Nous sommes en 2070 ; une jeune fille vient visiter sa mamie qui séjourne en ERHPAD (Établissement Robotisé d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes).
Voici un extrait de leur conversation.
- Bonjour-bonjour Mamie, Tu vas bien ?
- Oui, ma petite Chloroquine, ça va… La surveillance numérique a constaté que mes analyses étaient convenables et que je suis toujours covid-free.
Mais approche-toi un peu parce que je ne te vois pas très bien tu sais ; je crois que les batteries de mes Google-lens sont à plat.
- Je ne peux pas, Mamie, tu sais bien que depuis 2020 nous n’avons plus le droit de nous approcher les uns des autres, à moins d’avoir le super-FFP2 du Professeur Salomon.
- C’est vrai… Si tu savais combien tout cela me manque… C’était pourtant il y a 50 ans, mais je me rappelle encore des bises et des accolades données à mes amis… ah ! que c’était bon !
- Justement Mamie, tu pourrais me parler un peu du monde d’avant ? Je veux dire le monde covid’free ? Sortir quand on veut, rencontrer qui on veut euh, et puis … se frotter à qui on veut (tu vois Mamie ce que je veux dire) ?
- Oui, comme je viens de te le dire : je m’en rappelle très bien.
- Et c’était important pour toi tout ça ?
- Eh bien vois-tu, ce qu’on a perdu c’est la liberté de faire tout ce qui nous passe par la tête sans songer qu’il faudra après passer par la chambre stérile et subir une D.R. (N.B. Mamie veut parler du passage par le caisson de « décontamination radicale » nécessaire pour avoir accès aux services collectifs après avoir eu des contacts suspects)
… Imagine un peu Chloroquine : tu as un petit ami ?
- Oui, bien sûr ; c’est mon gentil Raoul.
- Tu imagines que tu te promènes avec lui, tendrement enlacée sur les quais de la seine ? Tous les 10 pas vous vous arrêtez pour échanger un baiser câlin pendant que tu lui caresse la nuque. Tu vois ça ?
- Euh… Non pas du tout. D’ailleurs maman ne m’en a jamais parlé.
- Ça ne m’étonne pas, il ne pouvait en être autrement…
Mais enfin, dis-moi, Chloro, comment font les jeunes aujourd’hui quand ils sont amoureux ?
- Ben vois-tu mamie, il y a deux sortes de jeunes : les uns obéissent aux prescriptions de l’Office Nationale de la Santé : ils fournissent une liste des gestes hors-barrière qu’ils envisagent lors pour leur réunion dans le caisson étanche
- Et ils s’y tiennent ? Malgré les pulsions qui peuvent surgir ?
- Oui, Mamie, ils s’y tiennent parce qu’ils savent que l’intelligence artificielle du Ministère les surveille grâce à la caméra de vidéo-surveillance qui est là pour vérifier ; et s’ils ne se conforment pas à la liste, les voilà enfermés en quarantaine pour 2 mois.
- De mon temps, vois-tu ma chérie, on aurait enfilé un Gilet jaune et on aurait mis le feu au Ministère de la santé.
- Pas la peine Mamie, parce qu’il y a aussi, comme je te le disais, une seconde catégorie de jeunes. Ceux-là disent : « On fait ce qu’on veut, comme on veut. Si on choppe le covid, rien à f*** : on est jeune et on ne s’en apercevra même pas. »
- Ne savent-ils pas qu’ils ont aussi la responsabilité de la santé publique, et que s’ils contaminent les vieux ceux-ci vont mourir. Qu’est-ce qu’ils disent à ça ?
- Ils disent que moins de vieux c’est bon pour l’équilibre des caisses de retraite.
Voilà ce qu’ils répondent.
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