lundi 30 novembre 2020

Le 4ème roi mage – Chronique du 1er décembre

Bonjour-bonjour

 

Bientôt nous allons pouvoir nous retrouver avec nos amis pour des réunions qui vont durer jusqu’au bout de la nuit. Mais attention ! Il faudra respecter quand même la distanciation sociale. Pour cela, évitons les flirts et leur promiscuité dangereuse, et préférons-leur les jeux de société.

Après avoir épuisé les joies des jeux de dés, de cartes, on passera aux devinettes, charades, etc. Et puis on ira jusqu’aux quizz plus actuels.

 

- Pour être raccord avec ce début du mois de décembre, je vous propose le jeu du 4ème roi mage

Je sais ce que vous allez dire : « Les rois mages ne sont que trois, pas un de plus ! Tout le monde sait ça ! »

Et alors ? Les Évangiles ne sont pas si précis que cela, tout ce que l’on en sait relève d'une tradition largement postérieure aux évènements, que l'on peut sans forcer adapter aux questionnements d’aujourd’hui. Et puis, ce n’est qu’un jeu après tout.

Voici donc le jeu proposé : il s’agit d’un quizz au cours duquel il faudra deviner quel cadeau ce roi mage a offert à Jésus qui a déjà reçu des offrandes telles que l’or, l’encens et la myrrhe, ; qu’est-ce que le quatrième roi pourrait bien avoir offert à cet enfant miraculeux ?

Les réponses devant être mises au goût du jour, vous choisirez l’une des réponses suivantes :

    - Réponse A : Jésus aura une PS5 pour ne pas paraitre attardé au près des garçons de son âge.

    - Réponse B : Une paire de sneaker de marque Jordan, qui grandit avec l’enfant. Oui, il s’agit de chaussures miraculeuses, et alors ? Le 4ème roi est non seulement mage mais aussi magicien.

    - Réponse C : un billet d’avion pour les Maldives pour dégager de cette zone d’affrontement perpétuel.

    - Réponse D : les clefs d’un bel et grand appartement pour y loger avec ses parents. On précise que ce logement ne serait pas en zone de colonisation juive.

 

Bien sûr, il y a un risque : remplacer la crèche par un F5 à Tel-Aviv, ça risque d’en fâcher certains. Et en particulier, si parmi les joueurs se sont glissés des membres de la Fraternité Saint Pie V, ils vont vous écharper et tout le monde va finir au bloc. Mais heureusement, l’organisateur a prévu cela : on peut modifier le jeu en adoptant une règle qui le transforme en joute oratoire. Chacun à tour de rôle doit prononcer une plaidoirie pour obtenir l’acquittement du Christ, le plus éloquent gagnant la partie. Occasion pour les traditionnalistes de participer en priant étalés sur la moquette du salon les bras en croix.

dimanche 29 novembre 2020

Du droit à filmer les gens jusque dans leurs W.C. – Chronique du 30 novembre

Bonjour-bonjour

 

Que ce monde est étrange… alors qu’il y a quelques années on ne craignait rien tant que les intrusions d’un dictateur, genre Big Brother, installant un peu partout des caméras de surveillance jusque dans notre l’intimité – voilà qu’aujourd’hui on défile dans la rue pour protéger le droit… non seulement à filmer tous ceux qui sont aux alentours, mais encore à diffuser partout ces images. 

Paradoxe, parce qu’au-delà de la circonstance particulière des manifestations, l’usage des photos sur smartphone est devenus quasi permanent et qu’en outre on n’hésite pas à mettre en ligne des photos de nous-mêmes et de nos proches, dévoilant notre intimité à qui voudra bien y jeter un regard.

Si l’on veut s’interroger sérieusement sur renversement d’attitude quant aux barrières qui défendent notre vie privée, il faut aller jusqu’au cœur du problème : avons-nous une vue précise de la frontière qui sépare vie privée et vie publique ? Et déjà, savons-nous clairement en quoi consiste cette « vie publique » : s’agit-il de notre environnement, limité au voisinage ? ou bien plus largement, de tout ce qui échappe à notre contrôle, chaque photo mise sur un réseau Internet étant comme une bouteille à la mer – sauf que là, la mer est faite d’un océan d’yeux  ?

 


 

 

Est-ce à dire que nous aurions, symétriquement, une notion élastique de l’intimité ?

- Comme le titre de cette chronique l’indique, on suppose qu’on ne laisserait jamais passer sur les réseaux une photo nous montrant installés dans les w.c. Évidemment… Mais une image qui nous montrerait un peu éméché à la sortie du pot d’adieu d’un collègue de travail, voilà qui ne serait pas déplacé sur un mur Facebook, destiné à un réseau d’amis. Oui, mais si cette image, relayée par tous ceux qui le souhaitent, va trainer un peu partout, c’est sûr, nous allons crier au viol de la vie privée. 

Légèreté d’un côté, angoisse d’être vu de l’autre, comment comprendre cette contradiction ? Serions-nous comme des exhibitionnistes qui aimeraient montrer leur nudité, mais en contrôlant quand même l’identité de ceux à qui ils permettent de mater par le trou de la serrure ? 

Pour le savoir, lisez ce qui suit.

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Les policiers ont-ils honte ? – Chronique (2) du 30 novembre

 

Re-bonjour

Comme je n’ai pas réussi à épuiser dans la chronique ci-dessus les divers aspects de notre quête d’images, voici comment un philosophe sartrien voudra conclure ce propos.

