lundi 19 octobre 2020

Sommes-nous toujours voltairiens ? – Chronique du 20octobre

Bonjour-bonjour

 

Depuis quelques jours, les chroniqueurs se mettent à appeler les Lumières à la rescousse pour définir ce que les fanatiques musulmans cherchent à éradiquer chez nous. Mais en parlant des « Lumières » de quoi parlons-nous ? Du mouvement philosophique qui a accompagné la Révolution française et a fait son renom en dehors même de nos frontières ? Mais alors, ne serions-nous pas en train de ressusciter les vieux combats, clergé contre libres penseurs, qui agitèrent nos salons durant tout le 19ème siècle ?

C’est bien cela, n’est-ce pas ? Voltaire serait au goût du jour, avec ses combats contre l’obscurantisme, le fanatisme… et même contre ce que nous appelons aujourd’hui le « spécisme », prônant le végétarisme, ce que l’on a bien oublié depuis.

Alors, sommes-nous voltairiens ?

- Ouvrons notre dictionnaire : Voltairien – « Qui critique, combat les valeurs établies, surtout morales et religieuses ; qui se veut indépendant d'esprit » dit le CNRTL, qui ajoute : 

- Synonyme : impie, incrédule, incroyant, ironique, railleur, sarcastique, sceptique ; 

- Antonyme : crédule, croyant, fanatique.

Cela parait en effet raccord avec l’émotion qui réunit le pays dans la déploration du crime contre Samuel Paty – et pourquoi pas ? Si les professeurs d’histoire ont été attaqués à travers leur malheureux collègue, ils ont bien le droit de se défendre avec leurs armes, en rappelant ce moment où l’histoire de France a été marquée par l’universalisme de la raison. Bien sûr Voltaire ne fut pas le premier à prôner la tolérance religieuse, Locke avec sa lettre sur la tolérance l’a bien devancé (1689) ; de même l’éloge français de la raison ne doit pas faire oublier que l’Allemagne eut elle aussi l’Aufklärung ; mais c’est en France que ce mouvement des Lumières de la raison a eu le plus de retentissement à la fois dans le pays et aussi dans toute l’Europe

Pourtant, j’imagine mal les esprits religieux qui subsistent aujourd’hui (quelle que soit leur religion) accepter de se définir citoyen français sur la base de l’esprit voltairien tel que décrit ici : on serait plutôt rousseauiste (avec sa religion naturelle) que voltairien (avec son déisme). 

… Rousseau plutôt que Voltaire ! C'est cela et ça devrait avoir un retentissement sur les réseaux sociaux : on devait y lire « Moi, je le sens dans mon cœur : Dieu existe, et il me parle quand j’étreins le grand arbre du parc. » 

 


 

Certes, cela n’empêcherait pas les fanatiques d’affuter leurs longs couteaux, ni les employés de la voierie d’abattre plein de marronniers (comme à Reims ces jours-ci). Mais au moins on pourrait se dire que c’est bon pour notre développement personnel et nous pourrions tous nous retrouver dans l’adoration de notre MOI.

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