vendredi 30 octobre 2020

2020 après-JC ; ou « An zéro » du coronavirus ? – Chronique du 31 octobre

Bonjour-bonjour

 

En quelle date sommes-nous ? En 2020, nouvelle année, début d’un nouveau siècle ? Siècle nouveau, mais situé dans la série des siècles qui s’égrène depuis la naissance de Jésus.

Ou bien en l’an zéro, qui coïncide avec le début d’une ère nouvelle, celle du coronavirus ?

Quand l’étoile des bergers a guidé les rois mages jusqu’à l’étable où venait de naitre Jésus, personne ne croyait qu’une ère nouvelle commençait, et il a fallu bien des évènements pour que cela devienne évident. Et si cette épidémie détruit toutes nos certitudes, remet en cause notre statut de dominateurs de la nature, et menace peut-être même la survie de l’espèce ; oui, si cette épidémie marquait de point de départ d’une ère nouvelle ?

Tâchons d’y voir un peu plus clair, et d’abord : en quoi consiste l’ère chrétienne que nous serions sur le point de quitter ?

- Jésus sauveur de l’humanité pècheresse, intercesseur entre les hommes et Dieu le père, nous l’indique : l’ère chrétienne est celle du salut de l’humanité et quitter cette ère, c’est sortir de cette religion du salut. Y rester c’est croire que non seulement nous savons où nous en sommes, mais aussi que nous pouvons faire en sorte de sortir de cette impasse.

Rien que ça ! Et l’ère coronarienne, qu’est-ce qu’elle nous promet ?

- Une ère est caractérisée par la cassure qu’elle marque dans un temps historique. Depuis la Renaissance, la science nous a apporté une foi nouvelle : le salut n'est pas dû à l'intercession d'un Messie, il résulte de  la capacité des hommes à ne plus être soumis à des entités transcendantes et souvent malveillantes. La peste, la foudre, tout cela a été domestiqué, et nous savons quoi faire pour en être indemne. 

Seulement, voilà : le covid a cassé cette belle certitude et nos découvertes nous permettent au mieux de comprendre pourquoi nous allons mourir de cette peste des temps nouveaux. La belle affaire !

Certains ont cru pouvoir prendre appui sur leur statu de scientifiques (médecins, professeurs, chercheurs…) pour se présenter en homme providentiel. Mais ils ont oublié qu’à vouloir faire la synthèse du messie et du savant, ils ne pouvaient s’épargner le moment du martyre. Jésus est mort sur la croix ; où est le savant qui serait prêt à en faire autant pour le bien de l’humanité ?

jeudi 29 octobre 2020

Report du prix Goncourt par « solidarité » avec les librairies – Chronique du 30 octobre

Bonjour-bonjour

 

Pour les académiciens Goncourt il n’est pas question de remettre leur prix pour qu’il bénéficie essentiellement aux plateformes de vente, toujours ouvertes alors que les librairies sont fermées. Idem pour l’Interallié et pour le prix de l’Académie française.

- Un seul mouton noir dans ce troupeau : le Femina. 

 


 

Le jury du Femina a invoqué, dans un communiqué, « la conviction que les prix littéraires contribuent à soutenir la vie culturelle, les libraires, les éditeurs, les lecteurs et les auteurs gravement affectés par les mesures de confinement ».

 

Reprenons. Le livre c’est : un auteur et son éditeur + des lecteurs – et entre les deux : des libraires. Le maillon faible dans cette chaine, ce sont les libraires, qui sont menacés par la concurrence des plateformes de vente en ligne. Le livre est dans ce cas simplement considéré comme un bien à distribuer comme n’importe quelle marchandise ; mais il a été notable que les lecteurs sont massivement revenus dans les librairies lors du déconfinement, abandonnant les plateformes, et montrant ainsi que le livre ne saurait exister sans ce maillon-là aussi. Bien sûr dans l’achat du livre le plaisir de manipuler et posséder cet objet à nul autre pareil est un ressort puissant, que l’achat en ligne n’offre pas. Mais il faut aussi le dire : le libraire, c’est le premier critique littéraire, celui qui peut dire au lecteur : Voici ce que moi j’ai trouvé dans ce livre, regardez si ce sera aussi votre cas.

Bref : nous avons bien du mal à comprendre le sens du communiqué du jury du Femina. S’il s’agit de dire que les prix littéraires sont des chances offertes à tous les partenaires de la filière livre, et qu’à ce titre décerner sans attendre le prix en question est une priorité, soit. Mais affirmer sans trembler que le Femina vient au secours des libraires en offrant la priorité des ventes à Amazon, là c’est incompréhensible. A moins de voir ici une course à la notoriété entre les prix littéraires, celui qui dégaine le plus tôt étant celui qui a raison ?

Attention : les lecteurs pourraient se déguiser en loups noirs qui viennent dévorer les moutons noirs.

mercredi 28 octobre 2020

Aurons-nous Noël en décembre ? – Chronique du 29 octobre

Françaises, français, mes chers compatriotes

 

Vous m’avez entendu hier soir annoncer le retour du confinement, qui, malgré des mesures d’assouplissements, bloque radicalement toutes les réunions de familles : sauf à habiter avec ses parents dans le même appartement, on ne pourra pas se réunir du tout.

Et vous vous inquiétez : pourrons-nous vivre normalement les fêtes de noël, se retrouver pour réveillonner joyeusement comme d’habitude ? Aurons-nous Noël en décembre ?  

Rassurez-vous, mes chers compatriotes : j’ai veillé personnellement au choix des dates du confinement et je veillerai aussi à leur effet sur le réveillon de Noël et du Jour de l’An.

Pour ce qui est du choix des dates, j’ai suivi les préconisations d’Ester Duflo, notre Nobel d’économie. Comme vous vous le rappelez peut-être elle avait recommandé, fin septembre, la mise en place d’un confinement de tout le territoire du 1er au 20 décembre, pour permettre aux Français de retrouver leur famille lors des fêtes de fin d’année. On avait appelé ça « le confinement de l’avent » et on avait bien ri. L’idée de décréter un confinement sans autre raison que de se débarrasser d’un fardeau dont on ne voit pas dans l’immédiat l’utilité était farfelu, et sans l’aura du Nobel, on n’aurait jamais remarqué cette proposition. Mais on aurait eu tort, car l’idée importante c’était qu’il fallait sauver Noël !

