mardi 27 octobre 2020

Reconfinement de la population française – Chronique du 28 octobre

Bonjour-bonjour

 

L’information BFM est à prendre au conditionnel : rien ne sera officiel avant ce soir 20h.

Mais quand même : comment douter qu’une semblable mesure ne soit prise pour éviter la saturation des hôpitaux ? Voulons-nous voir des malades agoniser sur des brancards dans les couloirs des urgences ? Et de toute façon, qui donc s’imaginerait lui-même dans cette tragique situation ?

Hans Jonas écrivait en 1979 que les catastrophes actuelles nous interpelaient sur celles de demain ; il a appelé cela « l’heuristique de la peur » signifiant par là que nous ne nous soucions de l’avenir que s’il nous inspire de la crainte. Eh bien nous ne sommes enclins à nous soumettre aux mesures de privations de liberté que si nous pouvons imaginer que, sans elles de grands malheurs nous frapperont demain, même si nous sommes indemnes aujourd’hui.

Ceci pour expliquer ce phénomène qui nous a bien étonnés en mars et qui va sans doute se reproduire en novembre : que les français si frondeurs et si peu respectueux des décisions prises par leur gouvernement soient à ce point obéissants quand il leur faut rester confinés chez eux sans pouvoir en sortir. Oui, pourquoi ces braillards qui proclament que le masque est une manipulation du pouvoir pour bâillonner les citoyens soient si peu populaires, alors même que les chaines de télé les exposent largement – au-delà de leur audience ?

Ce que j’écris-là est une banalité, j’en suis conscient. Les régimes populistes ont largement exploité le filon, attisant la crainte de l’étranger pour élargir leur pouvoir. Mais on n’épuise pas le sujet en disant cela : nous ne nous soucierions pas du futur sans la peur, ce qui fait de celle-ci une voie d’accès au temps de longue durée, alors que nous sommes habitués au temps court. Nous voulons tout, tout de suite, et nous sommes prêts à déboulonner les gouvernements avant qu’ils aient pu faire la preuve de l’efficacité de leurs mesures. Nous sommes comme les petits enfants qui ne savent pas penser le futur, pour qui le présent seul existe et qui font un caprice quand on leurs dit qu’il faut attendre demain – dans un dodo. 

Avant d’être une représentation de la causalité (ce que je fais aujourd’hui aura un effet demain), le futur est la réactivation des blessures déjà ressenties.

Allez, bon reconfinement.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire