samedi 11 juillet 2020

Donald Trump est-il leibnizien ? – Chronique du 12 juillet

Bonjour-bonjour

 

Vu hier à la télé un débat sur Donald Trump à occasion de la prochaine sortie du livre de sa nièce, qui se charge de prévenir tout le monde : son oncle est complètement barjot. (1)

Rien de bien nouveau, si ce n’est qu’un de ses « symptôme » qui est certes bien connu se trouve quand même, à l’occasion des difficultés actuelles, particulièrement mis en lumière. Je veux parler de l’obsession manifestée par Donald Trump pour les évaluations positives. Certes il est normal quand on est au pouvoir de dire que tout va bien, que tout va pour le mieux, que tout est « fantastique », « phénoménal » et que « les gens sont formidables ». Bref, on retrouve la rhétorique bien connue de Trump – sauf que celui-ci est en plus dans l’incapacité totale de juger objectivement de la réalité lorsqu’elle ne va pas dans le sens voulu. Ce qui suppose bien sûr la négation des faits négatifs, comme lorsque les chiffres de la contamination au coronavirus montent en flèche et que le Président dit et répète que ce n’est que l’effet de la « formidable campagne de test ». Autant dire que la température du malade est provoquée par le thermomètre et qu’il suffira de le casser pour que tout aille mieux.

 

Toutefois, cette attitude n’est-elle pas recommandée par les coaches en développement personnel comme source de bien-être ? Ne nous dit-on pas qu’il vaut mieux voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide ? L’optimiste n’est-il pas un homme agréable à vivre et d’ailleurs, n’a-t-il pas de bonnes raisons pour expliquer que « tout est au mieux dans le meilleur des mondes possibles » ? Souvenons-nous en effet du docteur Pangloss, le précepteur de Candide, qui était optimiste parce qu'il était leibnizien : c'était un optimiste « théorique » qui niait l’existence du négatif : pour lui, dire que les choses vont mal résulte de l’ignorance de ce qui explique pourquoi elles vont en réalité bien. Évidemment on se rappelle que Voltaire en profitait pour faire subir à Candide les pires avanies et à mademoiselle Cunégonde les plus horribles sévices – pourquoi pas, puisque de toute façon un monde meilleur dans le quel elle n’eut pas été violée est impossible ?

 

Mais voilà, dans le cas du Président Trump il ne s’agit pas d’un choix philosophique mais bien d’un symptôme pathologique, ce qui veut dire qu’il ne peut pas choisir entre deux attitudes, et que si jamais il était contraint de le faire il en éprouverait alors un stress difficilement contrôlable. Alors que l’optimiste a choisi de voir le monde en rose, le caractériel (?) ne peut faire autrement. C’est peut-être une attitude courante, sauf qu’elle passe plutôt inaperçue puisqu’on ne se demande pas souvent pourquoi les gens sont comme ils sont.

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(1) Il s’agit du livre de Mary Trump Too Much and Never Enough: How My Family Created the World's Most Dangerous Man. A paraitre 

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