Alors bien sûr mes dates ne tiennent compte que de la réalité de l’épidémie et nous allons nous confiner durant le mois de novembre et non durant l’avent. Mais la promesse sera tenue : confinement en novembre, Noël en décembre !

 

Bien sûr, la nature ne suit pas nos vœux, et l’épidémie pourrait résister plus longtemps que prévu à nos mesures sanitaires. Mais, si tel était le cas, je veux vous le dire, mes chers compatriotes, tout est prévu. Si nous devions nous confiner tout le mois de décembre, voire même en janvier ou plus tard, nous avons décidé, en accord avec le Vatican, de reculer la date de Noël au-delà de décembre 2020, avec même la possibilité de fusionner Noël et Pâques.

Réunir la Nativité et la Passion : quel raccourci symbolique ! Peut-être certains y verront une médiocre mesure d’économie consumériste ; mais d’autres verront leur adoration de Jésus renforcée par la fusion de toute son histoire dans la même célébration.

Vive la République laïque – et vive la France

mardi 27 octobre 2020

Reconfinement de la population française – Chronique du 28 octobre

Bonjour-bonjour

 

L’information BFM est à prendre au conditionnel : rien ne sera officiel avant ce soir 20h.

Mais quand même : comment douter qu’une semblable mesure ne soit prise pour éviter la saturation des hôpitaux ? Voulons-nous voir des malades agoniser sur des brancards dans les couloirs des urgences ? Et de toute façon, qui donc s’imaginerait lui-même dans cette tragique situation ?

Hans Jonas écrivait en 1979 que les catastrophes actuelles nous interpelaient sur celles de demain ; il a appelé cela « l’heuristique de la peur » signifiant par là que nous ne nous soucions de l’avenir que s’il nous inspire de la crainte. Eh bien nous ne sommes enclins à nous soumettre aux mesures de privations de liberté que si nous pouvons imaginer que, sans elles de grands malheurs nous frapperont demain, même si nous sommes indemnes aujourd’hui.

Ceci pour expliquer ce phénomène qui nous a bien étonnés en mars et qui va sans doute se reproduire en novembre : que les français si frondeurs et si peu respectueux des décisions prises par leur gouvernement soient à ce point obéissants quand il leur faut rester confinés chez eux sans pouvoir en sortir. Oui, pourquoi ces braillards qui proclament que le masque est une manipulation du pouvoir pour bâillonner les citoyens soient si peu populaires, alors même que les chaines de télé les exposent largement – au-delà de leur audience ?

Ce que j’écris-là est une banalité, j’en suis conscient. Les régimes populistes ont largement exploité le filon, attisant la crainte de l’étranger pour élargir leur pouvoir. Mais on n’épuise pas le sujet en disant cela : nous ne nous soucierions pas du futur sans la peur, ce qui fait de celle-ci une voie d’accès au temps de longue durée, alors que nous sommes habitués au temps court. Nous voulons tout, tout de suite, et nous sommes prêts à déboulonner les gouvernements avant qu’ils aient pu faire la preuve de l’efficacité de leurs mesures. Nous sommes comme les petits enfants qui ne savent pas penser le futur, pour qui le présent seul existe et qui font un caprice quand on leurs dit qu’il faut attendre demain – dans un dodo. 

Avant d’être une représentation de la causalité (ce que je fais aujourd’hui aura un effet demain), le futur est la réactivation des blessures déjà ressenties.

Allez, bon reconfinement.

lundi 26 octobre 2020

Un chat de 37 mètres de long dessiné à Nazca – Chronique du 27 octobre

Bonjour-bonjour.

 

Ce stupéfiant félin, dessiné sur le flanc d’une colline il y a plus de 2000 ans vient d’être retrouvé au Pérou :

 

 


 

Étonnant, ce chat l’est assurément non seulement par la prouesse que représente ce tracé gigantesque, mais aussi par sa ressemblance avec nos dessins modernes.

- J’imagine Philippe Geluck ouvrant son journal et voyant cette photo : le voici tombant à la renverse, sidéré par la ressemblance entre l’animal qu’il a inventé et celui que les gens de Nazca ont dessiné sur le flanc de leur colline. Voyez plutôt :

 

 

Mêmes oreilles, mêmes yeux tout ronds, même gros nez. Seules les joues ont pris du volume dans le dessin moderne, mais on devine que le chat péruvien avait déjà un renflement du visage qui, 2000 ans plus tard a donné ce que l’on voit chez Geluck. 

Notre Chat d’aujourd’hui a-t-il été copié sur celui des Nazcas ? Leurs descendants seraient-ils justifiés à réclamer des droits d’auteurs ?

Pour sa défense, Philippe Geluck pourrait évoquer le fait que le modèle est resté le même : les chats péruviens de 200 avant J-C étaient sûrement les mêmes que ceux qui rôdent dans nos jardins aujourd’hui. On pourrait ajouter que ce « géoglyphe » était devenu quasi invisible au cours du temps et que seul le travail de « dépoussiérage » des archéologues lui a rendu sa visibilité : aucune chance que notre dessinateur ait pu le voir pour le recopier.

Reste que ces deux dessins ont retenu les mêmes formes caractéristiques pour évoquer ce félin, et qu’on pourrait peut-être en déduire qu’il représente le même personnage. Si nous ne savons rien des Nazcas ni de leur vie courante, on croit pourtant pouvoir deviner que ces dessins fantastiques, étaient faits pour être vus du ciel par des divinités extra-terrestres. On en conclut qu’ils représentent les divinités animales du panthéon religieux des Nazcas – et que donc le minou du géoglyphe n’est autre qu’un dieu anté-péruvien.

C’est là le seul véritable étonnement : l’allure du chat de Geluck, débonnaire et sentencieux est identique à cette divinité féline, qui n’a rien pour faire croire qu’elle possède des super pouvoirs. 

Catwoman a quand même plus d’allure : on le vérifiera pour Halloween.




dimanche 25 octobre 2020

Kissenger, l’appareil qui permet d’embrasser à distance – Chronique du 26 octobre

Bonjour-bonjour

Ça devait arriver : le confinement nous est annoncé à brève échéance. Nous voici à nouveau promis à la solitude, à l’ennui, au désarroi de nos sens esseulés. Hélas ! Que de tristesse en perspective…

Le point-du-jour se doit de vous venir en aide, en dévoilant les derniers progrès de la robotique qui promettent d’aider les âmes en peines confinées dans l’absence de l’être cher et donc dans l’abstinence.

 


 

Voici le Kissenger (pour mobile-kiss-messenger) qui permet d'embrasser à distance le correspondant d'un appel vidéo en lui transmettant la sensation d'un baiser. Le site promotionnel l’affirme, « Le Kissenger permet de transmettre efficacement de grandes émotions et une forme d’intimité grâce à un dispositif de communication internet multisensoriel. ». Vous allez pouvoir frémir aux baisers de votre Lolita, sentir sous vos lèvres le doux contact de ses lèvres, retrouver vos émotions viriles. Si vous êtes adeptes du french kiss, patientez un peu, les études sont en cours et elles progressent.


Pouah ! Que voilà de vilains sentiments ! On pourrait quand même penser à de plus belles émotions, avec Mamie, qui du fond de son Ehpad va pouvoir retrouver les bisous de Chloé, sa petite fille adorée, sans risquer de recevoir en prime le virus fatal. Avec Kissenger, il y en aura pour tout le monde.

Pour tout le monde ? Pourtant tout le monde ne sera pas satisfait pour autant : à quoi bon avoir avec cette machine un potentiel de re-création, si c’est pour nous donner simplement la sensation de ce que nous connaissons déjà ? Ohé ! les ingénieurs : mobilisez votre mémoire artificielle, appliquez-la à des expériences exotiques venues du monde entier, des marinas pour milliardaires comme des quartiers chauds de Buenos-Aires ; oui, allez aussi voir à quoi ressemblent les baisers des dames du port d’Amsterdam et puis constituez des banques de données que vous ferez digérer par vos machines dotées d’immenses réseaux de neurones, et que tout cela soit à disposition du Kissenger version 3.0 : on rêve d’un appareil doté d’un sélecteur « Vahiné », « Geisha », « Top-modèle », « étudiante parisienne »…

S’il est comme ça, le confinement : on ne voudra plus en sortir !

samedi 24 octobre 2020

On ne nous dit pas tout ! – Chronique du 25 octobre

Bonjour-bonjour

 

Retour ce matin sur la libération de Sophie Pétronin, l’otage française retenue au Mali. Non pas pour nous émouvoir une fois de plus de la joie ressentie lors de sa libération mais pour évoquer les conditions dans lesquelles celle-ci a été obtenue.

 

- Il y a quelques dizaines d’années les Guignols de l’Info nous faisaient rire en parodiant Arlette Laguiller qui, pour critiquer le pouvoir, serinait « On ne nous dit pas tout ! » - Eh bien avec les informations concernant ces négociations, c’est exactement la même chose, du moins si on en croit cet article de Paris-Match. Car lorsque le gouvernement a fait savoir à son fils, de retour du Mali où il avait rencontré des responsables djihadistes très haut placés, que la France avait fait le maximum, l’auteur de l’article précise : « On peut donc penser que le maximum a été fait. Ce qui ne signifie pas l’impossible » ; et en effet on joue sur les mots : l’impossible parait effectivement situé au-delà du « maximum », mais qui sait s’il n’en restait pas moins accessible ? Qui sait si au moment où ces paroles ont été prononcées, la demande de libération de plusieurs centaines de djihadistes (dont des terroristes avérés) était effectivement hors de question - alors que « faire cet impossible-là » serait devenu accessible lorsque le leader de l’opposition malienne, Soumaïla Cissé a été capturé et a fait partie des négociations. Le diable est dans les détails, dit-on mais ces détails-là sont déjà d’un certain calibre. En tout cas ça vaut le coup de vérifier.

 

- Même non-vérité qui n’est pas non plus un mensonge avéré : Jean Castex, expliquera que la France n’a pas participé aux négociations entre le gouvernement malien et les djihadistes, il n’a pas tort, mais il ne dit pas toutCar la France a bien négocié… avec l’État malien. On retrouve ce biais qui permet de tromper les gens en faisant appel uniquement à leur propre intelligence. Un tour de force ! Car lorsqu’on nous dit  « on n’a pas fait telle chose», on généralise spontanément : ça voudrait donc dire qu’on ne l’a pas fait du tout ! Mais bien sûr il faut savoir que si on s’abstient ici, on peut fort bien s’engager là. On est un peu comme ceux qui croient que l’alcoolique est sevré quand il nous assure qu’il ne boit plus… de pastis – alors qu’il est simplement passé au whisky.

Bref, ce qui compte ce n’est pas ce qu’on nous dit, mais bien ce qu’on ne nous dit pas.

vendredi 23 octobre 2020

De l’amour : vous en reprendrez bien un peu ? – Chronique du 24 octobre

Bonjour-bonjour

 

Je vous sens un peu chiffon ce matin : mal dormi ? Fait de mauvais rêves ? Non ? Ah, je vois… Vous venez d’écouter le Président qui, après le premier ministre, nous confirme que le couvre-feu qu’on subit déjà n’est rien par comparaison de ce qui nous attend ? Et c’est ça qui vous chagrine ?

C’est tout simple : plongez-vous dans un numéro de Closer, et ça ira mieux. Oui, Closer, vous savez, ce magazine des peoples, avec plein de détails sur leur vie amoureuse : voilà qui peut vous réconforter. Par exemple, voilà ce qu’on nous apprend ce matin : l’actrice Elodie Frenck (vous savez, celle qui incarne Marlène dans les Petits meurtres d’Agatha Christie) est mariée avec un assistant réalisateur depuis 2004 et ils ont eu 2 enfants.

- Bon, on est content pour eux - et alors ?

- Alors sachez ces deux jeunes gens avaient été autrefois amoureux et puis qu’en 1992 ils avaient rompu.

- Dommage, mais je ne me sens pas vraiment ragaillardi.

- Sauf qu’en 2004 (soit 12 ans après la rupture), Elodie est en Thaïlande où elle manque de peu d’être engloutie par le Tsunami. Rentrée saine et sauve en France, elle décide que puisqu’on peut mourir comme ça, n’importe quand, alors il lui faut renouer avec son grand amour de jeunesse : elle épouse le monsieur qu’elle avait quitté 12 ans plus tôt et depuis ils filent le parfait amour en choyant deux enfants fruits de leur union.

- Voilà, j’ai compris : c’est en risquant le pire, qu’on découvre que l’amour est le meilleur.

- Exactement ! Et puis aussi on voit que dans la débâcle des valeurs, quand il ne nous reste plus rien, l’amour seul est capable de résister au tsunami de la vie.

Alors, chers amis que nos politiques ont ravagés par leurs propos déprimants, n’hésitez plus : prenez votre téléphone, contactez un amour de jeunesse jamais oublié depuis, et refaites votre vie avec lui.

J’entends bien que certains d’entre vous ont depuis longtemps une vie de famille avec conjoint, enfants, belle-mère et tout le tintouin. Dans ce cas contentez-vous de 5 à 7 crapuleux dans un hôtel du coin. C’est moins romantique mais ça peut marcher quand même.

jeudi 22 octobre 2020

C’est la guerre, mon petit ! – Chronique du 23 octobre

 

- Dis, papa, c’est quoi le couvre-feu ?

- C’est quand il est interdit de sortir de chez soi pendant la nuit.

- Et pourquoi il faut pas sortir ?

- Parce qu’on risque de faire des rencontres au cours desquelles on attrape le virus.

- Ah ? Et si on couvre le feu, alors on risque plus rien ?

- Non, ce n’est pas ça. Le couvre-feu, ça veut dire qu’on est confiné chez soi, tu sais comme en mars-avril ?

- Oui, je me rappelle.

- Eh bien si tu ne rencontres personne, alors personne ne peut te contaminer.

- Bon. Mais c’est quoi ce feu qu’il faut couvrir ?

- Ça veut dire cacher les lumières pour ne pas se faire repérer par l’ennemi : c’est comme ça qu’on disait pendant la guerre

- Ah ? On est en guerre ? Avec qui ?

- Avec le virus mon petit, avec le virus. On dit comme ça pour expliquer que c’est comme autrefois, quand les allemands occupaient le pays. C’est pour dire qu’on a aujourd’hui le droit de nous priver de tout ce qu’on a d’habitude, qu’on ne peut plus rien faire qui soit agréable.

- Comme de faire des bisous à la fille de la voisine ?

- Oui, c’est exactement ça.

- Mais, papa, dis papa, y a quelque chose que je comprends pas.

- C’est quoi ?

- Ben, je croyais qu’on était en guerre avec les méchants djihadistes qui tuent nos professeurs, pas avec le virus ?

- Écoute Kévin, écoute bien ce que je vais te dire. Tu connais le gouvernement, tu sais qui c’est ?

- Oui, c’est le monsieur qui parle devant sa porte.

- Tu veux sans doute dire qu’il s’adresse aux journalistes sur le perron de son ministère. En tous cas, ce monsieur, à chaque fois qu’il va te prendre quelque chose, ton argent, tes vacances, ton temps de liberté, tout ce que tu peux imaginer, eh bien à chaque fois, il te dit que c’est la guerre.

- Comme quand tu m’interdis ma console parce que j’ai eu des mauvaises notes en classe ?

- Ne plaisante pas avec ça, Kévin, la guerre c’est très sérieux, et maintenant nous sommes vraiment en guerre avec la covid.

- Tu me fous les miquettes, papa !

- C’est la guerre, mon petit, c’est la guerre

mercredi 21 octobre 2020

Jésus est parti, mais Judas est resté – chronique du 22 octobre

Bonjour-bonjour

 

Il y a un mot qui revient dans l’évocation de l’assassinat de Samuel Paty : c’est le mot « accablement ». – Sommes-nous accablés par le déferlement de tant de haine, de tant de cruauté, de tant de bêtise ? Oui, sans doute. Mais aussi nous sommes écrasés par le sentiment qu’on n’en finira jamais, que de tels attentats pourront revenir tant de fois qu’on n’en verra jamais la fin ; et aussi que le plus loin qu’on remonte dans le passé, on a toujours eu de pareilles atrocités.

Le comble du pire est arrivé hier quand on a su que le professeur avait été désigné au tueur contre de l’argent par des élèves du collège. Voyez plutôt : 

« L’identification /de monsieur Paty/ n’a été rendue possible que grâce à l’intervention de collégiens » de l’établissement, a souligné le procureur. Deux d’entre eux, âgés de 14 et 15 ans, sont accusés d’avoir désigné l’enseignant en échange d’une « somme de 300 ou 350 euros ». (Lu ici)

C’est alors qu’on trouve presque inconsciemment le souvenir de la trahison de Judas qui désigne Jésus aux soldats romains en échange d’argent et en lui donnant un baiser – le célèbre « baiser de Judas » :

« Judas désigne Jésus aux gardes qui viennent pour son arrestation en lui donnant un baiser.

- Le baiser de Judas c’est le baiser de la mort, un des gestes les plus ignobles de l’histoire (Luc 22/47-48) » (Voir ici le commentaire de cyber-curé)

Oui, ce qu'on retrouve aujourd'hui, c’est presque mot à mot la description de l’arrestation de Jésus faite dans l’Évangile de Luc : comment peut-il se faire qu’on trouve une telle coïncidence avec un crime fanatique commis en France en 2020 ? 

