jeudi 17 novembre 2022

Plus d’État = moins de violence…. Ou pas ? – Chronique du 18 novembre

Bonjour-bonjour

 

Un animateur qui insulte un député sur un plateau de télévision, des rappels au règlement à la chambre des députés pour mauvaise conduite, une « hystérisation » des débats, plus personne ne songeant à argumenter ses opinions – bref : en France on n’utilise plus son néocortex (= contrôle de soi), mais essentiellement les zones responsables des émotions (= à peu près tout le reste du cerveau !)

L’État reste le responsable de l’ordre dans les sociétés humaines, raison pour laquelle la totalité de la violence légitime lui est dévolue. Pourtant, il ne peut tout faire quand ça fuse de partout mais il le devrait : telle est l’opinion qui se manifeste aujourd’hui. Plus d’État = moins de violence, tel est l’adage qui traine un peu partout.

 

- Le problème c’est que lorsqu’un comportement aussi délétère apparait dans la plupart des couches de la société, il est rare que l’État soit à l’abri d’un tel dérèglement, surtout dans les démocraties, ainsi que le populisme auquel elles sont vulnérables le montre. 

Faut-il s’en désoler ? Remarquons que les émotions qui sont responsables des échecs de l’ordre public, sont aussi là quand il faut réagir à l’encontre de ces désordres. Les marches blanches lors des assassinats odieux de jeunes enfants, les manifestations banderoles en tête pour dénoncer les bavures policières, les campagnes de presse pour montrer les ravages de la pauvreté et de son injustice : oui, tout cela n’arriverait pas sans les émotions.

Il y a 3 siècles, dans son Discours sur l’origine de l’inégalité, Rousseau dénonçait les effets de la rationalité dans la vie sociale : il imagine le philosophe, alors qu’on s'étripe et qu'on égorge sous ses fenêtres, se couchant tranquille en disant « Meurs, je suis en sécurité ! »

Oui, l’éloge du néocortex a ceci de trompeur qu’il ne nous parle jamais des souffrances et des terreurs des victimes, mais seulement de l’effet de leur existence sur le reste de la société.

Comment faire ? Ou plutôt comment faire avec l’un sans l’autre ? Car là est le point : l’homme n’est pas fait de deux entités avec une muraille de Chine pour séparer l’une de l’autre : il doit à la fois éprouver des émotions, sinon il n’est plus qu’une machine – mais il doit aussi raisonner et les contrôler, sans quoi il cède à cette hystérie dont on se plaint aujourd’hui.

Voilà : c’est une platitude ? Sans doute, mais avouez que la réalité nous engage à réfléchir sérieusement à cette banalité-là.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire