi 26 juillet 2018

AFFAIRE BENALLA: "J'EN DÉCOUVRE CHAQUE JOUR", LÂCHE COLLOMB

"Est-ce qu’il va sortir autre chose ? Compte-tenu du déroulement des événements, j'en apprends chaque jour sur les personnalités. Je lis les journaux comme vous. Il y a tout une partie de l'histoire de Monsieur Benalla que je découvre de plus en plus". – Lu ici.

--> Comme promis, Le Point du jour est un blog qui décrypte l’actualité – ou plutôt les informations délivrées comme telles.
Hier, il s’agissait d’analyser les propos du Président. Aujourd’hui, analysons la façon dont les média rapportent les propos du Ministre de l’intérieur.
On laisse entendre que le Ministre découvre ce qu’il devrait savoir concernant le fonctionnement de son Ministère ; alors qu’il ne s’exprime qu’à propos des personnalités prises dans le développement d’une affaire qui ne s’est révélée au grand jour que depuis une semaine. Autrement dit, il ne faudrait quand même pas dire que le Ministre est un vieillard un  peu gâteux qui s’emmêle les crayons dans le dédale des affaires qui lui sont confiées et qui ne saurait parler de rien d’autre que de terrorisme. Mais c’est tellement plus amusant comme ça ! Et puis ça permet de critiquer à bon compte – c’est à dire sans effort de réflexion compliqué.

o-o-o


"Est-ce qu’il va sortir autre chose ? Compte-tenu du déroulement des événements, j'en apprends chaque jour sur les personnalités. Je lis les journaux comme vous. Il y a tout une partie de l'histoire de Monsieur Benalla que je découvre de plus en plus". – Lu ici.
--> Barbouze : Agent de sécurité ou de renseignement agissant en semi-clandestins (« fausse-barbe ») et utilisant des méthodes interdites à la police officielle. – Voilà le sens de ce qualificatif de « barbouze » employé aujourd’hui à propos du service de sécurité de l’Elysée.
On imagine donc le Président, venant à l’Elysée juste après son élection et installant son service de sécurité de campagne électorale, sans se soucier de recourir aux organismes déjà en place pour cela. Invraisemblable !
… Quoique : le Président lui-même raconte une histoire qui ressemble à ça lorsqu’il parle de son installation au Palais, après une campagne où, « venant de nulle part » (ce sont ses mots), il refuse de se séparer des hommes qui ont fait la preuve de leur dévouement et de leur efficacité.
Au fond, mis à part le fait que monsieur Benalla ne soit pas au sens stricte une « barbouze »  il se pourrait quand même qu’il ait pris part de façon non officielle à la sécurité du président.
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(1) « Barbouze est un terme argotique péjoratif désignant les membres des diverses officines chargées de la lutte contre l'Organisation de l'armée secrète (largement connue sous le sigle « OAS ») par des méthodes que ne pouvaient employer officiellement ni la police ni l'armée. Ils agissaient donc de façon semi-clandestine : « en fausse barbe », d’où leur surnom. Par la suite, ce terme a été employé pour désigner les agents du Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (le SDECE), puis tout agent secret sans distinction mais toujours avec une connotation péjorative ou burlesque. » Art. Wiki