samedi 3 juin 2023

Une petite histoire du harcèlement – Chronique du 4 juin

Bonjour-bonjour

 

Parmi les chansons de Berthe Sylva il en est qui sont classées « Chansons narratives compassionnelles » (1927-1939) : dont les célèbres « Roses blanches » et le non moins célèbre hymne au vieux Pataud dont je vous régalais il n’y a pas très longtemps (voir ici).

Mais aujourd’hui je reviens avec du « encore plus lourd » : non il ne s'agit pas des "Roses blanches" qu'avec un esprit taquin on pourrait proposer en ce jour de Fêtes des mères ; il s’agit de la triste histoire du P’tit Boscot ainsi nommé parce qu’il a une bosse dans le dos. Si vous ne me croyez pas, lisez plutôt ces paroles – tout en les écoutant.

 

- Pourquoi celle-ci plutôt qu’un autre ? Eh bien parce qu’elle nous raconte un cas de harcèlement moral datant d’il y a un siècle – et on songe à la pauvre Lindsay dont le suicide a atterré tout un établissement scolaire – et au-delà.

Oui, l’histoire du P’tit Boscot est celle d’un très méchant harcèlement – écoutez plutôt : « Eh ! p’tit Boscot c’est-il qu’ta mère / Aurait eu peur d’un dromadaire  / Pour te coller cett’ boss’ la sur l’dos ?  / Laisse-moi toucher, j'gagnerai l'gros lot! » 

Résultat ? Le pauvre petit Boscot essuie furtivement une larme de chagrin tout en murmurant : « … Qu’ai-je donc fait pour que chacun me raille ? / Je sais pourtant qu’ils ne sont pas méchants / Mais c’est mon sort / Il faut, vaille que vaille, / Subir les mots les plus désobligeants. »

Transposez ça de nos jours et vous trouverez des adolescents tourmentés par les réseaux sociaux qui se préparent au suicide tout en excusant à l’avance leurs tourmenteurs : après tout ce sont eux – les victimes – qui ont commencés avec leur corps ridicule ou leur sensibilité excessive. C’est leur sort, il n’y a plus qu’à dire adieu au monde ? On est révolté par un tel renversement des rôles : comment imaginer cela ? On n'y crois pas un instant.

- L’auteur de la chanson a quand même voulu justifier ces méchants camarades : en découvrant le P’tit Bosco qui dépose ses fleurs blanches sur la tombe de sa « Chère Maman », ils sont pris de remords : preuve qu’ils n’étaient pas si mauvais ? En serait-il de même aujourd’hui avec le cas des harceleurs de Lindsay ? 

Ce qui nous mène à la question qu’on ne pose pas aujourd’hui : que disent ces auteurs de ces messages haineux, maintenant que cette malheureuse lycéenne s’est suicidée ? Ont-elles (-ils) pris conscience de la cruauté de leurs actes ? Ont-ils (elles) tenté de s’en excuser ? Ou bien ont-ils chargé la victime en lui reprochant de s’être suicidé pour rien du tout – puisque ça les amusait, pourquoi pas elle ?

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