Bonjour-bonjour
"Il faut n'avoir jamais travaillé avec des enfants jeunes pour croire au « cours d'empathie » " peut-on lire dans cet article de Marianne. Et c’est vrai.
L’enfant n’est pas naturellement bon, n’en déplaise aux rousseauistes. Écoutons plutôt La Fontaine qui disait « Cet âge est sans pitié », dans sa fable « Les deux pigeons »
Le même La Fontaine savait fort bien que « la raison du plus fort » est un oxymore, et que les loups de sept ou douze ans dévorent les moutons. Entendez que ce que l’on nomme raison n’est alors rien d’autre que ce qui rend possible la domination. En vérité c’est ce que fait la société c'est tout le contraire : pour citer Pascal (et non plus La Fontaine) nous dirons que, ne pouvant faire que ce qui est juste fut fort, on a fait que ce qui est fort fut juste.
Bref : le même article l’affirme : « le rôle de l’éducation est de dénaturer le petit fauve qui n’obéit qu’à ses pulsions. Pas en le prenant par les sentiments – il n’en a pas d’autres, a priori, que la satisfaction immédiate de son instinct de violence. Et, pour les autres, l’instinct de meute. » Et puis à supposer qu’on puisse faire cette éducation, qui donc pourrait la réaliser ? Les instituteurs sans véritable légitimité morale ? Ou les parents qui sont dès l’origine dans cette posture ?
- Il y a quelques jours je soulignais combien l’empathie était peu répandue alors même qu’elle pouvait être enseignée. Oui, cette émotion qu’est l’empathie, enseignée ? Autant vouloir enseigner l’amour !
Et c’est vrai : cette empathie-là ne peut se transmettre, tant il est vrai qu’aucune émotion ne peut être éprouvée simplement à partir d’un discours raisonneur. Mais ne peut-on procéder par une autre voie ? Là encore écoutons Rousseau avec sa pédagogie sans parole, qui procède par l’exemple. C’est ainsi que le pédagogue d’Émile trafique des situations dans lesquelles son élève va être soumis à des échecs cuisants qui lui montreront que les conduites dans lesquelles il s’entête sont pernicieuses et que, si elles font souffrir les autres, il saura ce que c’est en les souffrant lui-même.
Une pédagogie qui use du mensonge et de la trahison pour enseigner la vertu… Si ce n’était pas venu de Rousseau on crierait au scandale.
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