Pour conclure à propose de l’exhibitionniste, nous dirons que peu importe qui va le regarder, et peu importe son intention, que nous ne connaitrons d’ailleurs jamais parfaitement.  Car ce qui compte c’est l’étrange pouvoir que possède le regard des autres. Les députés qui s’écharpent sur l’intention de ceux qui filment les policiers se trompent quand ils croient qu’il peut y avoir des vidéos innocentes. Il n’y a pas de photos innocentes, chacune nous livre sans défense au regard des autres. Au cœur de la philosophie de Sartre il y a cette chosification dont nous sommes l’objet sous le regard d’autrui ; analyse portée par le célèbre exemple de la honte :

« Considérons par exemple la honte... /Elle est/ dans sa structure première … honte devant quelqu'un. Je viens de faire un geste maladroit ou vulgaire : ce geste colle à moi, je ne le juge ni ne le blâme, je le vis simplement, je le réalise sur le mode du pour-soi. Mais voici tout à coup que je lève la tête ; quelqu'un était là et m'a vu. Je réalise tout à coup toute la vulgarité de mon geste et j'ai honte... Autrui est le médiateur indispensable entre moi et moi-même : j'ai honte de moi tel que j'apparais à autrui. Et par l'apparition même d'autrui, je suis en mesure de porter un jugement sur moi-même comme un objet, car c'est comme objet que j'apparais à autrui... La honte est par nature reconnaissance. Je reconnais que je suis comme autrui me voit. » Sartre, L'être et le néant (1943)

Et voilà comment le projet de loi Darmanin tombe à l’eau : il voudrait qu’on distingue les vidéos mal intentionnées de celles qui ne le sont pas. Mais le problème n’est absolument pas là ! C’est que toute image et donc tout regard porté sur moi porte avec lui une aliénation fondamentale : sous le regard d’autrui, je perds ma prétention à me définir moi-même, je suis transformé en cette « chose » que l’autre voit de moi : ce que Sartre a illustré au théâtre avec Huis-clos et ces personnages condamnés à être tels que leurs compagnons les voient.

La honte dont on parlait précédemment n’est qu’un exemple de cette chosification subie sous le regard d’autrui.

On pourrait donc expliquer aux forces de l’ordre que s’ils ont honte des images qu’on prend d’eux durant la répression de la manifestation, c’est qu’ils ne veulent pas savoir à quoi ils ressemblent alors, parce qu’ils sont comme on les voit.

samedi 28 novembre 2020

Plus de tire-fesse… ni de pince-fesse – Chronique du 29 novembre

Bonjour-bonjour

 

Les remonte-pentes et les discothèques sont les deux jambes sur lesquelles reposent les stations de sport d’hiver. Vous supprimez une jambe à un homme, le voilà infirme appuyé sur une béquille. Vous lui coupez la deuxième, le voilà sur le c*** C’est très exactement la situation dans laquelle se retrouvent les stations de skis françaises ouvertes, mais dont les pistes – de glisse et de danse – restent fermées (à la différence des suisses qui ont laissé tout ouvert). 

Alors, ça fait longtemps que les stations alpines le savent : du fait du réchauffement climatique, faut se préparer à ne plus avoir de neige en hiver. Mais les organisateurs ont bossé depuis déjà longtemps sur un modèle de séjour sans neige, avec des attractions de plein air, des promenades, bref, tout ce qui se pratique en été, et un peu plus si possible. Reste que, dans tous les cas il y a les bars et les discothèques qui sont largement ouverts, et qui offrent toute la nuit la promesse de fêtes largement arrosées à la vodka et … à la testostérone.

Parce que, oui : les vacances à la montagne, c’est du ski, plus de la fesse. On voudra bien m’excuser pour ce terme si peu élégant : je ne sais pas dire les choses sans les mots.

 


Image tirée du film « Les bronzés font du ski »


Soyons positifs : quelle activité proposer aux vacanciers pour remplacer ski et dancefloor ?

Des cours de cuisine ? Des conférences avec travaux pratiques pour la confection de cosmétiques ménagers ? Hors sujet. Par contre j’imagine que des stages de développement personnel, avec cours de yoga dans la neige et séances de méditation ça pourrait marcher.

Qu’en pensez-vous ? En tout je ne suis pas ironique dans cette chronique cas 

vendredi 27 novembre 2020

Le poids des mots – Le choc des photos – Chronique du 28 novembre

Bonjour-bonjour

 

« Le poids des mots, le choc des photos » : vous aurez reconnu un slogan du magazine Paris Match, datant des années 80. Ça fait loin mais c’est toujours d’actualité, comme en témoigne le débat autour de l’article 24 de la loi Sécurité Globale. Le débat autour de cet article est en grande partie miné : alors que certains députés reprochent au gouvernement de vouloir empêcher quiconque (mais en particulier les journalistes) de diffuser des images des forces de l’ordre lors de leurs actions, le ministre de l’intérieur jure ses grands dieux que seule la diffusion malveillante devra être sanctionnée. Comme si certaines images n’étaient pas d’elles-mêmes malveillantes ?

Mais alors : qu’est-ce qu’une image qui serait par elle-même malveillante ? Après tout si certaines images ridiculisent des personnages, à qui s’en prendre ? Au journaliste qui a fait la photo ou au personnage qui s’est montré ridicule ?

Voyez cette photo qui diffusée sur Twitter et qui a servi à ridiculiser Trump le mettant en fureur :

 


 

Voici le Président des États-Unis d’Amérique et voilà son bureau – Les réseaux sociaux se moquent du Président : c’est le bureau d’un enfant disent-ils. C’est justement comme ça que se comporte en ce moment le Président ! 

Bien sûr l’image du policier qui bourre de coups un manifestant à terre suffit à dire l’injustice, point n’est besoin de rajouter d’un commentaire. C’est dire à quel point « le choc des photos » est largement suffisant pour discréditer les  forces de l’ordre… sous conditions qu’elles montrent une violence intolérable.

D’où le soupçon bien étayé que le gouvernement en empêchant la diffusion d’images qui ne sont que des décalques de la réalité, institue une véritable censure. 

On peut cogner chef ? – Chronique du 28 novembre

Bonjour-bonjour

 

 

Ça, expliquons-le à ceux qui ont moins de 70 ans, c’est une de ces petites affiches qu’on collait sur les murs à Paris en 1968. Une de ces images bricolées par des étudiants et immédiatement diffusée, à une époque où les réseaux sociaux n’existaient pas, et où la débrouille venait soutenir l’activisme. 

