Bonjour-bonjour
Le voyage à Mayotte avec les supplications dont le Président Macron en visite là-bas a été l’objet nous font comprendre pourquoi les rois de France avaient autrefois le don de guérir par l’application des mains : ce pouvoir thaumaturgique venait relayer celui de la parole quand il venait à faillir.
En effet, que vaut la personne d’un chef, qu’il soit roi ou président ? La chef vaut ce que vaut sa parole pour donner à manger à ceux qui ont faim, des vêtements à ceux qui ont froid, un abri à ceux dont l’ouragan a tout détruit. C’est ce que le Président sait parfaitement : s’il vient dans cette ile c’est avec des avions remplis de secours, et des ressources suffisantes pour effacer rapidement le désastre. Les discours, les paroles consolatrices versées sur les plaies de ces malheureux, c’est bon pour les caméras, mais les mahorais le savent : l’avion présidentiel parti, il ne restera plus rien.
On aurait peut-être tendance à attribuer cette demande d’assistance au fait de l’habitude qu’ont ces populations d’obtenir la satisfaction de leurs besoins de la part de la lointaine métropole – sorte de fantasme dans la brume de l’éloignement. (On pense au culte du cargo en
--> Mais imaginez un peu : vous venez tout juste de vous lever, et vous découvrez qu’il n’y a plus rien autour de vous : vous n’avez rien que ce pyjama sur votre dos. Plus rien, ni pour vous abriter, ni pour faire votre petit déjeuner – tout à disparu et vous ne savez même pas si votre famille vit encore. La nature elle-même n’est plus que ruines qui s’effondrent sous vos pas. Que faire ? Dans ces ténèbres, la première étincelle vient avec l’idée que ce qui vous manque n’a pas disparu : il y a quelque part quelqu’un ou quelque chose qui dispose de ce qui vous manque et votre première idée c’est de vous en emparer, soit par la supplication, soit par la violence. Or, voici qu’un homme apparait, les poches pleines et suivi d’autres hommes qui énumèrent les ressources dont ils disposent : qu’ils ne partent surtout pas avant d’avoir donné ce qu’ils ont. Nous sommes aux toutes premières représentations qui peuvent venir dans votre esprit – et c’est comme cela depuis le début de l’humanité.
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