Bonjour-bonjour
Quand on voit tous ces gens refuser de porter le masque au nom de leur liberté individuelle, cela signifie un refus de considérer la sécurité des autres comme importante. En décidant pour eux, ils décident aussi pour moi. C’est la négation de leur droit à décider de leur conduite et c’est immoral.
Certes, cette attitude n’est morale que si elle ne s’accompagne pas d’un déni de l’efficacité de cet accessoire. Si en effet je dis : « Le masque ne sert à rien, c’est juste une manœuvre du pouvoir pour me bâillonner », là je milite pour qu’on refuse une contrainte venue d’un abus du pouvoir, et du coup je pense que les autres ne seront pas en insécurité du fait de mon attitude – bien plus, je leur montre la voie à suivre pour s’émanciper d’un pouvoir tyrannique. En revanche, si je crois que le masque protège, alors en le refusant je fais un geste de défi à la mort, un peu comme dans cet article de Nicolas Bedos, nous invitant à crever avec panache plutôt que de vivre comme un rat.
Et là je prends une attitude morale qui consiste à définir ma liberté comme étant supérieure à celle des autres, puisque d’une certaine façon je décide pour eux des risques qu’ils doivent prendre du fait de ma négligence (1). Dans le même registre, je pense aussi au refus de faire vacciner ses enfants (ou soi-même) : de la même manière, on suppose que les autres ne comptent pas, tant pis pour eux si leurs enfants sont contaminés par les miens ; et à supposer que le vaccin soit vraiment utile, s’ils les font vacciner alors je serai protégé par le fait qu’ils ne colporteront pas le virus. Dans tous les cas en prenant un risque personnel, ce que je peux bien revendiquer, je contrains les autres à en faire autant ce que je n’ai pas le droit de faire. Pas de liberté pour les ennemis de la liberté disait Saint Just : c’est au nom de la liberté que je suis un ennemi de la liberté.
Ce paradoxe n’en est vraiment un que si on oublie qu’on a ici affaire à la liberté civile, cette liberté qui n’existe qu’à condition d’être limitée par la loi. Nul ne peut être législateur de sa propre conduite et c’est la démocratie qui est le garant de la liberté de tous les citoyens.
L’époque actuelle, avec tous les troubles de conscience qu’elle implique nous propose le choix : soit d’être un sujet moral, soit d’être un anarchiste, soit de n’avoir aucune conscience morale.
Choisis ton camp, camarade !
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(1) Cette attitude consistant à placer sa propre liberté au-dessus de toute autre, Sartre la définissait comme étant propre aux « salauds »
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