Les citoyens français qui partent en vacances doivent marquer sur leur agenda le mois de septembre, quand le budget 2026 viendra en débat à l’Assemblée Nationale. Car on ne voit pas quel projet pourra rassembler une majorité pour éviter le 49.3 – sauf à laisser le budget se faire tout seul, grâce au dispositif de « l’année blanche » qui consiste à reconduire à l’identique certaines dépenses de l’État, sans tenir compte de l’inflation. Après tout l’an dernier, lorsque le gouvernement Barnier était tombé, il a bien fallu user de ce dispositif pour abonder les crédits nécessaires aux administrations.
C’est en effet « une piste sur la table », a confirmé, dimanche 6 juillet, le ministre du commerce extérieur, Laurent Saint-Martin, sur France inter. Et en effet, fournir un budget permettant de réaliser les économies demandées sans prendre le rabot pour réduire les crédits, voilà un tour de passe-passe qui ravit les responsables, devenus ainsi irresponsables – donc non censurables ?
C’est là qu’est le problème : sans envisager le débat sur la pertinence des budgets ainsi reproduits, demandons-nous si le fait de ne pas agir est compatible avec le mandat de ministre - ne s'agirait-il pas en fait d'une "forfaiture" ? Ou bien alors on aurait à faire a une philosophie de l’action qui viendrait buter sur l’inaction comme modalité-limite de son existence. Y aurait-il des circonstances par les quelles le meilleur moyen de faire c’est précisément de ne rien faire ?
Ne haussez pas les épaules trop vite, et rappelez-vous de cette œuvre de John Cage, le pianiste-compositeur américain qui composa une œuvre intitulée « 4’33’ de silence », durée pendant laquelle il était assis devant son clavier sans rien jouer (voir le détail ici). Le public médusé fut très irrité par ce récital qu’il estima être de la fumisterie. C’est qu’il ignorait alors que l’exécutant avait une partition très détaillée indiquant le contenu de chaque partie de l’œuvre pour la quelle il devait garder le silence.
Le 29 aout 1952, David Tudor interprète à Woodstock
« 4’33 de silence » de John Cage
Pour conclure, rappelez-vous la voie du Maitre dans le Tao Te King :
« Enseigner sans parole, / accomplir sans action : / telle est la voie du Maître. » (Lire ici)
Nos ministres sont devenus des sages.
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