dimanche 19 juillet 2020

Le mystère du « falling man » - Chronique du 20 juillet

Bonjour-bonjour

 

Aujourd’hui je reviendrai sur une image qui hante la mémoire de bien des gens. 

Elle remonte au 11 septembre 2001 et elle représente un homme qui tombe du haut du Word Trade Center en feu.

 

On a appelé cet homme « falling man », on s’est interrogé – et on s’interroge encore – sur son identité, cherchant à l’identifier d’après ses vêtements (sorte d’uniforme d’une brasserie) … Mais la véritable énigme, c’est l’aspect détendu de son corps, un peu comme s’il plongeait sur un trampoline, alors qu’il sait qu’inéluctablement il va se fracasser la tête la première sur le sol dans une seconde. Comment comprendre que ce corps ne soit pas déjà une boule de muscles et d’os ramenés sur eux-mêmes dans un geste instinctif d’auto défense ? D’où vient cette relative indifférence – je dis relative, parce que je ne sais rien de plus que ce que montre cette image, mais on imagine que sans elle on y verrait autre chose.  

Peut-on dominer ses émotions à ce point ? S’agit-il d’une sagesse lentement acquise, ou bien au contraire d’un atavisme venu du fond de l’évolution, du temps où notre espèce, sortant peu à peu de l’animalité, conservait cette acceptation de la fatalité naturelle ? Certaines personnes qui ont vécu cette expérience de mort inéluctable (ne pas confondre avec la « mort imminente ») comme le sont les gens perdus dans le désert ou sur un radeau abandonné en mer, mais qui ont été sauvés miraculeusement, racontent en effet, qu’ils avaient été envahis par un sentiment de sérénité, dans le quel la mort était totalement acceptée. 

Ne plus combattre lorsque le combat est déjà perdu, est-ce là ce lâcher prise dont on vante de nos jours le bénéfice ? Est-ce cette sagesse dont les stoïciens font preuve et dont on estime pourtant qu’elle nécessite une force au-dessus de la nature humaine ? Ou encore quelque chose de plus ancestral ? 

Socrate avait raison lorsqu’il disait que se connaitre soi-même était la sagesse la plus ultime, car nous sommes à nous-mêmes un mystère encore plus insondable que celui de l’origine du cosmos.

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