mercredi 20 septembre 2023

L’homme de Heidelberg refait parler de lui – Chronique du 21 septembre

Bonjour-bonjour

 

La presse de ce jour apporte cette nouvelle : « Afrique : découverte d’une structure en bois vieille d’un demi-million d’années. Le Pr Barham n'exclut pas d'avoir affaire à Homo heidelbergensis, une espèce éteinte qui a vécu entre environ 700 000 et 220 000 ans avant notre ère. » Nouvelle qui vient redoubler l’information (discutée ici) selon laquelle ce lointain ancêtre aurait été le survivant d’une extinction de masse il y a plus de 1000000 ans – Voir ici.

 


Le professeur Barham poursuit : « Nos premiers ancêtres ont utilisé leur intelligence pour transformer leur environnement et se faciliter la vie, ne serait-ce qu'en fabriquant une plateforme pour s'asseoir en bord de rivière ».

Mais la recherche de confort n’explique pas comment une telle construction a été possible. Car pour fabriquer une telle chose, il fallait en plus disposer d’une faculté d’abstraction permettant de construire «quelque chose qu'ils n'avaient jamais vu auparavant » : car contrairement à la taille d'un bâton, facilement observable et imitable, la création de deux pièces en vue de leur assemblage montre des facultés d'abstraction. 

D’où la déduction qui suit : « Le fait qu'ils aient pu travailler le bois à grande échelle suppose des capacités cognitives comme la planification, la visualisation du produit fini avant sa conception, le déplacement des objets mentalement dans l'espace », observe la préhistorienne Sophie Archambault.

Remontant dans notre propre passé nous songeons immanquablement à Bergson pour qui l’homo faber a précédé l’homo sapiens. « L'intelligence, envisagée dans ce qui en paraît être la démarche originelle, est la faculté de fabriquer des objets artificiels, en particulier des outils à faire des outils, et d'en varier indéfiniment la fabrication. » Bergson – L’évolution créatrice


Toutefois, si l’on accepte cette déduction alors on pose, immanquablement la question de la possession de langage. C’est du moins la thèse d’André Leroi-Gourhan (1) pour qui la conceptualisation (car c’est bien de cela qu’il s’agit ici) nécessite la possession des signes susceptibles d’être définis et articulés entre eux. Le « protolangage » attribué à l’homo erectus pourrait-il assumer une telle fonction ? 

Ça, c’est une autre (pré)histoire….

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(1) André Leroi-Gourhan – Le geste et la parole (1964)

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