Le Roi règne mais ne gouverne pas – Chronique du 13 octobre
Bonjour-bonjour
« Le Roi règne mais ne gouverne pas » : vous connaissez peut-être cette formule utilisée après 1830 par les opposants à la monarchie de juillet ? Elle correspond à la monarchie constitutionnelle, là où le monarque est le symbole du pouvoir exécutif et non son acteur ; on en retrouve l’origine dans l’Ancien testament, lorsque le règne de Dieu est évoqué : sa transcendance interdit qu’il se mêle aux hommes pour le gouverner.
Mais aujourd’hui lorsqu’on songe à cette formule, c’est plutôt à propos de Rama X, roi de Thaïlande,
Ce souverain, décrit comme « hédoniste sans complexe » séjourne dans un palace de Bavière au milieu de son harem, et c’est de là qu’il prendrait les décisions concernant la gouvernance de son pays. « Il n’est pas d’avis du gouvernement que les invités dans notre pays puissent gérer leurs affaires d’État d’ici » déclare-t-on à Berlin, tandis que la partie thaïlandaise assure que « les affaires gouvernementales de Thaïlande sont dirigées par le premier ministre sur place et le roi, qui est le chef d’une monarchie constitutionnelle, séjourne en Allemagne à titre privé ». C’est donc bien le premier ministre qui gouverne depuis la Thaïlande, tandis que le roi règne depuis l’Allemagne.
On le voit : la question de la distinction entre le fait de régner et celui de gouverner est bien délicate à faire, et pourtant elle est au centre de notre constitution, quand il s’agit de tracer la frontière entre les attributions de Matignon et celles de l’Élysée. A quel moment le Président reste bien dans son rôle d’arbitre des choix politiques et de gardien de la constitution sans être taxé de potiche, tout juste bon à inaugurer les chrysanthèmes ? A quel moment envahit-il le domaine des prérogatives du premier ministre, rétrogradé au rang de « collaborateur » ?
Plus généralement : peut-on régner sans gouverner ? Et peut-on gouverner sans régner ? On l’a vu, c’est l’Ancien testament qui seul parvient à résoudre ce dilemme : Dieu le Père, doté de la Transcendance absolue, ne s’abaisse pas à intervenir dans la vie des hommes ; les Dieux grecs l’ont fait et on sait que ce fut au détriment de leur Gloire. Quant à gouverner on peut estimer que le Saint Esprit s’en est chargé, en transmettant aux hommes la puissance du souffle divin dont il est l’émanation. Il est l’interface qui permet à l’émanation de Dieu de parvenir aux hommes.
Voilà une conception du pouvoir que notre République laïque ne saurait partager !
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