Notre accablement vient sans doute de ce constat : rien n’a changé depuis Jésus Christ – pire encore : Jésus est parti, mais Judas est resté.

mardi 20 octobre 2020

Oups ! Pardon monsieur le percepteur – Chronique du 21 octobre

Bonjour-bonjour

 

Connaissez-vous « le droit à l’erreur » ? Non, pas celui des excuses foireuses des jeunes gens mal éduqués et qui ont fait un peu trop de bruit samedi soir. Non : il s’agit du droit à l’erreur que le gouvernement accorde à tous les citoyens, et qu’il vient de populariser via un site dédié sur Internet.

Vous voulez en savoir plus ? Allez donc voir sur oups.gouv.fr

J’y suis allé. Là j’ai rencontré Monsieur Oups !

 


 

Monsieur Oups ! est très sympa, le genre de garçon nextdoor qu’on inviterait bien au débotté pour un apéro dinatoire – et plus si affinités. Mais Monsieur Oups ! parle aussi. Il nous explique qu’on est tous pareils, tous capables d’oublier ou de ne pas toujours tout comprendre et donc de faire une erreur. D’ailleurs le site oups.fr le montre : l’erreur peut être en notre défaveur comme lorsqu’on oublie de faire valoir nos droits à exonération d’impôts ou de taxes. Sauf que là ce n’est pas à proprement parler un « droit », mais plutôt une recommandation à ne pas se priver soi-même d’un droit. 

--> Par contre, l’erreur qu’il ne faudrait pas commettre serait elle qui consiste à frauder le fisc. « Pouah ! dit Monsieur Oups ! : frauder le fisc, c’est pas beau ça ! » : plus qu'une erreur, ce serait une faute ! Mais comme l’a expliqué le prof de philo de notre fils, Errare humanum est, on ne peut nous condamner pour ce qui relève de notre nature : nous n’en sommes pas responsables. Sauf qu’à réitérer, ça devient plus grave : Perseverare diabolicum comme disait Sénèque : du coup, on passe l’éponge pour la première fois, et puis tout de suite après, la matraque.

 

… Le gouvernement a de la chance d’avoir des communicants si créatifs : moi je n’aurais pas pensé à inventer Monsieur Oups ! Quoique… Est-ce bien sérieux ? Reportez-vous au site des Dernières Nouvelles d’Alsace, vous y trouverez une analyse détaillée de cette onomatopée ; ils ont même mobilisé une psychanalyste, c’est vous dire ! Et la voilà qui vous explique que dire « Oups ! » suite à une erreur qu’on vient de commettre est particulièrement violent. Oui : violent. « Nous sommes des êtres de langage, les mots sont une façon de reconnaître l’autre. Le “oups” ne reconnaît que son action à soi, pas la sensibilité de l’autre, c’est en cela qu’il est violent. »

Alors, messieurs du gouvernement, vous laissez passer ça ? Et vous rétribuez grassement les communicants qui ne pensent même pas que les mots ont un sens ?

Isabel Korolitski, notre psychanalyste, qui est une gentille personne, excuse pourtant ces messieurs : « Oups ! » s’inscrit dans la tendance langagière qui privilégie les formules toutes faites – « pas de souci », « que du bonheur » – au détriment du sens : « Ce sont des codes que l’on adopte sans les interroger, parce qu’ils nous inscrivent dans l’air du temps ».

Pas de souci : nous avons des psychanalystes pour nous rassurer. Avec le gouvernement qui veille sur nous, c’est que du bonheur. 

lundi 19 octobre 2020

Sommes-nous toujours voltairiens ? – Chronique du 20octobre

Bonjour-bonjour

 

Depuis quelques jours, les chroniqueurs se mettent à appeler les Lumières à la rescousse pour définir ce que les fanatiques musulmans cherchent à éradiquer chez nous. Mais en parlant des « Lumières » de quoi parlons-nous ? Du mouvement philosophique qui a accompagné la Révolution française et a fait son renom en dehors même de nos frontières ? Mais alors, ne serions-nous pas en train de ressusciter les vieux combats, clergé contre libres penseurs, qui agitèrent nos salons durant tout le 19ème siècle ?

C’est bien cela, n’est-ce pas ? Voltaire serait au goût du jour, avec ses combats contre l’obscurantisme, le fanatisme… et même contre ce que nous appelons aujourd’hui le « spécisme », prônant le végétarisme, ce que l’on a bien oublié depuis.

Alors, sommes-nous voltairiens ?

- Ouvrons notre dictionnaire : Voltairien – « Qui critique, combat les valeurs établies, surtout morales et religieuses ; qui se veut indépendant d'esprit » dit le CNRTL, qui ajoute : 

- Synonyme : impie, incrédule, incroyant, ironique, railleur, sarcastique, sceptique ; 

- Antonyme : crédule, croyant, fanatique.

Cela parait en effet raccord avec l’émotion qui réunit le pays dans la déploration du crime contre Samuel Paty – et pourquoi pas ? Si les professeurs d’histoire ont été attaqués à travers leur malheureux collègue, ils ont bien le droit de se défendre avec leurs armes, en rappelant ce moment où l’histoire de France a été marquée par l’universalisme de la raison. Bien sûr Voltaire ne fut pas le premier à prôner la tolérance religieuse, Locke avec sa lettre sur la tolérance l’a bien devancé (1689) ; de même l’éloge français de la raison ne doit pas faire oublier que l’Allemagne eut elle aussi l’Aufklärung ; mais c’est en France que ce mouvement des Lumières de la raison a eu le plus de retentissement à la fois dans le pays et aussi dans toute l’Europe

Pourtant, j’imagine mal les esprits religieux qui subsistent aujourd’hui (quelle que soit leur religion) accepter de se définir citoyen français sur la base de l’esprit voltairien tel que décrit ici : on serait plutôt rousseauiste (avec sa religion naturelle) que voltairien (avec son déisme). 

