jeudi 21 décembre 2023

Les étranges statistiques de Jean Viard – Chronique du 22 décembre

Bonjour-bonjour

 

Entendu ceci hier soir à la télé : « Pour faire un enfant on fait aujourd’hui 2000 fois l’amour, alors qu’avant c’était 200 fois. » Il s’agit d’une des nombreuses statistiques avancées par le sociologue Jean Viard pour faire comprendre combien le monde a changé.

Et c’est vrai qu’à présent on b*** en se protégeant des risques de procréation beaucoup plus qu’avant – à moins que ce soit aussi parce qu’on accorde beaucoup plus de temps et d’énergie à cet acte ? Probablement les deux à la fois.

 

Oui – et alors ? Qu’est-ce que ça montre ? Qu’on veut avoir le beurre sans avoir à le payer ? Jouir sans entraves sans ramasser le marmot qui va avec ?

Lisons plutôt Schopenhauer (par exemple ici) : l’amour sous toutes ses formes, qui vont de l’amour romantique à l’amour érotique en passant par l’amour romanesque, n’est jamais qu’une expression de la volonté de vivre, c’est à dire de l’instinct de reproduction par lequel l’espèce gouverne les individus dans son propre intérêt. Autrement dit, derrière l’élan sexuel, y compris sous toutes ses déclinaisons symboliques, se cache le besoin pour l’espèce de se perpétuer par la procréation. Les individus, en pourchassant avec passion l’amour croient n’obéir qu’à leur élan strictement égoïste, mais ce n’est qu’une illusion trafiquée par la Nature pour nous faire oublier les conséquences inéluctables de notre sexualité.

 

--> C’est là qu’on comprend combien la remarque de Jean Viard est pertinente : notre génération a appris à découpler la jouissance sexuelle de la procréation, à rafler la mise sans avoir à payer la contrepartie. Ce faisant nous désobéissons à cette volonté de vivre placée en nous par la Nature. Mais après tout, en matière de tromperie c’est elle qui a commencé en nous faisant croire que l’amour n’était que la quintessence de la subjectivité, et non un dispositif au service de l’espèce.

Le Seigneur-Dieu a sévèrement puni Adam et Eve pour lui avoir désobéi. En le remplaçant par son équivalent laïque qu’est la Nature, nous nous protégeons d’une telle vengeance.

Mais attention ! Ça ne marche pas avec tout : voyez les retours de bâton qu’elle nous inflige suite à nos excès dans son exploitation.

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