Bonjour-bonjour
Malgré mon projet de laisser tomber dans l’oubli le petit voyage que j’ai récemment effectué au pays de la covid, j’y reviens malgré tout aujourd’hui, juste pour quelque chose qui pourrait être révélateur de notre vie sociale : je veux parler de la disparition, due aux tenues sanitaires, des distinctions vestimentaires entre les différentes catégories de soignants.
Le virus réalise une grande utopie systématiquement imaginées par les auteurs de fictions sociales : celle de l’homogénéisation des citoyens, distingués par leur costume seulement quand leur fonction l’exige et toujours en raison d’un projet politique. Nos démocraties en voulant niveler les inégalités ont libéralisé le costume : que chacun s’habille comme il le veut, et même si de temps à autre on fantasme sur l’uniforme scolaire, on sent bien que c’est aller à rebours de la tendance générale. Que cette liberté soit porteuse de signes évoquant les inégalités de richesse ou de condition parait être un inconvénient qu’on doit accepter sous peine de détruire le principe de plaisir individuel qui gouverne nos sociétés.
Pour en revenir à l’hôpital, j’apprécie de ne pas savoir à qui j’ai affaire quand un(e) soignant(e) entre dans ma chambre. Oublier la fonction pour ne s’adresser qu’à la personne : bien sûr il ne s’agit pas de faire comme si la compétence n’avait plus sa place dans la situation. Mais elle n’est plus qu’une pellicule sous laquelle transparait maintenant, oubliée la hiérarchie hospitalière, la réalité de la personne. Ça peut être décevant ; mais ça peut aussi être une richesse.
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