… Rousseau plutôt que Voltaire ! C'est cela et ça devrait avoir un retentissement sur les réseaux sociaux : on devait y lire « Moi, je le sens dans mon cœur : Dieu existe, et il me parle quand j’étreins le grand arbre du parc. » 

 


 

Certes, cela n’empêcherait pas les fanatiques d’affuter leurs longs couteaux, ni les employés de la voierie d’abattre plein de marronniers (comme à Reims ces jours-ci). Mais au moins on pourrait se dire que c’est bon pour notre développement personnel et nous pourrions tous nous retrouver dans l’adoration de notre MOI.

dimanche 18 octobre 2020

Proportionner le droit de vote à l‘espérance de vie – Chronique du 19 octobre

Bonjour-bonjour

 

1° Créer un droit de vote variable, certains citoyens disposant de plusieurs voix par scrutin alors que d’autres n’en auraient qu’une

2° Distribuer ces voix selon l’âge : le bulletin de vote des jeunes vaudrait par exemple cinq voix et celui des vieux une seule.

 

Ingénieux n’est-ce pas ? Comment va-t-on s’y prendre pour justifier cela ?

Cette proposition est intéressante parce qu’elle souligne une fracture bien nette aujourd’hui : l’avenir n’est pas le même selon qu’on l’envisage à 20 ans ou à 70 ans. Et du coup une décision qui engage l’avenir (comme de souscrire des emprunts qu’il faudra rembourser dans 20 ans), devrait être entre les mains de ceux qui vont en effet vivre dans ce monde-là : pourquoi donner le pouvoir de choisir à ceux qui ne seront plus de ce monde le moment venu ? Sauf à en appeler aux principes – qui ne servent plus à rien sauf à décorer le fronton des mairies, l’égalité et la fraternité étant devenues des valeurs qui impliquent pour être respectées un contexte donné, « fraternels » entre membres de la même communauté, « égaux » entre partenaires. La société française est dit-on un archipel : hommes/femmes, villes/campagne, diplômés/non diplômés, actifs/inactifs, jeunes/vieux, tout cela forme autant d’îlots et ceux qui proclament « Nul homme n’est une île » (John Donne - Cf. le poème en annexe) feraient bien de se demander pourquoi ils ne mettraient surtout pas leurs enfants dans certains collèges de banlieue.

 

Bon – tout cela est très logique. Mais lisons le poème de John Donne jusqu'au bout "ne demande pas pour qui sonne le glas; il sonne pour toi" (cf. la note). Si les jeunes ignorent que le glas qui retentit à l’enterrement des vieux sonne pour eux aussi, alors il y a quelque chose qui disparait – quelque chose qui s’appelle l’humanité.

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«Aucun homme n’est une île, un tout, complet en soi ; tout homme est un fragment du continent, une partie de l’ensemble ; si la mer emporte une motte de terre, l’Europe en est amoindrie, comme si les flots avaient emporté un promontoire, le manoir de tes amis ou le tien ; la mort de tout homme me diminue, parce que j’appartiens au genre humain ; aussi n’envoie jamais demander pour qui sonne le glas : c’est pour toi qu’il sonne.» John Donne 

samedi 17 octobre 2020

Hélas ! Nous aussi nous avons nos martyrs – Chronique du 18 octobre

Bonjour-bonjour

 

L’assassinat de monsieur Samuel Paty est un crime d’une cruauté qui révulse toutes les sensibilités par sa férocité et sa gratuité, crime auquel seul l’assassinat du père Hamel peut être comparé.

Dans l’émotion légitime qui ne cesse, vague après vague, de nous submerger, nous ne trouvons pas la place pour une véritable réflexion – et pourtant il le faut.

Je voudrais qu’on entende dès aujourd’hui les voix qui dénoncent le rôle d’excitateur de haine que jouent les extrémistes… et les parents d’élèves qui en font partie. Car, oui, ce professeur d’histoire et de civisme a été l’objet d’une campagne de dénigrement et d’appel à la violence de la part de parents qui ont été d’une virulence telle qu’on la considère comme responsable du passage à l’acte d’un fou meurtrier. 

Mais justement : était-il aussi fou que cela ? Je veux dire : sa violence barbare n’est-elle pas raccord avec ce que réclament régulièrement des gens très ordinaires sur les réseaux sociaux ? Cela fait très longtemps hélas ! que les professeurs en poste dans certains quartiers le disent : ils ne peuvent plus aborder certaines questions du fait de la résistance de leurs élèves musulmans – ou plutôt de certains élèves issus de certains milieux musulmans. Car oui, il ne faut pas dénigrer l’islam en faisant croire que la religion musulmane couvre de telles horreurs. Mais c’est justement pour cela qu’il faut dénoncer avec lucidité une situation que personne ne devrait tolérer, lorsque des gamins se bouchent les oreilles et disent au professeur : Je veux pas vous écouter ! C’est pas vrai ! Le Coran de la Mecque, il a pas dit ça !

 

Ne pas tolérer, mais ne pas ignorer.

Où en sommes-nous ?  Dans les écoles et les collèges de certains quartiers, on ne peut plus évoquer la shoah, ni contredire aux dogmes de l’islam, rien dire qui puisse se réclamer la vérité scientifique dès lors qu’elle va contre la doctrine musulmane ni même rien qui mette en jeu la tolérance républicaine. Oui, mais voilà : plus de la moitié des élèves de confession musulmane affirment que les lois du Coran sont supérieures à celles de la République. Ne dénigrons pas, mais ne soyons pas aveugles : il n’y a pas 50% de jeunes musulmans radicalisés dans ce pays : donc …

Du coup, l’éventuelle polémique qui pourrait se développer à propos de l’opportunité d’utiliser des images blasphématoires est bien loin de la réalité (1). C’est une question d’éducation, celle donnée par l’École républicaine mais aussi – mais surtout – celle donnée par les parents.

On parle des territoires à reconquérir par la République : hé bien les collèges et les écoles en font partie, ainsi que les jeunes élèves ainsi que leurs parents.

