dimanche 4 juin 2023

Violence : quand la bêtise ne suffit plus – Chronique du 5 juin

Bonjour-bonjour

 

La nouvelle des violences subies par un enfant de 8 ans, malade du cancer et ses parents au stade d’Ajaccio durant le match entre l’équipe locale et celle de Marseille a figé d’effroi : comment une telle abomination a-t-elle pu être commise ? Ce pauvre enfant dont les parents pensaient réaliser le rêve de voir jouer l’OM a été violenté dépouillé de son maillot qui a été brûlé avec celui de son père : « Voilà on vous a brûlés, fils de pute », ont déclaré les supporters (notons que les responsables corses se sont empressés de dédouaner leurs supporters : « ce sont des hooligans » : qu’est-ce que ça change ?).

C’est le maire d’Ajaccio qui a eu le mot : « Devant cette abomination les mots manquent : même la plus basse bêtise ne suffit plus ».

On aimerait le croire pourtant : la bêtise signifiant un manque d’intelligence, on aimerait supposer que celle-ci suffirait – si elle était présente – à arrêter ces actes inhumains. Seulement voilà : de toute façon ça ne suffirait pas, car il y a autre chose à la base de cette violence.

Alors, quoi ? La haine ? Oui, bien sûr, la haine, cette passion sans doute liée au centres des émotions du cerveau, et qui s’imposerait en écartant le contrôle du néocortex, pourrait suffire à enflammer une telle barbarie. 

--> Seulement on est pris d’un doute : ce fameux cortex, est-il vraiment innocent ? N’est-il pas enrôlé au service des émotions violentes, non seulement pour calculer la méthode la plus efficace pour détruire et faire souffrir, mais aussi – pire encore ! – pour la justifier ?

Relisez le passage ci-dessus : les supporters ont violenté le père et le fils qui portent des maillots de l’OM. Ils les ont arrachés et les font brûler. Et que disent-ils ? « Voilà on vous a brûlés, fils de pute » Autrement dit les maillots et ceux qui les portent ne font qu’un : ce sont des objets haïssables dont on peut se défaire de la façon qu’on voudra : ces malheureux ont eu beaucoup de chance, car pour leurs bourreaux ils n’étaient plus que des objets qu’aucun droit, aucun respect, aucune valeur ne pouvait protéger.

 

Alors, je disais plus haut : supporter ou hooligans, quelle différence ? Ne suffit-il pas d’être un homme pourvu d’un cerveau laissé en friche – ou pire, endoctriné – pour fonctionner comme cela ? Nous autres gens ordinaires, nous n’avons pas l’excuse d’être supporter de quoique ce soit, ni fanatique de quelque cause que ce soit : nous risquons pourtant nous aussi de ne voir dans l’autre qu’un objet détestable à détruire absolument.

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