vendredi 11 juillet 2025

Être ou ne pas être : telle est la question - Chronique du 12 juillet

Bonjour-bonjour

 

Autrefois, c’était la nature qui décidait si un couple allait ou non avoir un enfant. Autrement dit, l’idée que les parents se faisaient de son éventuelle venue était secondaire : content, pas content, c’était la même chose.

Mais depuis que la contraception a fait son entrée dans la vie des couples, tout à changé. Il s’agi de savoir si la future mère et le futur père sont d’accord pour avoir un rejeton. Et du coup la question s’est posée de savoir pourquoi on refuserait de faire cet enfant (qui d’ailleurs manque cruellement dans les statistiques des démographes).

 

- Cet article de Reporterre pointe un fait largement répandu : il s’agit des écolos qui ne veulent pas avoir d’enfant. Telle cette femme qui a rompu avec son compagnon qui en voulait et à qui elle a répondu « non, parce que je ne veux pas que mon enfant naisse sur une terre plus polluée et moins belle que celle que je connaissais »

- On se focalise sur la justesse de cette prophétie – son incertitude ne devrait-il pas la disqualifier lorsqu’il s’agit de donner la vie ? Certes. Et aussi qu'à vouloir généraliser ce raisonnement c'est la fin de l'espèce humaine qui est proposée ? Certes encore.

- Mais encore plus étrange est cette volonté d’intervenir dans le destin d’un être humain et qui consiste à décider qu’il est meilleur pour lui de ne pas exister plus tôt que d’être. Cette volonté de néant appliquée non à soi-même mais à autrui fait frémir. Elle rappelle la formule du pessimisme antique et que Nietzsche rappelle dans l’Origine de la tragédie, où il fait répondre par le vieux Silène au roi Midas qui lui demandait ce qui vaut le mieux pour les hommes : « Race éphémère et misérable, enfant du hasard et de la peine, pourquoi me forces-tu à te révéler ce qu’il vaudrait mieux pour toi ne jamais connaître ? Ce que tu dois préférer à tout, c’est pour toi l’impossible : c’est de n’être pas né, de ne pas être, d’être néant. Mais, après cela, ce que tu peux désirer de mieux, — c’est de mourir bientôt. »

 


"Etre ou ne pas être": autrefois Hamlet posait la question pour lui-même - comment accepter de continuer à vivre ? Mais ce choix est-il possible lorsqu’il s’agit de décider pour autrui ? Et encore : si c’était comme on décide pour l’enfant mineur : ce serait pensable. Mais décider pour un autrui qui n’existe pas encore, se substituer à une volonté en lui refusant justement l’existence – comment penser cette contradiction ?

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