Étymologiquement, le martyr est celui qui témoigne par son sang de la vérité qu’il porte en lui : nous aussi hélas nous avons nos martyrs.

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(1) La question est en effet d’ordre pédagogique : que peut-on attendre de l’usage d’un tel exemple ? Quant à moi j’en aurais profité pour montrer que seule la loi peut donner des limites à la liberté d’expression. Quand les Gilets-jaunes brandissent une pancarte avec la mention A mort Macron ! assorti du dessin d’une guillotine, c’est un appel au meurtre condamné par la loi – et ce n’est pas couvert par la liberté d’expression. Quand on montre un dessin blasphématoire, c’est couvert par cette liberté, parce que la loi ne condamne pas le blasphème.

vendredi 16 octobre 2020

Y a-t-il un homme providentiel dans la salle ? – Chronique du 17 octobre

Bonjour-bonjour

 

Comme toujours et comme chacun, je dis bonjour le matin et bonsoir au moment du couvre-feu. Mais dites-moi : à quoi ça sert ? Oui, à quoi servent tous ces vœux (car ce sont des vœux) alors que chaque jour nous apprenons non seulement qu’il n’y a pas une seule bonne nouvelle à découvrir, mais encore que ce sont les plus mauvaises qui restent programmées : retour du covid, retour de l’incompétence des gouvernants à dominer la maladie, retour des assassinats des islamistes, et bien sûr retour de la mollesse du gouvernement incapable d’éradiquer ce fléau.

Le plus attristant c’est que non seulement ce sont les pires informations qui reviennent, mais encore que cette répétition est permanente.

- Comment : vous voudriez que ça empire de jour en jour ? C’est ça qui vous réjouirait ?

- J’ai l’intime conviction que nous sommes arrivés au fond du gouffre, qu’il n’est plus possible d’aller plus loin, mais qu’au lieu de remonter à la surface, comme lorsqu’on a touché le fond de la piscine, on reste collé là, envasé à n’en plus finir.

- Mais pourquoi ne pourrions-nous pas remonter ? Le sursaut ça existe : pourquoi pas là ?

- Oui, on voudrait bien remonter, mais sans avoir à faire l’effort de se propulser vers le haut. On voudrait bien que quelqu’un nous tire de là en nous attrapant par le col de la chemise.

- Parce que vous croyez que les français ont appris à subir tant qu’on ne les secoure pas !

- Exactement : il leur faut un homme providentiel à qui ils puissent se confier et ils dépriment quand ils ne le trouvent pas, ou – pire – quand celui qu’ils ont élu fait défaut.

Regardez comme ils agissent avec l’épidémie : après avoir dans un état de sidération obéi aux dictats du gouvernement, ils ont cherché un homme assez charismatique pour croire en ses prophéties de voyant extra-lucide. On aura deviné de qui je veux parler. Mais les résultats n’ont pas été à la hauteur des annonces : le traitement miracle n’a pas fait de miracle et le gourou de Marseille a dû rengainer sa morgue. Qui d’autre pour le remplacer ? Personne sauf quelques philosophes prompts à encourager les naïfs à se suicider pour échapper à l’ennui.

- Alors rien ? Nada ? Aucune bonne nouvelle ? 

Si, quand même : Wall Street ouvre en nette hausse grâce au moral des consommateurs (Lu ici)





jeudi 15 octobre 2020

Qu’ils crèvent ! – Chronique du 16 octobre

Bonjour-bonjour

 

Hier sur Europe 1 le philosophe André Comte-Sponville a exhorté les jeunes touchés par les mesures destinées à lutter contre le covid : "Obéissez à la loi mais ne sacrifiez pas toute votre vie à la vie de vos parents et de vos grands-parents", ajoutant "On ne peut pas sacrifier indéfiniment les libertés à la santé des plus fragiles, donc des plus vieux. Donner la priorité aux vieux représente une inversion de la solidarité intergénérationnelle qui veut que les parents se sacrifient pour leurs enfants." Parlant ainsi du sacrifie légitime des vieux à l’épidémie de covid, monsieur Comte-Sponville est un philosophe qui parle haut et clair à la différence de bon nombre de ses confrères. Pourtant on peut se demander si c’est bien en philosophe qu’il s’est exprimé. En quoi consiste son argumentation ?

 

- Il reprend d’abord l’idée déjà exprimée par Nicolas Bedos du droit des jeunes à continuer à faire la fête, au risque de contracter une maladie qui est pour eux bénigne, mais en courant le péril de contaminer les plus âgés pour lesquels le covid est une menace fatale. Toutefois, Nicolas Bedos mollissait quand il parlait de la contamination des vieux parents : il reconnaissait l’utilité des précautions à prendre pour les protéger, sans doute au nom de l’amour dont ils sont l’objet. André Comte-Sponville, quant à lui, déplaçant son propos sur le plan de la solidarité intergénérationnelle, recommande aux jeunes de ne renoncer à rien, quitte à pousser vers la tombe des vieillards qui en sont de toute façon déjà très proches. En effet, les sociétés humaines fonctionnent sur la base de la protection des plus jeunes par les plus âgés, et voilà qu’on voudrait inverser ce rapport en obligeant les enfants à se sacrifier pour leurs parents ? C’est vraiment injustifiable !

-  Situant alors son propos à l’étage des libertés civiles dans leur rapport avec la finalité de l’existence des citoyens, il ajoute : aucune société ne peut se construire sur l’exigence faite à certains d’abandonner leur droit au bonheur au profit de quelques-uns. Le principe de l’obéissance à la loi dont pourtant on vient de recommander le respect est implicitement annulé. Ne sacrifiez pas votre vie au nom de la protection des plus vieux ! Ce sont eux qui doivent reconnaitre que leur devoir est de favoriser votre épanouissement, fut-ce au prix de leur vie !

- Alors, s’agit-il de propos corrompus par la passion, cachant leur incohérence sous la véhémence des propos ? Le philosophe a-t-il renoncé à user de sa raison pour mieux libérer ses passions ? Ses sentences sont-elles du même calibre que celles qui déshonorent les réseaux sociaux ? Hélas, non. Clarté des principes, rigueur de leur application, tranchant du problème et clarté des conclusions : que demander de plus ? et pourtant voilà qu’on nous propose d'accepter le sacrifice des vieux ! 

--> C’est donc que la philosophie porte avec elle une rhétorique qui permet de bénir n’importe quoi. Platon certes dénonçait les sophistes qui usaient de cette rhétorique pour détourner les citoyens du droit chemin et leur faire applaudir leurs ambitions personnelles. Mais il croyait aussi à la rigueur de la science philosophique qui devrait mener les philosophes au pouvoir pour le bonheur de tous. Hélas ! On a bien vu de quoi les despotes éclairés étaient capables…

 

… Au fait : notre Président n’est-il pas le premier philosophe-à-l’Élysée de la Vème République ?

mercredi 14 octobre 2020

Esclave un jour, esclave toujours – Chronique du 15 octobre

Bonjour-bonjour

 

Esclave un jour, esclave toujours ! Dans ce slogan des descendants d’esclaves afro-américains ou antillais on reconnait une démarche dont on parle un peu ces temps-ci : je veux dire l’essentialisation qui transforme une situation humaine en nature intime et définitive de l’être. Certains opposent à cette croyance la formule bien connue de Simone de Beauvoir : « On ne nait pas femme, on le devient » - où le mot « femme » peut être remplacé par ce qu’on voudra, esclave, raciste, antisémite, juif, noir, génie, etc…. suivant le principe existentialiste « L’existence précède l’essence »

- Évitons les contresens courants suscités par ces formules : quand Simone de Beauvoir affirme qu’être femme n’est pas une fatalité imposée par une essence, elle ne dit pas non plus que c’est un choix. Si être femme ne renvoie pas simplement à une réalité physiologique ça ne veut pas dire non plus qu’il y a là une simple décision : c’est un fait historique, dont il est peut-être impossible de s’affranchir, mais qui peut et doit se limiter à l’époque actuelle.

 

Et alors, être « noir » : ça veut dire à quoi ? En parlant de « vie noire », comme nous y invite le slogan « Black lives matter » (1) nous sommes invités à reconnaitre que la vie des noirs est définitivement établie par la couleur de leur peau contre laquelle ils ne peuvent rien. Toutefois, de même qu’être une femme c’est obligatoirement avoir tels organes dont les hommes sont dépourvus, être noir c'est au moins avoir telle peau, telle chevelure, etc. 

What else ? C’est le moment de dire que si les vies noires sont définitivement « noires » ça ne peut aller plus loin que le constat de la couleur de la peau. Ce qui fait la vie noire, en 2020 aux USA c’est bien autre chose, à commencer par la réalité sociale dans laquelle sont contraint de vivre les afro-américains, la manière dont on les considère encore aujourd’hui dans les États du sud, la communauté à laquelle ils se doivent d’appartenir. Et encore une fois, ça ne veut bien sûr pas dire que les noirs auraient choisi d’être traités comme ça, pas plus que ce serait une fatalité imposée par la couleur de leur peau. Et ceux qui pensent comme cela sont des racistes – ceux qui sont devenus racistes. Car on ne nait pas raciste on le devient : on en est donc responsable.

Du coup l’horizon des revendications devient un peu plus large.

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(1) Qui ne date pas d’aujourd’hui puisque ça remonte à 2013 (voir ici)

mardi 13 octobre 2020

Et la morale, comment ça va ? – Chronique du 14 octobre

Bonjour-bonjour

 

Quand on voit tous ces gens refuser de porter le masque au nom de leur liberté individuelle, cela signifie un refus de considérer la sécurité des autres comme importante. En décidant pour eux, ils décident aussi pour moi. C’est la négation de leur droit à décider de leur conduite et c’est immoral. 

 

Certes, cette attitude n’est morale que si elle ne s’accompagne pas d’un déni de l’efficacité de cet accessoire. Si en effet je dis : « Le masque ne sert à rien, c’est juste une manœuvre du pouvoir pour me bâillonner », là je milite pour qu’on refuse une contrainte venue d’un abus du pouvoir, et du coup je pense que les autres ne seront pas en insécurité du fait de mon attitude – bien plus, je leur montre la voie à suivre pour s’émanciper d’un pouvoir tyrannique. En revanche, si je crois que le masque protège, alors en le refusant je fais un geste de défi à la mort, un peu comme dans cet article de Nicolas Bedos, nous invitant à crever avec panache plutôt que de vivre comme un rat.

Et là je prends une attitude morale qui consiste à définir ma liberté comme étant supérieure à celle des autres, puisque d’une certaine façon je décide pour eux des risques qu’ils doivent prendre du fait de ma négligence (1). Dans le même registre, je pense aussi au refus de faire vacciner ses enfants (ou soi-même) : de la même manière, on suppose que les autres ne comptent pas, tant pis pour eux si leurs enfants sont contaminés par les miens ; et à supposer que le vaccin soit vraiment utile, s’ils les font vacciner alors je serai protégé par le fait qu’ils ne colporteront pas le virus. Dans tous les cas en prenant un risque personnel, ce que je peux bien revendiquer, je contrains les autres à en faire autant ce que je n’ai pas le droit de faire. Pas de liberté pour les ennemis de la liberté disait Saint Just : c’est au nom de la liberté que je suis un ennemi de la liberté.

Ce paradoxe n’en est vraiment un que si on oublie qu’on a ici affaire à la liberté civile, cette liberté qui n’existe qu’à condition d’être limitée par la loi. Nul ne peut être législateur de sa propre conduite et c’est la démocratie qui est le garant de la liberté de tous les citoyens. 

L’époque actuelle, avec tous les troubles de conscience qu’elle implique nous propose le choix : soit d’être un sujet moral, soit d’être un anarchiste, soit de n’avoir aucune conscience morale. 

Choisis ton camp, camarade !

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(1) Cette attitude consistant à placer sa propre liberté au-dessus de toute autre, Sartre la définissait comme étant propre aux « salauds »