vendredi 29 avril 2022

Condamné à la privation de rapports sexuels – Chronique du 30 avril

Bonjour-bonjour

 

Les prisonniers sont condamnés à la privation de leur liberté de déplacement – un point, c’est tout. D’ailleurs, le Contrôleur général des conditions d’incarcération s’appelle : Contrôleur général des lieux de privation de liberté.

 

On apprend que Nordahl Lelandais, condamné à la réclusion à perpétuité pour le meurtre de la petite Maëlys a été surpris en plein ébat sexuel au parloir de la prison de Saint-Quentin-Fallavier (Isère). Or, nous dit-on, « le parloir étant considéré comme un lieu public, l’établissement pénitentiaire a qualifié d’exhibition les faits constatés par les agents. Nordahl Lelandais risque 14 jours de quartier disciplinaire et sa visiteuse fera l’objet d’une procédure contradictoire » (Lu ici).

On l’a compris : les rapports sexuels ne demandant aucune une liberté de mouvements, un détenu qui a le droit de lire, de réciter des poèmes ou de disputer un match de basket dans la cour de la prison s’il le veut, devrait avoir aussi le droit de copuler si une personne consent à le faire avec lui. 

On sait qu’il se passe des choses pas racontables sous les douches des prisons, mais que la direction préfère fermer les yeux, tant les tensions sexuelles sont génératrices de désordres. Mais ce n’est qu’une tolérance et sans avoir une connaissance précise des règlements, je suppose que les douches sont de plein droit réservées aux ablutions et à rien d’autre. Quant aux parloirs, on nous dit que ce sont des "lieux publics" et donc que le rapport sexuel de Nordhal Lelandais était une « exhibition » forcément interdite. 


On se demande alors pourquoi il n’y aurait pas en France comme dans d’autres pays des studios disponibles dans les prisons uniquement réservés aux ébats sexuels des condamnés - et cela simplement parce que c’est leur droit. Pourquoi la jouissance sexuelle serait-elle interdite ? L’orgasme avec partenaire est-il un privilège accordé par l’autorité supérieure et donc susceptible d’être retiré en fonction des crimes que l’on a commis ? Car ne nous y trompons pas : notre propre sexualité est impactée par cette interdiction : si on peut l’interdire, c’est bien que par ailleurs elle nous a été octroyée - oui, même nous autres gens ordinaires, nous sommes menacés par cette interdiction. Que demain je sois condamné à la prison pour avoir fraudé le fisc, le Juge me condamnera par exemple à 2 ans de prisons, ce qui veut dire confiné dans une cellule avec interdiction de copuler avec ma bonne amie ? Mais enfin, d’où vient ce droit de la Justice à empêcher une sexualité – droit que même les animaux exercent sans autres limites que celles de la Nature ?

 

Quand les prisonniers ont eu le droit d’avoir une télé dans leur cellule, les bonnes gens ont crié qu’on avait créé des prisons « trois étoiles ». A-t-on peur de fâcher ces bons citoyens en créant des cellules copulatoires ? Il serait pourtant intéressant de savoir ce qu’auraient à dire des individus comme ceux qui se sont récemment mobilisés avec l’extrême droite.

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N.B. Dans un Post du 4 mars 2018 je faisais déjà référence aux droits inaliénables du détenu, énumérés dans un "Guide du nouveau détenu" qu'on peut consulter ici

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