samedi 2 avril 2022

Anaphore, quand tu nous tiens ! – Chronique du 3 mars

Bonjour-bonjour

 

En politique il est vain de mettre la loupe sur la forme des discours quand c’est le fond qui importe. Pourtant me voilà titillé par l’usage de l’anaphore dans les discours de campagne présidentielle, tel que le célèbre « Moi Président » de François Hollande ; ou hier, le « C’est injuste ! » répété en alternance avec « « Je ne me résoudrai jamais » durant le meeting d’Emmanuel Macron. (Lire ici)

Cette répétition d’un même mot, ou d’une même phrase facilement repérable avec Hollande, progressivement plus espacé dans le discours du meeting de Macron ne devrait pas surprendre : l’anaphore, qui est souvent utilisée à des fins poétique, l’est également pour renforcer un discours, et on en a une preuve avec le célèbre « I have a dream » de Martin Luther King, ou Charles de Gaulle répétant cinq fois « Paris » dans son discours de 1944 « Paris ! Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré ! » Oui, toutes ces formules seraient oubliées depuis longtemps si elles n’avaient été portées jusqu’à nous par l’énergie de l’anaphore.

 

Maintenant, rien ne nous empêche d’être intelligent en même temps que cultivé : car l’anaphore macronienne ne porte pas sur n’importe quel mot ; il s’agit de justice (« C’est injuste ! ») et d’indignation (« Je ne me résoudrai jamais »). On le constate : ce qu’Emmanuel Macron veut souligner ainsi c’est son engagement pour des valeurs humanistes, des valeurs « de gauche », terrain sur lequel on ne l’a que très peu vu durant le dernier quinquennat (au point que la formule hollandienne « Président des très riches » lui soit restée collée durant 5 ans). Qu’un Président sortant faisant son bilan soit à ce point indigné par des injustices qu’il n’a su éradiquer, mais qu’il souligne son engagement à les supprimer donne à penser qu’il s’agit là de forces colossales qu’il reste pourtant déterminé à détruire.

 

Bon... Mais avec tout ça, qu’attendons-nous pour nous servir de l’anaphore dès qu’on veut obtenir un résultat incertain ? 

Allez-y les gamins ! « Maman, pour Pâques, je veux une cloche en chocolat : le chocolat, bon pour la santé ; le chocolat, réservé aux fins becs. Oui, le chocolat c’est la fête. ». 

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