Et puis surtout, c’était, l’époque où l’unanimité était contre les forces de l’ordre symbolisées par les CRS vus comme des brutes au front bas – mais qui obéissaient aux ordres, ce qui permettait de haïr, outre les CRS, le Ministre de l’intérieur et puis le Président – le grand Charles lui-même. Époque où on n’avait pas applaudi encore la police à la manif pour Charlie et où Renaud n’avait pas embrassé un flic

Alors, qu’est-ce qui a changé depuis ? Les méchants ne sont-ils plus tous dans le même camp, au point que parfois les CRS sont contre eux et pas contre nous (nous = les bons) ? Oui, sans doute, c’est bien ce qui s’est passé avec les attentats de Paris-2015. Et puis, plus trouble : la police démolie par les Black-blocs, au point que les vieux comme moi se sont scandalisés : on veut bien que la police se prenne des gnons, mais seulement s’ils sont infligés par des gens bien propres. Ça commence à devenir plus douteux.

On me dira que l’actualité vient à mon secours : « Tu veux de la clarté ? Hé bien en voilà : un groupe flics qui tabassent un pauvre type qui fume sur le pas de sa porte et qui, pour faire bonne mesure le collent en prison pour rébellion ! Cette fois on va être tous dans le même clan ? » Oui… Sauf qu’on peut encore dire que ce sont là des voyous qui déshonorent l’uniforme qu’ils portent. En 68 les CRS étaient une compagnie d’agents décérébrés. Aujourd’hui il n’en va pas de même : les vrais policiers, ce sont des troupes d’élites formées et dirigées de main de maitre par le Préfet de police de Paris.

Oui, mais voilà : le 23 novembre ces mêmes agents avec une maitrise parfaite ont vidé comme des sacs poubelle les tentes de la place de la République et les pauvres gens qui y étaient installés. 

L’ordre a régné sur la Place de la République.

jeudi 26 novembre 2020

On coupe la bûche en deux – Chronique du 27 novembre

Bonjour-bonjour.

 

« On coupe la bûche de Noël en deux et papi et mamie mangent dans la cuisine.» Cette sortie polémique du professeur de médecine Rémi Salomon (Rémi, pas Jérôme) a fait florès dans la presse ces jours-ci, et l’intéressé s’en est lui-même excusé.

 


 

Oui, imaginer Papy et Mamie confinés à Noël dans la cuisine, après avoir été exilé du pied du sapin à l’heure où le Père Noël rend visite aux beaux petits enfants, c’est quand même un peu triste. D’autant qu’à l’âge de ces aïeux, c’est peut-être leur dernier noël ? Le professeur Salomon pourra démentir tant qu’il voudra, mais cette cruauté évoque un aspect véritable de la réalité. Car, oui, le virus est encore présent, et oui il est capable de circuler dans les embrassades de la Nativité.

 

En matière d’épidémie, on fait toujours la même erreur : on croit que la maladie se répand du fait d’une intention cachée mais toute puissante qui nous vise personnellement. Bien sûr nous n’avons plus comme au moyen-âge des juifs à accuser de propager la peste. Mais, si nous tombons malades, ce n’est quand même pas le fait du hasard. Ça a un sens, il n’y a qu’à consulter l’intention qui lui a permis de nous frapper. Par exemple, récemment ce furent les jeunes dont l’insouciance festive a été accusée de porter de contagion. On a aussi aussi accusé les joggeurs lors du 1er confinement, et supposé que partout où on se donnait du plaisir la maladie se développait. D’autres, adeptes des complots ont estimé que ce virus si pernicieux ne pouvait avoir été forgé par la nature : il était forcément issu d’un laboratoire humain – probablement en Chine d’où il s’est échappé. 

Malheureusement, toutes ces procédures de mise en accusation n’y ont rien fait : le virus n’obéit à aucune intention, et comme il ne possède aucun membre locomoteur, il ne se déplace que dans les nez par où il s’échappe – du petit dernier qui vient d’éternuer pour pénétrer dans le nez de Grand-Mère. D’où la nécessité pour elle de manger la bûche dans la cuisine.

Mais tout comme nous restons persuadés que le virus est trop méchant pour n’être que l’œuvre de la nature, nous croyons que la bûche de Noël n’a pas la même saveur au pied du sapin ou dans la cuisine où l’on serait confiné. Il n’y a pas de réalité sans un voile d’imaginaire qui la recouvre.

mercredi 25 novembre 2020

America is back – Chronique du 26 novembre

Bonjour-bonjour

 

« L'Amérique est de retour, prête à guider le monde » déclare Jo Biden, qui a ajouté : « J’ai dit depuis longtemps que l’Amérique guide non par l’exemple de son pouvoir, mais par le pouvoir de son exemple ». (Lire ici)

 

Voilà qui fait sursauter ! Ainsi, écartant l’unilatéralisme de l’équipe précédente, Jo Biden se promet non seulement de rétablir le leadership de l’Amérique sur le monde (excusez du peu !) mais de surcroit il prétend le faire par l’autorité morale de l’exemple américain.

Alors, bien sûr nous savons que le président élu vise principalement le caractère incohérent et cynique de la gestion de Donald Trump : mais quand même, son propos consiste bien à dire qu’il est dans la nature de l’Amérique véritable, celle qui fait retour sur la scène mondiale, de servir d’exemple au monde.

 

Trump au moins n'avait pas la prétention de nous donner des leçons : un bon coup de gourdin derrière les oreilles, et basta ! Combien de temps nous faudra-t-il pour regretter l’époque Trump ?

