Bonjour-bonjour
À l’heure où les minorités "visibles" bénéficient de la préoccupation légitime des pouvoirs publics, les minorités "audibles" sont les grandes oubliées du contrat social fondé sur l’égalité. (Exposé des motifs de la proposition de loi du député (Agir, majorité présidentielle) de l’Hérault, Christophe Euzet)
- A la chasse aux attitudes haineuses et clivantes qui opposent les citoyens les uns des autres, nos députés ne manquent pas d’imagination. Après la pénalisation de toutes sortes de « phobies » qui nous dégoûtent les uns contre les autres, les hétéros des homos, les musulmans des infidèles, les vilains machos des belles dames, voici qu’on va légiférer sur la glottophobie. (Glottophobie : rejet de certaines façons de prononcer le français en fonction de coutumes locales)
Ajoutons que ce projet de loi ne se propose ni d’interdire ni de sanctionner les traits d'humour autour des accents : on pourrait encore se moquer des gens de Perpignan ou de Maubeuge, sans risquer de se retrouver devant les tribunaux. Il s’agit seulement de lutter contre la discrimination, fondée sur la prononciation, qui peut donc servir à pénaliser les « minorités audibles ». Car, à côté des minorités visibles, il y a donc les minorités « audibles », celles qui se manifestent dès que ces personnes se mettent à parler – comme notre Premier Ministre ? Oui. –
Contre quoi il s’agirait de faire de l’accent un « signe de reconnaissance fort, en favorisant la revalorisation des prononciations « atypiques ». (Lu ici)
Voyons le chemin parcouru depuis… un siècle. Car c’est en 1914 que Bernard Shaw écrivait Pygmalion, pièce dans laquelle il imagine une ravissante jeune fille, desservie par son horrible accent cockney, transformée en femme du monde par un professeur de phonétique. Avec son accent réformé, elle est introduite au Bal des ambassadeurs où elle émerveille chacun.
Tout est dit : en dehors des contenus, la façon de parler est restée essentielle : tentez donc de concourir pour un emploi de portier dans un palace avec l’accent du 9-2.
Il est donc en effet bien temps de légiférer.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire