vendredi 18 juillet 2025

Transgression des tabous : réenchanter la routine – Chronique du 19 juillet

Bonjour-bonjour

 

Musardant dans les « infos du jour » fournies par Google, je note une présence assez visible d’articles sur l’amour charnel, distillé avec force de conseils liés à la canicule. Visiblement il s’agit d’aider les lecteurs à profiter du repos estival pour développer leur sexualité sans souffrir de l’excès de chaleur. 

Lisant d’un peu plus près, j’observe qu’il s’agit surtout d’aider les couples à franchir les frontières des tabous, en toute impunité.

Impunité ? Mais que risque-t-on à violer des tabous ? Eh bien on risque le dégoût, la honte et la mésentente avec le ou la partenaire. D’où des conseils fort instructifs pour sécuriser l’aventure tout en permettant à cette transgression de « réenchanter la routine » comme le suggère cet article consacré à l’amour en plein air.

Bien – Mais pour celui qui comme moi a franchi d’autres limites – celles imposées par l’âge à la quantité d’hormones disponibles pour se lancer dans de telles expédition – il reste quand même la lecture des œuvres venues du passé et qui chantent le bonheur de l’amour charnel, qui, vu de ce lointain passé s’en trouvent toute rafraichies. Tel le baiser chanté par Jean Second, mort à Tournai en 1536 à l'âge de 24 ans.

Lisez plutôt cet extrait : « Tandis que tu me presses dans tes doux bras qui l’un et l'autre m'enserrent, et que penchant sur moi tout ton être, ton cou, ta gorge et ton lisse visage, tu te suspends, Néère, à mes épaules ;

tandis que, joignant tes jolies lèvres à mes lèvres, tu me mords la première et te plains ensuite si je te mords à mon tour, et que çà et là tu dardes ta langue tremblante et que çà et là tu suces ma langue gémissante, m'envoyant de ta suave haleine le souffle doux, harmonieux, humide, qui nourrit, ô Néère, ma misérable vie, aspirant mon haleine défaillante, ardente, brûlée de trop de chaleur, brûlée du feu de ma poitrine épuisée, et que tu déjoues, Néère, mes flammes du souffle de ta poitrine qui aspire mon feu, ô haleine qui charme ma chaleur ! 

c'est alors que je dis : « L'Amour est le dieu des dieux, et nul dieu n'est  plus fort que l'Amour; s'il est quelqu'un pourtant de plus fort que l'Amour, c'est toi, toi seule, à mon avis, Néère, qui est plus forte. »

- Inutile de s’appesantir sur la généalogie de la nymphe Néère à qui ces vers sont dédiés : par contre, chacun trouvera dans ces vers un formulaire du baiser amoureux parfaitement raccord avec notre expérience : nos ancêtres embrassaient exactement comme nous. Avec le même érotisme ; et aussi avec les mêmes tabous. Car outre l’haleine partagée au cours du baiser, qu’en est-il de la salive ? 

- Attendons les prochains conseils Google pour savoir comment l’introduire dans nos futurs jeux amoureux.

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N.B. Je commettais il y a quelque temps une réflexion sur l'art du baiser. On les trouvera ici

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