Mais laissons… Au lieu de nous indigner, il vaut mieux retourner la question sur nous-mêmes : non pas : « Qui sont donc ces gens pour avoir une telle prétention ? », mais plutôt « Qui sommes-nous pour mériter d’être jugé ainsi ? » Et c’est alors que nous percevons notre petitesse morale, tant du point de vue de la gestion économique des affaires que de celui de la politique. Le goût du lucre, l’indifférence devant le dépérissement de la planète, l’égoïsme qui nous fait ignorer la misère des hommes, la volonté d’influer sur les affaires d’autres pays dans le but d’enrichir nos entreprises, un pragmatisme de mauvais aloi qui nous autorise aux plus répugnantes filouteries sous prétexte que si nous ne le faisions pas d’autres le feraient à notre place… on n’en finirait pas de battre notre coulpe si jamais nous avions l’idée de le faire.

La différence entre l’Amérique telle que Jo Biden la présente et nous, c’est que faisant elle aussi tout cela, elle prétend malgré tout obéir à des principes parfaitement respectables, voire même à des dogmes religieux – alors que nous, hypocrites que nous sommes, nous disons toujours que Dieu aime les pauvres et qu’il serait plus difficile à un riche d’entrer au paradis qu’à un chameau de passer par le chas d’une aiguille…

Quoi ? On me dit que ce ne sont pas les chrétiens qui disent cela, mais les musulmans ? Bon… pourquoi pas ?

Attendons que le Prince Ben Salman nous donne des leçons de citoyenneté à la place de Jo Biden – et examinons la différence, s’il y en a une. 

mardi 24 novembre 2020

A quand le retour du droit à la paresse ? – Chronique du 25 novembre

Bonjour-bonjour

 

Oui, mes petits amis : le Père Noël va pouvoir commencer ses achats – est c’est pour très bientôt : dans trois dodos, le 28 novembre très exactement ! Gardez votre CB bien à l’abri d’ici là parce que le 28 ça va flamber.

 

- Réjouissez-vous, amis lecteurs : jusqu’ici vous n’étiez qu’un porteur de virus dont le devoir était de cacher son nez ; et puis vous étiez éventuellement un travailleur autorisé par privilège spécial à prendre le métro. A partir de samedi vous serez en plus un client des commerçants qui vous attendent comme le messie. C'est promis-juré (voir ici).

Mais… Vous connaissez les français : râleurs comme pas un, et en plus, râleurs dépressifs : le message du Président, ça commence à faire beaucoup pour eux. Parce qu’au-delà des discours politiques pleins d’onctuosité, les voici, ces français, définis comme consommateurs missionnés pour faire fonctionner les tiroir-caisses. C’est très exactement ce que concluait le célèbre Droit à la paresse de Paul Lafargue, paru en 1880, qui reliait la production à la consommation. Alors que les prolétaires de l’époque ne pouvaient que travailler, Lafargue exige pour eux le droit de chômer et de consommer. Bien sûr on ne confondra pas la situation qui est la nôtre aujourd’hui et celle des ouvriers du 19ème siècles qui avaient à peine de quoi manger et auxquels les autorité civiles et religieuses affirmaient que l’épuisement au travail, que les souffrances de la misère et de la maladie étaient les vertus suprêmes. Ce pamphlet fut écrit en réponse au Droit du travail de Louis Blanc, mais pour nous il recèle bien d’autres messages, et hormis la critique de l’obsolescence programmée (1), il défend l’idée qu'il ne suffit pas de travailler, mais qu'il faut en plus consommer. 

Il est vrai que l’époque était propice aux discours moralisateurs, mais regardons-nous : ne sommes-nous pas nous aussi des simples facteurs économiques ?  Aujourd'hui tout comme en 1880 il faut non seulement produire, mais encore consommer. Ce qui était revendication au 19ème siècle est devenu contrainte aujourd'hui : mais qu'est-ce que ça change à la logique du profit ? Voici Noël et sommes-nous autre chose que des estomacs qu'on remplit simplement parce que ça rapporte aux producteurs ? Demandons-nous ce que font aujourd’hui les éleveurs de foie gras : ne sont-ils pas entrain de prier leur saint patron qu’il veuille bien ouvrir l’accès à tous ces estomacs, pour faciliter l’écoulement de leur marchandise en passant par leur tiroir-caisse ? La crise que nous vivons ne rend-elle pas évidente cette vérité qu’on s’efforce de nous cacher : de quelque manière que nous vivions, le système est fait pour que nous rapportions d’abord des profits aux entreprises et c’est tout. Qu’il faille pour cela nous donner en échange du plaisir, soit. Mais que ce plaisir, nous transforme en sacs de graisse ou en diabétique rempli de coca-cola, pour nos entreprises ça n’a aucune importance. Mais nous le savions déjà : les taxes sur le tabac le sucre ou l’alcool ont déjà donné lieu à des passes d’armes dont on a gardé le souvenir. Mais aujourd’hui, les masques tombent (sic !) : les stations de skis menacent de faire faillite parce qu’elles ne pourront plus nous vendre l’air pur et la neige des montagnes.

On en est là.

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(1) « Tous nos produits sont adultérés pour en faciliter l'écoulement et en abréger l'existence. Notre époque sera appelée l'"âge de la falsification", comme les premières époques de l'humanité ont reçu les noms d'"âge de pierre", d'"âge de bronze", du caractère de leur production. » (Chapitre 3)

 

lundi 23 novembre 2020

Le fétichisme du livre – Chronique du 24 novembre

Bonjour-bonjour

 

On le sentait monter, ce mouvement de contestation contre les fermetures de commerces en temps de covid. Allait-il se développer pour défendre nos bistrots, ou nos restaurants, menacés de faillite ? Allions-nous manifester pour sauver nos pastis-terrasse, ou nos steaks frites ? Eh bien non ! Ce qui met le public en émoi, ce qui fera bientôt descendre les gens dans la rue, c’est la menace qui pèse sur nos librairies. Oui : nous avons nos innocentes victimes à défendre, ce sont nos libraires. Et le méchant ogre qui les dévore impitoyablement : c’est Amazon. 

