lundi 14 novembre 2022

Travailler moins pour vivre plus – Chronique du 15 novembre

Bonjour-bonjour

 

Ça y est, les amis – J’ai enfin appris ce que signifie le verbe « chiller » ! Lorsque nos ados disent : « Je vais à la brass’ pour chiller avec des potes », ça veut dire « Je vais prendre du bon temps, ne rien faire, et même faire la fête »

Ce nouveau vocable est devenu tendance depuis quelques jours, quand une enquête sur l’attitude des français par rapport à leur travail a mis en évidence le progrès du « quiet quitting » terme signifiant qu’on va mettre au premier plan les loisirs au détriment du travail. D’ailleurs, ce terme anglais montre que le phénomène a sévi aux Etats-Unis avant de venir jusque chez nous.

Alors, c’est vrai depuis le confinement et le télétravail le rapport à l’entreprise s’est anémié : plus de réunions avec les collaborateurs, plus de regard polisson sur le décolleté de la voisine de bureau - ou sur le croupion du stagiaire (= parité oblige), plus de repas à la cantine à midi avec les collègues. Mais tout cela n’est que détails devant une situation beaucoup plus profonde qui fait qu’à présent, la vraie vie est ailleurs que dans l’atelier ou l’entreprise, et que même l’argent ne suffit plus pour compenser le temps à vivre rongé par le taf (1). On a d’ailleurs entendu parler depuis longtemps de ces jeunes médecins qui ne veulent plus de semaine de 60 heures comme leurs ainés. Ils veulent, comme tout le monde, avoir du temps pour vivre avec leur famille et leurs amis le week-end ou à l’heure de l’apéro ; certains prétendent même pouvoir aller chercher leurs enfants à l’école.

- J’en étais là de mes réflexions quand je lis ceci : « Le patron de Tesla, Elon Musk, comparaît devant la justice américaine cette semaine, accusé par un actionnaire d'avoir frauduleusement "gonflé" sa rémunération - 56 milliards de dollars - alors même qu'il ne se consacre qu’à temps partiel à Tesla. » « Quoi ? », me dis-je « Elon Musk, lui aussi veut chiller ? Il n’accorde à son entreprise que des miettes de son temps ? Et que fait-il avec le reste ? Joue-t-il au baseball ? Drague-t-il des minettes ? Est-il en congrès avec ses ingénieurs ? »

Je ne sais – Par contre je sais que ce que les actionnaires lui reprochent c’est justement ça : qu’il ait du temps libre au-delà du temps contraint pour lequel il est payé. Marx analysant le salaire disait en substance que l’ouvrier loue sa force de travail à son patron en sorte que celle-ci soit entièrement dépensée au cours de la journée, le reste du temps étant exclusivement consacré à la reconstitution de ces forces pour recommencer le lendemain – le coût de cette compensation étant la mesure du salaire « naturel ».

La formule bien connue du temps de Nicolas Sarkozy « Travailler plus pour gagner plus » et devenue « Travailler moins pour vivre plus » : c’est quand même étonnant de voir que depuis le 19ème siècle, les revendications des travailleurs n’ont pas changé – et que même la société de consommation n’y a rien fait du tout !

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(1) « Taf » = Travail à faire. Je parle jeune aujourd’hui.

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