 

On mesurera le paradoxe quand on se sera rappelé que, si le pastis-terrasse suppose plusieurs joyeux buveurs chassés par les mesures de confinement, en revanche la lecture est une activité solitaire – on pourrait même dire que celui-ci la favorise. Alors, comment comprendre qu’on se mobilise pour défendre ces librairies où la plupart d’entre nous ne mettent les pieds qu’une fois ou deux fois par an, alors que les terrasses de bistrots ou de restaurant ne désemplissent pas dès que le temps se met au beau ?

 

Eh bien la seule idée qui donne du sens à tout cela, c’est le fétichisme. Oui, le fétichisme, qui charge de pouvoirs surnaturels des objets inanimés – tels que les livres. Il faut que le livre-papier continue d’exister, et surtout que le lieu où ses qualités s’épanouissent puisse être fréquenté. Cela explique-t-il pourquoi on ne descend pas dans les rues pour défendre nos bars ? Pas seulement : la fragilité du commerce est sans doute une bonne raison de se mobiliser pour les libraires, supposés au bord de l’asphyxie du fait du commerce en ligne, alors que les cafés ne risquent pas une telle concurrence.

 

Bon – Reste que le fétichisme est encore un peu flou pour expliquer pourquoi ces lieux de rencontre avec le livre restent si profondément ancrés dans nos cœurs ? J’avais il y a de cela quelques années commenté une citation d’Hubert Juin qui expliquait cela très bien : « Un livre, cela se dévore et se hume, c’est un parfum qui est une nourriture, une odeur qui est un incendie » écrivait-il et chacun pourra se reconnaitre dans ce jouisseur qui porte le livre neuf à son nez après l’avoir ouvert et qui palpe la pulpe du papier pour en évaluer la consistance. Bien sûr cela explique le rejet des liseuses alors même qu’elles offrent la possibilité quasi illimitée de porter avec soi autant de livres qu’on veut – l’année littéraire entière ! Mais ne l’oublions pas : la librairie est aussi le lieu où ces sensations sont démultipliées, où pour le prix du livre que vous allez acheter vous aurez en prime le parfum de tout le stock de livres amoncelés sur les étagères. 

Le lecteur est d’abord un jouisseur qui profite du livre sans même avoir besoin de le lire. Mais il a aussi besoin d’un lieu où célébrer la cérémonie de cette rencontre. Son ennemi ce n’est pas seulement la liseuse : c’est aussi Amazon.

dimanche 22 novembre 2020

Jonathan Daval : un détenu modèle. – Chronique du 23 novembre

Bonjour-bonjour

 

 

Jonathan Daval sort peu en promenade. Il suit une psychothérapie depuis un an avec sérieux, dit son médecin, ce qui améliore son état, car ses tocs d'enfance ont tendance à reprendre. Il lui arrive de vérifier à une dizaine de reprises, que la porte de sa cellule est bien correctement fermée. (Lu ici)

 

Voilà le genre d’info qu’on publie en se disant : « Si ça ne fait pas réfléchir, ça fera quand même rire. Ce qui n’est déjà pas négligeable. »

Car voyez-vous, imaginer que ce pauvre homme subit un toc phobique qui lui fait redouter de ne pas être protégé par une porte hermétiquement close… alors qu’il est en prison : ça fait sourire. Les plus cyniques diront : « Bah ! Il ferait mieux de ne pas le soigner, ce toc, car redouter qu’une porte soit mal fermée, alors qu’il est prisonnier dans une cellule, voilà qui doit diminuer son angoisse. Ce toc favorise le prisonnier : sa peine en est sûrement allégée ; du coup ça ne fait pas cher pour un assassinat d’épouse ! » Les autres diront : « Voilà une occasion de réfléchir à notre situation de reclus : ne sommes-nous pas comme ce prisonnier, nous qui ne pouvons aller où bon nous semble ? Et finalement, ne sommes-nous pas, nous aussi, assez content de nous voir imposé ce que secrètement nous recherchions depuis longtemps ? »

Le bonheur dans l’esclavage : ça a fait couler des hectolitres d’encre durant le premier confinement, chacun y allant de sa petite analyse, démasquant à cette occasion des sous-couches de la nature humaine. Sauf que… Je n’entends pas parler de pareille situation aujourd’hui que nous sommes durablement re-confinés : le thème du jour est celui de la dépression psychologique, ce qui est plutôt à l’opposé. Que s’est-il passé ? Notre nature aurait-elle changé depuis le mois de mai ? 

- Notre nature, non. La situation, oui.

Car en effet la situation est bien différente de ce qu’elle était : en mai la promesse de l’été était bien affirmée, et rien ne pouvait l’empêcher. Nous étions dans la position de celui qui aurait le moment venu le choix, soit de sortir s’étirer au soleil dans l’air embaumé de fleurs ; soit rester chez lui en assurant que la sécurité était son choix. La perte de liberté de mouvement était en réalité l’expression d’une liberté. Mais aujourd’hui, en face de ce confinement, qu’avons-nous ? La fête de Noël, qui n’aura pas lieu, ou seulement réduite à une réunion rabougrie (« pas plus de 6 au réveillon ») telle qu’on n’en a déjà plus envie. Les humoristes s’empressent de nous en avertir : « Ressortez l’appareil à raclette pour le 25 décembre ! Ça sera bien suffisant ! »

 

 


 

Raclette Tefal Colormania 6 personnes


Bof… Ça ne fait même pas rire…

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N.B. On annonce ces jours-ci une ruée du public sur le fromage à raclette. 

- 1er confinement, ruée sur le P.Q. 

- 2ème confinement : la raclette;

- Au concours : devinez sur quoi on va se jeter lors du 3ème confinement ?

samedi 21 novembre 2020

C’est la vie – Ça va passer. – Chronique du 22 novembre

« Rien n’est pire que l’incertitude et l’impression d’une morosité sans fin » E. Macron

 

La France va mal.

Les Français souffrent de morosité.

Cette morosité résulte de l’impression qu’ils ne peuvent se projeter dans aucune issue ni dans aucune fin.

Le rôle du chef de l’État est de fixer ce cap.

--> Ainsi parle Emmanuel Macron, notre « lider maximo ».

 

Avons-nous donc intérêt à sortir de l’incertitude ? Car à la fin, c’est toujours pareil : on se retrouve entre 4 planches. 

Comme le dit Miss.Tic : c’est la vie, ça va passer…

 


 

 

Houlà ! Voilà des propos de vieillard au bout du rouleau : arrêtez donc de colporter de telles idées vous risquez de développer la déprime dont souffre bien réellement la France. 

 

D’accord. Mais, est-il vrai que la connaissance de l’avenir soit si utile pour la stimulation de notre intellect ? Oui, si nous estimons que notre état d’insatisfaction peut se modifier avec une pleine satisfaction à venir. Mais justement : il faut être soucieux en permanence de son insatisfaction présente pour espérer notre jouissance à venir. Comme le disait Pascal, « Le présent n'est jamais notre fin : le passé et le présent sont nos moyens ; le seul avenir est notre fin. Ainsi nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre ; et, nous disposant toujours à être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons jamais. » (1)

Et toc !

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(1) Blaise Pascal, Pensées (1670), fragment 172.

Avenir lycéen, le syndicat téléguidé – Chronique du 22 novembre

Bonjour-bonjour

 

« Avenir lycéen » est un syndicat qui aurait été téléguidé par le ministère de l’Éducation nationale. Pour faire bonne mesure il aurait reçu (en 2019) 65000 euros de subventions engloutis en « frais de bouche ». (Lire ici)

 

Manipulation politique plus abus d’argent public : nous revoilà, comme au bon vieux temps ( De Gaulle-Pompidou-Giscard), avec ce cocktail bien dégoutant. Et vous savez quoi ? Moi, ça me rafraichit ! Oui, parce qu’au lieu de mariner dans un bouillon de culture avec un temps rythmé par les sorties autorisées et les point-presse du ministère de la santé, nous retrouvons des scandales politico-financiers, ces sortes de plaies chroniques des démocraties, toujours là, jamais définitivement éradiquées. Notez qu’aujourd’hui ce n’est pas si grave que ça, mais c’est cela justement qui est réconfortant. Qu’on remarque à présent ces mini-dérapages (auquel il faudrait quand même ajouter l’article 24 de la loi « Sécurité globale »), cela montre à quel point les infos covid sont devenues secondaires.


Peut-être que ce que je viens d’écrire ici va faire bondir certains de mes lecteurs : en particuliers les commerçants qui n’auront même pas la surface nécessaire pour accueillir un seul client le jour où ils auront à nouveau le droit d’ouvrir leur boutique ; et les restaurateurs qui crient à la suffocation depuis plusieurs mois, et qui n’auront plus de crédit pour fonctionner. Oui, eux, ne souffrent-ils pas déjà beaucoup plus que les honnêtes syndicats spoliés par Grenelle ? Ne devrions-nous pas prendre au sérieux leur réalité plutôt que ces luttes d’opinions qui visent seulement – peut-être à juste titre mais quand même – à déboulonner un ministre ?

 

Sûrement. Seulement voilà que le souvenir d’un lointain passé m’envahit à l’évocation de ces manipulations syndicales et de ces corruptions, pot-de-vin etc. Me revoici dans la République pompidolienne, au milieu des luttes contre les promoteurs qui se remplissent les poches en même temps qu’ils démolissent le milieu naturel à grand coup de pelleteuse ; à l’époque où le soupçon portait sur les organisations ouvrières complices des patrons ; où les trotskystes luttaient contre les bureaucrates staliniens.


- Voyez : rien que d’écrire « bureaucrate stalinien », je rajeunis de 50 ans !

vendredi 20 novembre 2020

Libido-badaboum – Chronique du 21 novembre

 

 


 

Alors mes bichons : il parait que ça ne va pas du tout ? Mes services me rapportent que vous n’avez plus goût à rien et que si certains se rebellent encore contre la perte de leur liberté, la plupart des autres restent affalés sur leur canapé, la télé bloquée sur Netflix, et que même l’effort d’aller au frigo prendre une petite mousse c’est déjà trop ?

On m’a même rapporté – mais ça je n’arrive pas à y croire – que vous n’avez plus rien qui remue dans le caleçon, et que même une petite Youporn ne vous fait plus aucun effet ?

 

Mais enfin, qu’est-ce qui vous arrive mes chéris ? Plus aucune envie ? Plus de projet ? Plus rien qui bouge nulle part ? La déprime, quoi ! Mais d’où cela vous vient-il ? Vous savez bien que moi, votre ministre, je suis au petit soin pour vous, et que si je vous prive de certaines joies, c’est seulement pour vous en assurer la pleine jouissance très bientôt.

 

… Hélas ! Je devine ce qui se passe… Vous n’arrivez plus à vous projeter dans l’avenir parce que vous avez perdu confiance en moi – enfin : en moi, votre ministre, et en Notre-Président, dont les incantations médiatiques ont fini par vous fatiguer au point que vous ne les écoutez même plus, même quand il vous promet que la belle vie va revenir… Autant promettre que le Père Noël va passer cette année comme toujours. 

Mais si, vous devez reprendre confiance : nous autres gens de l’exécutif nous ne nous contentons pas de promettre : nous réalisons. Tenez, pas plus tard qu’hier nous avons réussi à déplacer le Black Friday qui va prendre place en décembre ; alors, vous devez nous croire quand nous vous promettons que Noël existera bien cette année – sauf que ce sera en 2021 … Attendez : je ferme les yeux, je me concentre. Ça y est ! je le vois ! Noël sera le 23 février ! En plus c’est un mardi et vous aurez avec ça un joli petit pont, histoire d’aller quelques jours à Courchevel, protégé par le vaccin juste inoculé dans votre épaule. Mieux encore : nous maintiendrons la date du 25 décembre 2021 pour le passage suivant du Père Noël : 2021, l’année au deux Noëls…

Alors, mes chéris, reprenez confiance, recommencez à espérer dans l’avenir et à vous y projeter, comme au bon vieux temps.

Et puis quand même, essayez à nouveau quelques petites vidéos bien chaudes : vous allez voir que le temps passe beaucoup plus vite.

Bisous ministériels.

La disparition de la hiérarchie – Chronique du 20 novembre

Bonjour-bonjour

 

Malgré mon projet de laisser tomber dans l’oubli le petit voyage que j’ai récemment effectué au pays de la covid, j’y reviens malgré tout aujourd’hui, juste pour quelque chose qui pourrait être révélateur de notre vie sociale : je veux parler de la disparition, due aux tenues sanitaires, des distinctions vestimentaires entre les différentes catégories de soignants.



Peut-être est-ce un cas particulier au CHU rémois, mais là où tout habituellement le personnel était divisé en fonctions hiérarchisées et distinguées par des codes-couleurs ou des badges variés, ici plus aucune distinction n’est de mise. Une femme entre dans votre chambre, si elle y pense elle va se présenter : « Je suis l’infirmière » ou bien rien du tout ; vous saurez bien à temps à qui vous avez affaire si elle vous flanque une aiguille dans le bras. Dans les autres cas vous devinerez qu’il s’agit d’une aide-soignante, à moins qu’elle n’ait un balai à la main. Mais attention ! La dame en question peut aussi être votre médecin qui a oublié de se présenter. Et alors c’est son propos qui va révéler quel est son métier : si elle vous parle de vos fonctions vitales, vous saurez à qui vous avez affaire. 

 

Le virus réalise une grande utopie systématiquement imaginées par les auteurs de fictions sociales : celle de l’homogénéisation des citoyens, distingués par leur costume seulement quand leur fonction l’exige et toujours en raison d’un projet politique. Nos démocraties en voulant niveler les inégalités ont libéralisé le costume : que chacun s’habille comme il le veut, et même si de temps à autre on fantasme sur l’uniforme scolaire, on sent bien que c’est aller à rebours de la tendance générale. Que cette liberté soit porteuse de signes évoquant les inégalités de richesse ou de condition parait être un inconvénient qu’on doit accepter sous peine de détruire le principe de plaisir individuel qui gouverne nos sociétés. 

 

Pour en revenir à l’hôpital, j’apprécie de ne pas savoir à qui j’ai affaire quand un(e) soignant(e) entre dans ma chambre. Oublier la fonction pour ne s’adresser qu’à la personne : bien sûr il ne s’agit pas de faire comme si la compétence n’avait plus sa place dans la situation. Mais elle n’est plus qu’une pellicule sous laquelle transparait maintenant, oubliée la hiérarchie hospitalière, la réalité de la personne. Ça peut être décevant ; mais ça peut aussi être une richesse.

jeudi 19 novembre 2020

Parlez-vous français ? – Chronique du 20 novembre

Bonjour-bonjour

 

À l’heure où les minorités "visibles" bénéficient de la préoccupation légitime des pouvoirs publics, les minorités "audibles" sont les grandes oubliées du contrat social fondé sur l’égalité. (Exposé des motifs de la proposition de loi du député (Agir, majorité présidentielle) de l’Hérault, Christophe Euzet)

 

- A la chasse aux attitudes haineuses et clivantes qui opposent les citoyens les uns des autres, nos députés ne manquent pas d’imagination. Après la pénalisation de toutes sortes de « phobies » qui nous dégoûtent les uns contre les autres, les hétéros des homos, les musulmans des infidèles, les vilains machos des belles dames, voici qu’on va légiférer sur la glottophobie. (Glottophobie : rejet de certaines façons de prononcer le français en fonction de coutumes locales)

Ajoutons que ce projet de loi ne se propose ni d’interdire ni de sanctionner les traits d'humour autour des accents : on pourrait encore se moquer des gens de Perpignan ou de Maubeuge, sans risquer de se retrouver devant les tribunaux. Il s’agit seulement de lutter contre la discrimination, fondée sur la prononciation, qui peut donc servir à pénaliser les « minorités audibles ». Car, à côté des minorités visibles, il y a donc les minorités « audibles », celles qui se manifestent dès que ces personnes se mettent à parler – comme notre Premier Ministre ? Oui. –

Contre quoi il s’agirait de faire de l’accent un « signe de reconnaissance fort, en favorisant la revalorisation des prononciations « atypiques ». (Lu ici)

Voyons le chemin parcouru depuis… un siècle. Car c’est en 1914 que Bernard Shaw écrivait Pygmalion, pièce dans laquelle il imagine une ravissante jeune fille, desservie par son horrible accent cockney, transformée en femme du monde par un professeur de phonétique. Avec son accent réformé, elle est introduite au Bal des ambassadeurs où elle émerveille chacun.

Tout est dit : en dehors des contenus, la façon de parler est restée essentielle : tentez donc de concourir pour un emploi de portier dans un palace avec l’accent du 9-2.

Il est donc en effet bien temps de légiférer.

mercredi 18 novembre 2020

Et si moi, je préfère crever de la covid ? – Chronique du 19 novembre

Bonjour-bonjour

 

Je voudrais insister sur un débat qui remplit aujourd’hui les médias, mais dont le point de départ se situe il y a au moins 3 siècles, durant le siècle des lumières : débat inépuisable puis toujours vivant. Car voilà que la découverte du vaccin anti-covid ouvre cette question : faut-il le rendre obligatoire même si les gens concernés le refusent estimant que leur liberté serait anéantie en cas de contrainte ? Il y a 300 ans, il s’agissait déjà de savoir jusqu’où il était possible de réduire sans les détruire nos libertés civiles : à l’époque les libertés religieuses étaient les premières visées, suivies par la liberté de publier ses opinions.

Et pour nous ? De quoi s’agit-il donc ? De l’obligation de la vaccination anti-covid : certains, au lieu de sauter au plafond de bonheur à l’idée que la belle vie d’avant va reprendre, se dressent pour clamer que leur liberté doit aller jusqu’à refuser de se faire vacciner ! Et ne croyez pas que ce soit là querelle de gaulois : « Partout dans le monde se pose la question de l'obligation pour les citoyens de se faire vacciner. » peut-on lire ici.

 

Laissons de côté l’opposition des « anti-vax » qui pourraient aussi bien soutenir que la terre est plate ou que l’espèce humaine été créée il y a 5000 ans. Non. Il s’agit de tous ceux qui font de leur liberté un principe absolu, qui considèrent qu’il n’y a qu’une seule espèce de liberté, celle de n’obéir qu’à la volonté personnelle. Aucune loi ne peut s’opposer à cette liberté individuelle si le citoyen ne peut la reconnaitre comme expression de son libre arbitre. 

Les raisons de refuser le vaccin sont donc secondaires ici, puisqu’on a affaire à un principe fondamental : quand bien même ce vaccin ne serait pas dénoncé comme issu des lobbies pharmaceutiques, quand bien même la classe médicale corrompue ne serait pas à la manœuvre avec la complicité de politiciens véreux – oui, quand bien même tout cela devrait être considéré comme bêtises et insanités, tout citoyen peut encore dire « Laissez-moi libre de ne pas me faire vacciner : libre à moi de préférer crever de la covid ! »

Dont acte. – Là-dessus, la question du bien public s’impose : nulle liberté individuelle ne devrait s’opposer à la préservation de la santé ou du bonheur du peuple. Libre à vous de crever si vous le souhaitez, mais pas en prenant le risque de faire aussi crever vos concitoyens. Votre liberté civile ne peut exister qu’à condition d’être limitée par ce qui rend possible la liberté des autres.

Oui - Admettons. Mais qui va décider que telle restriction est nécessaire à la sauvegarde du bien public, et quelle autre ne l’est pas ?

mardi 17 novembre 2020

Et pendant ce temps là… - Chronique du 18 novembre

Bonjour-bonjour

Je suspens la publication des informations concernant les expériences vécues au pays-du-Covid, en raison de la charge émotionnelle que pourrait impliquer pareille lecture. Mieux vaut nous tourner vers des informations qui nous auraient échappé pendant que nous étions cernés par la maladie

 

Alors, voilà : 

1 – Hier le Président de la cour interpelle Jonathan Daval, le mari assassin de Vesoul : « Regardez vos juges, la cour et les jurés, ce sont eux qui vous jugeront, pas les gens dans la salle. Dans cette affaire, il n’est personne qui n’a pas eu connaissance des détails, des erreurs, des incohérences dans la phase d’instruction. Ce n’est pas sur cela que vous serez jugé, mais sur ce qui sera dit au cours des cinq prochains jours. »

Voilà – il suffisait de le dire : la vox populi haineuse, les cris de vengeance, ne doivent plus être écoutés. Le monde commence en pénétrant dans le prétoire et il peut de même disparaitre lorsqu’on en sort. 

Excellent principe qui devra bien entendu être appliqué à toute l’actualité, et dont devront tenir compte les chaines d’info 24/24 dont l’essentiel est de nous donner les moyens de vivre justement cette haine et cette émotion en rapportant tous les détails bien exhibés d’évènements juste calibrés pour cela. Un monde sans haine et sans amour, juste constitué de faits, oui : cela peut donc exister ?

 

Et puis quoi encore ?

2 – On apprend que Edouard Philippe a révélé travailler sur l'écriture d'une série : "C'est une œuvre de fiction qui a pour vocation d'apporter du plaisir à celles et ceux qui la verront", a-t-il expliqué. Et de poursuivre : "On travaille avec une équipe de scénaristes dont c'est le métier, et on essaie de dire des choses qui ne seront pas caricaturales sur la politique, qui reste, au fond, quelque chose de très exaltant, de dur et de pas toujours glorieux - mais pas non plus méprisable".

 

Alors, voilà que notre ancien Premier ministre se met à l’écriture ? On le savait co-auteur de romans policiers, mais le voilà à présent scénariste de série télé ? Et déterminé à nous faire partager sous une forme romancée ses expériences vécues à Matignon ? Et de nous promettre que ces « fictions » seront aussi réelles que les réelles, mais juste moins trash ? 

Juste temps de prendre un abonnement Netflix et je vous rejoins. 

 

3 – Encore une p’tite news ?

L’édition du 16 novembre du New York Times rapporte que le président sortant aurait sondé de hauts responsables américains sur la possibilité d'« agir » contre un site nucléaire iranien.

C'est lors d'une réunion jeudi dans le Bureau ovale que le Donald Trump a demandé à plusieurs collaborateurs, dont le vice-président Mike Pence, le secrétaire d'Etat Mike Pompeo et le chef d'état-major Mark Milley « s'il avait des options pour agir contre » un site nucléaire iranien « dans les prochaines semaines ».

Et bim ! Vous ne voudriez quand même pas que Trump quitte le pouvoir sans laisser une trace merveilleuse et jamais écrite encore dans l’histoire des États-Unis ?

 

… Je vous sens un peu râleur ce matin. " Quoi, on nous promet des infos qu’on aurait un peu loupées, et voilà qu’on nous ressort le clown hystérique de Washington ! Ras la casquette !"

 

Bon-bon… J’en ai encore une petite au fond de mon sac :

 

4 – Les premiers tests des MacBook Air et MacBook Pro ont été publiés. Des performances boostées, une autonomie record, une compatibilité sans problème... Apple a-t-il tenu toutes ses promesses ?

Là, je vous sens un peu plus attentif : le black friday, c’est pour bientôt n’est-ce-pas ?

--> Autant vous dire que l’Apple M1 est loin devant les puces basse consommation d’Intel et AMD. Même le Core i7-1185G7 à 28 Watts de TDP est battu.

 

… Alors, heureux ?